In girum imus nocte et consumimur igni

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samedi 5 octobre 2024

Brassaï - Rue de l'Hôtel de Ville, Paris (1932)

Une image et des mots. J'étais à la recherche de la poésie du brouillard qui transforme les choses, de la poésie de la nuit qui transforme la ville, de la poésie du temps qui transforme les êtres... Ce cliché est de Brassaï.
Et pour l'accompagner, voici quelques lignes d'Alexandre Vialatte extraites de son roman "Salomé" écrit en 1932 et publié pour la première fois en 1991.

Regarde au fond de la nuit noire et tu n'y verras que tes rêves. Solitude des maisons fermées. Que font ces âmes dans la nuit ? Désordre immense au fond des eaux calmes, suprême désordre des sommeils ...
[...] Une petite fille, les yeux ouverts, regardant au plafond de sa chambre, écoute un air venu de loin qui perce la nuit... [...] Deux flûtes, presque imperceptibles, au coeur des montagnes lointaines, tissent le destin dans leur navette. Les rêves passent au fond des ténèbres, les rêves défilent au fond des eaux comme des poissons maléfiques, brillants, que nos mains effarouchent, que nos torpeurs rendent hardis. La nuit descend, avec ses fards et ses opiums, et révèle l'envers du monde. Le jour brise comme la foudre ceux qui ont pris la nuit pour patrie. La nuit, patrie internationale, qui ne souffre pas de trahison ; océan pur d'où le poisson ne peut pas sortir sans en mourir ; le soleil foudroie les nocturnes, les mythiques. On dit qu'il existe, au fond des profondeurs abyssales, des poissons merveilleux ; s'ils remontent vers le soleil, trompés et séduits par l'ombre d'un navire, ils éclatent comme des bombes et rien ne reste de leurs entrailles dispersées.

samedi 3 juin 2023

Alfred Nybom - Maud Allan (1905)
Une image et des mots. Cette belle jeune femme, depuis longtemps redevenue poussière, était une danseuse étoile, chorégraphe, pianiste et compositrice américano-canadienne. 
Maud Allan (1873-1956) se rendit célèbre pour son incarnation  de la mythique Salomé.
Pour accompagner ce portrait qu'en fit le photographe pictorialiste finlandais Alfred Nybom, voici quelques lignes de Jules Laforgue, extraites de la facétieuse évocation qu'il nous donne dans "Moralités légendaires" (1887) de la fille d'Hérodiade.

Après un sommaire abatage de théogonies, théodicées et formules de la sagesse des nations (cela du ton bref d’un chef de chœurs qui dit :
« Une mesure pour rien, n’est-ce pas ? ») Salomé reprit son garulement mystique délirant un peu, la face bientôt renversée, la pomme d’Adam sautant à faire peur — comme plus bientôt elle-même qu’un tissu arachnéen avec une âme en goutte de météore transparaissant.

Ô marées, hautbois lunaires, avenues, parterres au crépuscule, vents déclassés des novembres, rentrée des foins, vocations manquées, regards des animaux, vicissitudes ! — Mousselines jonquille à pois funèbres, yeux décomposés, sourires crucifiés, nombrils adorables, auréoles des paons, œillets chus, fugues sans rapport. On se sentait renaître inculte, jeune au delà, l’âme systématique s’expirant en spirales à travers des averses aux clameurs indubitablement définitives, pour le bien de la Terre, et compris de partout, palpé de Varuna, l’Air Omniversel, qui s’assurait si l’on était prêt.

S. Ghadirian - Be colourful (2002) Le vide-grenier du dimanche. Par ses photographies - et particulièrement celles de la série Like everyda...