In girum imus nocte et consumimur igni

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dimanche 25 décembre 2022

Anton Pieck
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre et illustrateur néerlandais Anton Pieck (1895-1987).
Son univers, qui baigne dans une atmosphère pleine de charme et d'aimable poésie, c'est le monde enchanté des contes pour enfants.

A.Pieck - Gebakkraam
Ce sont les images merveilleuses - dont on goûte chaque détail - des beaux livres qui se feuillettent avec eux devant la flambée. Des moments de rêverie où "une lueur d'éternité descend sur la beauté du monde", dirait Bachelard.
Pieck a commencé sa carrière comme enseignant d'art et a poursuivi en illustrant des livres, notamment des classiques comme Les Voyages de Gulliver et les contes des frères Grimm. Son style, qui nous plonge dans des scènes de vie quotidienne idéalisées ou des paysages imaginaires inspirés de l'Europe ancienne, se distingue par l'utilisation de couleurs douces et une attention minutieuse aux textures, aux costumes et aux architectures.
Mais quelle heure est-il à l'horloge du grand beffroi ? Et qui en France éditera l'oeuvre féerique d'Anton Pieck ?

TC1
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samedi 24 décembre 2022

VC Ferry - New York (2013)
Une image et des mots. Un cliché du photographe new-yorkais VC Ferry, déjà présenté ici en octobre dernier. Les mots pour l'accompagner sont un poème de Bukowski, The laughing heart.

your life is your life
don't let it be clubbed in dank submission.
be on the watch.
there are ways out.
there is light somewhere.
it may not be much light but
it beats the darkness.
be on the watch.
the gods will offer you chances.
know them,
take them.
you can't beat death but
you can beat death in life, sometimes,
and the more often you learn to do it,
the more light there will be.
your life is your life.
know it while you have it.
You are marvelous
the gods wait to delight 
in you.
HB3

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dimanche 18 décembre 2022

William M. Chase - Meditation (1886)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre impressionniste américain William Merritt Chase (1849-1916), membre de la Ten American Painters, une association de dix peintres démissionnaires de la Society of American Artists dont ils désapprouvent le mercantilisme.
Son goût pour la peinture se révèle très tôt, et il commence à l'étudier pendant son adolescence à Indianapolis auprès de deux portraitistes et peintres paysagistes locaux, Jacob Cox et Barton Hays.

W. M. Chase - A city park (1887)
Après une très brève expérience professionnelle dans la marine marchande, à l'âge de 19 ans, ses deux professeurs lui conseillent de partir pour New York poursuivre ses études artistiques.
Il s'y installe en 1869 et devient d'abord l'élève du portraitiste Joseph Oriel Eaton, avant de s'inscrire à la National Academy of Design pour y suivre l'enseignement de Lemuel Wilmarth, lui-même ancien élève du français Jean-Léon Gérôme et fondateur de la Art Students League of New York.
Il voyagera ensuite en Europe, pour étudier à l'Académie des beaux-arts de Munich ; il y deviendra ami avec son compatriote portraitiste Frank Duveneck, avec qui il voyagera en Italie avant de retourner définitivement aux États-Unis.
William Merritt Chase rejoindra ainsi les rangs des nombreux peintres américains qui auront apporté l'influence de l'impressionnisme français sur la scène artistique newyorkaise ; il deviendra à son tour un des professeurs les plus réputés et respectés, comptant parmi ses élèves de futures grandes figures de la peinture américaine comme Edward Hopper, Georgia O'Keeffe, Charles Sheeler, et Rockwell Kent.
Ce beau pastel, Méditation, est un portrait de son épouse.

MS1
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dimanche 11 décembre 2022

Fred Stein - Embrace, Paris (1934)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe américain d'origine allemande Fred Stein (1909-1967), déjà présenté ici en octobre 2016. Reconnu pour ses portraits saisissants de nombreuses personnalités intellectuelles et artistiques du XXe siècle comme Albert Einstein, Hannah Arendt, Marc Chagall, ou Marlene Dietrich, il parvenait avec son sens aigu de l'observation et de l'empathie à capturer l’essence de ses sujets, en montrant à la fois leur humanité et leur stature intellectuelle.
F.S. - Manhattan Skyline (1946)

Mais voici ici une autre facette de son art : deux photographies poétiques de Paris et de New York. Fred Stein, qui a dû fuir l’Allemagne nazie en raison de ses origines juives et de son engagement politique, est aujourd'hui considéré comme un pionnier de la photographie de rue et un maître du portrait en noir et blanc.
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dimanche 4 décembre 2022

O. Ring - Canal Frederiksholms, Copenhague
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre danois Ole Ring (1902-1972), troisième enfant de Laurits Andersen Ring que j'ai présenté ici en juin 2017. Principalement connu pour ses paysages ruraux et ses scènes de village qui restituent la sérénité et l’authenticité de la campagne danoise, il fait partie d'une tradition de peintres scandinaves qui privilégient les scènes naturalistes et la beauté des paysages locaux, en s'attachant à retranscrire l'atmosphère et les changements subtils de lumière caractéristiques des saisons nordiques.

O. Ring - Sakskøbing (1963)
Bien que moins célèbre que son père, Ole Ring est toutefois très apprécié pour la délicatesse de son travail et sa contribution à la peinture de paysage danoise. Son œuvre offre un regard profondément ancré dans le patrimoine rural du Danemark, et il reste une figure respectée dans l’art scandinave du XXe siècle pour son talent à immortaliser le charme simple et l’authenticité de la vie campagnarde.

samedi 3 décembre 2022

Simone Weil (1922)
Une image et des mots. Je feuillette La condition ouvrière, de Simone Weil, ce petit ouvrage publié en 1951 où elle relate sa vie de manoeuvre chez Alsthom, puis aux Forges de Basse-Indre et enfin chez Renault. Je relis les lignes poignantes qu'elle y consacre à la grève des ouvrières métallos de juin 1936, et les anecdotes qu'elle y évoque... 
Une bonne camarade, affectueuse, qu'on interroge sur sa famille.
"Vous avez des gosses ?
- Non, heureusement.. C'est-à-dire j'en avais un, mais il est mort."
Elle parle d'un mari malade, qu'elle a eu huit ans à sa charge. "Il est mort, heureusement...". C'est beau les sentiments. Mais la vie est trop dure...

Alors j'ai pensé à cette photo d'elle, que j'aime beaucoup ; c'est encore une écolière, elle n'a pas encore écrit La pesanteur et la grâce. Elle a été prise en Belgique, à Knotte le Zoute, et à côté d'elle (je l'ai recadrée), il y a son frère André, futur grand mathématicien co-fondateur du groupe Bourbaki.
Et pour aller avec, voici quelques lignes de Patti Smith, en pèlerinage au petit cimetière d'Ashford, dans le Kent, où elle cherche la tombe de Simone Weil pour s'y recueillir..

J'ai senti sa main qui me guidait. Sur ma droite se trouvait un secteur boisé qui semblait m'appeler. Soudain je me suis arrêtée. Je sentais l'odeur de la terre. Il y avait des alouettes et des moineaux, un trait de lumière est apparu, puis à disparu. J'ai tourné la tête sans pose exaltée et l'ai trouvée, dans toute sa grâce modeste. J'ai déplié le soufflet de mon appareil, réglé l'objectif puis pris quelques photos. Tandis que je m'agenouillais pour placer le petit bouquet de lavande sous son nom, des mots se sont formés, cabriolant comme une comptine. Je me suis sentie inexorablement en paix. La pluie s'est dissipée. Mes chaussures étaient tachées de boue. Il y avait une absence de lumière, mais pas d'amour.
Patti Smith, Dévotion (2018).

dimanche 27 novembre 2022

Eyvind Earle - Path in the snow

Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre, et poète, américain Eyvind Earle (1916-2000), déjà présenté ici en mai 2020.

E. Earle - Untitled

For 70 years, I've painted paintings, and I'm constantly and everlastingly overwhelmed at the stupendous infinity of Nature. Wherever I turn and look, there I see creation. Art is creating... Art is the search for truth. Et encore : Beauty is the thing we are all searching for...Whatever beauty is, I feel it, and as long as I can I shall try to find more and more beauty, and to put it down so others can see what I have seen.

samedi 26 novembre 2022

Anonyme
Une image et des mots. Une belle photographie, dont je ne connais pas l'origine, et qui nous invite à céder à la tentation d'un irrésistible croque-monsieur. Pour l'accompagner, quelques lignes d'Alexandre Vialatte, issues de l'une de ses chroniques réunies dans le recueil Antiquité du grand chosier (1984).

La femme remonte à la plus haute antiquité. Phorcypeute l'Énumérateur la cite déjà dans ses ouvrages.
Le vicomte Amable de Vieuval fait mention d'elle avec vivacité et Casanova ne la raconte qu'avec la plus grande affection. Elle a su provoquer le lyrisme d'Hermogène le guttural et de Chyme l'Environnaire. Horace la vante et Pétrarque l'exalte, le docteur Gaucher l'étudie.
C'est l'effet de sa grande importance, car elle joue un rôle capital dans la suite des générations et le déroulement même de l'Histoire.

PG9

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dimanche 20 novembre 2022

K.H. - Trois femmes à la fenêtre (1939)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres de Karl Hofer (1878-1955), l'un des représentants majeurs de l'expressionnisme et de l'art figuratif en Allemagne au début du XXe siècle. Son œuvre, qui se distingue par un style introspectif et expressif, souvent dramatique, a su capter les bouleversements sociaux de son époque.
Né à Fribourg-en-Brisgau, il étudie à l'Académie des beaux-arts de Munich, où il est d'abord influencé par des mouvements européens comme le fauvisme, le cubisme, et le symbolisme, ainsi que par des artistes comme Edvard Munch.
Bien qu’il ne soit pas directement affilié au groupe Die Brücke, son style s’inscrit dans le courant de l’expressionnisme, sans toutefois se conformer à ses codes.

K.H. - Sans emploi (1932)



Hofer explore particulièrement la figure humaine, qu'il rend avec une intensité psychologique marquée, utilisant une palette de couleurs fortes et des formes qui expriment une profonde tension entre l'individu et son environnement.
Avec les années, et tout en gardant un regard sombre et pénétrant sur la condition humaine, Hofer développe son style figuratif et réaliste. 
Ses portraits et scènes de la vie quotidienne dégagent une intensité émotionnelle, un sentiment d'isolement et une gravité qui témoignent de sa quête existentielle et de la période très tourmentée qu'il traverse : sous le régime nazi, ses œuvres sont qualifiées de
« dégénérées » en raison de leur modernité et de leur dimension psychologique, et son engagement personnel en est directement affecté. Après la Seconde Guerre mondiale, il reprend son activité d’enseignant à l’Académie des beaux-arts de Berlin, où il devient une figure influente, et Hofer est aujourd'hui reconnu comme un artiste majeur de l'Allemagne du XXe siècle.
Ses œuvres, marquées par une exploration profonde de l'intériorité humaine et une confrontation avec les tensions sociales de son époque, continuent d'inspirer les amateurs d'art et les artistes occupés par les complexités de l’âme.

dimanche 13 novembre 2022

Y. Ogawa - Untitled (1998)

Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe japonais Yasuhiro Ogawa (b.1968) qui s'est illustré par ses explorations visuelles de la culture, de la mémoire et de la vie quotidienne au Japon et en Asie. Son travail se distingue par un style intime et poétique, qui capte à la fois l’essence des lieux et les émotions subtiles de ses sujets, avec une attention particulière aux ambiances et aux atmosphères.
Laissons l'émotion nous gagner devant ce petit chemin de pierre : elle est pure, écrivait Paul Gadenne dans son petit Guide du voyageur (1953).

Y. Ogawa - Untitled (1994)
Ogawa, avec sa vision introspective souvent empreinte de mélancolie, explore des thèmes comme la solitude, la mémoire et le passage du temps ; il cherche à dépasser la simple documentation pour offrir une lecture plus universelle et intemporelle de la condition humaine, en invitant le spectateur à ressentir plutôt qu’à simplement observer. Ses photographies capturent des moments qui, bien que fugaces, révèlent une véritable histoire.

dimanche 6 novembre 2022

Ben Shahn - Untitled
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres de l'artiste d'origine lituanienne et naturalisé américain Ben Shahn (1898-1969).
Suite à l'exil de son père en Sibérie en 1902, pour des raisons politiques, Shahn émigre aux États-Unis avec sa mère et ses deux frères.
Ils s'installent à Brooklyn, New York, où Ben Shahn commence par s'initier à la lithographie. Parallèlement à des études en biologie à l'Université de New York, il étudie l'art au City College puis à la National Academy of Design.
Après son mariage en 1924 il voyage avec son épouse et visite l'Afrique du Nord puis l'Europe où il étudie le travail de grands artistes du vieux continent tels que Matisse, Dufy, ou encore Picasso. 
B.S. - Scott's run (1937)

Pourtant il n'est pas totalement satisfait du travail que lui inspire l'art moderne européen, et il oriente ses efforts vers un style réaliste qui lui permette d'exprimer ses préoccupations sociales.
Le succès des 23 gouaches qu'il réalise du procès des anarchistes Sacco et Vanzetti, saluées par le public et la critique, le conforte dans cette voie.
En 1935, le photographe Walker Evans le recommande à Roy Stryker, alors à la tête du département information de la Farm Security Administration ; Ben Shahn va dès lors documenter la vie rurale du Sud au même titre que Dorothea Lange (voir mars 2013), Gordon Parks (voir sept.2012), Jack Delano (voir mai 2012 et oct.2019), Walker Evans (voir juil.2012), Carl Mydans (voir avril 2013), John Vachon (voir mars 2016) Arthur Rothstein (voir avril 2019) ... Son travail photographique, que j'aime beaucoup, fera donc l'objet d'une future publication.

samedi 5 novembre 2022

A. Schwarzschild - La chute d'Icare (1920)
Une image et des mots. Un tableau d'Alfred Schwarzschild (1874-1948) "La chute d'Icare", et quelque lignes de Nietzsche, extraites de Ecce homo, son dernier ouvrage avant la démence, écrit en 1888 et publié vingt ans plus tard.
[...] j'ai besoin de solitude, je veux dire de guérison, de retour à moi, du souffle d'un air pur qui circule librement... Tout mon Zarathoustra n'est qu'un dithyrambe en l'honneur de la solitude, ou, si l'on m'a compris, en l'honneur de la pureté... Heureusement, pas en l'honneur de la pure niaiserie ! — Qui sait voir les couleurs l'appellera adamantine... Le dégoût de l'homme, de la «canaille», fut toujours mon plus grand péril...

dimanche 30 octobre 2022

A.Chaskielberg - Flaming path (2014)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés de l'argentin Alejandro Chaskielberg (b.1977) que j'ai découvert en 2016 avec sa série Laberinto dans les pages du magazine Burn, édité par David Alan Harvey pour y présenter de jeunes photographes émergents.

A.C. - Sinapsis (2014)
La photo Sinapsis a été réalisée dans le labyrinthe créé en Patagonie par Claudio Levi et Doris Romera. Chaskielberg dit avoir été pour ce cliché inspiré par les scènes nocturnes du film de Peter Greenaway Drowning by numbers (1988).

dimanche 23 octobre 2022

B.W.L. - Shere church, Surrey (1902)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres de Benjamin William Leader (1831-1923), peintre paysagiste britannique connu pour son œuvre toute consacrée à célébrer la beauté de la campagne anglaise. Né à Worcester, Leader s’est formé d’abord auprès de son père, ami de John Constable (voir oct.2013 et sept.2019), puis à la Royal Academy de Londres, où il s'est rapidement fait une réputation pour son talent à représenter la nature. Son style, influencé par l'École préraphaélite et l'approche naturaliste, se distingue par des détails minutieux et une utilisation maîtrisée de la lumière.

B.W.L. - An English river in autumn
(1877)






Leader a été particulièrement salué pour ses représentations de scènes automnales et hivernales.
L'une de ses œuvres les plus célèbres, February Fill Dyke (1881), dépeint un paysage enneigé inondé par des rigoles et des ruisseaux, symbole de la transition hivernale. Cette peinture illustre son style réaliste et témoigne de sa capacité à capturer la réalité quotidienne avec une grande sensibilité poétique.
Les œuvres de Benjamin Leader, qui évoquent la tranquillité et la beauté intemporelle de la campagne, sont aujourd'hui présentes dans de nombreuses collections, et peuvent être admirées notamment à la Tate Britain et à la Worcester City Art Gallery.

samedi 22 octobre 2022

PhP - Nicolas, Londres (2019)

Une image et des mots. Un portrait de mon fils, au British Museum, Londres, en décembre 2019.

Déjà notre existence de voyants, c'est-à-dire, avons-nous dit, d'êtres qui retournent le monde sur lui-même et qui passent de l'autre côté, et qui s'entrevoient, qui voient par les yeux l'un de l'autre, et surtout notre existence d'êtres sonores pour les autres et pour eux-mêmes, contiennent tout ce qui est requis pour qu'il y ait de l'un à l'autre parole, parole sur le monde.
Merleau-Ponty, Le visible et l'invisible (1988)

dimanche 16 octobre 2022

A.de C. - Jeune femme à la quenouille
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre baroque flamand Adam de Coster (1586-1643). Surnommé "le peintre de la nuit" pour son goût pour les scènes ténébristes, il est une figure majeure de ceux que l'on appelle les caravagistes d'Anvers, un groupe de peintres baroques parmi lesquels figuraient Theodore Rombouts, à qui je consacrerai sans doute une publication.

A. de C. - Saint François et Frère Léon
(1626)
Bien que sa vie soit peu documentée, on sait que Adam de Coster a été actif surtout à Anvers où il a été en 1607 admis comme maître dans la Guilde de Saint-Luc. Ensuite, c'est à l'occasion de voyages et de séjours en Italie qu'il aurait découvert le travail du Caravage.
Considéré comme l’un des maîtres du clair-obscur, de Coster avait pourtant pour habitude de ne pas signer ses tableaux et n'avait pas d'élève connu, et beaucoup ont été attribués à d'autres, ce qui a favorisé sa rapide tombée dans l'oubli.

dimanche 9 octobre 2022

V.C. Ferry - Girl reading (2014)

Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe américain V.C. Ferry, de qui je ne sais pas grand-chose sinon qu'il est basé à New York et semble spécialisé dans la photographie de rue et documentaire. Le peu que je sais de son travail est visible ICI ou sur sa page Facebook ; avec une approche pleine d'humanité qui rend compte de toute l'authenticité brute de la rue, il met en lumière des instants fugaces du quotidien urbain ou des mouvements sociaux comme Occupy Wall Street.

V.C. Ferry - The immigrant (2015)





Je préfère faire l'expérience du monde d'une façon qui me connecte à la beauté de chaque jour. Lorsque je photographie, j'essaie de ne faire qu'un avec l'image, et le sentiment qu'elle véhicule. J'accorde de l'importance au fait de saisir le familier qu'il nous est permis de voir, mais que l'on ne voit jamais réellement. J'ai l'espoir de créer une oeuvre qui transmette un sentiment de paix et attire le spectateur dans le moment présent.

dimanche 2 octobre 2022

A.K. - The renowned orders of the night (1997)

Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres d'Anselm Kiefer, déjà présenté en avril 2018. Anselm Kiefer n'esquive rien, écrit Laurent Wolf dans Le Temps du 15 janvier 2006. Il fait face à l'incroyable effondrement de l'espérance culturelle allemande qui, de la philosophie des Lumières, de la poésie romantique, de la musique, de la peinture, de Bach ou Beethoven, Kant, Goethe, Novalis et Friedrich au triomphe d'Hitler pose le problème de la raison et de l'héritage.
A.K. - Lot's wife (1989)





Avec ses peintures, sculptures et installations monumentales qui explorent l’histoire, la mémoire, et la culture allemande, avec ses arbres calcinés dans des paysages comme recouverts de ce reste sans reste qu'on appelle cendre, comme disait Derrida, l'œuvre puissante et souvent sombre de Kiefer traite des questions de l’identité nationale, du passé historique de l’Allemagne, et des tragédies de la guerre et de l’Holocauste, des sujets qu'il aborde avec une profondeur intellectuelle et émotionnelle unique.
Son emploi de matériaux non conventionnels, comme le plomb (un symbole du poids de l'histoire et du passé), la cendre, la paille, le verre, et même des morceaux de terre ou de végétaux, apporte une texture riche et presque sculpturale à ses toiles, que l'on associe communément au mouvement néo-expressionniste.
Auteur d'une oeuvre fortement marquée par la mythologie, la philosophie, la théologie et la poésie, Anselm Kiefer est aujourd'hui reconnu comme l'un des artistes contemporains les plus influents. Par son approche de l’art, il a redéfini l’idée de la peinture en y intégrant une dimension physique, historique et intellectuelle, faisant de son travail un point de référence essentiel pour comprendre l’art contemporain et l'histoire humaine dans ses aspects les plus sombres.

VA3

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samedi 1 octobre 2022

Ali Asadi - Iran (2013)
Une image et des mots. Voici un cliché de l'iranien Ali Asadi, où l'on devine sous son voile le visage douloureux d'une femme, à l'occasion sans doute d' Achoura. C'est chez les chiites le jour qui commémore la mort de l'iman Hussein, petit-fils du prophète Mahomet.
Pour aller avec, quelques lignes de la grande Colette extraites des Vrilles de la vigne (1908) :

Je veux faire ce que je veux. Je veux jouer la pantomime, même la comédie. Je veux danser nue, si le maillot me gêne et humilie ma plastique. Je veux me retirer dans une île, s'il me plaît, ou fréquenter des dames qui vivent de leurs charmes, pourvu qu'elles soient gaies, fantasques, voire mélancoliques et sages, comme sont beaucoup de femmes de joie. Je veux écrire des livres tristes et chastes, où il n'y aura que des paysages, des fleurs, du chagrin, de la fierté, et la candeur des animaux charmants qui s'effraient de l'homme... Je veux sourire à tous les visages aimables, et m'écarter des gens laids... Je veux chérir qui m'aime, et lui donner tout ce qui est à moi dans le monde : mon corps rebelle au partage, mon coeur si doux et ma liberté !

dimanche 25 septembre 2022

C.G. Carus - Femme au balcon (1824)

Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre romantique allemand Carl Gustav Carus (1789-1869), déjà publié en juillet 2015.
Figure clé de son époque, Carus était aussi médecin, naturaliste, psychologue, et il n'a jamais dissocié ses intérêts pour la médecine et les sciences naturelles de sa vision artistique dans sa quête pour capturer l’essence de la nature et l’unité entre le monde physique et spirituel.
En médecine, il est surtout connu pour ses contributions en anatomie et en gynécologie ; il a enseigné à l’Université de Leipzig et fut nommé médecin de la cour de Saxe, où il a notamment exercé des fonctions de conseiller auprès de la royauté. Carus est également pionnier en psychologie, publiant des ouvrages sur la psychologie de l’inconscient, un domaine dans lequel il influencera plus tard Carl Jung.
La clé de la connaissance de la nature de l'âme est à chercher dans le règne de l'inconscient, écrit-il en 1846 dans Psyché, histoire du développement de l'âme humaine.

C.G.C. - Chênes en bord de mer (1835)
Sur le plan artistique, Carus est proche du peintre Caspar David Friedrich, avec qui il partage une vision mystique et contemplative de la nature. Son art révèle une profonde fascination pour les paysages, en particulier les montagnes et les forêts, souvent baignées de lumière crépusculaire.
Il cherchait à représenter l'infini et l'invisible dans la nature, et ses œuvres, moins connues que celles de Friedrich, sont toutefois essentielles pour comprendre l’approche romantique du paysage. Quels sentiments s’emparent de toi lorsque gravissant le sommet des montagnes, tu contemples de là-haut la longue suite des collines, le cours des fleuves et le spectacle glorieux qui s’ouvre devant toi ? — tu te recueilles dans le silence, tu te perds toi-même dans l’infinité de l’espace, tu sens le calme limpide et la pureté envahir ton être, tu oublies ton moi.
Carus a aussi écrit plusieurs essais philosophiques et esthétiques, où il explore la relation entre l’art, la nature et la psychologie humaine. Pour lui l’art était donc, au même titre que les sciences naturelles, un moyen de pénétrer les vérités cachées de l’univers.

samedi 24 septembre 2022

Sebastian B. - We'll leave the light on for you
Une image et des mots. Une photo de Sebastian B., et quelques lignes de Jacques Dupin, extraites de Gravir (1963).

Quand marcher devient impossible, c'est le pied qui éclate, non le chemin. On vous a trompés. La lumière est simple. Et les collines proches.
Si par mégarde cette nuit je heurte votre porte, n'ouvrez pas. N'ouvrez pas encore. Votre absence de visage est ma seule obscurité.

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dimanche 18 septembre 2022

L.D. - Chapelle de Rosslyn (1824)

Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre et photographe Louis Daguerre (1787-1851). Il fut, avec l'invention en 1839 du daguerréotype que lui inspirèrent les travaux de Niepce, un des grands pionniers de la photographie, cette brève complicité, disait John Stuart Mill, entre la prévoyance et le hasard

L.D. - Bd du Temple, Paris (1838)

Son procédé marque une avancée révolutionnaire dans l'histoire de la photographie et permet la capture permanente d'images sur des plaques d’argent recouvertes d'une fine couche d'halogénure d'argent, après exposition à la lumière.
Il semble que Daguerre ait voulu, après la mort de son associé Niepce, s'attribuer la paternité de l'invention, mais la vérité finit par être rétablie.

dimanche 11 septembre 2022

Don Hogan Charles - Untitled
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe afro-américain Don Hogan Charles (1938-2017), célèbre pour ses images percutantes de la culture, des mouvements sociaux et de la vie urbaine aux États-Unis, particulièrement dans les années 1960 et 1970.

Don Hogan Charles
A view of 100th St. and Park Avenue

Premier photographe noir embauché par le New York Times, Charles est surtout connu pour ses photographies iconiques liées aux droits civiques et à la vie urbaine newyorkaise.
Ses clichés, empreints de réalisme social et d'une forte sensibilité aux luttes et aux défis des communautés afro-américaines, contribuent aujourd'hui à la documentation des mouvements pour les droits civiques et sont toujours exposés et étudiés pour leur impact historique et artistique.

dimanche 4 septembre 2022

Montserrat Gudiol - Lovers (1970)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres de l'artiste catalane espagnole Montserrat Gudiol (1933-2015) auteur d'une œuvre empreinte d'une grande sensibilité par laquelle elle explorait principalement des thèmes de la solitude, du silence et de l'intériorité humaine.
Née à Barcelone, elle est issue d'une famille de restaurateurs d'art, ce qui a profondément influencé son approche artistique dès ses débuts. Autodidacte, elle s'est distinguée par un style figuratif, marqué par des formes épurées, des figures éthérées et une palette subtile de tons doux. Les œuvres de Gudiol représentent souvent des portraits de femmes et des figures isolées, fatiguées et pensives, et comme fondues dans les espaces oniriques et mystérieux d'arrière-plans indistincts.

M.G. - Sans titre (1970)

Loin des approches avant-gardistes de son époque, elle s'est orientée vers une esthétique plus intime et personnelle, évoquant la fragilité et l’émotion avec une grande délicatesse dans sa recherche de l'âme humaine.
Première femme admise à l'Académie Royale Catalane des Beaux-Arts, elle fut aussi la première artiste à recevoir la Creu de Sant Jordi, une des plus hautes distinctions décernées en Catalogne. Montserrat Gudiol laisse derrière elle un héritage artistique qui continue de toucher par la profondeur et la simplicité de son art.
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samedi 3 septembre 2022

Ando Fuchs - Untitled (2017)
Une image et des mots. Aujourd'hui l'image est un cliché de Ando Fuchs et les mots sont extraits du Magicien d'Oz, de Franck Baum, adapté au cinéma en 1939 par Victor Fleming.

"If we walk far enough, says Dorothy, we shall sometime come to someplace"
(Si nous marchons assez loin, dit Dorothée, un jour on arrivera quelque part)....  
Chez Godot ?

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