In girum imus nocte et consumimur igni

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dimanche 20 octobre 2024

Beryl Cook - The dancer

Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres de l'artiste autodidacte anglaise Beryl Cook (1926-2008), très appréciée pour ses tableaux pleins d'humour, de vitalité et de personnages hauts en couleur. Son style, qu'on peut qualifier de "naïf" et de "populaire", quelque part entre un Dubout policé et un Botero festif, dépeint des scènes de la vie quotidienne avec un regard à la fois tendre et satirique.

Beryl Cook - Banjo players







Inspirée par sa fréquentation des pubs, elle représente avec malice et bienveillance des personnages exubérants, aux formes généreuses, des joyeux fêtards et des dondons en goguette qui sirotent leur cask beer dans des situations festives. Qu'il s'agisse de soirées dansantes, de pubs animés ou de plages ensoleillées, Beryl Cook a su saisir et dépeindre avec brio la culture populaire britannique, souvent avec une touche irrévérencieuse, en célébrant la joie de vivre et l'excentricité de ses compatriotes. Bien qu'elle n'ait jamais couru après les honneurs, son travail a acquis une large reconnaissance publique pour son authenticité, son sens de l'humour, et sa capacité à transmettre l'esprit de la vie quotidienne.

dimanche 13 octobre 2024

B.v.M. - Larry  his grandfather, Cumberland KY (1987)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés de la photographe néerlandaise Bertien van Manen (1935-2024).
Après avoir étudié les langues et littératures allemande et française à l'université de Leyde, elle se lance en 1974 dans la photographie de mode.
C'est la découverte de l'ouvrage de Robert Frank "The Americans", publié en 1958 (voir publication de novembre 2019), qui va la faire se détourner du monde de la mode pour se consacrer à la photographie documentaire.

I am guided more by a feeling and a search, a real longing, for some kind of meaning.

B.v.M. - Odessa, Station 16 (1992)
Désormais, elle va sillonner la Chine, les républiques de l'ex-URSS, et surtout la région des Appalaches aux États-Unis, où elle va partager la vie des fameux hillbillies (cliché 1).
Les hillbillies, ce sont ces paysans reculés des montagnes du Kentucky et du Tennessee, auxquels sont attachés des stéréotypes d'arriération et de violence, mis en scène en 1972 par John Boorman dans son film Délivrance et - de façon plus légère -, par le dessinateur Al Capp avec les aventures de Li'l Abner et de la famille Yokum (voir publication de janvier 2010) ; pendant presque trois décennies elle va documenter leur vie pour en témoigner dans son ouvrage "Moonshine" (2001), du nom du whisky distillé clandestinement dans ces régions pauvres de l'Amérique profonde.
BI3

ICI

dimanche 6 octobre 2024

B. Wegmann - Femme à la couture (1891)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres de Bertha Wegmann (1846-1926), une des artistes féminines les plus importantes du XIXe siècle au Danemark, notamment pour ses portraits et ses scènes de genre.
Elle s'est intéressée très jeune au dessin mais n'a reçu aucune formation formelle avant l'âge de 19 ans, lorsqu'elle a commencé à prendre des cours avec Frederik Ferdinand Helsted, Heinrich Buntzen et Frederik Christian Lund. Deux ans plus tard, grâce au soutien de ses parents, elle s'installe à Munich où elle vit jusqu'en 1881. Au début, elle étudie avec le peintre historique Wilhelm von Lindenschmit le Jeune, puis avec celui que de tous je préfère, le peintre de genre Eduard Kurzbauer. 

B.W. - Resignation (1890)

Mais elle ne se satisfaisait pas de l'enseignement en atelier et choisit d'étudier directement à partir de la nature.
Elle se lie d'amitié avec la peintre suédoise Jeanna Bauck, avec qui elle entreprend plusieurs voyages d'études en Italie et, en 1881, elles s'installent à Paris, où Wegmann participe à plusieurs salons. Elle retourne l'année suivante à Copenhague, où elle était déjà bien connue grâce aux œuvres qu'elle exposait depuis 1873 au Palais Charlottenborg. Un portrait de sa sœur - il est magnifique - lui valut la médaille Thorvaldsen en 1883. Quatre ans plus tard, Wegmann devient la première femme à occuper une chaire à l'Académie royale des beaux-arts du Danemark

samedi 5 octobre 2024

Brassaï - Rue de l'Hôtel de Ville, Paris (1932)

Une image et des mots. J'étais à la recherche de la poésie du brouillard qui transforme les choses, de la poésie de la nuit qui transforme la ville, de la poésie du temps qui transforme les êtres... Ce cliché est de Brassaï.
Et pour l'accompagner, voici quelques lignes d'Alexandre Vialatte extraites de son roman "Salomé" écrit en 1932 et publié pour la première fois en 1991.

Regarde au fond de la nuit noire et tu n'y verras que tes rêves. Solitude des maisons fermées. Que font ces âmes dans la nuit ? Désordre immense au fond des eaux calmes, suprême désordre des sommeils ...
[...] Une petite fille, les yeux ouverts, regardant au plafond de sa chambre, écoute un air venu de loin qui perce la nuit... [...] Deux flûtes, presque imperceptibles, au coeur des montagnes lointaines, tissent le destin dans leur navette. Les rêves passent au fond des ténèbres, les rêves défilent au fond des eaux comme des poissons maléfiques, brillants, que nos mains effarouchent, que nos torpeurs rendent hardis. La nuit descend, avec ses fards et ses opiums, et révèle l'envers du monde. Le jour brise comme la foudre ceux qui ont pris la nuit pour patrie. La nuit, patrie internationale, qui ne souffre pas de trahison ; océan pur d'où le poisson ne peut pas sortir sans en mourir ; le soleil foudroie les nocturnes, les mythiques. On dit qu'il existe, au fond des profondeurs abyssales, des poissons merveilleux ; s'ils remontent vers le soleil, trompés et séduits par l'ombre d'un navire, ils éclatent comme des bombes et rien ne reste de leurs entrailles dispersées.

S. Ghadirian - Be colourful (2002) Le vide-grenier du dimanche. Par ses photographies - et particulièrement celles de la série Like everyda...