In girum imus nocte et consumimur igni

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dimanche 27 décembre 2020

Aaron Siskind - Rome 55 (1963)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du photographe expressionniste américain Aaron Siskind (1903-1991), évoqué le mois dernier et dont les abstractions sont à mi-chemin entre la photographie et la peinture.
In any art you don't know in advance what you want to say. It's revealed to you as you say it. It's the difference between art and illustration.
On l'associe souvent à l'expressionnisme abstrait, un courant né aux États-Unis au sortir de la Seconde Guerre mondiale, et évoqué pour la première fois en 1946 par le critique d'art Robert Coates dans les pages du New Yorker. Ce mouvement est considéré comme étant un des éléments majeurs de l'École de New York.

A.S. - Uvuapan, Mexico (1955)
Aaron Siskind commence par un travail documentaire dans les années 1930 au sein du Photo League de New York, où il s’attache à représenter la vie des quartiers populaires.
Mais à partir des années 1940, son regard change : il se détourne du reportage social pour explorer les surfaces, les textures, les signes du monde urbain : murs écaillés, affiches déchirées, ombres, traces...
Ce glissement du réel vers l’abstraction rapproche sa photographie de la peinture de son temps, notamment celle de Franz Kline ou de De Kooning, qu’il fréquente.
Enseignant influent, notamment à l’Institute of Design de Chicago, il a profondément marqué plusieurs générations de photographes, parmi lesquels Ray Metzker présenté le mois dernier. Chez lui, la matière devient langage et le monde, un vaste palimpseste à déchiffrer.
Photography is a way of feeling, of touching, of loving. What you have caught on film is captured forever.... It remembers little things, long after you have forgotten everything.
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samedi 26 décembre 2020

Otto Greiner - Betende Hände (nd)
Une image et des mots. L'image, ces mains en prière - crayon et fusain - du peintre et dessinateur allemand Otto Greiner (1869-1916).
Les mots pour aller avec sont un extrait d'une lettre de Calamity Jane à sa fille Janey, datée du 30 mai 1883.

Il n'y a vraiment rien dans ce monde d'aussi merveilleux que la foi d'un enfant dans quelqu'un qu'il aime.
Quand tu as dit ta prière devant moi, ce soir-là, tu as ajouté; "Dieu bénisse Jane Hickok et cet homme qui fut abattu dans le dos, où qu'il soit. Bénissez-le, parce que Jane l'aimait."
Je me suis demandé comment tu savais que je l'aimais. Bonne nuit, petite fille, et puisse Dieu te garder de tout mal.

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dimanche 20 décembre 2020

Joaquim Eskildsen - Fireworks (1991)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe danois Joaquim Eskildsen (b.1971), dont le travail mêle rigueur documentaire et sensibilité poétique très marquée. Né à Copenhague, il développe très jeune un intérêt pour la photographie et devient l’apprenti de Rigmor Mydtskov, photographe officielle de la Cour Royale.
Il se forme ensuite à Helsinki auprès de Pentti Sammallahti (voir mars dernier), avec qui il partage le goût de la lumière naturelle, du détail discret et des atmosphères silencieuses.

J. Eskildsen - Cornwall
Élevé à la campagne et nourri par les récits de sa grand-mère, Eskildsen voue depuis toujours une profonde affection à la nature. C'est ce qui l'amène, en 1993, à assister à Copenhague à un atelier animé par la photographe finlandaise Ritva Kovalainen, dont le travail explore les relations que l'homme entretient avec elle. Sa découverte de la photographie finlandaise le décide à s’installer en Finlande, où il étudie à l’Université d’Art et de Design d’Helsinki.
Il s’est fait connaître par ses séries au long cours, notamment The Roma Journeys (2007), fruit de six années de voyages à travers sept pays d’Europe auprès des communautés roms.
Son regard, toujours attentif et respectueux, évite le pittoresque comme la dénonciation : il cherche à montrer la dignité du quotidien, la beauté simple des gestes, la présence des enfants, des maisons, des routes. Qu’il photographie les paysans cubains (Home Works), les paysages du Nord ou la pauvreté américaine (American Realities, 2011), il garde le même équilibre entre précision documentaire et émotion contenue. Rien d’appuyé dans ses images, mais une douceur persistante ; celle d’un photographe pour qui voir, c’est d’abord comprendre et partager.
WO1

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dimanche 13 décembre 2020

E.P. Bitkin - The evening train (1962)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du russe Evgueni Petrovitch Bitkin (b.1932), formé à Moscou auprès de Kuprin et de Gerasimov avant de s’établir à Novgorod, dont la vie et l’architecture resteront une source d’inspiration durable.
Héritier des traditions classiques de l’école de peinture russe, il y développe pourtant un univers bien à lui : des toiles souvent hivernales, volontiers crépusculaires, traversées de ciels lourds et de silences.
E.P. B. - Suburban Station (1962)

Ce que j'ai immédiatement aimé quand j'ai découvert son travail, c'est d'abord son art du cadrage : la disposition des personnages, la perspective et la composition des plans, tout semble pensé avec une précision cinématographique, où chaque détail contribue à l'atmosphère et à la narration visuelle.
Quant aux figures, elles possèdent une présence étonnante malgré - ou peut-être à cause de - leur imprécision : silhouettes parfois floues, presque absorbées par le paysage, mais qui semblent tout de même habitées, vivantes.
J’aime chez Bitkin cette manière de mêler réalisme et suggestion, tout en laissant au spectateur la place de se raconter une histoire.
VO1

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dimanche 6 décembre 2020

Linden Frederick - The blue room

Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres de l'américain Linden Frederick (b.1953), originaire du nord de l’État de New York et installé depuis longtemps dans le Maine. Il s’est fait connaître par ses toiles d’un réalisme calme, souvent nocturne, où les lieux ordinaires - maisons, stations-service, routes de campagne, motels - prennent une dimension presque narrative.

L.F. - Off Main
Ses paysages urbains ou ruraux sont souvent déserts, baignés d’une lumière artificielle - lampadaires, phares de voiture, néons - qui révèle autant qu’elle dissimule. Rien n’y est spectaculaire, mais tout semble sur le point de basculer : on devine une histoire derrière chaque fenêtre allumée.
Influencé par la lumière du cinéma américain et la peinture réaliste d’Edward Hopper, Linden Frederick compose des images d’une grande sobriété, où l’atmosphère prime sur le sujet. Il parle souvent de ses tableaux comme de “récits visuels”, ouverts, à mi-chemin entre observation et fiction. Tout ce que nous voyons cache quelque chose d’autre, disait à peu près Magritte.

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samedi 5 décembre 2020

Slava et sa troupe (1993)
Une image et des mots. L'image est extraite du spectacle du formidable Slava.
Sans penser à une oeuvre en particulier, elle m'a immédiatement évoqué, assez logiquement sans doute, l'univers de Beckett.
Puis je me suis souvenu d'un livre d'Émile Faguet paru en 1910 sous le titre Le culte de l'incompétence et dont voici un court extrait:.

Quels seraient donc les remèdes que l'on pourrait apporter à cette maladie moderne, le culte de l'incompétence intellectuelle, le culte de l'incompétence morale ? [....] On pense bien que je n'en vois aucun, puisque nous avons affaire à un mal qui ne peut être guéri que par lui-même, et à un mal qui se chérit ".

dimanche 29 novembre 2020

Jozef Israëls

Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre hollandais Jozef Israëls (1824-1911), père d'Isaac Israëls, présenté ici en novembre 2015.
Admirateur de Corot et de l'École de Barbizon, il est considéré comme l'un des principaux représentants de l'École de La Haye, un mouvement artistique réaliste du XIXe siècle. Son travail est souvent comparé à celui de Jean-François Millet pour sa sensibilité aux scènes de la vie rurale et des gens ordinaires, notamment des pêcheurs et des paysans. Les œuvres d'Israëls, qui mettent en lumière les luttes et la dignité des classes laborieuses, ou encore le sort des déshérités du quartier juif d'Amsterdam, se distinguent par un style sombre et une atmosphère empreinte de mélancolie.

Jozef Israëls - Jeune fille cousant
Formé à Amsterdam et à Paris, où il arrive en 1845 et suit l'enseignement du peintre néo-classique François-Édouard Picot,  Israëls a débuté sa carrière en peignant des scènes historiques romantiques. C'est après un séjour dans un village de pêcheurs qu'il se tourne vers des thèmes plus réalistes, et des œuvres célèbres comme L'orphelin et À la tombée du jour témoignent de son talent pour capturer les émotions et les expressions humaines.
Jozef Israëls a influencé de nombreux artistes de l'époque et a contribué à donner au réalisme une place de premier plan dans l'art néerlandais.

LD1
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dimanche 22 novembre 2020

B. Barbey - Portugal (1993)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés de Bruno Barbey (1941-2020), déjà présenté ici en août 2012, et disparu le 9 de ce mois à l'âge de 79 ans. C'est en 1964 qu'il a commencé à travailler avec l'agence Magnum, jusqu'à en devenir le président, pour trois ans, en 1992.
B.Barbey - Koweit (1990)

Formé aux arts visuels au Centre d'Enseignement Professionnel de Vevey, en Suisse, Bruno Barbey a travaillé sur tous les continents, et il a couvert d'innombrables conflits autour du globe. Pour autant, il ne se considère pas comme un photographe de guerre, mais comme un témoin d'un monde en mutation où les traditions et les cultures disparaissent rapidement ; il photographie, dit-il, pour "documenter pour la postérité".

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samedi 21 novembre 2020

R. Mutter - The wasteground wanderer
Une image et des mots. Diplômé de la Glasgow School of Art, imprégné par l'atmosphère des chantiers navals autrefois prospères et aujourd'hui sinistrés, l'écossais Ryan Mutter (b.1978) rend compte de l'héritage industriel britannique et de sa connexion avec la mer.

Sait-on jamais ce que c'est. Ce va-et-vient aux abîmes est un trajet solitaire. Ceux qui remontent de ces gouffres se sont cherchés sans se rejoindre. Seule, la cruauté du jour rassemble leur troupeau errant. Ils renaissent douloureusement et se retournent : la nuit a effacé la trace de leurs pas. Les ivresses, si contagieuses, sont incommunicables.
Antoine Blondin, Un singe en hiver (1959)
ML11

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dimanche 15 novembre 2020

Arthur Tress - Shadow serie (1975)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés de l'américain Arthur Tress (b.1940), dont l’œuvre oscille entre documentaire et fantastique. Né à Brooklyn, il commence sa carrière dans les années 1960 avec des reportages sociaux, notamment sur la vie dans les quartiers populaires de New York où il a passé son enfance. Mais très vite, influencé par ses études d'art et de philosophie, il s’éloigne du simple réalisme documentaire pour explorer une dimension plus onirique et symbolique de la photographie.

A.T. - Shadow serie - Nice (1975)
Ses œuvres les plus emblématiques figurent dans ses séries comme Dream Collector (1972), où il crée des mises en scène inspirées par les rêves et les cauchemars d'enfants qu'il interrogeait.
Entre poésie et inquiétude, Tress explore leur monde, mais aussi le désir, la peur, la marginalité, l’identité, et la fragilité humaine dans un monde marqué par des tensions sociales et culturelles. La lumière montre l'ombre et la vérité le mystère, dit un proverbe latin médiéval..
Photographe à part, entre le reportage et la fable, Arthur Tress crée des images à la fois étranges et profondément humaines, où le réel et le rêve se mêlent dans un même trouble.

GH6

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dimanche 8 novembre 2020

Ray Metzker - Atlantic City (1966)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe américain Ray Metzker (1931-2014), figure singulière de la photographie du XXᵉ siècle, connu pour son exploration radicale de la lumière, de l’ombre et de la composition. Élève d'Aaron Siskind et d'Harry Callahan (voir mai 2010) à l'Institute of Design de Chicago, il s’éloigne très tôt du réalisme documentaire pour inventer un langage visuel d’une rigueur et d’une audace rares : montages, juxtapositions, expositions multiples… 
« Ce n’est pas le médium qui a des limites, mais l’imagination de l’artiste. »
R.M. - Chicago (1957)

Il joue avec les contrastes extrêmes, les silhouettes, les fragments de ville, et transforme la rue en une abstraction lumineuse. « La rue est une scène d’interactions humaines. D’abord j’observe minutieusement, l’appareil tourné vers le sol. Puis je le relève, attentif au flot d’hommes et de femmes qui apparaissent et disparaissent, à cette pulsation. »
Dans des séries comme City Whispers ou Composites, il explore la répétition et le montage d’images multiples jusqu’à créer des structures presque musicales.
Ainsi chez Ray Metzker la photographie n’est plus un simple enregistrement du réel : elle devient un terrain d’expérimentation, où la lumière devient matière et rythme.
OE3

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samedi 7 novembre 2020

Léon Augustin Lhermitte - La fenaison (1887)
Une image et des mots.
De Léon Lhermitte (1844-1925), voici La fenaison (1887), un tableau conservé au Musée Van Gogh à Amsterdam.
Les mots pour aller avec sont extraits de la Genèse (3.19).

" [....] il te produira des épines et des ronces, et tu mangeras de l'herbe des champs. C'est à la sueur de ton front que tu mangeras du pain, jusqu'à ce que tu retournes dans la terre, d'où tu as été pris; car tu es poussière, et tu retourneras à la poussière."
SO3

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dimanche 1 novembre 2020

B. McLaughlin - Anyone awake (2012)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre britannique Ben McLaughlin (b.1969) déjà présenté en septembre dernier.
Tout en demi-teinte et aux tonalités feutrées, les scènes ambiguës que McLaughlin nous donne à voir sont de celles qui facilement rappellent des souvenirs fugaces, ou nous invitent à des cogitations existentielles.

B. McL. - Untitled (2012)

Son monde, c'est celui de l’insomniaque – silencieux et solitaire.
Un lieu où le temps semble suspendu et où l’on se retrouve seul avec ses pensées.
Les images de McLaughlin, ses chambres de motel de seconde zone, ses quais de gare, suggèrent des existences qui errent sans but précis entre l'ici et l'ailleurs.
Sans jamais nous épargner un sentiment de solitude implacable, ses tableaux nous laissent dans l’attente de quelque chose à venir, même si ce n’est que l’aube qui se lève.
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dimanche 25 octobre 2020

Euan Uglow

Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres de l'anglais Euan Uglow (1932-2000), connu pour son exigence presque obsessionnelle du dessin et de la mesure. Formé au Camberwell College of Arts puis à la Slade School of Fine Art auprès de William Coldstream, il hérite de son maître une approche précise et méthodique de la peinture figurative, fondée sur l’observation, la proportion et la rigueur géométrique.

E. Uglow - Daisy (1976)
Uglow mesurait tout : les distances, les intervalles, les rapports, à l’aide d’un instrument de sa propre invention, inscrivant sur la toile les traces visibles de ce travail - grilles, points, repères...
Ses modèles posaient parfois des mois entiers, jusqu’à ce que chaque rapport trouve son juste équilibre.
Peu d’artistes auront autant cherché à concilier la rigueur mathématique et la sensualité du regard. Derrière l’apparente froideur de la méthode, il y a chez Uglow une attention intense à la présence des corps, à la lumière, à la vérité silencieuse de ce qu’il voit. Artiste discret et certainement trop peu connu, il est néanmoins admiré par les critiques et les amateurs d'art pour cette démarche unique qui mêle rigueur technique et esthétique raffinée ; professeur à la Slade, Euan Uglow a profondément marqué plusieurs générations d’artistes britanniques. Son œuvre, à la fois discrète et essentielle, reste celle d’un incroyable perfectionniste habité par la quête d’une vérité aussi simple que mesurée.

AG1

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dimanche 18 octobre 2020

Beuford Smith - Black lives
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe documentaire américain Beuford Smith (b.1941), connu pour son engagement dans le photojournalisme et son rôle de mentor au sein de la communauté photographique afro-américaine. Originaire de Cincinnati, dans l'Ohio, Smith a étudié les arts visuels et c'est la découverte du Sweet flypaper of life de Langston Hughes et Roy DeCarava, qu'il rencontre en 1965,  qui convainc le jeune autodidacte de se lancer dans la photographie. Il va dès lors développer une carrière centrée sur l'exploration des réalités sociales, des luttes raciales et des expressions culturelles de la communauté noire aux États-Unis.

B.S. - East 12th Street Park, NYC
(1968)





Il est membre fondateur du groupe Kamoinge (un mot de la langue kikuyu (Kenya) qui signifie "ceux qui agissent ensemble"), un collectif new yorkais de photographes afro-américains qui s'est établi à New York en 1963.
Ce groupe visait à offrir aux photographes noirs une plateforme artistique qui leur permette de documenter leur propre histoire avec authenticité, en défiant les stéréotypes et les limites imposées par les médias traditionnels.
En tant que président de Kamoinge dans les années 1990, Smith a contribué à renforcer l'impact du collectif et à inspirer de nouvelles générations d'artistes. Son style photographique se distingue par une approche intime et humaniste, ses clichés capturant souvent des moments du quotidien et des sujets dans leur environnement naturel, et révélant des récits puissants sur la condition humaine et les défis sociaux. I photograph as passionately and humanely as possible.
Beuford Smith reste une figure respectée dans le monde de la photographie, reconnu pour sa contribution à la représentation visuelle de la diaspora africaine et pour avoir encouragé une réflexion critique sur les dynamiques raciales et sociales à travers l'art. Ses œuvres continuent aujourd'hui d’être exposées dans des galeries et des musées, une juste reconnaissance de son rôle dans l’histoire de la photographie contemporaine.

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samedi 17 octobre 2020

D. Spoerri - Le déjeuner sous l'herbe (1983-2010)
Une image et des mots. Pour accompagner cette installation du plasticien suisse Daniel Spoerri (ICI), quelques lignes de Raymond Carver, extraites de Parlez-moi d'amour.

Il croisa une jambe sur l'autre, ce qui parut lui prendre un temps considérable. Puis il reposa les deux pieds sur le sol, s'appuya en avant, les coudes sur la table, le menton dans le creux des mains.
- Après tout, peut-être que je n'appellerai pas les gosses, dit-il. Peut-être que ce n'était pas une tellement bonne idée. Peut-être qu'il vaut mieux simplement aller manger. Qu'en pensez-vous?
- Ça me va, dis-je. Manger ou ne pas manger. Ou continuer à boire. Je crois que je pourrais piquer une tête dans le soleil couchant.
- Qu'est-ce que cela veut dire mon chéri ? s'étonna Laura.
- Exactement ce que j'ai dit, que je peux me contenter de continuer, cela ne veut rien dire de plus.
- Eh bien moi, je mangerais volontiers quelque chose, répliqua Laura. Je pense ne jamais avoir eu aussi faim de ma vie. Y aurait-il quelque chose à grignoter ?
- Je vais vous donner des biscuits et du fromage, dit Terri.
Mais elle resta assise. Elle ne se leva pas pour prendre quoi que ce soit.
Mel retourna son verre, en renversa le contenu sur la table et remarqua :
- Fini, le gin.
- Maintenant, qu'est-ce qu'on fait ? demanda Terri.
Je pouvais entendre mon coeur. Je pouvais entendre battre chaque coeur. Je pouvais entendre le bruit humain que nous faisions, nous tous, assis là, incapables de bouger même lorsque l'obscurité envahit la pièce.
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dimanche 11 octobre 2020

L. Christie - The lady vanishes

Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres de l'irlandaise Lorraine Christie, dont l'univers romantique puise son inspiration chez Toulouse-Lautrec, Singer-Sargent, LS Lowry, ou encore chez l'écossais Jack Vettriano.
Le style de Christie, qui se considère autodidacte, se caractérise par des traits dynamiques et une utilisation subtile de la lumière, qui ajoutent une atmosphère dramatique et parfois mélancolique à l'émotion et à la tension des instants figés qu'elle représente.

L. C. - It never leaves
Ses œuvres, souvent exécutées au couteau dans des tons riches et chauds, mettent volontiers en scène des personnages féminins dans des décors urbains ou domestiques ; l'éternelle romance représentée avec élégance, avec ses presque-ratés, ses rencontres furtives et ses connexions hasardeuses.
There are no guarantees that we can hold onto love. It is indeed elusive. And whether we realize it or not, we all have a memory or moment that we want to suspend in time and that we can re-visit for all eternity.

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dimanche 4 octobre 2020

A. Patjane - Free Tibet (2011)

Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe mexicain Anuar Patjane (b.1981), diplômé en anthropologie et plongeur sous-marin. L'une de ses œuvres les plus célèbres est "Whale Whisperers", une image sous-marine montrant des plongeurs aux côtés d'une énorme baleine à bosse et de son petit. Cette photographie a valu à Anuar Patjane une reconnaissance internationale ainsi que plusieurs prix, notamment des distinctions de National Geographic.

A.P. - Antartica (2015)

Au-delà des scènes sous-marines, son portfolio comprend également des documentaires culturels, mettant en valeur les communautés autochtones du Mexique et des paysages du monde entier. Son travail souligne à la fois la fragilité des écosystèmes naturels et la richesse culturelle des communautés humaines isolées, invitant à une réflexion sur la conservation et le respect du patrimoine naturel et culturel.
Le premier cliché, qui fait partie de sa série Mahabharat, a été pris dans un centre pour réfugiés tibétains à Darjeeling, en Inde, en 2011. Le second fait partie de sa série Antartica, réalisée en 2015. Le travail de Anuar Patjane est à découvrir ICI.
CR2

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samedi 3 octobre 2020

Diogo Battista - Black Beast (2020)
Une image et des mots. Panique, ils réclament sans savoir un paradis perdu, écrit Georges-Emmanuel Clancier dans Contre-Chants (2000).

Pour accompagner ce cliché du photographe portugais Diogo Battista, et comme pour prolonger le très court poème de G-E Clancier, en voici un autre, ou plutôt un extrait, tiré du recueil de Victor Hugo Les chansons des rues et des bois (1865)


Le cheval luttait ; ses prunelles,
Comme le glaive et l'yatagan,
Brillaient ; il secouait ses ailes
Avec des souffles d'ouragan.

Il voulait retourner au gouffre ;
Il reculait, prodigieux,
Ayant dans ses naseaux le soufre
Et l'âme du monde en ses yeux.

Il hennissait vers l'invisible ;
Il appelait l'ombre au secours ;
À ses appels le ciel terrible
Remuait des tonnerres sourds.
[.....]
Moi, sans quitter la plate-longe,
Sans le lâcher, je lui montrais
Le pré charmant, couleur de songe,
Où le vers rit sous l'antre frais.

Je lui montrais le champ, l'ombrage,
Les gazons par juin attiédis ;
Je lui montrais le pâturage
Que nous appelons paradis.
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Ganjifa moghol Le vide-grenier du dimanche. Deux Ganjifas , ces cartes d’un jeu ancien, originaire de Perse, qui a pris toute sa richesse en...