In girum imus nocte et consumimur igni

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samedi 17 octobre 2020

D. Spoerri - Le déjeuner sous l'herbe (1983-2010)
Une image et des mots. Pour accompagner cette installation du plasticien suisse Daniel Spoerri (voir ICI), quelques lignes de Raymond Carver, extraites de Parlez-moi d'amour.

Il croisa une jambe sur l'autre, ce qui parut lui prendre un temps considérable. Puis il reposa les deux pieds sur le sol, s'appuya en avant, les coudes sur la table, le menton dans le creux des mains.
- Après tout, peut-être que je n'appellerai pas les gosses, dit-il. Peut-être que ce n'était pas une tellement bonne idée. Peut-être qu'il vaut mieux simplement aller manger. Qu'en pensez-vous?
- Ça me va, dis-je. Manger ou ne pas manger. Ou continuer à boire. Je crois que je pourrais piquer une tête dans le soleil couchant.
- Qu'est-ce que cela veut dire mon chéri ? s'étonna Laura.
- Exactement ce que j'ai dit, que je peux me contenter de continuer, cela ne veut rien dire de plus.
- Eh bien moi, je mangerais volontiers quelque chose, répliqua Laura. Je pense ne jamais avoir eu aussi faim de ma vie. Y aurait-il quelque chose à grignoter ?
- Je vais vous donner des biscuits et du fromage, dit Terri.
Mais elle resta assise. Elle ne se leva pas pour prendre quoi que ce soit.
Mel retourna son verre, en renversa le contenu sur la table et remarqua :
- Fini, le gin.
- Maintenant, qu'est-ce qu'on fait ? demanda Terri.
Je pouvais entendre mon coeur. Je pouvais entendre battre chaque coeur. Je pouvais entendre le bruit humain que nous faisions, nous tous, assis là, incapables de bouger même lorsque l'obscurité envahit la pièce.

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