In girum imus nocte et consumimur igni

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dimanche 20 novembre 2022

K.H. - Trois femmes à la fenêtre (1939)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres de Karl Hofer (1878-1955), l'un des représentants majeurs de l'expressionnisme et de l'art figuratif en Allemagne au début du XXe siècle. Son style introspectif et expressif, souvent dramatique, rend compte des bouleversements sociaux et des tensions psychologiques de son époque.
Né à Fribourg-en-Brisgau, Hofer étudie à l’Académie des beaux-arts de Munich, puis à Karlsruhe. Très tôt, il s’intéresse aux recherches européennes de son temps : le fauvisme, le cubisme, le symbolisme, et l’œuvre d’Edvard Munch, qui marquera durablement sa sensibilité.
K.H. - Sans emploi (1932)

Bien qu’il ne soit pas directement affilié au groupe Die Brücke, son travail s’inscrit dans la mouvance expressionniste. Il donne à la figure humaine une intensité psychologique rare, en jouant de couleurs profondes et de formes tendues qui traduisent la fragilité de l’individu face à son monde.
Ses portraits et scènes de la vie quotidienne dégagent un sentiment de solitude et de gravité, comme s’il cherchait à saisir ce qu’il reste d’humain dans les temps troublés.
Sous le régime nazi, son œuvre est qualifiée de « dégénérée ». Il est écarté de ses fonctions, plusieurs de ses toiles sont détruites. Après la guerre, il reprend l’enseignement à l’Académie des beaux-arts de Berlin, où il devient une figure morale et artistique importante. 
Dans toute son œuvre, Karl Hofer interroge la condition humaine avec pudeur et intensité. Il n’explique rien, il montre : des visages clos, des corps repliés, des silences lourds.
Et c’est sans doute cette retenue, mêlée d’inquiétude, qui rend encore aujourd’hui sa peinture si proche de ceux qu’occupent les complexités de l’âme.

dimanche 21 août 2022

Milton Avery - Paris pigeons (1955)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre et aquarelliste américain Milton Avery (1885-1965) reconnu pour son style singulier, à la croisée du modernisme européen et d'une sensibilité proprement américaine. Bien qu’il soit souvent associé à l’expressionnisme et au modernisme, Avery n’a jamais revendiqué d’appartenance à un mouvement. Il a développé une voie personnelle qui influencera nombre d’artistes américains, dont Mark Rothko, qui disait de lui : "Quel était son répertoire ? Son salon, Central Park, sa femme Sally et sa fille March..., ses amis et ce qui traînait dans son studio; un monde domestique et ordinaire."
Milton Avery - Two poets (1963)

Ce qu’il peignait, c’était donc son entourage : sa famille, ses amis, des paysages ou des natures mortes, abordés avec une économie de détails qui frôle l’abstraction. Son usage des aplats de couleurs, hérité de Matisse, confère à ses toiles une intensité à la fois lumineuse et apaisée.
Longtemps sous-estimé, Milton Avery est aujourd’hui considéré comme un pionnier : il a su établir un lien essentiel entre la peinture américaine traditionnelle du début du XXᵉ siècle - encore marquée par le réalisme et le régionalisme - et l’expressionnisme abstrait qui s’imposera dans les années 1940. Il a ainsi contribué à faire émerger une modernité plus libre, ancrée dans le quotidien et attentive à la simplicité des choses.

dimanche 26 juillet 2020

F. Marc - Gerbes de grain (1907)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres de l'allemand Franz Marc (1880-1916), l'une des figures majeures de l'expressionnisme et co-fondateur, avec Kandinsky, du groupe Der Blaue Reiter (Le Cavalier bleu).
Marc voyait dans le monde animal une pureté originelle perdue par l’homme ; ses chevaux, ses cerfs ou ses renards sont autant de visions spirituelles, portées par des couleurs auxquelles il donnait un sens symbolique : le bleu pour la profondeur spirituelle, le jaune pour la douceur, le rouge pour la violence.

F.M. - Chevaux au pâturage (1910)
Ses toiles - comme Les chevaux bleus (1911) - frappent par la force de leur simplicité : formes presque géométriques, palette éclatante, mais toujours au service d’une quête intérieure, d’une harmonie rêvée entre l’homme et la nature. On y perçoit l’influence du fauvisme, du cubisme et déjà un pas vers l'abstraction.
Sa vie fut courte : mobilisé en 1914, il meurt deux ans plus tard sur le front, à 36 ans seulement. Mais son œuvre, marquée par une intensité mystique rare, reste l’une des plus puissantes de l’avant-garde européenne.

dimanche 22 décembre 2013

Saul Leiter - Smoking (1934)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe américain Saul Leiter (1923-2013), qui vient de s'éteindre. Né à Pittsburgh dans une famille marquée par des tensions avec son père, rabbin, opposé à sa vocation artistique, Saul Leiter découvre très tôt l’art dans les livres de la bibliothèque. ; il est fasciné par des artistes comme Picasso, Bonnard ou encore par les estampes japonaises et l’expressionnisme allemand, et il commence par peindre avant de s’intéresser à la photographie qu'il découvre grâce au peintre expressionniste abstrait Richard Pousette-Dart.

S. Leiter - Snow (1960)
Installé à New York en 1946, Leiter se consacre à la fois à la peinture et à la photographie, mais c’est la photo de mode qui pendant près de 40 ans lui permet de gagner sa vie. Il travaille pour des magazines comme Harper’s Bazaar, Life ou British Vogue, mais développe aussi une démarche très personnelle ; il aime jouer avec le flou, la buée, les reflets, pour créer des images pleines de douceur et de poésie.
Bien que ses photographies aient été incluses dès 1953 dans des expositions au MoMA, notamment sous l’impulsion d’Edward Steichen qui l'avait sollicité pour sa monumentale exposition itinérante The Family of man, Leiter ne cherchait pas activement la reconnaissance, et ce n’est qu’à partir de 2006, avec la publication de son livre Early Color, qu’il reçoit enfin l’attention qu’il mérite. Aujourd’hui, ses œuvres figurent dans les collections des plus grands musées, comme le Whitney Museum of American Art à New York ou le Victoria and Albert Museum à Londres.

Peter Turnley Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe américain Peter Turnley (b..1955). P.T. - La Tartine, Paris (2025)