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Phil Bergerson - NY (2001) |
Formé à la gravure avant de se tourner vers la photographie dans les années 1970, Bergerson s’est imposé comme un arpenteur patient des États-Unis, où il a multiplié les voyages pendant plus de trois décennies. Dans ses séries rassemblées notamment dans Shards of America ou American Artifacts, il compose un portrait fragmentaire de la société américaine à travers ses signes : vitrines défraîchies, murs griffonnés, pancartes délavées, objets oubliés.
Comme Walker Evans ou Robert Frank avant lui, Bergerson construit une vision indirecte de l’Amérique, où l’absence d’hommes et de femmes est contrebalancée par la présence insistante des traces qu’ils laissent sur les panneaux décrépis, les graffitis malhabiles et les enseignes vieillottes. Il y a dans cette approche un mélange d’ironie et de tendresse, un regard critique mais jamais cynique, qui révèle à la fois la vitalité et la fragilité d’un rêve américain fissuré. Ce rêve, on en cherche parfois le reflet dans les vitrines les plus modestes, ou bien, comme ici, dans un trompe-l’œil qui recouvre de ciel céruléen des façades aveugles. Mais après tout, comme le rappelait Picasso, « l’art est un mensonge qui dit la vérité ». Chaque photographie de Bergerson, en apparence modeste, devient ainsi un fragment d’une vaste chronique visuelle de la condition humaine.