In girum imus nocte et consumimur igni

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samedi 25 novembre 2023

Isa Marcelli - série Impermanence
Une image et des mots.
Un cliché de la photographe Isa Marcelli (b.1958), tiré de sa série "Impermanence", pour illustrer une démarche artistique qu'elle qualifie sur son site de quête pictorialiste assumée.
Les mots sont un extrait d'un poème en prose de Marc Quaghebeur, tiré du recueil Les carmes du Saulchoir (1993).

L'obscure fascination du monde est l'habitacle des visages, leur regret : celui des mères.
Comme nos mensonges, ils font tampon. Ils font la foule. Celle qui s'hystérise, pour oublier l'intensité tragique des regards qui la composent.
Ils sont pourtant la clef du monde.
On voit très rarement les visages. Sinon furtivement, parfois, entre les rythmes de l'amour. Ils irradient aussi des mots ou des traits forcenés des grands maîtres. À la manière d'un rappel. 
D'un manque. D'un écho.

dimanche 20 août 2023

Rudolf Koppitz - Carinthiac (1930)

Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe autrichien Rudolf Koppitz (1884-1936). Il se forme à la photographie à partir de 1897 en travaillant comme retoucheur dans différents studios et ateliers jusqu'à son installation à Vienne en 1911. Il suit alors les cours de l'Académie des Beaux-Arts, et va également être influencé par la Sécession viennoise, un mouvement artistique qui mêlait esthétisme et modernité. Mêlant ainsi la rigueur technique à une recherche esthétique proche de la peinture, ses sujets de prédilection sont typiquement pictorialistes : portraits, scènes paysannes romantiques, paysages enneigés et vedute.

R. Koppitz - Les yeux (1928)



Rudolf Koppitz dut donc sa renommée à ses compositions pictorialistes et ses explorations artistiques du corps humain en mouvement, souvent dans un cadre symboliste.
Son travail est principalement associé à la photographie de danse et à la représentation du corps en mouvement, notamment à travers des poses stylisées et des compositions soignées.
Sa photographie la plus iconique est d'ailleurs Bewegungstudie (Étude de mouvement), prise en 1925, qui montre une danseuse dénudée entourée de figures vêtues de capes sombres.
Cette image illustre sa maîtrise du clair-obscur et du symbolisme, et révèle l'influence du Jugendstil (Art nouveau) sur son travail. Même si les opinions politiques de Koppitz, mort deux ans avant l'Anschluss, sont restées ambigües, et même si son esthétique en profonde résonnance avec l'esprit de la Heimat a été récupérée par le national-socialisme, il a joué un rôle important dans le développement de la photographie artistique en Autriche et reste l'une des figures marquantes de la photographie du début du XXe siècle.

dimanche 13 septembre 2020

Robert Demachy - Sans titre

Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés de Robert Demachy (1859-1936), figure de proue du mouvement pictorialiste français. Cette école revendiquait une démarche résolument artistique et voulait considérer la photographie "comme un moyen d'interprétation et non comme un moyen d'enregistrement" (in L'impressionnisme, les arts, la fluidité, de Philippe Fontaine et Frédéric Cousinié, publié en 2013 aux Presses Universitaires de Rouen). 

Robert Demachy - Sans titre







Issu d'une famille fortunée Demachy découvre très tôt la photographie, à l'âge de 12 ans. Son père ayant contrarié son souhait d'étudier la peinture à l'académie Julian, il se tourne entièrement vers cette activité dès son retour du service militaire et va lui consacrer toute sa vie de rentier oisif. Outre ses liens très étroits avec le Linked Ring anglais (une communauté de photographes opposés à une approche purement technique de leur pratique), Robert Demachy entretient une correspondance régulière avec Alfred Stieglitz (voir publication de nov.2011), figure majeure du courant pictorialiste américain.

dimanche 22 février 2015

Edward Hartwig - Vieille ruelle (1930)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe polonais Edward Hartwig (1909-2003), frère de l'éminente poétesse Julia Hartwig.
Né à Moscou, où son père tenait un studio photographique, il part s'installer avec sa famille à Lublin en 1918 lorsque la Pologne regagne son indépendance.

E.H. - Au point d'eau (1928)
D'abord inspiré par le travail de son compatriote Jan Bulhak, ses premières photographies donnent à voir des paysages nimbés de brume et de mystère, dans la lignée du pictorialiste Léonard Misonne (voir décembre 2010).
Par la suite, l'enseignement de son professeur au Vienna Institute of Graphics, Rudolf Koppitz, l'a encouragé à explorer et à mettre en oeuvre de nouvelles techniques et de nouvelles pratiques ; l'association de la photo et des arts graphiques permettait à Hartwig de mieux exprimer son art au travers de diverses expériences en chambre obscure : surexpositions, doubles expositions, manipulations des optiques et de la lumière, recours à des miroirs... Son travail désormais allait combiner la photo réaliste avec le graphisme, et il se mit à produire des compositions presque abstraites qui, peut-être, feront l'objet d'une prochaine publication.

dimanche 15 décembre 2013

Adolf Fassbender - Just drifting (1953)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe allemand Adolf Fassbender (1884-1980), émigré aux États-Unis en 1911 où il sera l'un des membres fondateurs de la Photographic Society of America.

A.Fassbender - Onward (1937)








Représentant du mouvement pictorialiste, qui entend élever la photographie au rang des beaux-arts,  il publie en 1937 Pictorial Artistry : The Dramatization of the Beautiful in Photography.
Il s'agit, par l'emploi d'effets tels que le clair-obscur, le flou, les cadrages, ou encore des techniques de tirage particulières, de donner une vision "impressionniste" du réel, marquée par la sensibilité du photographe.

dimanche 6 novembre 2011

Alfred Stieglitz - The Terminal (1892)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du photographe américain Alfred Stieglitz (1864-1946), évoqué au mois de mai dernier à propos du travail de Wynn Bullock. L'un des premiers à faire de la photographie une oeuvre d'art, il a largement contribué à donner au pictorialisme une dimension internationale, et c'est logiquement qu'en 1902 il fonde avec Edward Steichen et Clarence White - sur le modèle du Linked Ring britannique -, l'association Photo-Secession dont le propos est de faire reconnaître la photographie comme moyen d'expression artistique.

A.S.  - The steerage (1907)
Le cliché du Terminal a été pris avec un petit appareil 4x5, au lieu d'un 8x10 qui à cette époque était considéré indispensable à qui prétendait faire de la photographie artistique. Le 8x10, encombrant, exigeait un pied, quand au contraire le petit format permettait à Stieglitz de courir les rues et de saisir au vol les scènes spontanées et imprévisibles de la vie quotidienne...
Le second cliché - en français l'entrepont - figure au rang des oeuvres majeures de la photographie. Elle est en effet une des premières oeuvres du courant moderniste, à quoi s'ajoute une grande valeur documentaire sur l'histoire des migrations humaines. 
Je pense en la voyant à ces deux vers de Desnos ...
Comme l'espace entre eux devient plus opaque,
Le signe des mouchoirs disparut pour jamais.

dimanche 22 mai 2011

W. Bullock - Log and horsetails (1957)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe Wynn Bullock (1902-1975). Natif de Pasadena, en Californie, Wynn Bullock s'installe à New York pour y travailler dans la musique et est engagé comme chanteur dans la Music Box Revue d'Irving Berlin. Il part ensuite en Europe pour y poursuivre sa formation, et c'est alors qu'il vit à Paris qu'il découvre l'impressionnisme et le post-impressionnisme (voir l'atmosphère qui émane de certains de ses paysages), puis l'esthétique surréaliste de Man Ray.

W.B. - Chess game (1955)
De retour aux États-Unis il fait en 1948 une autre rencontre déterminante. Frappé par la beauté et la puissance des clichés d'Edward Weston, il s'intéresse à la doctrine de la straight photography, initiée par Alfred Stieglitz et Paul Strand : une photographie "pure", qui tend à représenter la réalité avec netteté, sans effets, en opposition donc au parti pris artistique du pictorialisme (ces trois photographes majeurs feront l'objet d'une publication).
Passionné de physique quantique et de philosophie, empreint d'une profonde spiritualité, il veut avec la photographie interroger le monde, y traquer l'invisible pour tenter de le révéler. "Mysteries lie all around us, even in the most familiar things, waiting only to be perceived ", et ailleurs "When I feel a rock is as much of a miracle as a man, then I feel in touch with the universe ".

samedi 18 décembre 2010

Léonard Misonne - Gare à Namur
Une image et des mots. L'image est du photographe pictorialiste belge Léonard Misonne (1870-1943), et les mots sont de son compatriote - d'origine du moins -, Henri Michaux, extraits de Quatre cents hommes en croix:

"Je ne peux pas toujours placer la croix d'abord. Parfois c'est l'homme qu'il faut étendre avant tout, étendre en plein ciel, mais étendre, étendre, comme s'étend la peine des hommes."

samedi 4 octobre 2008

E. Osterlof - Miss Curiosity (1908)
Une image et des mots. "Veilleur, où en est la nuit?" (Isaïe, 21,11).
Voici un beau portrait de sa fille Sophie par le photographe polonais Edmund Osterloff (1863-1938).
Représentant du courant pictorialiste - il a pu être comparé à Léonard Misonne - il fut l'un des pionniers de la photographie artistique en Pologne.
Ce cliché a été pris à Tbilissi, en Georgie, où il dut s'exiler pendant 25 ans après deux ans d'emprisonnement pour son appartenance aux cercles socialistes.

Les mots pour l'accompagner sont de Clarice Lispector, extraits de Silencio.

Seulement ça : il pleut et je regarde la pluie. Comme c'est simple. Je n'aurais jamais cru que le monde et moi puissions parvenir à un tel accord. La pluie tombe non pas parce qu'elle a besoin de moi, et je la regarde non pas parce que j'ai besoin d'elle. Mais nous sommes aussi indissociables que l'eau de pluie l'est de la pluie. Et je ne remercie rien. [.....]
Je suis une femme, je suis une personne, je suis une attention, je suis un corps qui regarde par la fenêtre. De même la pluie n'est pas reconnaissante de n'être pas une pierre. Elle est la pluie. Peut-être est-ce cela, ce que l'on pourrait appeler
"être vivant". Ce n'est pas plus que cela, seulement cela : "être vivant". Et je vis seulement d'une joie paisible.

samedi 26 juillet 2008

Harold Pierce Cazneaux
Une image et des mots. L'image est un cliché du photographe pictorialiste australien Harold Pierce Cazneaux (1878-1953), présenté ici au mois de janvier dernier. 
Les mots pour l'accompagner sont de l'américain Cormac McCarthy, extraits de son roman "De si jolis chevaux", traduit et publié chez Actes Sud en 1993.

"Il pensait que dans la beauté du monde il y avait un secret qui était caché. Il pensait que pour que batte le coeur du monde il y avait un prix terrible à payer et que la souffrance du monde et sa beauté évoluaient l'une par rapport à l'autre selon des principes de justices divergents et que dans cet abyssal déficit de sang des multitudes pourrait être le prix finalement exigé pour la vision d'une seule fleur."

dimanche 27 janvier 2008

Harold Cazneaux

Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe australien, né en Nouvelle-Zélande, Harold Pierce Cazneaux (1878-1953). C'est une exposition sur le pictorialisme anglais, découverte dans sa jeunesse, qui sera à l'origine de sa passion pour la photographie.
En 1904, H. Cazneaux part s'installer à Sydney où il va travailler comme chef opérateur dans le studio de Freeman & Co. Ltd ; il commence alors, pendant ses loisirs, à documenter la vie de sa ville d'adoption, un travail qui va rapidement donner lieu à des expositions saluées par la critique.

H. Cazneaux
En 1916, il est avec cinq de ses amis, dont Cecil Bostock et James Stening, cofondateur du Sydney Camera Circle ; ce collectif pictorialiste, très actif jusqu'à la Seconde guerre mondiale, aura une influence durable sur la photographie australienne. Les membres du groupe signent un manifeste où ils s'engagent à promouvoir une photographie pictorialiste qui délaisse "les gris et les ombres lugubres des styles européens", comme l'écrivait Cazneaux dans une de ses lettres à Jack Cato, au profit des ombres et des lumières australiennes.
Ils partageaient ainsi les idéaux des peintres de la Heidelberg School, un courant impressionniste australien de la fin du 19e.

A.M. - Vieux coeur de frêne Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe français Albert Monier (1915-1998), un de ceux dont l’œ...