In girum imus nocte et consumimur igni

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dimanche 29 décembre 2013

Phil Bergerson - Untitled (2010)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du canadien Phil Bergerson (b.1947). Explorateur de ce qu'il nomme "les excentricités du paysage social", il trouve sa matière dans les traces de l'activité humaine, ce qu'il en reste dans les vitrines, les affiches, les graffitis..., une vision de la culture américaine, et de la condition humaine, pleine d'ironie et de poésie.

Phil Bergerson (2010)








It is a personal view that does not attempt to be all inclusive but strives instead to be meaningfully expressive about those things discovered throughout my journeys.

dimanche 22 décembre 2013

Saul Leiter - Smoking (1934)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe américain Saul Leiter (1923-2013), qui vient de s'éteindre. Issu d'une famille de Pittsburgh troublée par des tensions avec son père, un rabbin opposé à sa vocation artistique, Saul Leiter développe très tôt un appétit pour l’art qu’il découvre dans les livres de la bibliothèque ; il est fasciné par des artistes comme Picasso, Bonnard ou encore par les estampes japonaises et l’expressionnisme allemand, et il commence par peindre avant de s’intéresser à la photographie qu'il découvre grâce au peintre expressionniste abstrait Richard Pousette-Dart.

S. Leiter - Snow (1960)
Installé à New York en 1946, Leiter se consacre à la fois à la peinture et à la photographie, mais c’est la photo de mode qui pendant près de 40 ans lui permet de gagner sa vie. Il collabore avec des magazines prestigieux comme Harper’s Bazaar, Life, ou British Vogue, tout en explorant une approche artistique personnelle. Son regard singulier s’exprime notamment par l’utilisation de flous, souvent obtenus en jouant avec la buée ou des mises au point particulières, ce qui donne à ses images une grande qualité poétique. Ses compositions, influencées par sa pratique picturale, se démarquent par leur maîtrise de la couleur et des détails du quotidien, où l’ordinaire devient sublime. Bien que ses photographies aient été incluses dès 1953 dans des expositions au MoMA, notamment sous l’impulsion d’Edward Steichen qui l'avait sollicité pour sa monumentale exposition itinérante The Family of man, Leiter ne cherchait pas activement la reconnaissance, et ce n’est qu’à partir de 2006, avec la publication de son livre Early Color, qu’il reçoit enfin l’attention qu’il mérite. Aujourd’hui, ses œuvres figurent dans les collections des plus grands musées, comme le Whitney Museum of American Art à New York ou le Victoria and Albert Museum à Londres.

samedi 21 décembre 2013

Alan Maley - Untitled
Une image et des mots. L'illustrateur anglais Alan Maley (1931-1995) est une référence dans le monde du cinéma pour son travail sur les effets spéciaux, en particulier avec le procédé de la peinture sur cache ou matte painting. Mais aujourd'hui, c'est sa peinture de la Belle Époque (ou de l'époque édouardienne selon qu'on se place du côté français ou du côté britannique) que je veux mettre à l'honneur.



Et pour aller avec, je pense à ces quelques vers de Jean-Michel Maulpoix, extraits de Pas sur la neige (2004).
Nous ne sommes que pas sur la neige, empreinte légère, fugace, brouillée souvent, mais brillante, puisque le poids de notre corps comprime en cristaux la précaire poudre de ce monde.

dimanche 15 décembre 2013

Adolf Fassbender - Just drifting (1953)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe allemand Adolf Fassbender (1884-1980), émigré aux États-Unis en 1911 où il sera l'un des membres fondateurs de la Photographic Society of America.

A.Fassbender - Onward (1937)








Représentant du mouvement pictorialiste, qui entend élever la photographie au rang des beaux-arts,  il publie en 1937 Pictorial Artistry : The Dramatization of the Beautiful in Photography.
Il s'agit, par l'emploi d'effets tels que le clair-obscur, le flou, les cadrages, ou encore des techniques de tirage particulières, de donner une vision "impressionniste" du réel, marquée par la sensibilité du photographe.

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dimanche 8 décembre 2013

V. de Saedeleer - Paysage de neige (nd)

Le vide-grenier du dimanche. Deux lithographies du belge Valerius de Saeldeleer (1867-1941), figure majeure - aux côtés de George Minne et des frères Van de Woestjine - de ce que l'on a pu appeler l'École de Laethem.

V. de S. - Ferme dans la neige (1907)
 
Ce qu'il peint, c'est toujours plus ou moins les mêmes paysages, austères et paisibles, déclinés dans des tableaux imprégnés de symbolisme et pleins d'une sensibilité quasi-mystique. On peut y déceler l'influence qu'a pu avoir sur son art, après une première période plutôt marquée par les Impressionnistes, un tableau comme Les chasseurs dans la neige de Brueghel l'Ancien.

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samedi 7 décembre 2013

Brassaï - L'horloger de la rue Dauphine (1930)
Une image et des mots. À propos de ce qu'est le temps, Saint Augustin disait à peu près que si personne ne l'interrogeait il le savait, mais que si on le lui demandait, alors il l'ignorait...
Pour illustrer cette photo de Brassaï, L'horloger de la rue Dauphine (1930), voici un poème de Borgès, dont je proposerai ensuite une traduction :

Somos el río (Los Conjurados, 1985)

Somos el tiempo. Somos la famosa
parábola de Heráclito el Oscuro.
Somos el agua, no el diamante duro,
la que se pierde, no la que reposa.
Somos el río y somos aquel Griego
que se mira en el río. Su reflejo
cambia en el agua del cambiante espejo,
en el cristal que cambia como el fuego.
Somos el vano río prefijado,
rumbo a su mar. La sombra lo ha cercado.
Todo nos dijo adiós, todo se aleja.
La memoria no acuña su moneda.
Y sin embargo hay algo que se queda
y sin embargo hay algo que se queja
.

***

Nous sommes le fleuve (Les Conjurés, 1985)

Nous sommes le temps. Nous sommes la fameuse
parabole d'Héraclite l'Obscur.
Nous sommes l'eau, pas le diamant inaltérable,
celle qui se perd, pas celle qui dort.
Nous sommes le fleuve et nous sommes ce Grec
qui se mire dans le fleuve. Son reflet
change dans l'eau du miroir changeant,
dans le cristal qui change comme le feu.
Nous sommes le vain fleuve inévitable
orienté vers sa mer. L'ombre l'a enveloppé.
Tout nous dit adieu, tout s'éloigne.
La mémoire ne bat pas monnaie.
Et pourtant il y a quelque chose qui reste
et pourtant il y a quelque chose qui se plaint.
CG1
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dimanche 1 décembre 2013

William Orpen - Night (1907)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du portraitiste irlandais Sir William Montague Orpen (1878-1931). Le premier tableau est aussi connu sous le titre Le peintre et sa femme.
Formé à la Slade School of Fine Arts de Londres, il devient un grand portraitiste recherché par les rich and famous britanniques et américains.

W. Orpen - Miss Sinclair (n.d.)
Puis, quand survient la Première Guerre mondiale, il s'enrôle dans le Service Corp et est envoyé en France comme peintre de guerre officiel.
À ce titre, il sera avec son compatriote John Lavery un des grands documentaristes du conflit.
Le critique d'art irlandais Bruce Arnold dira de lui : I have never had any hesitation in describing William Orpen as the greatest of all war artists, out rivalling earlier centuries Francisco Goya, Jacques Callot and the many masters of the Italian Renaissance who depicted the regular states in warfare of their times.
La peinture de guerre n'étant pas mon genre de prédilection, je vous laisse le soin de partir par vous même à la découverte de son talent dans ce domaine. Voici à la place deux tableaux que j'aime beaucoup.
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dimanche 24 novembre 2013

E. von Steinle - St Luc peignant la Vierge et l'enfant (1851)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres de l'austro-allemand Eduard von Steinle (1810-1886), représentant du Mouvement nazaréen, qui souhaitait revitaliser l'art par les valeurs spirituelles et morales de la religion chrétienne.
E. von Steinle
La sibylle tiburtine

Les artistes appartenant au mouvement des Nazaréens souhaitaient donner un nouvel élan à l'art chrétien en le ramenant à la simplicité, à la sincérité, et à la pureté religieuse de la fin du Moyen-Âge et de la Renaissance. 
À l'opposé de la théâtralité et de l'ornementation excessive des styles baroque et rococo, ils prônaient une esthétique plus humble et plus modeste qui privilégiait l'expression spirituelle plutôt que la virtuosité technique.
La première des deux oeuvres présentées ici a été achetée par le Prince Albert pour 323£, très précisément le 16 juin 1851, pour être offerte à la Reine Victoria pour son anniversaire le 24 mai de la même année.
La deuxième toile, intitulée La sibylle Tiburtine, représente la nymphe Albunéa, une des plus fameuses sibylles de la Rome antique pour ses dons de prophétie.

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dimanche 17 novembre 2013

Antonio Palmerini - Bruckner on the radio (2012)
Le vide-grenier du dimanche. Obturation lente, double exposition, deux clichés de l'italien Antonio Palmerini (b.1958), qui nous invite aux frontières rendues floues de la photographie, de la peinture et du dessin.

A. Palmerini - Vivre sa vie (2012)













"Pour moi la photographie est le miroir de l'imagination. Je suis intéressé par les images qui représentent une situation. Je ne m'intéresse pas aux gens parce que je peux faire leur portrait. je m'intéresse aux gens parce qu'ils existent."
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samedi 16 novembre 2013

W. O. - La Somme : par une belle journée (1917)
Une image et des mots. 
De l'anglais William Orpen (1878-1931), sur qui je reviendrai très prochainement, voici en ces jours de commémoration de l'Armistice de 1918, un tableau intitulé The Somme : on a clear day.  C'est, depuis les tranchées britanniques, une vue de La Boisselle, avec le front allemand et les cratères des mines.
Le site de La Boisselle est aujourd'hui un des lieux majeurs de mémoire et de recueillement de la Grande Guerre : c'est là qu'a débuté l'offensive de la bataille de la Somme, le 1er juillet 1916, avec l'explosion d'une mine britannique constituée de plus de 30 tonnes d'explosif. Un cratère d'environ 100 mètres pour 25 mètres de profondeur est toujours visible.
J'aime beaucoup ce tableau qui, quelques mois après la ténèbre absolue d'une guerre qui a fait des millions de blessés et de morts, donne à voir un paysage lumineux et apaisé, un monde pacifié où le bleu du ciel n'est plus assombri ou déchiré par la fumée et les éclairs des explosions, où le vert tendre des prairies n'est plus ravagé par la boue, la mutilation et la mort.
Cette vision, je la retrouve dans ces quelques lignes du philosophe et homme d'état anglais Francis Bacon (1561-1626), extraites de son singulier De la sagesse des Anciens (1609).

Dans les royaumes et les États, il arrive en effet qu'au bout d'un certain temps de prospérité, surviennent troubles, séditions et guerres ; dans leur vacarme, les lois se taisent les premières, les hommes retournent aux dépravations de leur nature, et la désolation s'étend alors sur les campagnes et les cités. [.....] Viennent alors des temps de barbarie, les eaux de l'Hélicon disparaissent sous terre, jusqu'à ce que, comme le veut la commune vicissitude des choses, lettres et philosophie, peut-être en d'autres lieux et auprès d'autres nations, jaillissent et se répandent à nouveau.

dimanche 10 novembre 2013

Ata Kandó - Venezuela (1965)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés de la photographe néerlandaise d'origine hongroise Ata Kandó (b.1913). D'abord photographe de mode, c'est à l'occasion d'un voyage à Caracas qu'elle découvre en 1961 l'Amazonie vénézuélienne.

Ata Kandó - Self portrait (c.1935)












Elle y revient en 1965 pour y prendre un grand nombre de photos dont ce beau portrait qui est je pense celui d'une jeune fille Yekuana, une ethnie du Haut-Orénoque voisine (géographiquement) des Yanomamis.
Ata Kandó fut (brièvement) l'épouse du photographe néerlandais Ed Van der Elsken (voir septembre 2012)
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dimanche 3 novembre 2013

Victor Brauner - Nepotopen (1945)
 Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre français Victor Brauner (1903-1966). D'origine roumaine, il sera l'un des des membres de l'importante communauté intellectuelle de ses compatriotes à Paris : Brâncusi, Ionesco, Eliade, Cioran, Tzara ...

V. Brauner - Portraits (1954)
Formé à l'École des beaux-arts de Bucarest de 1919 à 1921, il commence à exposer en 1924 et publie le manifeste de la "picto-poésie", une juxtaposition de formes géométriques et de lettres formées à la main ou au pochoir.
La peinture, ayant surgi des régions les plus profondes de mon instinct, fait également appel à l'instinct... , une sorte de communication sans préjugés. Le sujet du tableau est totémique ; la peinture est donc magique, elle établit des relations incantatoires et directes avec les plus grandes rêveries, rêveries primitives et matérielles.

samedi 2 novembre 2013

Sappho (fresque de Pompéi)
Une image et des mots. Aujourd'hui, quand seuls quelques fragments de son oeuvre nous sont parvenus, il peut nous être difficile de mesurer à quel point la renommée de la poétesse Sappho (c.630-580 av. J.-C.), était à son époque immense ; comparable alors - dit-on -, à celle d'Homère. Cette fresque qui la représente un stylet à la main, réalisée au 1e s. après J.-C. a été découverte dans une villa de Pompéi.

Vase de Vari








Le vase, lui, date de 440-430 av. J.-C. et a été découvert à Vari, près d'Athènes où il est conservé.
On y voit Sappho, assise et qui déclame ses poèmes à un groupe de jeunes filles; elle tient à la main un rouleau sur lequel on peut lire :"J'écris mes vers avec de l'air..."
Sur ce mystère qu’est la naissance du poème, voici ce que dit, dans La trace du papillon (Actes Sud), le poète palestinien Mahmoud Darwich (1942-2008) :

Le deuxième vers.

Le premier vers est le don de l’invisible au talent. Quant au deuxième, il peut être poésie ou déception.
Le deuxième vers est le combat de l’inconnu et du connu. L’absence de signaux sur les routes,
un lieu rempli d’oppositions car tout possible est possible et il est la perplexité de la créature imitant le créateur.
Qui du mot ou de celui qui le dit mène l’autre ?
Le deuxième vers n’est pas donné.
Il se fabrique avec le savoir-faire de qui sait apprivoiser l’invisible.
Car tu vois et ne vois pas tant est forte l’ambiguïté entre lumière et obscurité.. […..]
Le possible est une forêt. Au tronc de quel arbre adosseras-tu ton imagination, à quelle bête échapperas-tu ?

dimanche 20 octobre 2013

John Constable - The hay wain (1821)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre paysagiste anglais John Constable (1776-1837), profondément épris des beautés de sa campagne, d'une nature opulente et des éléments qui la façonnent. 
"J'aime chaque haie, chaque tronc d'arbre, chaque ruelle de mon village, et tant que ma main pourra tenir un pinceau, je ne me lasserai pas de les peindre."
Delacroix est enthousiaste; dans une de ses lettres au critique et historien de l'art Théophile Sylvestre, il écrit :
"Constable est une des gloires anglaises. C'est un véritable réformateur, sorti de l'ornière des paysagistes anciens."
John Constable - Hove Beach (1824)

Le premier tableau est l'une des restitutions les plus célèbres d'un paysage anglais. Au loin, des bêtes paissent, dans l'éclaircie et l'ombre mobile des nuages, dont on perçoit dans l'eau le reflet fugitif et dont Constable parlait comme du phénomène le plus insaisissable au monde. Ici, ils semblent poussés de la gauche du tableau par un vent d'altitude qu'on imagine puissant et doux; les vêtements sont légers.
Le second..., quelle lumière ! Sous l'amoncellement de nuages la mer est agitée; elle semble - pour reprendre les mots de Camus dans La Peste - témoigner de ce qu'il y a d'inquiétant et de jamais reposé dans le monde. Quelques années plus tard, Caspar David Friedrich peindra son Moine au bord de la mer. Mais ça, c'est une autre histoire...

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samedi 19 octobre 2013

Eloïse Capet - The white dresses (2013)

Une image et des mots. L'image, c'est un cliché iPhone de la photographe Éloïse Capet, et les mots pour aller avec sont extraits des Frères Karamazov, de Dostoïevski.

- Je pense que chacun en ce monde devrait apprendre, avant tout, à aimer la vie.
- Aimer la vie plutôt que chercher à la comprendre ?
- C'est cela, aimer la vie sans souci de la logique, comme tu l'as dit. C'est ainsi seulement qu'on finit par en découvrir le sens.

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dimanche 13 octobre 2013

Harriet Backer - Intérieur bleu (1883)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres de l'artiste norvégienne Harriet Backer (1845-1932), une des figures majeures de la peinture scandinave, célébrée pour ses intérieurs intimes et sa maîtrise de la lumière.
D'abord formée, entre 1860 et 1862, auprès de Johan Fredrik Eckersberg à l’école qu’il fonde à Oslo, elle séjourne quelques années à Berlin et à Weimar avant de partir en Italie, en 1870, où elle s’initie à la copie des Maîtres anciens.
Enfin, en 1874, elle poursuit ses études à Munich, où elle découvre le thème des intérieurs sous la direction de Lambert Linder et d’Eilif Peterssen.

H. Backer - Chez moi (1887)

Mais c’est à Paris, où elle réside pendant dix ans, que l'art d'Harriet Backer atteint sa pleine maturité. Sous l’influence de maîtres comme Jean-Léon Gérôme, Jules Bastien-Lepage, Léon Bonnat et Léon Germain Pelouse, elle embrasse les courants contemporains et s’oriente progressivement vers l’impressionnisme.
Cette immersion dans l’avant-garde française transforme sa manière de traiter la lumière, qu’elle utilise avec une grande finesse pour créer des ambiances intimes et délicates, comme en témoignent les deux tableaux que j'ai choisi de présenter.
L’héritage de Harriet Backer repose sur cette capacité à marier les principes de la tradition classique à une sensibilité très moderne : elle sublime ainsi des scènes du quotidien, qu'elle transcende en œuvres pleines de poésie et de profondeur.
Parallèlement à sa carrière artistique, Harriet Backer a joué un rôle majeur en tant qu’enseignante auprès de nombreuses femmes artistes. Par cet engagement, elle a contribué de façon significative à élargir les horizons des femmes dans le monde des arts, ce qui ajoute encore à la place prépondérante qu'elle occupe dans l’histoire artistique scandinave.

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dimanche 6 octobre 2013

Claude Renaud - Paris (1963)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe Claude Renaud, auteur de deux beaux ouvrages consacrés à la capitale, "Paris en mémoire", et "Paris murmures", publiés respectivement en 2004 et en 2007. Issu d'une formation pluridisciplinaire, il a étudié à l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris et obtenu un diplôme en sciences sociales à l’Université de Californie, Berkeley. Son parcours artistique a débuté dans un cadre familial avant de se structurer en atelier : il découvre la photographie à l’âge de 12 ans et la peinture à 16 ans.
C R. - Porte de Clignancourt (1963)

Des rencontres avec des personnalités éminentes comme Brassaï, Jean-Marie Sudre, László Almásy, Jacques-Henri Lartigue et Janine Nièpce marquent un tournant dans sa décision d’adopter la photographie comme moyen d’expression privilégié. Cette vocation s’affirme sa rencontre de John Szarkowski, fondateur du Département de Photographie du Museum of Modern Art (MoMA) de New York.
Dès 1956, il entreprend un travail en petit format et, jusqu’en 1967, il explore les rues de Paris et documente la vie urbaine dans l’esprit de la photographie humaniste.
Mais au-delà de sa pratique artistique il s’implique à partir de 1964 dans des recherches interdisciplinaires sur les fonctions et usages de l’image. En collaboration avec Albert Plécy, fondateur des Gens d’Images, il contribue à des travaux axés sur l’influence de la photographie dans les médias et l’édition. Il participe également au développement de Maraboutscope, la première collection de photographies au format de poche, ainsi qu’à des projets de communication d’entreprise liés à l’identité visuelle.
Toutefois, s'il a choisi de consacrer une grande part de sa vie professionnelle au métier de conseil, Claude Renaud n'a jamais cessé de se considérer comme un photographe, conservant une approche originale et intense de la création et de l’image ; celle, a dit je ne sais plus qui à son sujet, d'un "écrivain de l'image".
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samedi 5 octobre 2013

Bruno Catalano - Les voyageurs
Une image et des mots. L'image, c'est celle de ces sculptures de Bruno Catalano, exposées le mois dernier à Marseille. Nées accidentellement d'un démoulage raté, elle deviennent par ce même fait de belles métaphores de l'incomplétude, et ce à double titre : celle de l'oeuvre d'art (quelle qu'elle soit ?), et celle de l'homme déraciné, celle de l'homme en lambeaux.

Les mots pour accompagner l'image sont de Roberto Juarroz, extraits de sa Poésie verticale.

"Cada uno se va como puede, unos con el pecho entreabierto, otros con una sola mano, unos con la cédula de identidad en el bolsillo, otros en el alma... [...] Pero todos se van con los pies atados, unos por el camino que hicieron, otros por el que no hicieron, y todos por el que nunca harán."

***

"Chacun s'en va comme il peut, les uns avec la poitrine entrouverte, d'autres avec une seule main, les uns avec la carte d'identité dans la poche, d'autres dans l'âme.. [...] Mais tous s'en vont les pieds attachés, les uns par le chemin qu'ils ont fait, d'autres par celui qu'ils n'ont pas fait, et tous par celui qu'ils ne feront jamais".

dimanche 29 septembre 2013

Ch.Strömholm - La Méthode (1960)

Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du suédois Christer Strömholm (1918-2002), pris dans le bar La Méthode, à Paris, au début des années 60. Peintre de formation, il s'est intéressé à la photographie à l'École nationale supérieure des beaux-arts, de Paris. 

C.S. - Couple à La Méthode (c.1960)

De Strömholm, peut-être connaissez-vous une autre photo: celle d'une jeune japonaise rendue aveugle par la bombe d'Hiroshima; elle fait partie d'une série prise entre 1961 et 1963 et qui est passée relativement inaperçue par rapport à Poste restante ou à la série Amies de la Place Blanche, consacrée aux travestis parisiens. En 22 clichés, le photographe y exprime tout son pessimisme et la noirceur de sa vision du monde.

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dimanche 22 septembre 2013

Egon Schiele - Soleil d'automne et arbres (1912)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre et poète autrichien Egon Schiele (1890-1918), protégé de Gustav Klimt et figure majeure de la peinture figurative du début du 20ème. Son oeuvre intense, parfois d'une sexualité crue, l'apparente au mouvement expressionniste.
Egon Schiele a abordé le paysage d’une manière singulière et expressive, marquée par la déformation, la simplification et l'utilisation de lignes anguleuses. Contrairement à ses portraits souvent centrés sur des émotions intenses, ses paysages semblent traduire une sensation de solitude et une profondeur spirituelle. Peints généralement entre 1911 et 1918, ils documentent ses explorations de l’environnement naturel et de l’architecture urbaine, notamment les villes et villages d’Autriche, en particulier Krumau (aujourd'hui Český Krumlov en République tchèque), ville natale de sa mère et source d'inspiration pour nombre de ses œuvres.

E. Schiele - Four trees (1917)

Schiele utilisait les paysages pour exprimer un sentiment de dissolution et de transitoire. Les arbres morts, les branches dénudées et les maisons serrées reflètent souvent une certaine mélancolie, parfois un sentiment d'isolement et de mystère, qui pourrait être perçu comme le reflet de sa propre vision de la fragilité de la vie. Le contraste entre la rigidité des lignes et la fluidité des formes naturelles est un autre trait de ses paysages, qui, par leur composition dynamique, invitent souvent à une introspection similaire à celle de ses portraits. 
Je dois voir de nouvelles choses et les étudier. Je veux goûter aux eaux sombres, voir les arbres qui craquent et les vents sauvages.
J'ai longtemps hésité et j'aurais pu aussi bien choisir "Jardin fleuri", ou encore le merveilleux "Façade sur la rivière", ou bien.... , ou bien .... Dilemme. J'y reviendrai.
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H.P. Robinson - La Saint Valentin Le vide-grenier du dimanche. En ce 14 février, deux clichés du photographe anglais Henry Peach Robinson (1...