In girum imus nocte et consumimur igni

In girum imus nocte et consumimur igni
eiπ + 1 = 0
Affichage des articles dont le libellé est damnation. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est damnation. Afficher tous les articles

samedi 6 février 2016

Une image et des mots. L'image c'est cette capture d'écran d'une scène de Damnation, du cinéaste hongrois Béla Tarr.
Pour aller avec, j'ai pensé à un extrait de la dernière page de Matinales (1956), de Jacques Chardonne.

"La mélancolique possession de la matière ne m'a point gêné; je n'en ai pas voulu, justement. J'en ai retenu l'inexplicable; l'amour, quelquefois, et avec méfiance; la beauté, toujours; les "plaisirs" quand ils sont l'ombre du bonheur; "l'art pour l'art", au sens profond, qui n'est pas sur le plan strictement terrestre, du moins qui est un peu dégagé de la substance humaine la plus éphémère, et qui devient grossier dans la mesure où il s'y insère davantage; en somme, les signes étranges d'un monde qui n'est pas proprement humain.

Béla Tarr - Damnation (1988)
De ce monde invisible, je me suis approché à reculons, refusant toutes les interprétations comme sacrilèges. Je me sens plus humble encore, plus ouvert à tout le possible, plus confiant dans le doute, à mesure que vient l'heure de l'oubli; et si le Dieu qui m'a créé doit me recevoir, je lui rendrai sa créature telle qu'il l'a faite, l'esprit aveugle et que je n'ai pu changer
."

samedi 23 octobre 2010

Béla Tarr - Damnation (1987)

Une image et des mots. Un photogramme du film "Damnation", du réalisateur hongrois Béla Tarr (1987).
Et pour aller avec, la puissance furieuse d'un poème de Saint-Pol-Roux, Prière à l'Océan (1927)

Divinité de houles et de houles sur des gouffres et des gouffres, 
Irascible énergie à la voix de cornoc,
Monstre glauque, semblable à quelque énorme gueule de baudroie suivie d'une incommensurable queue de congre, 
Masse mouvante avec, pour âme, cette lame sourde jaillissant en lave d'un puits abyssal,
Époux de la Tempête aux griffes de noroît et cheveux de suroît,
Génie double qui souque ta victime entre vent-arrière et vent-debout,
Démon de verre cassant des vaisseaux comme on casse des noix,
Ogre aux dents de récif qui croque des tas d'hommes comme sur la terre nous croquons des pommes, 
Nappe d'orgie sur quoi les flottilles sont les friandises, les escadres les gigots,
Insondable estomac où se digèrent les naufrages dont les épaves rares sur les flots figurent les os, 
Diaphragme innombrable au muscle soulevé depuis les tréfonds inconnus jusqu'à l'éclair des nues,
Jungle liquide des sautes-de-vent accouplées aux brisants,
Harpagonie de trésors engloutis,
Joute des aventures d'or et des squales d'acier,
Cimetière dansant où les péris se heurtent, l'alliance au doigt,
Farouche pêle-mêle où tout se trouve - sauf un cœur,
Océan...

C.D. F. - Femme à la fenêtre (1822) Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres de l'allemand Caspar David Friedrich (1774-1840). Né sur l...