In girum imus nocte et consumimur igni

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samedi 23 avril 2016

A. Dürer - Mains en prière (1508)

Une image et des mots. Ce dessin d'Albrecht  Dürer est conservé à l'Albertina Museum de Vienne, en Autriche.
Pour l'accompagner, voici quelques lignes du philosophe roumain Émile Cioran ; elles sont extraites de Disparaître en Dieu, un des chapitres de son magistral Précis de décomposition (1949)

Quel plus grand renoncement que la foi ? Il est vrai que sans elle on s'engage dans une infinité d'impasses. 
Mais tout en sachant que rien ne peut mener à rien, que l'univers n'est qu'un sous-produit de notre tristesse, pourquoi sacrifierions-nous ce plaisir de trébucher et de nous écraser la tête contre la terre et le ciel ?
Les solutions que nous propose notre lâcheté ancestrale sont les pires désertions à notre devoir de décence intellectuelle. Se tromper, vivre et mourir dupe, c'est bien ce que font les hommes. Mais il existe une dignité qui nous préserve de disparaître en Dieu et qui transforme tous nos instants en prières que nous ne ferons jamais.

samedi 20 septembre 2014

Sans titre

Une image et des mots.
Les mots sont extraits de Civilisation et frivolité, in Précis de décomposition du philosophe roumain Émile Cioran.

Il faut être reconnaissant aux civilisations qui n'ont pas abusé du sérieux, qui ont joué avec les valeurs et qui se sont délectées à les enfanter et à les détruire. Connaît-on en dehors des civilisations grecque et française une démonstration plus lucidement badine du néant élégant des choses ? 
Le siècle d'Alcibiade et le dix-huitième siècle français sont deux sources de consolation. Tandis que ce n'est qu'à leur stade dernier, à la dissolution de tout un système de croyances et de moeurs que les autres civilisations purent goûter à l'exercice allègre qui prête une saveur d'inutilité à la vie, - c'est en pleine maturité, en pleine possession de leurs forces et de l'avenir, que ces deux siècles connurent l'ennui insoucieux de tout et perméable à tout. [....]
Personne n'atteint d'emblée à la frivolité. C'est un privilège et un art ; c'est la recherche du superficiel chez ceux qui s'étant avisés de l'impossibilité de toute certitude, en ont conçu le dégoût ; c'est la fuite loin des abîmes, qui, étant naturellement sans fond, ne peuvent mener nulle part.

samedi 20 octobre 2012

G. Doré - Le Paradis Perdu (1866)
Une image et des mots. Une illustration de Gustave Doré pour le Paradis perdu de Milton (1866), avec Satan qui le contemple, et quelques lignes d'Emil Cioran, extraites de son Précis de décomposition (1949).

Quand la conscience parviendra à surplomber tous nos secrets, quand de notre malheur sera évacué le dernier vestige de mystère, aurons-nous encore un reste de fièvre et d'exaltation pour contempler la ruine de l'existence et de la poésie?

JP4 ICI