In girum imus nocte et consumimur igni

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samedi 4 novembre 2023

D.L. - Country road, County Clare, Ireland (1954)
Une image et des mots. L'image est de Dorothea Lange (voir mars 2013), et les mots pour l'accompagner sont de l'empereur philosophe Marc-Aurèle, extraits du Livre V de Pensées pour moi-même (c.180 ap. J.-C.)

Je marche dans les sentiers que me trace la nature, jusqu'à ce que je me repose en tombant, exhalant mon dernier souffle dans cet élément où je puise à chaque instant le souffle de ma vie, tombant sur cette terre d'où mon père a tiré le germe de mon être, d'où ma mère a tiré son sang, d'où ma nourrice a tiré son lait ; sur cette terre, dont moi-même, depuis tant d'années, je me nourris et m'abreuve chaque jour ; sur cette terre, qui me porte, quand je la parcours et que j'en abuse de tant de façons.

dimanche 6 novembre 2022

Ben Shahn - Untitled
Le vide-grenier du dimanche. Deux œuvres de l’artiste américain d’origine lituanienne Ben Shahn (1898-1969). Après l’exil de son père en Sibérie pour raisons politiques, la famille émigre en 1906 aux États-Unis et s’installe à Brooklyn. Shahn y apprend la lithographie avant de suivre des études de biologie à l’Université de New York, puis d’art au City College et à la National Academy of Design. Dans les années 1920, après un voyage en Afrique du Nord et en Europe où il découvre Matisse, Dufy ou Picasso, il s’éloigne pourtant de l’avant-garde : il cherche une peinture réaliste, capable d’exprimer ses préoccupations sociales et morales.

B.S. - Scott's run (1937)
Le cycle des 23 gouaches consacrées au procès des anarchistes Sacco et Vanzetti (1931-32) le fait connaître : un art engagé, humain, qui place la justice et la dignité au cœur de sa démarche.
En 1935, Walker Evans le recommande à Roy Stryker, alors à la tête du département information de la Farm Security Administration. Comme Dorothea Lange (voir mars 2013), Gordon Parks (voir sept.2012), Jack Delano (voir mai 2012 et oct.2019), Walker Evans (voir juil.2012), Carl Mydans (voir avril 2013), John Vachon (voir mars 2016) Arthur Rothstein (voir avril 2019), Ben Shahn va dès lors documenter la vie rurale du Sud ; ce travail que j'aime beaucoup - photographique cette fois -, fera l'objet d'une future publication.

dimanche 10 avril 2022

H.P. - Under the El, NYC (1949)

Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe documentaire américain Homer Page (1918-1985), qui a étudié l'art et la psychologie sociale à l'UCLA puis à Berkeley. Diplômé en 1940, il fait la connaissance de Dorothea Lange (voir mars 2013), amie de la famille de son épouse Christina Gardner - elle-même photographe et future assistante de Lange. En 1944, Page devient photographe professionnel à plein temps, et trois ans plus tard, il enseigne la photo au futur San Francisco Art Institute, alors dirigé par Ansel Adams (voir avril 2010 et mai 2019), assisté de Minor White (voir août 2013 et sept. 2019). Grâce à Dorothea Lange, il rencontre Edward Steichen, qui dirigeait le département de photographie du Museum of Modern Art (MoMA), et l’invite à participer à plusieurs expositions du musée.
H. Page - New York (1949)

Le travail de Page, centré sur la vie urbaine américaine - New York, San Francisco, et les États-Unis d’après-guerre -, se distingue par sa profonde attention à la réalité humaine et sociale. Dans ses portraits de passants, ses scènes de rue, ses instants suspendus du quotidien, se lit une empathie discrète et une compréhension aiguë de la solitude moderne.
Sous-estimée de son vivant, l'œuvre subtile et lucide d'Homer Page est aujourd'hui presque oubliée.

dimanche 13 février 2022

Pirkle Jones - Untitled (1961)

Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe documentaire américain Pirkle Jones (1914-2009). 
Il découvre la photographie à 17 ans avec un Kodak Brownie, puis, après avoir servi dans le Pacifique pendant la Seconde Guerre mondiale, il rejoint le premier cours de photographie de la California School of Fine Arts. Il y étudie auprès de figures majeures comme Ansel Adams (voir avril 2010), dont il sera l’assistant pendant six ans, Dorothea Lange (mars.2013), Edward Weston (jan.2012 et fév.2014), ou encore Minor White (août 2013 et sept.2019).

P.J. - Cowboy, Arizona (1957)
Son œuvre, nourrie d’une profonde sensibilité sociale, combine la rigueur formelle d’Adams et l’engagement humain de Lange. Parmi ses séries les plus marquantes, Death of a Valley (1956), réalisée avec Dorothea Lange, documente la disparition d’une communauté de la Napa Valley lors de la construction du barrage de Monticello, soulignant le coût humain et écologique du progrès industriel. Jones évoquera ce projet comme « l’une des expériences photographiques les plus significatives de sa vie ».
De son travail, que Bruce Weber comparait à l'écriture de John Steinbeck, Ansel Adams dira aussi ceci : sa photographie n'est pas flamboyante, elle ne repose pas sur des stimuli superficiels.  Pirkle Jones est un artiste au meilleur sens du terme ; ce qu'il exprime est autant en résonance avec le monde extérieur qu'avec sa propre humanité.

dimanche 10 mars 2013

D. Lange - Migrant mother (1936)

Le vide-grenier du dimanche. Au lendemain de la Journée internationale des droits de la femme, deux clichés de la photographe américaine Dorothea Lange (1895-1965), dont le nom est aujourd’hui synonyme de photographie documentaire engagée. Ces images illustrent parfaitement le travail qu’elle a mené au sein de la FSA (Farm Security Administration), déjà évoquée ici à plusieurs reprises, la première fois en décembre 2011 à propos de Russell Lee.

D.L. - Young migratory mother
(1940)
Avec un regard à la fois empathique et rigoureux, elle a abondamment documenté la situation des migrants durant les "bitter years" (les années amères) de la Grande Dépression, conséquence du krach boursier de 1929.
La première, le célèbre cliché de Florence Owens Thompson avec ses trois enfants, est devenue une icône universelle.
Au même titre que White Angel breadline (1933), photographie d’une soupe populaire, le regard chargé d’anxiété de cette mère migrante parle d’un temps difficile et saisit avec force cette page d’histoire. Lange disait : « La photographie aide à voir ». Son œuvre continue de nous inviter à regarder, avec humanité et attention, ce qui parfois nous échappe - et ne le devrait pas.

dimanche 16 septembre 2012

G. Parks - Chicago (1957)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du romancier et photographe américain Gordon Parks (1912-2006), figure majeure de la photographie du XXe siècle et premier Afro-Américain à travailler pour Life Magazine. Né dans le Kansas dans un contexte de ségrégation, Parks se forme en autodidacte, achetant son premier appareil photo d’occasion dans un train de nuit. Très vite, il comprend que la photographie peut devenir une arme contre l’injustice. J'ai vu que la photo pouvait être une arme contre la pauvreté, contre le racisme, contre toutes sortes de torts sociaux. J'ai su à ce moment-là que je devais avoir un appareil photo.

G.P. - Harlem, NYC (1948)
Son premier travail professionnel consiste à photographier des modèles pour un grand magasin de St. Paul, dans le Minnesota. Cette expérience lui ouvre les portes de la presse locale de Chicago, où il commence à documenter la vie des quartiers pauvres du South Side.
C’est ce travail engagé qui lui vaudra d’être recruté par Roy Stryker pour la Farm Security Administration (FSA), où il va rejoindre une équipe prestigieuse de photographes documentaristes tels que Marjory Collins, Jack Delano, Dorothea Lange, Walker Evans ou Arthur Rothstein - autant de noms déjà évoqués ou à venir dans ce blog. Leur mission : sensibiliser l’opinion à la réalité sociale de l’Amérique, et appuyer, par l’image, les réformes du New Deal du Président Roosevelt face aux ravages de la Grande Dépression...
Tout au long de sa carrière, Gordon Parks poursuit ce double mouvement : engagé politiquement, proche des milieux artistiques et militants, il documente aussi bien la vie des gangs de Harlem que les campagnes de Martin Luther King ou les tensions raciales dans le Sud des États-Unis. Parallèlement, il développe un travail plus intime, empreint de poésie et de symbolisme, où la photographie devient un langage personnel. Toute son œuvre est traversée par une volonté constante : révéler l’humanité derrière les apparences, et raconter une histoire - la sienne, celle de son peuple, et celle d’un pays en mutation.

Peter Turnley Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe américain Peter Turnley (b..1955). P.T. - La Tartine, Paris (2025)