In girum imus nocte et consumimur igni

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dimanche 26 décembre 2021

Charlotte J. Sternberg

Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres de l'illustratrice américaine Charlotte Joan Sternberg (1920-2003). Diplômée en beaux-arts de l’université de Yale, c’est là qu’elle découvre la tempera à l'oeuf, technique qu’elle adoptera comme procédé de prédilection. Elle est surtout connue pour ses paysages de la Nouvelle-Angleterre, où elle capture l’essence de la vie rurale avec un souci des saisons et des traditions locales.
Son style mêle réalisme méticuleux et nostalgie, avec des scènes d’hiver enneigées, des fermes et des paysages typiques de la région. Ayant grandi dans le Connecticut, elle s’inspire profondément des paysages de la Nouvelle-Angleterre, qu’elle célèbre tout au long de sa carrière.

C.J. Sternberg - Christmas
Sternberg a aussi travaillé comme illustratrice pour calendriers, cartes de vœux et illustrations de Noël, celles qui ornent les boîtes de chocolats ou les beaux puzzles de chez Gibsons. Ses œuvres sont marquées par une palette riche et des détails soigneux qui rappellent les peintures de style américain de la période des années 1950.
Elle est appréciée pour avoir capturé la culture et les traditions du nord-est des États-Unis à une époque où le pays se transformait rapidement, ce qui a popularisé son art dans de nombreux foyers américains.

TW6
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dimanche 19 décembre 2021

Chris Donovan - Church

Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photojournaliste et photographe documentaire canadien Chris Donovan (b.1996). Originaire de Saint John, au Nouveau-Brunswick, il est reconnu pour ses travaux axés sur la justice sociale, les identités communautaires, et les voix marginalisées.
Donovan parcourt le Canada pour mettre en lumière les luttes urbaines, la résilience des communautés et les réalités économiques des populations.
C.D. - The cloud factory (2019)

Son approche se distingue par une sensibilité visuelle et une empathie marquée : immergé dans les communautés qu’il photographie, il capte des moments authentiques et intimes, des scènes de vie qui vont au-delà de la simple documentation.
Ses images ont été publiées dans des journaux et magazines tels que The Globe and Mail, The New York Times et Maclean’s. Son travail a été récompensé par de nombreux prix, notamment plusieurs National Newspaper Awards et distinctions de l’Association canadienne des photographes de presse. En 2017, il devient le plus jeune photographe à recevoir les deux distinctions les plus prestigieuses décernées par la News Photographers Association of Canada : Photographe de l’année et Photographie de l’année.

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samedi 18 décembre 2021

Brueghel l'Ancien - La parabole des aveugles
(1568)
Une image et des mots. Un tableau de Pieter Brueghel l'Ancien, La parabole des aveugles (1568), conservé au Musée Capodimonte de Naples.
Ce tableau fait référence à la parabole du Christ adressée aux pharisiens : "Laissez-les : ce sont des aveugles qui conduisent des aveugles..." (Matthieu 15, 14).

Le texte, de Gilles Lapouge, est extrait de son essai Utopie et civilisations.

"L’histoire est une aventure abominable. Elle est boueuse, elle n’a pas de sens et elle massacre. Ses riches heures éblouissent, mais leurs guirlandes et leurs quinquets n’allument aucune fête ou bien c’est un carnaval de gisants.
Et pourtant, les hommes ont inventé leur demeure. Ils sont sortis de la forêt et ils ont érigé des villes.
Leurs monuments, leurs barrages, les usines et les ports, les routes, les châteaux et les bibliothèques, les musées ont ajouté aux géologies extravagantes de Dieu celles de leur décision.
Les cités étincellent sur l’espace pacifié des prairies. Une ceinture de lumière encercle la Terre.
Les savants ont dérobé à la nature ses secrets, ils énoncent le problème des astres et le chiffre de la matière, mais le mystère ne se défait que pour tracer d’autres arabesques. Tant de science et ces beaux frontons, ces auriges et ces capitaines, ces Parthénons et ces mégalopoles n’entament pas les splendeurs lisses du néant.
Sur la nuit de ses miroirs, les générations se succèdent, à tâtons, comme chancellent les aveugles de Jérôme Bosch."

dimanche 12 décembre 2021

Ken van Sickle - Untitled

Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe et cinéaste américain Kenneth van Sickle (b.1932), témoin élégant des bohèmes parisienne et new yorkaise des années 50 et 60. Né dans le New Jersey, Van Sickle se distingue par une approche minimaliste et poétique, qui capture l’essence de la vie urbaine à travers des scènes intimes et intemporelles. À 23 ans, alors qu’il vit à Paris, il assiste à un concert de Chet Baker et, faute de pellicule, ne prend que deux clichés : l’un est flou, l’autre parfaitement réussi. 
“My pictures don’t depend on extreme sharpness. They depend on the composition, on the subject, and on the way I see it.”
K.v. Sickle - Colombus (1968)

Ses photographies parisiennes, prises dans les années 1950, sont ainsi empreintes d'une qualité romantique et onirique qui trahit l’influence de la photographie humaniste française.
À New York, Van Sickle a documenté des scènes de solitude et de beauté quotidienne au cœur de la ville animée, en jouant avec l'ombre et la lumière pour créer des compositions épurées qui frappent par leur intensité discrète. Il a également appliqué son sens de la composition et de la narration au cinéma, en tant que directeur de la photographie.
Ses œuvres offrent une perspective nostalgique et intemporelle sur la vie urbaine du milieu du XXᵉ siècle et sont reconnues pour leur valeur artistique et historique. Elles figurent dans les collections du Metropolitan Museum of Art et du MoMA de New York.

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dimanche 5 décembre 2021

A.M. - Route de Hollande (c.1880)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre néerlandais Anton Mauve (1838-1888), membre majeur de l'École de La Haye, et premier professeur de peinture de Van Gogh, dont il était cousin par alliance. Mauve l’initia à la peinture en plein air, dont il était un fervent adepte, et son influence se ressent dans les premières toiles de Van Gogh, tant dans le choix des sujets que dans la palette sobre et terreuse. Van Gogh lui a d’ailleurs dédié un tableau, Souvenir de Mauve.
Mauve est réputé pour ses paysages délicats, souvent dominés par des gris, bruns et verts, et pour ses scènes pastorales, témoignages d’une vie rurale intimement observée. Son naturalisme, influencé par Millet et l'école de Barbizon, cherche à dépeindre le quotidien avec sincérité et émotion.

A.M. - Bateau de pêche (1882)
Ami de Jozef Israels (présenté ici en novembre 2020), il a su allier réalisme et sensibilité, donnant à ses tableaux une douceur qui lui vaut le surnom de peintre de l’intimité et de la mélancolie pastorale.
Au‑delà des pâturages et des fermes, Mauve a peint quelques marines et vues de plages, toujours avec la même attention à la lumière et à l’atmosphère. Ses œuvres, aujourd’hui conservées dans des institutions comme le Rijksmuseum d'Amsterdam et au Musée d'Orsay à Paris, continuent de séduire par la sérénité qu’elles dégagent et leur regard attentif sur la beauté simple de la campagne néerlandaise.

samedi 4 décembre 2021

Brandon Holland - Wind (2017)

Une image et des mots. Un cliché du photographe américain Brandon Holland.
Les mots sont du romancier et philosophe britannique John Cowper Powys (1872-1963), l'auteur du magnifique roman Les sables de la mer (1934).

Le vent qui fait frissonner l'herbe à son gré va et vient. Certains sont nés pour accueillir son message, d'autres pour le refuser. Chez ceux qui sont nés pour l'accueillir, on perçoit un étrange détachement des consolations d'ici-bas.

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dimanche 28 novembre 2021

Speedy Graphito - Carte d'artiste
(2021)

Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du graphiste Olivier Rizzo (b.1961), aka Speedy Graphito, déjà présenté ici le 28 février 2015, jour de la Saint Valentin.
Formé à l ESAIG de Paris (École supérieure des arts et industries graphiques, plus connue sous le nom d'École Estienne), il se situe au point d'articulation entre le mouvement de la figuration libre - illustré par des artistes tels que Combas en France ou Haring et Basquiat aux États-Unis -, et le Street Art des années 80.
Speedy Graphito

Délaissant ses diablotins emblématiques, Dédé le démon ou son personnage fétiche Lapinture (à gauche), Speedy Graphito rend aujourd'hui hommage à ses modèles (Van Gogh, Mondrian, ou comme ici, Hokusai) en revisitant joyeusement leurs oeuvres. "La constante, c'est le détournement".
Quand il confronte l'art des "Grands Maîtres" aux images de la culture populaire urbaine, des figures iconiques qui imprègnent notre mémoire collective consciente ou inconsciente, celui qui se définit comme un "DJ des arts plastiques" interroge profondément, en le réinventant, notre monde consumériste et ses représentations.
Pour en savoir plus sur lui et sur son oeuvre, c'est ICI.

samedi 27 novembre 2021

a/u
Une image et des mots. Montaigne, qui a vécu à une époque de grandes découvertes, était lui-même un grand voyageur qui a sillonné l'Europe. 
Il voulait, disait-il, frotter sa cervelle contre celle d'autrui, et c'est à lui que l'on attribue l'adage bien connu selon lequel les voyages forment la jeunesse.

Dans sa Vie des philosophes illustres, Diogène Laërce évoque Anacharsis, "voyageur sauvage poli par les moeurs étrangères", qui se serait "défait" de sa barbarie en fréquentant les Athéniens. 
Du philosophe Scythe, issu d'un peuple de cavaliers nomades qui dominait les steppes eurasiennes entre le VIIe siècle av. J.-C. et la fin de l'Antiquité, il rapporte ces paroles :
Moi je suis venu au pays des Grecs pour être instruit de leurs coutumes et de leurs pratiques. L'or, je n'en ai aucun besoin ; il me suffit de retourner chez les Scythes en homme meilleur.

Quant à Goethe, il nous dit : Veux-tu vivre heureux? Voyage avec deux sacs, l'un pour donner, l'autre pour recevoir.

dimanche 21 novembre 2021

Eugenia Loli - The other side
Le vide-grenier du dimanche. Je me rends compte que je n’ai, curieusement, encore jamais accordé ici de place au collage, une forme d’expression que j’aime pourtant depuis longtemps — depuis que je l’ai découverte, adolescent, avec Jacques Prévert. En voici donc deux, signés de l’artiste grecque Eugenia Loli (b.1973), déjà présentée ici en mai 2015 et en mars 2016.
Ancienne professionnelle de l’industrie technologique installée en Californie, Eugenia Loli s’est tournée vers la création artistique, où elle s’est rapidement fait connaître par ses collages surréalistes et rétro-futuristes, pleins d’humour et de poésie.

E.L. - Let me get that for you
Elle assemble des images issues de magazines, de livres et de photos anciennes - visages souriants des années 50, fragments de science-fiction, symboles de la culture populaire - pour composer des mondes à la fois étranges et familiers. Ses compositions jouent avec les codes du rêve et du quotidien, explorant la psyché humaine, la société moderne ou simplement le plaisir du décalage visuel.
Le premier collage appartient à la série Reportaz, le second à Oh, l’amour !
Eugenia Loli cite parmi ses influences Julien Pacaud ICI et Kieron Cropper ICI ; et pour découvrir son travail à elle, c'est ICI.
EL1

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dimanche 14 novembre 2021

René Maltête - La majorité

Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe français René Maltête (1930-2000). Né à Lamballe en Bretagne, il découvre la photographie dès l’adolescence, mais c’est à Paris qu’il se forme vraiment, d’abord comme assistant dans le cinéma, auprès de Jacques Tati et de Claude Barma, avant de se tourner définitivement vers l’image fixe.

R.M. - Le pompiste
Il commence à photographier sérieusement à partir des années 1950, avec un style bien à lui : des scènes ordinaires traversées par un détail inattendu, un décalage, un sourire. Rien de spectaculaire, il capte juste avec finesse l’humour discret des situations humaines.
René Maltête a une façon tendre et drôle de raconter le monde, de le faire vaciller juste un peu pour en montrer l'incongru et la beauté fragile.

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dimanche 7 novembre 2021

T.B. Kennington - Orphans (1885)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres de l'anglais Thomas Benjamin Kennington (1856-1916), connu pour ses œuvres réalistes et sociales, particulièrement celles qui abordent la pauvreté et les difficultés de la classe ouvrière dans l'Angleterre victorienne. Né à Grimsby, dans le Lincolnshire, Kennington a étudié l'art à l'École des Beaux-Arts de South Kensington (maintenant le Royal College of Art) et a poursuivi sa formation à l'Académie Julian à Paris,  dans l'atelier de William Bouguereau. 

T.B.K. - Homeless (1890)
Ainsi, influencé à la fois par la tradition réaliste et la peinture académique européenne, Kennington réalise des œuvres poignantes qui se distinguent par leur approche empathique et leur attention méticuleuse aux détails, mettant en avant des thèmes sociaux tout en respectant une esthétique académique et soignée. Elles sont porteuses d'un puissant message humaniste, et dépeignent souvent les conditions de vie difficiles des démunis, comme dans ce tableau Homeless (1885), où il montre une femme et son enfant dans la froidure et la misère.
En 1886, Thomas Kennington a été l'un des fondateurs de la New English Art Club (NEAC), un collectif artistique alternatif qui offrait une plateforme différente de la Royal Academy pour les artistes souhaitant exposer leurs œuvres.

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samedi 6 novembre 2021

Gérard Exupéry - Leave

Une image et des mots. Je ne me souviens pas avoir déjà rêvé que j'étais en train de lire. 
Ça m'est donc arrivé pour la première fois une nuit de la semaine dernière et dans mon rêve je lisais un texte de Stevenson - qui, si j'écrivais moi-même serait un de mes modèles -, en revenant sans cesse sur les deux mêmes phrases : "Le dehors guérit" et "Là où je reste je ne suis pas chez moi". La première est bien de lui, mais la seconde sort de nulle part... 
C'est en voyant cette photo de Gérard Exupéry - déjà présenté ici en septembre 2011 - que je repense aujourd'hui à ce drôle de rêve. Et pour aller avec, voici quelques lignes extraites d'une nouvelle de Jack London (qui, si j'écrivais moi-même etc... etc...), La piste des soleils (1905).

... et dès ce jour-là j'acquis une grande sagesse. Une grande lumière se fit et je vis clair, et je compris que ce n'était pas pour l'argent qu'un homme doit vivre mais pour un bonheur qu'aucun homme ne peut donner, ni acheter, ni vendre, et qui est au-delà de la valeur de tout l'or du monde.

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dimanche 31 octobre 2021

Patrice Cudennec- Sans titre
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres de l'artiste breton Patrice Cudennec (b.1952), peintre, sculpteur et céramiste, découvert ces jours-ci dans sa galerie de Pont-Aven, la cité des peintres.
Autodidacte né en Bretagne - source première de son inspiration -, il se passionne dès l’enfance pour la mer et commence à dessiner en observant les artistes de sa région. En parallèle à sa carrière de peintre, il fonde la Faïencerie d’Art Breton à Quimper.

P. Cudennec - Sans titre
De ses visages, souvent légèrement penchés sur l’épaule, se dégage une même impression de douceur mystique.
Cette inclinaison, à la fois intime et recueillie, ouvre un espace de silence et de contemplation, comme si les figures se fondaient dans une paix intérieure. Période rose et période bleue, comme chez Picasso ? Peut-être - encore que, chez Cudennec, le passage de l’une à l’autre ne doit rien à la mélancolie. Ou alors apaisée...

dimanche 24 octobre 2021

R.O. - Man in the rain, Manhattan, New York
(1952)
Le vide grenier du dimanche. Deux clichés de la photographe américaine Ruth Orkin (1921-1985), dont j’avais déjà présenté ici, en août 2010, son image la plus célèbre : An American Girl in Italy.
Née à Boston et élevée à Los Angeles, elle développe très tôt une passion pour la photographie. Après un bref passage à l’Université de Californie du Sud, elle s’installe à New York où elle commence sa carrière comme photographe indépendante. Elle travaille alors pour Life, Look ou The New York Times, mêlant regard curieux et sens aigu de la composition.

R.O. - The card players (1955)
Ses photos racontent la vie urbaine avec humour, tendresse et vivacité - des scènes saisies sur le vif, pleines de mouvement et d’humanité. My mother said that when I was young I was constantly saying "Look at this - Look at that". I think that taking pictures must be my way of asking people to "Look at this - Look at that".
If my photographs make the viewer feel what I did when I first took them - "Isn't this funny,... terrible... moving... beautiful?" - then I've accomplished my purpose.
Ces mots résument bien sa démarche : inviter à voir autrement, à s’arrêter un instant sur le monde et ses émotions ordinaires.

samedi 23 octobre 2021

Karen Woods - Streetscape
Une image et des mots. L'image c'est un tableau de l'américaine Karen Woods (b.1963).
Les mots, quelques lignes de Thoreau extraites de Walden (1854).

Au milieu d'une douce pluie, [....], je me rendis compte soudain d'une compagnie si plaisante et si bienfaisante dans la nature, dans le bruit régulier des gouttes qui tombaient, régulières, dans tous les sons et les spectacles qui entouraient ma maison, une affection bienveillante, infinie et inexplicable tout à coup... [....]
On me dit souvent : "Il me semble que vous devez vous sentir bien seul, là-bas, et que vous aimeriez être près de quelqu'un, surtout par temps de pluie et de neige, la nuit". J'ai envie de leur répondre : Toute cette terre où nous vivons n'est qu'un point dans l'espace.
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dimanche 17 octobre 2021

H. Silvester - Untitled (1950s)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe et militant écologiste allemand Hans W. Silvester (né en 1938).
Tout commence à l’adolescence, quand ses parents lui offrent son premier appareil photo. À la fin de ses études à Fribourg, en 1955, il part sur les routes d’Europe, appareil en bandoulière.
Il photographie la Camargue, dont il saisit la beauté sauvage et les traditions ; son livre Camargue (1960), accompagné d’un texte de Jean Giono, lui apporte une reconnaissance immédiate.
H.S. - Sur la route, Tsiganes et Gitans

Depuis, Hans Silvester n’a cessé de parcourir le monde pour témoigner des liens entre l’homme et la nature : des joueurs de pétanque provençaux aux peintures corporelles des peuples de la vallée de l’Omo, dont il célèbre la créativité et l’harmonie avec leur environnement.
À partir des années 1980, son engagement devient ouvertement militant. Il photographie les parcs naturels d’Europe, documente la déforestation en Amazonie, les ravages écologiques en Amérique du Nord ou la pollution des rivières - comme dans La rivière assassinée, reportage sur le Calavon, en Haute-Provence.
Le regard que Hans Silvester porte aujourd'hui sur le monde est un appel à la préservation et au respect du monde naturel et humain.

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dimanche 10 octobre 2021

F. McCubbin - The letter (1884)

Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre australien Frederick McCubbin (1855-1917), un des cofondateurs de la Heidelberg School (voir sept. 2016), - qu’on appelle aussi l’impressionnisme australien.
Le courrier, missive officielle ou billet doux, est un motif récurrent dans l'histoire de la peinture. Forcément illisible pour le spectateur (ou le "regardeur" comme disait Marcel Duchamp), la lettre consacre l'intime ; elle est un élément empli de mystère dont le sens, le contenu, restent à deviner dans l'attitude de celui ou celle qui en prend connaissance, dans l'expression de son visage, ou dans le contexte de sa lecture.... 

F. McC. - Down on his luck (1889)
De celle qui donne son titre à ce tableau, décachetée ou relue au cours d'une promenade solitaire, on a envie d'imaginer qu'elle porte un message intime, et qui s'adresse au coeur de cette élégante jeune femme.
Le second tableau, lui, montre un swagman, un de ces travailleurs saisonniers itinérants qui parcouraient l'Australie pendant les grandes périodes de crise économique. Leur baluchon roulé dans la toile qui leur servait aussi de couche  (the swag ou bedroll) évoque une vie rude, libre et précaire, comme celle des hobos américains chantés plus tard par Woody Guthrie.

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dimanche 3 octobre 2021

A.S. Reese - Chuck in the tunnel

Le vide-grenier du dimanche. , déjà présentée ici en décembre 2017.
Ils sont tirés de sa série documentaire The Urban Cave, réalisée entre 2007 et 2014, consacrée aux sans-abri vivant dans les souterrains ferroviaires sous Harlem - un travail au long cours publié en livre en 2015.

A.R. - One of Lisa's eleven children
Basée entre New York, Seattle et Jakarta, Andrea Star Reese s'intéresse à des thèmes sociaux majeurs souvent liés à des communautés marginalisées ou invisibilisées.
Une autre de ses séries marquantes, "Disorder", se concentre sur les conditions de vie de personnes atteintes de troubles mentaux en Indonésie, en mettant en lumière des pratiques abusives comme le "pasung" (confinement forcé). Ce projet a contribué à une enquête de Human Rights Watch et à des réformes significatives en Indonésie.
À travers la photographie, Andrea Star Reese cherche à nous sensibiliser à des enjeux complexes. "Ce qui dérange la société, écrivait Lydia Perréal dans J'ai 20 ans et je couche dehors, c'est que nous sommes ses victimes. En nous elle voit ses mauvaises notes, ses erreurs accumulées, son égoïsme, ses poubelles qu'elle ne sait pas où vider, les preuves vivantes de son échec."
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samedi 2 octobre 2021

Maarten van Heemskerck - Geometry (16e)
Une image et des mots. 
En contemplant cette oeuvre du maître hollandais Maarten van Heemskerck (1498-1574), qui nous donne à voir deux hommes prenant la mesure du monde, pourrait nous venir l'image plus prosaïque de deux maquignons qui évaluent d'un bestiau ce qu'il pourra leur rapporter.

Les mots pour l'accompagner sont extraits de l'ouvrage de Riccardo Petrella, Le bien commun - Éloge de la solidarité, traduit et publié en France en 1996.

Selon les Nouvelles Tables de la Loi, le monde est composé d'une série de marchés à conquérir. Le monde n'est pas composé de sociétés, de populations ayant une histoire, une culture, des besoins, des projets. Avant la société, c'est le marché qui compte. [....]
Alors que l'on cherche à éduquer nos sociétés à privilégier un développement durable (sustainable development) sur le plan environnemental et social, l'économie, elle, obéissant à la culture de la conquête, affirme qu'il n'y a pas de durabilité possible : ce qui compte, c'est gagner maintenant.
[....] Le nouveau monde mondialisé est surtout considéré comme un ensemble d'espaces de nouveaux gisements de richesses à exploiter. Le "village global" est ressenti et vécu surtout en tant que nouveau terrain d'affrontement entre les meilleurs candidats au pouvoir mondial. [....] Une nouvelle génération de conquérants est née. (En son sein), les financiers (et les industriels qui poursuivent davantage une stratégie financière) constituent une catégorie à part. Dans leur cas, en général, la culture de la conquête se transforme en une logique de prédation...
[....] La prédation ne crée pas de richesse. Elle ne fait que la prendre là où elle est. Elle a pris l'ampleur qu'on lui connaît suite à la vague de libéralisation des mouvements de capitaux qui a déferlé sur le monde dans les années 80 ; à l'abandon des mécanismes de contrôle public sur les capitaux ; à l'existence de 37 paradis fiscaux dans plusieurs régions du monde, et au maintien du secret bancaire.
[....] La culture d'un peuple est devenue également un marché comme les autres, et donc un marché à conquérir ...
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dimanche 26 septembre 2021

Trent Parke - Sydney Harbour (2006)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés de l'australien Trent Parke (b.1971), figure majeure de la photographie contemporaine.
Membre de Magnum Photos, il s’est imposé par un usage singulier de la lumière et du contraste, qui confère à ses images une tension presque cinématographique et transforme des scènes ordinaires en visions d’une intensité rare.
Ses séries comme Dream/Life et Minutes to Midnight explorent la vie urbaine, la solitude et l’identité australienne, dans un style qui évoque parfois le cinéma noir.

T.Parke - Sydney, Kirribilli (2006)
Dans Minutes to Midnight, fruit d’un voyage de 90 000 kilomètres à travers l’Australie, Parke dresse un portrait intime et parfois sombre de son pays - ses paysages, sa culture, ses contradictions - en questionnant la notion même d’identité nationale et l’isolement des grands espaces.
Son travail devient plus introspectif avec The Black Rose, série née d’une période de perte et de deuil. Parke y aborde la mémoire, la mortalité et le passage du temps, en mêlant rigueur documentaire et sens poétique.
La tendance de Trent Parke à saturer les couleurs et à forcer sur les contrastes peut finir par lasser, et l'omniprésence des zones d'ombres être à la longue oppressante, mais certaines images sont vraiment belles, et c'est un plaisir de les partager.
Et après tout, ce n'est que mon opinion...
I am forever chasing light. Light turns the ordinary into the magical.
CO1

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dimanche 19 septembre 2021

A.B. Swensson - Les escaliers (nd)

Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres, des huiles sur toile, de la suédoise Anette Björk Swensson (b.1956). Après un passage par l'Art Student League de New York, de 1981 à 1983, elle retourne en Suède où elle vit et travaille aujourd'hui.
Son travail mêle peinture, photographie et arts graphiques dans un univers à la fois poétique et mélancolique. Elle y explore le passage du temps, la mémoire, et cette beauté fragile des choses simples qu’on regarde parfois sans les voir.

A.B.S. - En attendant (2018)
Anette Björk Swensson peint le familier, le quotidien qui l'entoure, dont elle veut mettre en valeur la beauté. N'importe quoi, dit-elle, peut éveiller ma curiosité et mon envie de peindre.
I'm inspired by light and shadows and what highlights everyday life as something worth noting. To see the simple and sometimes boring unimportant things as something attractive and beautiful.
L'artiste, écrit Le Clézio dans L'extase matérielle, nous montre du doigt une parcelle du monde.

Peter Turnley Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe américain Peter Turnley (b..1955). P.T. - La Tartine, Paris (2025)