In girum imus nocte et consumimur igni

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samedi 8 mars 2025

A.M. - Vieux coeur de frêne
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe français Albert Monier (1915-1998), un de ceux dont l’œuvre a marqué l’histoire sans pour autant obtenir la reconnaissance qu’elle méritait de son vivant. Issu d’une famille modeste, il grandit entre l’Auvergne et la Normandie, où ses parents s’installent après la Première Guerre mondiale. Rien ne le destinait à la photographie qu'il découvre au contact de ses cousins agriculteurs. Il a alors une dizaine d’années et, déjà, un regard sensible sur l’art. Il s’essaie d'abord à l’aquarelle avant d’acquérir ses premiers appareils photo à l’âge de 18 ans et de se mettre à photographier son Auvergne natale, la rudesse des terres et la simplicité des hommes. Il n'y avait pas besoin de moi pour montrer les gens importants. J'ai fait le contraire, je me suis fait grandir avec des gens humbles.

A.M. - Prolongement
C'est ensuite le Maroc, où il perfectionne son art entre 1948 et 1950, en photographiant la vie quotidienne et les traditions locales avec une approche à la fois documentaire et poétique. Enfin, il s’installe à Paris, où il photographie les quais de Seine, les ruelles et les figures pittoresques, en cherchant toujours à révéler l’âme cachée des lieux et des gens, dans une capitale à la fois vivante et mélancolique.
Mais Monier comprend que la photographie peut être un art à la fois intime et universel, et il choisit de la diffuser à grande échelle par un médium inattendu : la carte postale; un moyen révolutionnaire de partager son regard avec le plus grand nombre. Ses clichés, d’une beauté saisissante et aux intitulés poétiques, tranchent avec l’imagerie stéréotypée des cartes classiques, et il va vendre plus de 80 millions de cartes postales à travers le monde, atteignant une popularité rare pour un photographe de son époque. Mais malgré son immense succès auprès du public, Albert Monier ne connaîtra jamais la reconnaissance du monde de la photographie, et lorsqu'il s’éteint en 1998 c'est dans une relative indifférence.
Suffragette-defaced penny (1913-14)
Une image et des mots. À l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, voici un symbole méconnu de la lutte suffragiste : le Suffragette-defaced penny (ou penny altéré par les suffragettes). Il s'agit d'une pièce de monnaie britannique du début du XXe siècle, modifiée par des militantes de ce mouvement d'émancipation pour promouvoir leur cause.
Elles gravaient ou estampillaient des slogans comme celui-ci sur des pennies en cuivre, transformant ainsi un objet du quotidien en un outil de propagande politique.
Cette pratique visait à contourner la censure et à diffuser leur message de manière discrète mais efficace, puisque ces pièces continuaient à circuler dans la population. C’était un acte de protestation symbolique, qui exprimait la détermination des suffragettes à obtenir le droit de vote malgré la répression gouvernementale.
Et pour aller avec, j'ai choisi quelques vers du chant de ralliement de Winifred Banks, dans le merveilleux film de Robert Stevenson pour les studios Disney : le chef-d'oeuvre Mary Poppins.

"Well done, Sister Suffragette!"
From Kensington to Billingsgate
One hears the restless cries!
From ev'ry corner of the land:
"Womankind, arise!"
Political equality and equal rights with men!
Take heart! For Missus Pankhurst has been clapped in irons again!
No more the meek and mild subservients we!
We're fighting for our rights, militantly!
Never you fear!
So, cast off the shackles of yesterday!
Shoulder to shoulder into the fray!
Our daughters' daughters will adore us
And they'll sing in grateful chorus
"Well done! Well done!
Well done Sister Suffragette!"
GJ1

ICI

dimanche 2 mars 2025

Jean Béraud - Un Figaro de rêve
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre français Jean Béraud (1849-1935), célèbre pour ses scènes de la vie parisienne sous la Belle Époque. Né à Saint-Pétersbourg, il s'installe à Paris après la mort de son père et étudie à l'École des Beaux-Arts sous la direction de Léon Bonnat.

J.B. - Au café, dit L'absinthe (1909)

Dans un style qui oscille entre réalisme et impressionnisme, il restitue avec une spontanéité et une minutie quasi-documentaires l’essence du Paris de la fin du XIXe siècle, à la manière d'un photographe de rue aujourd’hui : ses rues animées, ses cafés et ses buveurs d'absinthe, ses théâtres et ses élégantes figures mondaines... , les compositions de Béraud foisonnent de mouvement, de regards échangés, de petites anecdotes visuelles qui donnent l’impression d’un moment volé sur le vif. En ce sens, il pourrait sans doute être vu comme un précurseur du regard photographique appliqué à la peinture.
On compare souvent son travail à celui de Degas ou du flamboyant Giovanni Boldini, mais Béraud a encore quelque chose en plus : une touche narrative et un brin d’ironie qui rendent ses scènes plus vivantes, presque cinématographiques. Là où Degas capte l’instant et Boldini magnifie l’élégance, Béraud raconte des histoires, avec ce regard un peu amusé sur le Paris de son époque qui le rend si singulier.

dimanche 23 février 2025

G. Cummins - Toronto (2022)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe irlandais Gary Cummins, déjà présenté en décembre 2023, et dont je sais aussi peu aujourd'hui qu'alors. Deux images où la ville nous est donnée à voir sous un prisme à la fois irréel et cinématographique.
Le brouillard épais qui enveloppe la première, et l'incandescence de la lumière, lui confère une dimension quasi dystopique; elle évoque une ville en expansion, comme engloutie par ses propres constructions, dans une ambiance apocalyptique et futuriste.

G.C. - Toronto (2020)
L'éclairage joue aussi un rôle clé dans l'atmosphère de la seconde image.
La lumière froide des néons des immeubles tranche avec les teintes chaudes des lampadaires et des reflets dans les vitres, ce qui crée une tension entre l’aspect glacial de l’environnement et une sensation de vie qui persiste malgré tout. Cette dualité renforce le sentiment d’isolement du personnage central, comme perdu dans l'immensité de cette ville qui semble nous aspirer vers le point de fuite au centre de l'image. Une scène qui pourrait tout droit sortir d'un film noir ou d’un récit cyberpunk, avec une narration implicite qui laisse libre cours à notre imagination.

samedi 22 février 2025

E. Longoni - Contrastes sociaux (1893)
Une image et des mots. Une oeuvre d'Emilio Longoni, connue aussi sous le titre "Reflets d'un homme affamé", et un extrait de Kyra Kyralina, un récit de Panaït Ustrati dont on doit la découverte et la publication en 1923 à Romain Rolland.

Ce n'est pas vrai du tout, que l'être humain soit une créature qui comprenne la vie.
Son intelligence ne lui sert pas à grand-chose ; par le fait qu'il parle, il n'en est pas moins bête.
Mais là où sa bêtise dépasse même l'inconscience des animaux, c'est quand il s'agit de deviner et de sentir la détresse de son semblable.
Il nous arrive, parfois, de voir dans la rue un homme à la face blême et au regard perdu, ou bien une femme en pleurs. Si nous étions des êtres supérieurs, nous devrions arrêter cet homme ou cette femme, et leur offrir promptement notre assistance. C'est là toute la supériorité que j'attribuerais à l'être humain sur la bête. Il n'en est rien !

dimanche 16 février 2025

Eugène Atget - Joueur d'orgue (1898)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés d'Eugène Atget (1857-1927), amoureux du Paris populaire et des petits métiers. 
Pionnier de la photographie documentaire, il a patiemment photographié les rues, boutiques, façades et jardins de la capitale au tournant du XXe siècle, constituant ainsi un témoignage inestimable d’un Paris en pleine transformation.
Sur la porte de son atelier était affiché "Documents pour artistes", tant était modeste la vision qu'il avait de son propre talent.. ; peu reconnu de son vivant, il est d'ailleurs redécouvert dans les années 1920 grâce à Man Ray et Berenice Abbott, qui voient en lui un précurseur de la photographie moderne.

E.A. - Zoniers, Porte de Choisy (1913)
Cette belle photo de musiciens des rues a été achetée à Atget en 1920 par Maurice Utrillo, le peintre des rues de Montmartre.
La zone, c'était un anneau d'environ 300 mètres autour de Paris, entre "les fortifs" - les fortifications de Thiers laissées à l'abandon -, et la banlieue. Une zone non aedificandi, propriété de l'armée. Entre 1899 et 1913, Atget s'est intéressé aux "zoniers", au petit peuple miséreux des chiffonniers, des rémouleurs et des marchandes de mouron qui vivaient là, dans des roulottes et des taudis éphémères, ICI.

dimanche 9 février 2025

J. van Eyck - Les époux Arnolfini
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre flamand Jan van Eyck. Des chefs-d'oeuvre, qui font partie de ses commandes privées les plus fameuses, et le premier est célébrissime.
La date et le lieu de naissance exacts de Van Eyck demeurent incertains, mais il est généralement associé à la ville de Maaseik, dans la principauté de Liège. Son œuvre marque une révolution dans l’histoire de l’art par sa maîtrise inégalée de la peinture à l’huile et son souci du réalisme.

Jan van Eyck
La Madone au chanoine van der Paele
Jan Van Eyck commence sa carrière en tant que peintre de cour pour Jean III de Bavière à La Haye avant d’être engagé pour les mêmes fonctions, en 1425, par Philippe le Bon, duc de Bourgogne. Il ne se limite pas à la peinture : il réalise aussi des missions diplomatiques pour le duc, voyageant notamment au Portugal afin de négocier le mariage de celui-ci avec Isabelle de Portugal.
Installé à Bruges, il dirige un atelier et c'est là qu'il produit certaines de ses œuvres les plus célèbres (dont les deux qui sont présentées ici), et qu'il termine un des chefs-d'oeuvre ultimes de l'art primitif flamand, le retable de l'Agneau mystique, commencé par son frère Hubert.
Le travail virtuose de Van Eyck sur les effets de transparence et les superpositions de couleurs donne à ses oeuvres une profondeur et une luminosité extraordinaires. Par ailleurs, que ce soit dans le rendu des tissus, des paysages ou des reflets, son sens du détail est bluffant.
L'influence de ses innovations dans l'art de la peinture à l'huile est un héritage fondamental dans l'art du portrait et du réalisme dans la peinture occidentale.

dimanche 2 février 2025

Stanley Kubrick - New York (1940's)

Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés de l'américain Stanley Kubrick (1928-1999), d'abord jeune prodige de la photographie avant de devenir cinéaste génial, et déjà présenté en juillet 2011.

S. Kubrick - Shoe shine boy (1947)

À l'âge de 17 ans, plutôt que d'entrer à l'université, il décroche un job de photographe maison au prestigieux magazine new yorkais Look.
Des artistes, et donc de lui-même, Kubrick disait la chose suivante : Je ne pense pas qu'ils aient quelque chose de particulier à dire. Je pense qu'ils ont quelque chose qu'ils ressentent. Et ils aiment la forme de l'art : ils aiment les mots, ou l'odeur de la peinture, ou les images celluloïdes ou photographiques et travailler avec des acteurs. Je ne pense pas qu'un artiste véritable ait jamais été orienté par autre chose que sa propre vie intérieure, et la récompense est dans l'excitation de créer quelque chose qui est vivant et résonnera en d'autres personnes.

samedi 1 février 2025

Abel Grimmer - Proverbes flamands
Une image et des mots. Une oeuvre du peintre flamand Abel Grimmer (1570-1619), une huile sur panneau de bois représentant 49 proverbes flamands qui illustrent la vulgarité et la folie des hommes.
Les mots pour l'accompagner sont de la philosophe Laurence Devillairs, extraits de son ouvrage Être quelqu'un de bien, Philosophie du bien et du mal (2019).

Dans l'hostilité comme dans l'indifférence, ce que nous éludons et bafouons, c'est le face-à-face moral avec nous-mêmes, et avec ce que nous savons très clairement devoir faire. Nous nous accordons une dispense, nous nous achetons une bonne conscience ("On ne va pas changer les choses", "ce n'est pas à moi de le faire", "trop bon..."). Tel est l'athéisme moral, qui relègue l'injonction à bien agir dans les coulisses et les dimanches, loin des scènes majeures de l'existence. Telle est la méchanceté ordinaire qui habite un monde où la morale est secondaire, où le monde n'est pas un monde, habité et partagé, mais simple décor à ses activités.

dimanche 26 janvier 2025

Carali
Le vide-grenier du dimanche. Ce sera dans trois jours l'ouverture de la 52ème édition du Festival International de la Bande Dessinée d'Angoulême, et comme chaque année à cette occasion, voici deux artistes majeurs de mon petit panthéon.

Gotlib
Carali, qui a fait les beaux jours de l'irremplaçable Charlie Hebdo, et Marcel Gotlib - grand admirateur de Tex Avery et de Robert Crumb -, qui a fait avec Gai-Luron et la Rubrique-à-brac ceux de Pilote avant de cofonder avec Mandryka l'excellent Écho des Savanes.

dimanche 19 janvier 2025

Dain L. Tasker - Amazon lily
Le vide-grenier du dimanche. Deux radiographies florales du Dr. Dain L. Tasker (1872-1964), qui a magnifié l’alliance de la science et de l’art en dévoilant grâce à la radiographie la beauté intime des fleurs, l'expression - disait-il -, de la vie amoureuse des plantes. Chef radiologue au Wilshire Hospital de Los Angeles à une époque où la radiologie en était à ses balbutiements, il s’est lancé dans les années 1930 dans une exploration artistique unique, inspiré par une radiographie réalisée par un collègue.

Dain L. Tasker
Ses clichés, réalisés à partir de négatifs de rayons X, dévoilent la structure délicate et presque éthérée des pétales et des feuilles. Ces images spectrales, à l'esthétique minimaliste, révèlent toute la beauté fragile et le mystère organique des fleurs.
Encouragé par le photographe Will Connell, Tasker a exposé ses œuvres dans les salons prestigieux des Camera Pictorialists de Los Angeles et à l’Exposition internationale de San Francisco en 1939. Ses photographies, publiées dans des revues influentes comme U.S. Camera et Popular Photography, lui ont valu une reconnaissance tardive mais durable. Aujourd’hui, ses œuvres, parfois vendues à prix d’or, s’imposent comme des chefs-d’œuvre de poésie intemporelle qui célèbrent l’alliance subtile de la science et de l’art.

samedi 18 janvier 2025

R. Lalique - La femme ailée (1900)
Une image et des mots. Cette merveille Art nouveau du maître joaillier René Lalique porte le même nom qu'une nouvelle de Izumi Kyôka ; celle-ci raconte l'histoire d'un enfant qui vit avec sa mère près d'un pont.
Elle lui enseigne que les réactions humaines n'ont pas plus de valeur que celles des animaux...

"Ah, madame! Comme j'aimerais devenir un animal ! Il faut croire qu'ils sont tous des bêtes et que ce singe est l'un des leurs! Ils lui ont donné à manger, tandis qu'à moi, humain, ils n'ont pas prêté la moindre attention !" avait-il dit en jetant un regard courroucé autour de lui. Nul doute que ce vieil homme, lui, comprenait...
Non ! Il ne s'agissait pas pour lui de comprendre, il savait, sans avoir à le dire, que les hommes sont des animaux, m'expliquait ma mère.

dimanche 12 janvier 2025

S. Steinberg - Dancers
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres de l'illustrateur et dessinateur de presse Saul Steinberg (1914-1999), figure inclassable de l’art du XXe siècle. Célèbre notamment pour sa collaboration de plus de 50 ans avec The New Yorker, il y a redéfini les frontières entre humour graphique et art conceptuel. Né en Roumanie dans une famille juive, Steinberg a étudié la philosophie à Bucarest puis l’architecture en Italie, mais les lois antisémites de Mussolini le contraignent à l'exil ; il rejoint alors les États-Unis sans papiers, une expérience qui a profondément influencé son œuvre marquée par une réflexion constante sur l’identité, le déplacement et les frontières.

Saul Steinberg - Self portrait
Ses dessins emblématiques, comme la célèbre couverture View of the World from 9th Avenue (1976) - illustration satirique de la perception new-yorkaise du reste du monde -, sont immédiatement reconnaissables. Mais limiter Steinberg au rôle de dessinateur serait réduire considérablement la portée de son œuvre ; son style, à la fois minimaliste et riche de sens, mêle souvent des éléments de cartographie, de typographie et de narration visuelle pour commenter la condition humaine, les absurdités sociales et la complexité des identités culturelles. Proche de l’expressionnisme abstrait américain, et contemporain d’artistes comme Jackson Pollock et Willem de Kooning, il partageait leur quête de liberté formelle tout en restant inclassable : « Je ne suis pas entièrement dans le monde de l’art, ni dans le monde de la bande dessinée, ni dans celui des magazines, parce que le monde de l’art ne sait pas où me placer. »
Ses liens avec d’autres figures exilées comme Samuel Beckett, Alberto Giacometti et Eugène Ionesco ont enrichi son regard ironique et incisif sur le monde ; l'œuvre de Steinberg, "dessinateur de l'invisible", constitue un espace de réflexion plein d'humour et de profondeur sur la complexité des appartenances et la nature protéiforme de l’art.

dimanche 5 janvier 2025

Fred Lyon - San Francisco
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe américain Fred Lyon (1924-2022), "le Brassaï de San Francisco", dont l’œuvre incarne l’essence unique de la City of the Bay. Après un apprentissage précoce dans un studio-photo à l'âge de 14 ans, il étudie au prestigieux Art Center School de Los Angeles où il côtoie Ansel Adams (voir avril 2010, déc.2018, et mai 2019). D'un voyage à Yosemite avec le grand photographe paysagiste, et accompagné d'un groupe d'étudiants, il retient deux enseignements : une maxime du maître — "Il n’y a rien de pire qu’une image très nette d’un concept très flou" — et la certitude qu'il ne pourra jamais l'égaler dans le domaine du paysage. Mon sentiment était que je ne pourrais jamais apprendre tout ce qu’Ansel savait. Je ne pourrais jamais être plus qu’un Ansel Adams miniature si j’essayais d’être comme lui. Je n’allais jamais devenir photographe de paysage.

F.L. - Novelty shop (1949)
Fred Lyon choisit donc une voie radicalement opposée, intégrant des éléments urbains et humains dans ses clichés. Sa carrière, débutée dans les années 1940, explore les domaines du photojournalisme, de la mode, de l’architecture et de la publicité. Il capture avec maestria l’atmosphère brumeuse et cinématographique de San Francisco, immortalisant ses rues, ses ponts, ses scènes du quotidien dans des photographies noir et blanc empreintes de nostalgie. Celles-ci seront magnifiquement rassemblées dans son ouvrage San Francisco Noir (2020), disponible dans votre petite librairie indépendante. Ayant également servi comme photographe dans la marine américaine durant la Seconde Guerre mondiale, Lyon poursuivit ensuite une très honorable carrière en collaborant avec des magazines prestigieux comme Vogue et LIFE.
Par sa capacité à saisir l’âme d’une époque, et son profond attachement à sa ville natale qu’il considérait comme une source d’inspiration inépuisable, Fred Lyon est devenu l’un des grands chroniqueurs visuels de San Francisco.

samedi 4 janvier 2025

Antoine Roegiers - De l'autre côté (2024)
Une image et des mots. Une oeuvre d'Antoine Roegiers (b.1980) dont je viens de découvrir le travail à l'occasion de l'exposition que lui a consacrée du 30 octobre au 21 décembre la galerie Templon, à Paris.
Ce tableau m'a rappelé un passage de Traces (1959), de Ernst Bloch, que voici :

Un jour, dit-on, des paysans furent surpris aux champs par l'orage. Ils se mirent à l'abri dans une grange, mais la foudre, loin de s'éloigner, tournait en cercle autour de la cabane. Alors les paysans comprirent que la foudre visait l'un d'entre eux, et ils convinrent d'accrocher leurs chapeaux devant la porte. Celui dont le chapeau serait le premier arraché par l'orage devait être jeté dehors afin que les innocents ne périssent point pour le péché d'un seul. À peine les chapeaux furent-ils accrochés au-dehors qu'un coup de vent emporta le chapeau du paysan Li l'entraînant au loin à travers champs. Aussitôt les paysans jetèrent dehors le paysan Li ; et à l'instant même la foudre frappa la cabane, car Li était le seul juste.

A.M. - Vieux coeur de frêne Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe français Albert Monier (1915-1998), un de ceux dont l’œ...