In girum imus nocte et consumimur igni

In girum imus nocte et consumimur igni
eiπ + 1 = 0

dimanche 26 décembre 2010

Tom Arndt - Merry Christmas, Chicago (1992)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe américain Tom Arndt (b.1944), formé au  Minneapolis College of Art and Design dont il sort diplômé en 1968.
Dans la grande tradition de la photographie documentaire américaine, sans apitoiement ni pathos, Tom Arndt dresse le portrait de gens simples, dans les cafés ou dans les rues, dans les parcs ou à la fête foraine..., en laissant leur vie quotidienne parler d'elle-même.

T. Arndt - Radio City, NY (1980)
Et ce qu'il restitue, ce sont des moments fugaces, des gestes spontanés et des interactions authentiques entre les personnes et leur environnement, ce que l'écrivain Garrison Keillor a appelé " l'ADN de notre culture".
When I put my camera to my eye, I accept people for who they are and respect them for their uniqueness.
C'est là dans les rues, pense-t-il, que s'écrit l'histoire, la grande et la petite...; c'est là - dans ce cordon ombilical qui relie l'individu à la société, comme disait encore Victor Hugo, que s'expriment les idées et que se font les révolutions.
IR1

ICI

dimanche 19 décembre 2010

A.T. Hibbard - Rockport in winter (1940)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres de l'américain Aldro Thompson Hibbard (1886-1972). Renoir a dit un jour qu'il n'y avait rien de plus difficile, et en même temps de plus excitant, que de peindre du blanc sur du blanc. Et Hibbard ajoutait en le paraphrasant ; "Never use pure white ; it doesn't exist in nature".

A.T.H. Winter in New England ((1924)







Hibbard n'est pas Mønsted mais je suis séduit par les paysages enneigés du Vermont dont il s'est fait une spécialité ; il ne peignait d'ailleurs qu'à l'huile car l'aquarelle était inenvisageable durant les mois d'hiver dans cette région. Associé à l'école de Boston, il est avec Anthony Thieme une figure majeure du groupe d'artistes de Rockport (Emile Gruppé, Marguerite Pearson, etc..) qu'il a considérablement influencés. Cette toile, Winter in New England, probablement une vue de la West River dans le Vermont, s'est adjugée au prix record (pour une oeuvre de Hibbard) de 88.000 dollars à Boston en février 2012.

samedi 18 décembre 2010

Léonard Misonne - Gare à Namur
Une image et des mots. L'image est du photographe pictorialiste belge Léonard Misonne (1870-1943), et les mots sont de son compatriote - d'origine du moins -, Henri Michaux, extraits de Quatre cents hommes en croix:

"Je ne peux pas toujours placer la croix d'abord. Parfois c'est l'homme qu'il faut étendre avant tout, étendre en plein ciel, mais étendre, étendre, comme s'étend la peine des hommes."
MS1

ICI

dimanche 12 décembre 2010

P. M. Mønsted - Hiver à Herstedvester (1924)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du danois Peder Mørk Mønsted (1859-1941), peintre virtuose de la nature, considéré comme l'un des plus grands peintres paysagistes du tournant du 20e siècle.
Après avoir, enfant, pris des cours à l'école de dessin du prince héritier Ferdinand d'Aarhus, il étudie de 1875 à 1878 à l'Académie royale des beaux-arts du Danemark avec Julius Exner.

P.M. - Bois de Charlottelund (1918)

Il est alors influencé par le travail de Kristen Købke et de Pieter Skovgaard, peintre romantique et figure clé de l'âge d'or de la peinture danoise. Puis il va suivre l'enseignement de Peder Severin Krøyer, un des peintres les plus célèbres de la communauté de Skagen, pour enfin voyager à Rome et à Paris où il va travailler, jusqu'en 1883, dans les studios du très académique William Bouguereau.
Je suis très sensible au sentiment de paix qui émane des tableaux de Mønsted, à la poésie dont sont empreints ses paysages. Voilà matière à complaire à mon indécrottable vision romantique du monde. Peu importe d'ailleurs que ce sentiment naisse de l'oeuvre ou de moi qui la contemple; on sait la part que prend le regardeur - comme disait Marcel Duchamp - dans ce qu'exprime une oeuvre d'art.
CI1

ICI

dimanche 5 décembre 2010

August Sander - Deutz bridge (1937)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe allemand August Sander (1876-1964), un des grands maîtres de la photographie documentaire, auteur d'une oeuvre immense et d'une grande honnêteté, et toujours profondément artistique.
Issu d’un milieu modeste, il découvre la photographie alors qu’il travaille dans une mine, avant de se former dans différents studios et d’ouvrir le sien à Cologne en 1909.

A.S. - Beggar (1926)


Dès les années 1920, il entreprend un vaste projet, "Hommes du XXe siècle", qui deviendra son œuvre majeure. À travers une série de portraits rigoureusement composés, il dresse une vaste typologie photographique de la société allemande de son époque. Paysans, artisans, bourgeois, artistes, intellectuels, chômeurs ou marginaux, tous sont photographiés avec une approche frontale et objective, sans artifice, révélant avec force la diversité et les contrastes de la société allemande. "Voir, observer, et penser.. C'est le credo de mon travail", déclarait-il en 1927, à l'occasion de l'exposition de son oeuvre à Cologne.
Avec l’arrivée du régime nazi, son travail est jugé subversif car il donne à voir une image trop réaliste de la société allemande, incluant des personnes marginalisées et des opposants politiques. En 1936, son livre "Face of Our Time", issu de son grand projet, est interdit et ses plaques de verre confisquées. Malgré cela, il poursuit son œuvre et influence profondément la photographie documentaire du XXe siècle.
"Nothing is more abhorrent to me than sugary-sweet photography full of pretence, poses, and gimmickry. For this reason, I have allowed myself to tell the truth about our times and people in a sincere manner."
Son obsession de la vérité, sa volonté, toute sa vie, de témoigner avec rigueur de son époque et des hommes de son temps, ont fait de lui un modèle pour de nombreux photographes contemporains ; et c'est justice.

HS1

ICI

samedi 4 décembre 2010

Zhang da Zhong (1990s)
Une image et des mots. J'aime bien les jolies Gardes Rouges, ICI, du peintre autodidacte Zhang da Zhong. Elles n'ont pas la froideur martiale et vertueuse des héroïnes de la révolution portraiturées par le réalisme socialiste soviétique. Et lorsque comme ici elles viennent aider aux champs, elles n'ont rien des gaillardes "rabotnitsa" bolchéviques, travailleuses vaillantes dans des campagnes heureuses. Ce sont des guerrières à l'air fragile, parfois même un peu espiègle, surprises souvent en train de rêvasser ou, coquettes, d'arranger leur mise.

Les mots sont de Michel Griffon, extraits de La fracture agricole et alimentaire mondiale (chez Universalis).

"Quel est l'avenir des agricultures et des alimentations dans le monde? Cette question s'est imposée avec force après la Deuxième Guerre mondiale, alors que l'Inde et la Chine subissaient des disettes et des famines. Avec la prise du pouvoir en Chine par Mao Zedong en 1949, la faim fut clairement désignée par l'Occident comme une source de révolte pouvant mener à la révolution communiste. Parallèlement, la pauvreté des paysanneries et la proportion importante parmi elles de paysans sans terre ont mis en évidence la nécessité impérieuse de développer l'accès à la terre pour accroître la production et en finir avec les famines. [.....] Mais on décompte encore aujourd'hui dans le monde autour de 850 millions de personnes sous-alimentées, soit près d'un habitant sur sept, et un habitant sur cinq vit avec moins d'un euro par jour."
BS2

ICI

dimanche 28 novembre 2010

A. Kertész - Peggy Guggenheim (1945)
Le vide-grenier du dimanche. Du photographe hongrois, naturalisé américain, André Kertész (1894-1985), voici deux clichés sur l'intime plaisir de lire, ce souverain remède contre les dégoûts de la vie, disait Montesquieu. Né en Hongrie, il s’initie très tôt à la photographie, mais sa carrière décolle véritablement lorsqu’il s’installe à Paris en 1925. Dans l’effervescence artistique de Montparnasse, il fréquente des figures majeures de l’avant-garde, comme Brassaï, Mondrian et Chagall, et deviendra un des photographes les plus influents du XXe siècle, salué pour son regard poétique et novateur.

A.K. - New York (1965)
Son travail se distingue par des cadrages audacieux, des jeux d’ombres et de lumière, et par une approche spontanée qui préfigure la photographie humaniste et le photojournalisme moderne.
Composition, souci du trait, ..... si la photographie de Kertész ne s'inscrit pas dans une démarche documentaire au même titre par exemple que la photographie sociale de Willy Ronis en Europe ou de Paul Strand aux États-Unis, mais dans une recherche plastique, résolument artistique, de ses possibilités - I do not document anything, I give an interpretation -, elle n'en reste pas moins dictée par l'instant et ce qui s'y passe, autant que par l'atmosphère qui s'en dégage et ce que ressent le photographe.
"Technique isn't important. Technique is in the blood. Events and mood are more important than good light and the happening is what is important."

JV1
ICI

dimanche 21 novembre 2010

Robert Henri - Snow in New York (1902)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres de l'américain Robert Henri (1865-1929), dans un style très impressionniste. Considéré comme une figure majeure du réalisme américain, il est membre de la Ash Can School, un mouvement qui cherchait à représenter la vie urbaine avec réalisme et sans idéalisation.
Formé à la Pennsylvania Academy of the Fine Arts puis à l’Académie Julian à Paris, où il aura comme professeur Bouguereau et Robert-Fleury. Henri est influencé par l’impressionnisme et le réalisme européen, et sera également admis à l'École des beaux-arts de Paris.

R.H. - Cumulus clouds, East River
(1901)
À son retour aux États-Unis, il se détourne de l’art académique et milite pour une peinture plus vivante et proche du quotidien des Américains. Il devient le chef de file d’un groupe de jeunes artistes, The Eight, qui rejettent les conventions artistiques dominantes et exposent en dehors des circuits institutionnels.
À New York il fut très proche de l'anarchiste Emma Goldman et en vint à enseigner, comme George Bellows, à la Modern School (lire aussi ICI) où il eut notamment comme élèves Man Ray et Léon Trotsky pendant son exil de 1917.

samedi 20 novembre 2010

Charlotte Perriand (1937)
Une image et des mots. 
Un photomontage de l'architecte, designer et photographe française Charlotte Perriand (1903-1999), collaboratrice de Le Corbusier. Il fut réalisé pour l'Exposition internationale des arts et techniques de la vie moderne, qui s'est tenue à Paris en 1937. 
Les mots pour l'accompagner sont de l'historien Gérard Noiriel, extraits de son ouvrage Les ouvriers dans la société française, XIXe - XXe siècle (1986).

Ce sont les historiens marxistes qui ont le plus insisté sur la place tenue par le prolétariat au sein de la classe ouvrière du XIXe siècle. Pour Jürgen Kuczynski, c'est la machine qui définit le prolétariat. Étant donné la faiblesse de son salaire, le travailleur est dans l'incapacité d'acquérir des moyens de production que le développement des sciences et des techniques rend toujours plus onéreux, nécessitant la concentration de capitaux énormes. D'où une rupture essentielle avec l'Ancien Régime où l'ouvrier était en général propriétaire de ses outils.
"Sans disposer de rien d'autre que de sa capacité de travail, pour une production où sa propriété personnelle ne joue aucun rôle, l'ouvrier vit dans la dépendance du fonctionnement de la machine, laquelle est détenue non par lui, mais par le propriétaire de celle-ci."
[.....]
Nul mieux que Michelet n'a décrit l'enchainement au travail que doivent subir les ouvriers affectés aux métiers mécaniques. [.....] 
(À propos du travail dans les grandes filatures mécanisées du Nord). "Le travail solitaire du tisserand était bien moins pénible. Pourquoi ? c'est qu'il pouvait rêver. La machine ne comporte aucune rêverie, nulle distraction. Vous voudriez un moment ralentir le mouvement, sauf à le presser plus tard, vous ne le pourriez pas. L'infatigable chariot aux cent broches est à peine repoussé, qu'il revient à vous. Le tisserand à la main tisse vite ou lentement selon qu'il respire lentement ou vite ; il agit comme il vit ; le métier se conforme à l'homme. Là, au contraire, il faut bien que l'homme se conforme au métier, que l'être de sang et de chair, où la vie varie selon les heures, subisse l'invariabilité de cet être d'acier."

RL1
ICI

dimanche 14 novembre 2010

Rosaire des philosophes
Le vide-grenier du dimanche. Deux illustrations du Rosaire des philosophes, un des ouvrages les plus lus et commentés des alchimistes, dont on date la composition au début du XIVème siècle et qui fut imprimé pour la première fois à Francfort en 1550.
Le texte est structuré sous forme de dialogues et d'enseignements entre maîtres et disciples, lesquels visent à guider l’initié sur la voie du Grand Œuvre, l'accomplissement ultime de l’alchimiste.

Conjonction du roi et de la reine
Mais l’un des aspects les plus marquants du Rosaire des Philosophes réside dans ses illustrations ; ces images allégoriques décrivent les différentes étapes de la transmutation, notamment la mort et la renaissance de la matière (la nigredo et l'albedo), souvent représentées par des scènes de fusion entre le roi et la reine, et qui symbolisent la conjonction des principes opposés (soufre et mercure).
O lune, mon étreinte et mon suave amour te rendent, comme moi, forte et belle à ton tour.
Pour la petite histoire, Carl Gustav Jung a utilisé les gravures de ce traité comme support de réflexion à la psychologie du transfert (cf. Groupe d'études CG Jung).
MR1

ICI

dimanche 7 novembre 2010

Albert Anker - Le charlatan (1879)
Le vide-grenier du dimanche.
Deux oeuvres du suisse Albert Anker (1831-1910), célébré dans son pays pour ses représentations de la vie rurale, pleines d'humanité et de sensibilité.
Né à Ins, dans le canton de Berne, Anker se passionne très tôt pour l’art. Après des études de théologie, il décide de se consacrer à la peinture et part se former à l'École des Beaux-Arts de Paris dans l'atelier de Charles Gleyre. Il adopte un style réaliste précis, influencé par les maîtres flamands et hollandais du XVIIe siècle, ainsi que par l’art académique français.
Albert Anker - Appliquée (1886)

Comme on le voit ici, Anker excelle dans la représentation du quotidien. Ses tableaux montrent des écoliers studieux, des grands-mères sur leur ouvrage, des paysans au travail ou des enfants qui jouent. Derrière l’apparente simplicité de ces scènes, il cherche à transmettre une forme de valeur universelle et intemporelle qui exalte le travail, l’éducation et la famille.
Son approche rappelle celle de Jean-François Millet ou de Jules Breton, mais avec une touche plus apaisée et intimiste.
"Toute profession est belle quand elle est accomplie avec sincérité et conscience", dira-t-il alors à son père. Le pieux Anker devait sans doute approuver Voltaire, qui dans Candide nous apprend que "le travail éloigne de nous ces trois grands maux que sont l'ennui, le vice, et le besoin".

samedi 6 novembre 2010

Alexey Titarenko - Metro Nevski
Une image et des mots. La photo a été prise en 1993 à l'entrée de métro Nevski, à Saint Pétersbourg, par le photographe américain d'origine russe Alexey Titarenko.
Les mots sont de Roberto Juarroz, extraits du recueil Quinzième poésie verticale.

Los nombres que nos pueblan la vida,
nos consuelan tal vez de algo que falta
en el centro sin nombre de todo,
Los nombres que nos pueblan la vida
como pequeños duendes
o mínimos fantasmas
nos guardan sin embargo del mayor accidente :
la caída de la nada en la nada.
¿No será que los nombres
que nos pueblan la vida
señalan, por encima de las cosas que nombran,
el lugar de otro centro ?


***

Les noms qui peuplent notre vie,
nous consolent peut-être de ce qui manque
au centre sans nom de toute chose.
Les noms qui peuplent notre vie
comme de petits démons
ou de minuscules fantômes
nous protègent pourtant du plus grand accident :
la chute du néant dans le néant.
N’est-ce pas que les noms
qui peuplent nos vies
désignent, par-delà les choses qu’ils nomment,
le lieu d’un autre centre ?

FF1
ICI

dimanche 31 octobre 2010

Ralph Gibson - Christine (1974)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe américain Ralph Gibson (b.1939), remarquable pour son approche minimaliste et graphique de la photographie. Né à Los Angeles, Ralph Gibson étudie la photographie à l’Institut d’art de San Francisco avant de servir dans la marine américaine comme photographe. Il débute sa carrière comme assistant de Dorothea Lange, célèbre pour ses images de la Grande Dépression, puis travaille avec Robert Frank sur divers projets cinématographiques. Ces expériences influencent son regard, mais Gibson s’éloigne progressivement du documentaire pour développer un langage visuel plus subjectif et introspectif.
R.G. - Hand with a rose
(1960)

Dans les années 1970, il se distingue par des photographies en noir et blanc aux contrastes marqués, où le détail devient un élément narratif essentiel.
Il y joue, comme ci-dessus, avec le cadrage serré, la lumière tranchée et des compositions souvent fragmentaires, créant ainsi des images à la fois réalistes et mystérieuses.
Amateur de poésie et de musique - il a consacré une belle série à la guitare -, il fut aussi proche des poètes et écrivains Beat comme Ginsberg ou Kerouac que de l'univers d'un Borgès...
Le premier cliché fait partie de la belle série Infanta, le second de la série San Francisco, ville-berceau de la Beat Generation.
"Even though fixed in time, a photography evokes as much feeling as that which comes from music or dance. Whatever the mode - from the snapshot to the decisive moment to multi-media montage - the intent and purpose of photography is to render in visual terms feelings that often elude the ability of words to describe." 

dimanche 24 octobre 2010

Felice Casorati - L'attente (1919)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres de Felice Casorati (1883-1963) peintre, sculpteur et graveur italien dont l’œuvre oscille entre symbolisme, réalisme métaphysique et néoclassicisme.
Né à Novare, Casorati se forme d'abord à l'Université de Padoue, où il étudie le droit tout en se passionnant pour la peinture qu'il apprend en autodidacte, très influencé par le symbolisme de Gustav Klimt et le mouvement sécessionniste viennois.

F. Casorati
Brodeuse dans le grenier
(1935)
Dans les années 1920, il s’installe à Turin, où son atelier devient un foyer artistique fréquenté par de jeunes créateurs italiens. Son œuvre prend alors une orientation métaphysique, proche de Giorgio de Chirico et Carlo Carrà, caractérisée par des figures figées dans des espaces épurés et géométriques, baignés d’une lumière froide et irréelle.
Le monde de Casorati est un monde immobile et silencieux, avec des personnages souvent seuls, assis, parfois désoeuvrés et qui s'abandonnent à la rêverie, ou livrés à de tranquilles occupations. 
Bienheureux ceux qui s'assoient..., est-il dit dans la Bhagavad-Gîtâ.

FS2
ICI

samedi 23 octobre 2010

C.Ebbets - Lunch atop a skyscraper (1932)

Une image et des mots. Pour aller avec ce cliché célébrissime, attribué à Charles Ebbets, voici quelques mots de Roger Caillois, un extrait de L'incertitude qui vient des rêves (1956).

J'ai cédé à un souci personnel constant, presque exclusif, invincible [.....]. Je veux parler d'un attrait ininterrompu pour les forces d'instinct, de vertige, du goût d'en définir la nature, d'en démonter autant que possible la sorcellerie, d'en apprécier exactement les pouvoirs ; de la décision, enfin, de maintenir sur eux, contre eux, la primauté de l'intelligence, de la volonté, parce que, de ces facultés seules naît pour l'homme une chance de liberté et de création.

dimanche 17 octobre 2010

Cristoforo de Predis - L'Apocalypse (1476)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres de l'enlumineur milanais du Quattrocento Cristoforo de Predis (c.1440-c.1486). Né sourd-muet dans une famille d'artistes, il parvient à se faire un nom malgré son handicap et va mettre son art au service de grandes familles lombardes, dont les Sforza.

C. de Predis - L'Apocalypse (1476)






Sa manière, influencée à ses débuts par les miniaturistes flamands et français comme Philippe de Mazerolles, Jean Hennecart et Jean Colombe, témoigne d’une grande finesse d’exécution et d’une richesse décorative remarquable.
Il a pu découvrir ces influences grâce à l’importation de manuscrits étrangers en Lombardie, mais aussi par la présence d’artistes venus d’autres régions. À ces apports, il associe l’héritage d’enlumineurs italiens, notamment Belbello de Pavie, avec qui il a peut-être été formé.
Les deux illustrations que j'ai choisies font partie des 323 enluminures de son chef-d'oeuvre le Légendaire de Turin, consacré à la vie de saints, de la Vierge et du Christ. Elles figurent dans la partie consacrée à l'Apocalypse.
"La lune et le soleil s'assombriront, les étoiles tomberont et tout sera à l'opposé de ce qu'il était. [.....] .. et les arbres seront couverts de sang."
BB1

ICI

dimanche 10 octobre 2010

Mark Power - Cracovie (2006)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe britannique Mark Power (b.1959), membre de la prestigieuse agence Magnum.
Photographe à la frontière du documentaire et de l’interprétation artistique, intéressé par les grands bouleversements sociaux et urbains, Mark Power s’attache à révéler la poésie cachée des espaces ordinaires. Son projet "26 Different Endings" par exemple, qui a fait l'objet d'un beau livre, met en lumière des paysages en mutation, souvent délaissés, des périphéries de Londres.

Mark Power - Cracovie (2009)
Les clichés présentés aujourd'hui, quant à eux, font partie de sa série "The sound of two songs", un projet documentaire qu'il entreprend en Pologne en 2004, année de l'entrée de ce pays dans l'Union européenne.
L'agence Magnum avait alors commissionné dix de ses photographes pour documenter les dix pays qui rejoignaient l'Union cette même année.
À propos de son travail, qui s'est prolongé jusqu'en 2010, Mark Power déclarait ceci :
"En tant que travail subjectif, il faut souligner que "The sound of two songs" n'est pas un compte-rendu factuel de ce qu'est la Pologne contemporaine, ou de ce à quoi elle ressemble. Ce serait une tâche impossible, quel que soit le temps passé et le nombre de photos prises. Ceci dit, je crois profondément que cette série deviendra, avec le temps, un document important sur cette période fascinante de l'histoire de ce pays."

EP2
ICI

samedi 9 octobre 2010

Rose Nadau (1947)
Une image et des mots. Un cliché de la photographe bordelaise Rose Nadau (1910-2007)
Que peut-on chercher dans les livres quand on est confronté à l'absurdité du monde ? Des clés pour le comprendre, ou des ailes pour s'en évader ?
Les mots pour accompagner cette image sont extraits de La mémoire des vaincus (1989), de Michel Ragon.

— A quoi ça sert, tous ces bouquins ? demanda Flora d'un air dégoûté.
— Regardez, les enfants, dit Valet. A droite, vous avez les romans et la poésie. A gauche, le social, la politique. D'un côté le rêve, de l'autre côté l'action. Quand vous posséderez les deux, vous pourrez conquérir le monde.
— Allons, Valet, ne t'emballe pas, dit le libraire, Les choses sont plus complexes, Les romans, c'est aussi de l'action sociale et la politique, c'est aussi du rêve.
Quant à conquérir le monde, qu'en ferais-tu ? C'est la conquête de soi-même, qui importe.

dimanche 3 octobre 2010

C. Willink - Paysage avec statue renversée (1942)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du néerlandais Albert Carel Willink (1900-1983), proche avec son compatriote Pyke Koch de la Nouvelle Objectivité allemande (la Neue Sachlichkeit) qui dans les années 1920 succède à l'expressionnisme. 

C. Willink - Vue sur une baie
(1935)







C'est un portraitiste réputé, mais aussi le peintre virtuose d'un monde étrange, parfois inquiétant et souvent comme ici évocateur de l'Antiquité. 
Son art - estampillé ici et là "néo-réaliste" ou "réaliste magique"  -, peut aussi faire penser aux peintures métaphysiques de Giorgio de Chirico qui illustre lui aussi un courant plus classique de ce mouvement.
VB1
ICI

dimanche 26 septembre 2010

Robert Doisneau - Prévert devant Mérode (1953)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés de Robert Doisneau (1912-1994), considéré avec Henri Cartier-Bresson et Willy Ronis comme l'un des fondateurs de ce que l'on appelle la photographie humaniste - un courant à l'origine français et qui le restera d'ailleurs majoritairement.
Jeune homme, Doisneau fréquente à Paris l'École Estienne pour y apprendre les métiers du livre, mais il affirmera toujours que son éducation la plus importante viendra des rues du quartier ouvrier de Gentilly. En 1929, pour améliorer son dessin il commence à photographier, alors que les idées modernistes commencent à promouvoir la photographie comme le principal medium pour la publicité et le reportage. Doisneau travaille alors pour le photographe publicitaire André Vigneau, dans le studio de qui il rencontre de nombreux artistes avant-gardistes, et c'est à cette période qu'il commence à photographier les rues et les quartiers de Paris.

R. D. - Marguerite Duras (1952)
Sa carrière interrompue par la Seconde Guerre mondiale, Doisneau s'engage dans la Résistance, où il met ses compétences à profit pour alimenter la clandestinité en faux documents. En 1945, il retourne à la publicité mais s'adonne aussi à la photographie de mode et au reportage.
Son premier livre, "La banlieue de Paris" parait en 1949. Dans les années 50, Doisneau est actif au sein du Groupe des XV, qui se donne pour mission de promouvoir la photographie comme moyen d'expression artistique.
Son oeuvre est marquée par une approche poétique teintée d'un humour aussi subtil que sa résistance à l'ordre établi, et, surtout, par un profond humanisme.
Il est des jours où l'on ressent le simple fait de voir comme un véritable bonheur [...] On se sent si riche qu'il vous vient l'envie de partager avec les autres une trop grande jubilation. Le souvenir de ces moments est ce que je possède de plus précieux.
La trogne de Prévert devant Mérode, et le beau portrait de Marguerite Duras seule à la terrasse du Petit Saint-Benoît, à Paris ; aucun amour au monde ne peut-il tenir lieu d'amour ?

dimanche 19 septembre 2010

Paul Émile Chabas - Matinée de septembre (1912)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre et illustrateur Paul Émile Chabas (1869-1937), frère de Maurice et élève de Bouguereau à l'École des beaux-arts de Paris. Il s’est illustré dans la peinture de genre, mais ce sont surtout ses nus féminins, baignés d’une lumière subtile et souvent placés dans des décors naturels, qui lui ont valu la reconnaissance.

P.E.Chabas - Femme au bord de la mer
(1890)



Son tableau le plus célèbre, Matinée de septembre (1912), ci-contre, lui a valu une renommée internationale, mais aussi un scandale aux États-Unis lors de sa présentation en mai 1913 en raison de son caractère jugé trop audacieux.
Il est aujourd'hui visible au Metropolitan de New York. Chabas y avait mis, disait-il, tout ce qu'il savait de la peinture.
AH4

ICI

A.M. - Vieux coeur de frêne Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe français Albert Monier (1915-1998), un de ceux dont l’œ...