Diogo Battista - Black Beast (2020) |
Une image et des mots. Panique, ils réclament sans savoir un paradis perdu, écrit Georges-Emmanuel Clancier dans Contre-Chants (2000).
Pour accompagner ce cliché du photographe portugais Diogo Battista, et comme pour prolonger le très court poème de G-E Clancier, en voici un autre, ou plutôt un extrait, tiré du recueil de Victor Hugo Les chansons des rues et des bois (1865)
Le cheval luttait ; ses prunelles,
Comme le glaive et l'yatagan,
Brillaient ; il secouait ses ailes
Avec des souffles d'ouragan.
Il voulait retourner au gouffre ;
Il reculait, prodigieux,
Ayant dans ses naseaux le soufre
Et l'âme du monde en ses yeux.
Il hennissait vers l'invisible ;
Il appelait l'ombre au secours ;
À ses appels le ciel terrible
Remuait des tonnerres sourds.
[.....]
Moi, sans quitter la plate-longe,
Sans le lâcher, je lui montrais
Le pré charmant, couleur de songe,
Où le vers rit sous l'antre frais.
Je lui montrais le champ, l'ombrage,
Les gazons par juin attiédis ;
Je lui montrais le pâturage
Que nous appelons paradis.