In girum imus nocte et consumimur igni

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dimanche 26 décembre 2021

Charlotte J. Sternberg

Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres de l'illustratrice américaine Charlotte Joan Sternberg (1920-2003). Diplômée en beaux-arts de l'université de Yale, c'est là qu'elle découvre la technique de la tempera à l'oeuf qui deviendra son procédé de prédilection. Elle est surtout connue pour ses peintures de paysages de la Nouvelle-Angleterre, qui capturent l'essence de la vie rurale avec une attention particulière aux saisons et aux traditions locales. 
Son style mêlait un réalisme méticuleux à une ambiance nostalgique, avec des scènes d’hiver enneigées, des maisons de ferme et des paysages ruraux typiques de la région. Elle a grandi dans le Connecticut et a été profondément influencée par la beauté des paysages de la Nouvelle-Angleterre, qu'elle a continuellement célébrée dans son travail.

C.J. Sternberg - Christmas
Sternberg a également travaillé comme illustratrice pour des calendriers, des cartes de vœux, et des illustrations de Noël, de celles que l'on aime voir orner les boîtes de chocolats ou augmenter les collections des beaux puzzles de chez Gibsons...
Ses œuvres sont marquées par une palette riche et des détails soigneux qui rappellent les peintures de style américain de la période des années 1950.
Elle est appréciée pour avoir capturé la culture et les traditions du nord-est des États-Unis à une époque où le pays se transformait rapidement, ce qui a popularisé son art dans de nombreux foyers américains.

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dimanche 19 décembre 2021

Chris Donovan - Church

Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photojournaliste et photographe documentaire canadien Chris Donovan (b.1996). Originaire de Saint John, au Nouveau-Brunswick, il est reconnu pour ses travaux axés sur la justice sociale, les identités communautaires, et les voix marginalisées.
Donovan a documenté de nombreux récits à travers le Canada, en mettant en lumière les luttes urbaines, la résilience des communautés, et les réalités économiques des populations ; son approche photographique se distingue par une sensibilité visuelle forte et une empathie marquée, capturant des moments authentiques et intimes avec ses sujets. Parce qu'il s'immerge souvent au sein des communautés qu'il photographie, il capture des moments authentiques et intimes avec ses sujets, et saisit des scènes de vie poignantes qui vont au-delà de la simple documentation.
C.D. - série The cloud factory (2019)

Les œuvres de Donovan ont été publiées dans des journaux et magazines tels que The Globe and Mail, The New York Times et Maclean's. Son travail a été récompensé par plusieurs distinctions, notamment des National Newspaper Awards et des prix de l’Association canadienne des photographes de presse. Il a été en 2017 le plus jeune photographe à recevoir les deux prix les plus prestigieux décernés par la News Photographers Association of Canada ; celui de photographe de l'année et celui de photographie de l'année.


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samedi 18 décembre 2021

Brueghel l'Ancien - La parabole des aveugles (1568)
Une image et des mots. Un tableau de Pieter Brueghel l'Ancien, La parabole des aveugles (1568), conservé au Musée Capodimonte de Naples.
Ce tableau fait référence à la parabole du Christ adressée aux pharisiens : "Laissez-les : ce sont des aveugles qui conduisent des aveugles..." (Matthieu 15, 14).

Le texte, de Gilles Lapouge, est extrait de son essai Utopie et civilisations.

"L’histoire est une aventure abominable. Elle est boueuse, elle n’a pas de sens et elle massacre. Ses riches heures éblouissent, mais leurs guirlandes et leurs quinquets n’allument aucune fête ou bien c’est un carnaval de gisants.
Et pourtant, les hommes ont inventé leur demeure. Ils sont sortis de la forêt et ils ont érigé des villes.
Leurs monuments, leurs barrages, les usines et les ports, les routes, les châteaux et les bibliothèques, les musées ont ajouté aux géologies extravagantes de Dieu celles de leur décision.
Les cités étincellent sur l’espace pacifié des prairies. Une ceinture de lumière encercle la Terre.
Les savants ont dérobé à la nature ses secrets, ils énoncent le problème des astres et le chiffre de la matière, mais le mystère ne se défait que pour tracer d’autres arabesques. Tant de science et ces beaux frontons, ces auriges et ces capitaines, ces Parthénons et ces mégalopoles n’entament pas les splendeurs lisses du néant.
Sur la nuit de ses miroirs, les générations se succèdent, à tâtons, comme chancellent les aveugles de Jérôme Bosch."

dimanche 12 décembre 2021

Ken van Sickle - Untitled

Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe et cinéaste américain Kenneth van Sickle (b.1932), témoin élégant des bohèmes parisienne et new yorkaise des années 50 et 60..
Né en 1932 dans le New Jersey, il se distingue par son approche minimaliste et poétique, capturant l'essence de la vie urbaine à travers des scènes intemporelles et intimes. 
À l'âge de 23 ans, alors qu'il vit à Paris, il assiste dans un club à un concert de Chet Baker ; sans le sou il peine à s'acheter des rouleaux de pellicule et ne prend que deux clichés : l'un est flou, l'autre est réussi.
My pictures don't depend on extreme sharpness. They depend on the composition, on the subject, and on the way I see it.
Ses photographies parisiennes, prises dans les années 1950, sont ainsi empreintes d'une qualité romantique et onirique qui trahit l’influence de la photographie humaniste française.
Avec une texture granuleuse et un jeu subtil de lumière naturelle, ses images saisissent les moments candides et les coins tranquilles, offrant un regard unique sur le Paris de cette époque.

Ken v. Sickle - Colombus (1968)
À New York, Van Sickle a documenté des scènes de solitude et de beauté quotidienne au cœur de la ville animée, en jouant avec l'ombre et la lumière pour créer des compositions simples mais émotionnellement puissantes. En plus de la photographie, il s’est également investi dans le cinéma en tant que directeur de la photographie, appliquant son sens de la composition et de la narration aux images en mouvement.
Les œuvres de Kenneth van Sickle, qui offrent une perspective nostalgique et intemporelle sur la vie urbaine au milieu du XXe siècle, sont largement reconnues pour leur valeur artistique et historique.
Sa contribution à la photographie et au cinéma a marqué les arts visuels, le rendant précieux pour les amateurs et les institutions culturelles du monde entier ; son travail figure dans les collections du Metropolitan Museum of Art et du MoMA de New York.

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dimanche 5 décembre 2021

A.M. - Route de Hollande (c.1880)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre néerlandais Anton Mauve (1838-1888), membre majeur de l'École de La Haye, et premier professeur de peinture de Van Gogh dont il était cousin par alliance et sur qui il a exercé une influence marquante (Van Gogh lui a d'ailleurs dédié un tableau splendide, Souvenir de Mauve). Il l'a notamment initié à la peinture en plein air, dont Mauve était un fervent adepte, et les premières œuvres de Van Gogh en témoignent, notamment dans leur choix de sujets et leur palette sobre et terreuse.
Mauve est réputé pour ses paysages poétiques, souvent dominés par des tons gris, bruns et verts, en particulier pour ses représentations de scènes pastorales et de la vie rurale. En cela, il suit une tradition naturaliste influencée par les œuvres de peintres comme Jean-François Millet et l'école de Barbizon en France, qui cherchait à dépeindre le quotidien rural avec émotion et sincérité. Il était aussi un proche de Jozef Israels, présenté ici en novembre 2020.

A.M. - Bateau de pêche (1882)
Bien que son style soit réaliste, son approche délicate et sa palette douce ont valu à Anton Mauve l'étiquette de peintre de l'intimité et de la mélancolie pastorale. Il a, en plus de ses scènes de pâturages et de fermes, produit quelques marines et vues de plages. Ses œuvres se trouvent aujourd'hui dans de nombreux musées, notamment au Rijksmuseum d'Amsterdam et au Musée d'Orsay à Paris, où elles continuent de captiver par leur atmosphère paisible et leur sensibilité à la beauté simple de la campagne néerlandaise.

samedi 4 décembre 2021

Brandon Holland - Wind (2017)

Une image et des mots. Un cliché du photographe américain Brandon Holland.
Les mots sont du romancier et philosophe britannique John Cowper Powys (1872-1963), l'auteur du magnifique roman Les sables de la mer (1934).

Le vent qui fait frissonner l'herbe à son gré va et vient. Certains sont nés pour accueillir son message, d'autres pour le refuser. Chez ceux qui sont nés pour l'accueillir, on perçoit un étrange détachement des consolations d'ici-bas.

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dimanche 28 novembre 2021

Speedy Graphito - Carte d'artiste
(2021)

Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du graphiste Olivier Rizzo (b.1961), aka Speedy Graphito, déjà présenté ici le 14 février 2015, jour de la Saint Valentin.
Formé à l ESAIG de Paris (École supérieure des arts et industries graphiques, plus connue sous le nom d'École Estienne), il se situe au point d'articulation entre le mouvement de la figuration libre - illustré par des artistes tels que Combas en France ou Haring et Basquiat aux États-Unis -, et le Street Art des années 80.

Speedy Graphito
Délaissant ses diablotins emblématiques, Dédé le démon ou son personnage fétiche Lapinture (à gauche), Speedy Graphito rend aujourd'hui hommage à ses modèles (Van Gogh, Mondrian, ou comme ici, Hokusai) en revisitant joyeusement leurs oeuvres. "La constante, c'est le détournement".
Quand il confronte l'art des "Grands Maîtres" aux images de la culture populaire urbaine, des figures iconiques qui imprègnent notre mémoire collective consciente ou inconsciente, celui qui se définit comme un "DJ des arts plastiques" interroge profondément, en le réinventant, notre monde consumériste et ses représentations.
Pour en savoir plus sur lui et sur son oeuvre, c'est ICI.

samedi 27 novembre 2021

a/u
Une image et des mots. Montaigne, qui a vécu à une époque de grandes découvertes, était lui-même un grand voyageur qui a sillonné l'Europe. 
Il voulait, disait-il, frotter sa cervelle contre celle d'autrui, et c'est à lui que l'on attribue l'adage bien connu selon lequel les voyages forment la jeunesse.

Dans sa Vie des philosophes illustres, Diogène Laërce évoque Anacharsis, "voyageur sauvage poli par les moeurs étrangères", qui se serait "défait" de sa barbarie en fréquentant les Athéniens. 
Du philosophe Scythe, issu d'un peuple de cavaliers nomades qui dominait les steppes eurasiennes entre le VIIe siècle av. J.-C. et la fin de l'Antiquité, il rapporte ces paroles :
Moi je suis venu au pays des Grecs pour être instruit de leurs coutumes et de leurs pratiques. L'or, je n'en ai aucun besoin ; il me suffit de retourner chez les Scythes en homme meilleur.

Quant à Goethe, il nous dit : Veux-tu vivre heureux? Voyage avec deux sacs, l'un pour donner, l'autre pour recevoir.

dimanche 21 novembre 2021

Eugenia Loli - The other side
Le vide-grenier du dimanche. Je me rends compte que je n'ai bizarrement encore accordé dans ce blog aucune place au collage, qui est une forme d'expression artistique que j'aime pourtant beaucoup depuis toujours ; depuis en fait que je l'ai découverte avec Jacques Prévert dans ma prime adolescence. Alors en voici deux de l'artiste grecque Eugenia Loli (b.1973), déjà présentée ici en mai 2015 et en mars 2016, et qui revisite avec ses collages surréalistes et rétro-futuristes pleins d'une poésie teintée d'humour les images vintage des années 50. 
Après une carrière dans l'industrie technologique en Californie, elle s'est tournée vers la création artistique, où elle a rapidement gagné en popularité avec des œuvres qui mélangent des éléments vintage avec des thèmes contemporains pour créer des scènes semblant appartenir au rêve ou à des réalités parallèles.

E.Loli - Let me get that for you
Ces tableaux intrigants, qui explorent la condition et la psyché humaines, elle les compose en incorporant des images d'époque, des scènes de science-fiction et des symboles populaires piochés dans des magazines, des livres et des photographies anciennes. Ses collages sont souvent interprétés comme des commentaires sur la société moderne, l'individualité, et les dimensions intérieures de la réalité humaine. Le premier fait partie de sa série Reportaz, le second de la série Oh, l'amour !
Eugenia Loli cite comme ses principales influences Julien Pacaud ICI et Kieron Cropper ICI ; et pour découvrir son travail à elle, c'est ICI.
EL1

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dimanche 14 novembre 2021

John Bulmer - Manchester (1976)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photo-reporter anglais John Bulmer (b.1938), pionnier de la photo couleur britannique déjà présenté ici en octobre 2015.
Dans un entretien de décembre 2020 au magazine britannique Art Dependence, à propos de sa proximité avec les personnages photographiés :

Perhaps it was the influence of Cartier-Bresson, but I'd always been attracted to pictures that included people in their environment. My work as a news photographer has probably encouraged me to go in closer and get to the heart of the matter.

J. Bulmer - Manchester (1976)
Et sur ses autres influences :
Cartier-Bresson's pictures were full of humanity as well as capturing a decisive moment, Bill Brandt had a more built-in power, Larry Burrows raised the level of news photography to art.

dimanche 7 novembre 2021

T.B. Kennington - Orphans (1885)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres de l'anglais Thomas Benjamin Kennington (1856-1916), renommé pour ses œuvres réalistes et sociales, particulièrement celles qui abordent la pauvreté et les difficultés de la classe ouvrière dans l'Angleterre victorienne. Né à Grimsby, dans le Lincolnshire, Kennington a étudié l'art à l'École des Beaux-Arts de South Kensington (maintenant le Royal College of Art) et a poursuivi sa formation à l'Académie Julian à Paris où il a suivi l'enseignement de William Bouguereau. 

T.B.K. - Homeless (1890)
Ainsi, influencé à la fois par la tradition réaliste et la peinture académique européenne, Kennington réalise des œuvres poignantes qui se distinguent par leur approche empathique et leur attention méticuleuse aux détails, mettant en avant des thèmes sociaux tout en respectant une esthétique académique et soignée. Elles sont porteuses d'un puissant message humaniste, et dépeignent souvent les conditions de vie difficiles des démunis, comme dans ce tableau Homeless (1885), où il montre une femme et son enfant dans la froidure et la misère.
En 1886, Thomas Kennington a été l'un des fondateurs de la New English Art Club (NEAC), un collectif artistique alternatif qui offrait une plateforme différente de la Royal Academy pour les artistes souhaitant exposer leurs œuvres.

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samedi 6 novembre 2021

Gérard Exupéry - Leave

Une image et des mots. Je ne me souviens pas avoir déjà rêvé que j'étais en train de lire. 
Ça m'est donc arrivé pour la première fois une nuit de la semaine dernière et dans mon rêve je lisais un texte de Stevenson - qui, si j'écrivais moi-même serait un de mes modèles -, en revenant sans cesse sur les deux mêmes phrases : "Le dehors guérit" et "Là où je reste je ne suis pas chez moi". La première est bien de lui, mais la seconde sort de nulle part... 
C'est en voyant cette photo de Gérard Exupéry - déjà présenté ici en septembre 2011 - que je repense aujourd'hui à ce drôle de rêve. Et pour aller avec, voici quelques lignes extraites d'une nouvelle de Jack London (qui, si j'écrivais moi-même etc... etc...), La piste des soleils (1905).

... et dès ce jour-là j'acquis une grande sagesse. Une grande lumière se fit et je vis clair, et je compris que ce n'était pas pour l'argent qu'un homme doit vivre mais pour un bonheur qu'aucun homme ne peut donner, ni acheter, ni vendre, et qui est au-delà de la valeur de tout l'or du monde.

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dimanche 31 octobre 2021

Patrice Cudennec- Sans titre
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres de l'artiste breton Patrice Cudennec (b.1952), peintre, sculpteur et céramiste, découvert ces jours-ci dans sa galerie de Pont-Aven, la cité des peintres.
Artiste autodidacte né en Bretagne, qui est la source de son inspiration, il se passionne dès son enfance pour la mer et commence à s'intéresser au dessin en observant les nombreux artistes de sa région. En plus de sa carrière de peintre, il fonde la Faiencerie d'Art Breton à Quimper.

P. Cudennec - Sans titre
De tous ses visages, souvent légèrement inclinés sur l'épaule, émane la même impression de douceur mystique ; cette position, à la fois intime et délicate, invite l'observateur à pénétrer un univers intérieur qui semble empreint de calme et de sérénité, comme si le personnage représenté se fondait dans un espace de silence et de contemplation.
Période rose et période bleue, comme chez Picasso ? Non, Patrice Cudennec passe de l'une à l'autre sans que la mélancolie ait à y voir. Ou bien apaisée...

dimanche 24 octobre 2021

R.O. - Man in the rain, Manhattan, New York
(1952)
Le vide grenier du dimanche. Deux clichés de la photographe américaine Ruth Orkin (1921-1985), dont j'ai déjà présentée ici, en août 2010, son cliché le plus connu : An American girl in Italy.
Née à Boston et élevée à Los Angeles, Ruth Orkin développe très tôt une passion pour la photographie, et après avoir étudié brièvement à l'Université de Californie du Sud, elle déménage à New York où elle commence sa carrière en tant que photographe indépendante. Elle travaillera pour des magazines prestigieux comme Life, Look et The New York Times.

R.O. - The card players (1955)
My mother said that when I was young I was constantly saying "Look at this - Look at that". I think that taking pictures must be my way of asking people to "Look at this - Look at that".
If my photographs make the viewer feel what I did when I first took them - "Isn't this funny,... terrible... moving... beautiful?" - then I've accomplished my purpose.

samedi 23 octobre 2021

Karen Woods - Streetscape
Une image et des mots. L'image c'est un tableau de l'américaine Karen Woods (b.1963).
Les mots, quelques lignes de Thoreau extraites de Walden.

Au milieu d'une douce pluie, [....], je me rendis compte soudain d'une compagnie si plaisante et si bienfaisante dans la nature, dans le bruit régulier des gouttes qui tombaient, régulières, dans tous les sons et les spectacles qui entouraient ma maison, une affection bienveillante, infinie et inexplicable tout à coup... [....]
On me dit souvent : "Il me semble que vous devez vous sentir bien seul, là-bas, et que vous aimeriez être près de quelqu'un, surtout par temps de pluie et de neige, la nuit". J'ai envie de leur répondre : Toute cette terre où nous vivons n'est qu'un point dans l'espace.
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dimanche 17 octobre 2021

H. Silvester - Untitled (1950s)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe et militant écologiste allemand Hans W. Silvester (b.1938). Sa carrière débute à l’adolescence lorsque ses parents lui offrent son premier appareil photo. Dès la fin de ses études à l’école de Fribourg, en 1955, il se lance dans le reportage photographique, parcourant l’Europe et immortalisant notamment la Camargue, un travail qui lui vaut un succès immédiat avec son livre Camargue publié en 1960, accompagné d’un texte de Jean Giono. Dès lors, il va consacrer son art à documenter les pratiques et les traits culturels des populations qu'il rencontre, de la pétanque provençale aux peintures corporelles des peuples de la vallée de l’Omo, dont il mettra en valeur la créativité et leur lien étroit avec la nature.

H.S. - Sur la route, Tsiganes et Gitans
Et c'est pour la nature qu'à partir des années 1980, Hans Silvester s'engage pleinement dans une démarche militante en faveur de l'environnement. Il fait le tour pour les photographier de tous les parcs naturels d’Europe, et dénonce les conséquences dévastatrices de la déforestation en Amazonie. Parmi ses travaux les plus marquants figure un reportage sur la rivière Calavon, dans les Alpes de Haute-Provence, publié sous le titre La rivière assassinée, et une exploration des problématiques liées à l’exploitation forestière en Amérique du Nord.
Le regard que Hans Silvester porte aujourd'hui sur le monde est un appel à la préservation et au respect du monde naturel et humain.

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dimanche 10 octobre 2021

F. McCubbin - The letter (1884)

Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre australien Frederick McCubbin (1855-1917), un des cofondateurs de la Heidelberg School (voir sept. 2016), que l'on désigne aussi sous le nom d'impressionnisme australien. 
Le courrier, missive officielle ou billet doux, est un motif récurrent dans l'histoire de la peinture. Forcément illisible pour le spectateur (ou le "regardeur" comme disait Marcel Duchamp), la lettre consacre l'intime ; elle est un élément empli de mystère dont le sens, le contenu, restent à deviner dans l'attitude de celui ou celle qui en prend connaissance, dans l'expression de son visage, ou dans le contexte de sa lecture.... 

F. McCubbin - Down on his luck (1889)
De celle qui donne son titre à ce tableau, puisqu'elle est décachetée - ou relue - à la faveur d'une promenade solitaire, on a envie d'imaginer qu'elle porte un message intime, et qui s'adresse au coeur de cette élégante jeune femme.
Quant au second tableau, il nous donne à voir un swagman, un de ces travailleurs saisonniers itinérants qui sillonnaient l'Australie dans les grandes périodes de dépression économique - comme aux États-Unis le faisaient les hobos chantés par Woody Guthrie -, leurs maigres possessions enroulées dans ce qui leur servait de couche (le swag, ou bedroll) pour dormir à la belle étoile.

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dimanche 3 octobre 2021

A.S. Reese - Chuck in the tunnel

Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés de la photojournaliste américaine Andrea Star Reese (b.1952), déjà publiée ici en décembre 2017. Ils sont extraits de la série documentaire The Urban Cave, qu'elle a réalisée de 2007 à 2014 sur les sans-abri qui vivent dans les souterrains ferroviaires sous les rues de Harlem ; ce travail a fait l'objet d'un livre publié en 2015. 

A.S.R. - One of Lisa's eleven children


Basée entre New York, Seattle et Jakarta, Andrea Star Reese s'intéresse à des thèmes sociaux majeurs souvent liés à des communautés marginalisées ou invisibilisées.
Une autre de ses séries marquantes, "Disorder", se concentre sur les conditions de vie de personnes atteintes de troubles mentaux en Indonésie, en mettant en lumière des pratiques abusives comme le "pasung" (confinement forcé). Ce projet a contribué à une enquête de Human Rights Watch et à des réformes significatives en Indonésie.
À travers la photographie, Andrea Star Reese cherche à nous sensibiliser à des enjeux complexes, affirmant obstinément son engagement à documenter les injustices sociales tout en rendant hommage à la résilience humaine.
"Ce qui dérange la société, écrivait Lydia Perréal dans J'ai 20 ans et je couche dehors, c'est que nous sommes ses victimes. En nous elle voit ses mauvaises notes, ses erreurs accumulées, son égoïsme, ses poubelles qu'elle ne sait pas où vider, les preuves vivantes de son échec."
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samedi 2 octobre 2021

Maarten van Heemskerck - Geometry (16e)
Une image et des mots. 
En contemplant cette oeuvre du maître hollandais Maarten van Heemskerck (1498-1574), qui nous donne à voir deux hommes prenant la mesure du monde, pourrait nous venir l'image plus prosaïque de deux maquignons qui évaluent d'un bestiau ce qu'il pourra leur rapporter.

Les mots pour l'accompagner sont extraits de l'ouvrage de Riccardo Petrella, Le bien commun - Éloge de la solidarité, traduit et publié en France en 1996.

Selon les Nouvelles Tables de la Loi, le monde est composé d'une série de marchés à conquérir. Le monde n'est pas composé de sociétés, de populations ayant une histoire, une culture, des besoins, des projets. Avant la société, c'est le marché qui compte. [....]
Alors que l'on cherche à éduquer nos sociétés à privilégier un développement durable (sustainable development) sur le plan environnemental et social, l'économie, elle, obéissant à la culture de la conquête, affirme qu'il n'y a pas de durabilité possible : ce qui compte, c'est gagner maintenant.
[....] Le nouveau monde mondialisé est surtout considéré comme un ensemble d'espaces de nouveaux gisements de richesses à exploiter. Le "village global" est ressenti et vécu surtout en tant que nouveau terrain d'affrontement entre les meilleurs candidats au pouvoir mondial. [....] Une nouvelle génération de conquérants est née. (En son sein), les financiers (et les industriels qui poursuivent davantage une stratégie financière) constituent une catégorie à part. Dans leur cas, en général, la culture de la conquête se transforme en une logique de prédation...
[....] La prédation ne crée pas de richesse. Elle ne fait que la prendre là où elle est. Elle a pris l'ampleur qu'on lui connaît suite à la vague de libéralisation des mouvements de capitaux qui a déferlé sur le monde dans les années 80 ; à l'abandon des mécanismes de contrôle public sur les capitaux ; à l'existence de 37 paradis fiscaux dans plusieurs régions du monde, et au maintien du secret bancaire.
[....] La culture d'un peuple est devenue également un marché comme les autres, et donc un marché à conquérir ...

dimanche 26 septembre 2021

Trent Parke - Sydney Harbour (2006)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés de l'australien Trent Parke (b.1971), réputé pour son style caractérisé par des jeux de lumière et d'ombre et sa capacité à capturer des scènes ordinaires de manière dramatique et immersive.
En transformant des scènes quotidiennes en images presque oniriques, Trent Parke va au-delà de la simple démarche documentaire.
Ses séries comme Dream/Life et Minutes to Midnight par exemple, explorent des thèmes de la vie urbaine, de la solitude et de l'identité australienne avec une intensité visuelle qui rappelle le style du cinéma noir. Dans Minutes to Midnight, réalisée lors d'un voyage de 90 000 kilomètres à travers l’Australie, il dresse un portrait intime et parfois sombre de la culture et des paysages australiens, explorant des questions d'identité nationale, de patrimoine et d'isolement dans les vastes étendues du continent.

T.Parke - Sydney, Kirribilli (2006)
Le travail de Parke est aussi profondément personnel, comme le montre sa série The Black Rose qui aborde des thèmes de la mémoire, de la mortalité et de l'expérience humaine à travers des photographies mêlant moments quotidiens et méditation poétique. Ce projet très introspectif  est né après une période de perte et de deuil dans la vie de Parke, et témoigne de sa capacité à allier des émotions intenses à une maîtrise technique remarquable.
Ainsi Trent Parke continue de s’imposer comme une figure majeure de la photographie contemporaine, combinant une perspective documentaire avec une approche artistique et émotionnelle unique qui invite le spectateur à redécouvrir la beauté dans l'ordinaire.
Sa tendance à saturer les couleurs et à forcer sur les contrastes peut finir par lasser, et l'omniprésence des zones d'ombres être à la longue oppressante, mais certaines images sont vraiment belles, et c'est un plaisir de les partager.
Et après tout, ce n'est que mon opinion...
I am forever chasing light. Light turns the ordinary into the magical.

dimanche 19 septembre 2021

A.B. Swensson - Les escaliers (nd)

Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres, des huiles sur toile, de la suédoise Anette Björk Swensson (b.1956).
Après un passage par l'Art Student League de New York, de 1981 à 1983, elle retourne en Suède où elle vit et travaille aujourd'hui.
Son travail, caractérisé par des compositions visuelles poétiques, souvent empreintes d'une ambiance mélancolique et rêveuse et qui explorent régulièrement des thèmes autour de la mémoire et du temps qui passe, se situe à l'intersection de la photographie et des arts graphiques.

A.B.S. - En attendant (2018)
Anette Björk Swensson peint le familier, le quotidien qui l'entoure, dont elle veut mettre en valeur la beauté. N'importe quoi, dit-elle, peut éveiller ma curiosité et mon envie de peindre.
I'm inspired by light and shadows and what highlights everyday life as something worth noting
To see the simple and sometimes boring unimportant things as something attractive and beautiful.
L'artiste, écrit Le Clézio dans L'extase matérielle, nous montre du doigt une parcelle du monde.

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dimanche 12 septembre 2021

M. Bourke-White - Statue of Liberty (1930)

Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés de l'américaine Margaret Bourke-White (1904-1971), pionnière du photojournalisme, et figure emblématique de la photographie américaine du XXᵉ siècle.
Elle a marqué l’histoire en devenant la première femme photographe accréditée pour couvrir des zones de combat et l'une des premières à travailler pour le magazine Life, dont elle a réalisé la couverture inaugurale en 1936.

M. B-W. - Louisville, USA (1937)


Dès ses débuts, Margaret Bourke-White s'intéresse à la photographie industrielle, immortalisant la puissance des machines et l'esthétique des usines. Son regard novateur et sa capacité à capter la grandeur mécanique lui valent une reconnaissance rapide, qui se traduira notamment par sa collaboration avec des entreprises comme General Electric. Mais son travail évolue ensuite vers des sujets humains. Pendant la Grande Dépression, elle s'associe avec l'écrivain Erskine Caldwell, son époux, pour produire un livre marquant, You Have Seen Their Faces (1937), qui documente les conditions de vie des agriculteurs appauvris du Sud des États-Unis.
Photographe de guerre, elle est témoin de moments clés de l’Histoire, notamment en Europe pendant la Seconde Guerre mondiale. Elle suit le général Patton en Allemagne c'est elle qui documentera la libération du camp de concentration de Buchenwald. qui dévoile les horreurs de l'Holocauste. 
I was to discover that the quest for human understanding is a lifetime one that has no end in sight.
Plus tard, en Inde, elle photographie les derniers jours de Gandhi avant son assassinat.
Novatrice également sur le plan technique, Margaret Bourke-White laisse en héritage sa capacité unique à capturer les luttes, les triomphes et les bouleversements du XXᵉ siècle à travers des prises de vue audacieuses et des angles innovants, redéfinissant ainsi la photographie comme un puissant vecteur d’information et d’expression artistique.