In girum imus nocte et consumimur igni

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samedi 5 juin 2021

King George VI, Wembley (1930s)
Une image et des mots. L'image c'est cette photo anonyme, prise dans les années 30, qui nous donne à voir le roi George VI au comble de l'excitation dans un parc d'attractions.
Les mots sont un extrait d'un texte de Nicolas Go, intitulé Le rire philosophique et publié en 2002 dans le n°17 de la revue Le Philosophoire.

Il faut postuler la joie comme on pose un axiome mathématique, par un décret de la raison. Contre le dérisoire des réjouissances passagères, elle se doit d'être une réjouissance inconditionnelle de et à propos de l'existence. C'est ce qu'assure Clément Rosset pour qui "toute joie parfaite consiste en la joie de vivre, et en elle seule". Selon lui, le "vivre" confère à la joie toute sa perfection, sans quoi elle ne serait que virtuelle et en attente de sa propre complétude.
[....] La joie n'est pas fondée mais fondatrice. L'auteur de La force majeure la définit comme un secours qui, à l'instar de la grâce pascalienne, vient sauver du nihilisme, comme grande et unique règle, du "savoir-vivre", celui d'une vie menée en conscience et connaissance de cause. Alors même que tout concourt à nous décourager de la vie, la force paradoxale et impénétrable de la joie vient substituer aux accommodements névrotiques à la réalité - et tout spécialement celui de l'espérance -, le goût de vivre sans condition.

Sur la recherche de l'étourdissement et du vertige chez l'homme et chez l'animal, il faut lire aussi les lignes qu'y consacre Roger Caillois dans son ouvrage passionnant Les jeux et les hommes, publié en 1977 chez Gallimard.

samedi 7 novembre 2015

Alexey Titarenko
Une image et des mots. La photographie est de Alexey Titarenko, déjà présenté ici en 2010. Et pour aller avec, un extrait d'un petit ouvrage de Roger Caillois paru en 1977 chez Fata Morgana, Petit guide du XVe arrondissement à l'usage des fantômes.

"Il me vint à l'idée qu'on ne peut pas prendre en filature des humains, mais des simulacres qui leur ressembleraient. Je me souvins alors d'un conte de Léon-Paul Fargue, intitulé La drogue, que je tiens depuis longtemps pour un des chefs-d'oeuvre du fantastique moderne. Ce récit met en scène des êtres flottants, venus d'on ne sait quels limbes et reconnaissables à certains signes mystérieux.
Un jour, ils se sont brusquement condensés en un quartier écarté; un autre, ils s'évanouissent sans crier gare. Il s'affairent dans la cité, profitant de la distraction ou de l'indifférence générale, jusqu'au moment où un passant informé en aperçoit un et se décide à le prendre en chasse jusqu'à épuisement. Alors c'en est fait du malheureux. Il mincit, s'éclaircit, devient transparent, s'enfonce dans le sol, s'élève comme un ballon qu'un enfant a laissé s'échapper ou encore s'aplatit contre un mur poreux qui l'absorbe comme ferait un buvard.
Aucun ne résiste longtemps, il ne fait pas bon pour eux d'avoir été surpris en flagrant délit de "n'être pas des hommes"
.

samedi 3 mars 2012

Hans Holbein le Jeune - Les Ambassadeurs (1533)

Une image et des mots. Vanitas vanitatum... Où l'on apprend que Patrick Poivre d'Arvor brigue un fauteuil à l'Académie Française.

Cet homme de télévision, qui pendant près de 30 ans nous a présenté l'actualité du monde avec des minauderies de mirliflore érotomane, accusé de truquages dans son métier de journaliste (la fausse interview de Castro, le faux garde-du-corps de Saddam Hussein, ICI), accusé de plagiat dans son métier d'écrivain (sa biographie d'Hemingway, ICI), condamné en appel à une peine de prison avec sursis pour recel d'abus de bien sociaux (affaire Botton, ICI) a tout de même été fait chevalier de la Légion d'Honneur, élevé au grade de commandeur dans l'ordre des Arts et des Lettres, et est également officier de l'ordre national du Mérite.
Cet homme donc, qui mieux que quiconque sait ses faiblesses et sa vanité - cet hommage d'un imbécile aux qualités d'un âne très intime, disait Ambrose Bierce -, n'estime visiblement pas être indigne de tous ces honneurs puisqu'il en brigue un surcroît, en venant aujourd'hui, sans aucune honte, prétendre mériter l'immortalité.... Formidable !

Lire, au sujet de ce tableau de Hans Holbein que j'ai choisi pour illustrer ce billet - et à propos de sa fameuse anamorphose -, ce qu'en dit Roger Caillois dans son ouvrage Au coeur du fantastique (1965). Lacan aussi l'avait commenté, mais bon...., Lacan.

samedi 23 octobre 2010

C.Ebbets - Lunch atop a skyscraper (1932)

Une image et des mots. Pour aller avec ce cliché célébrissime, attribué à Charles Ebbets et qui orne les murs de milliers de salles d'attente à travers le monde, voici quelques mots de Roger Caillois, un extrait de L'incertitude qui vient des rêves (1956).

J'ai cédé à un souci personnel constant, presque exclusif, invincible [.....]. Je veux parler d'un attrait ininterrompu pour les forces d'instinct, de vertige, du goût d'en définir la nature, d'en démonter autant que possible la sorcellerie, d'en apprécier exactement les pouvoirs ; de la décision, enfin, de maintenir sur eux, contre eux, la primauté de l'intelligence, de la volonté, parce que, de ces facultés seules naît pour l'homme une chance de liberté et de création.