In girum imus nocte et consumimur igni

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samedi 5 octobre 2024

Brassaï - Rue de l'Hôtel de Ville, Paris (1932)

Une image et des mots. J'étais à la recherche de la poésie du brouillard qui transforme les choses, de la poésie de la nuit qui transforme la ville, de la poésie du temps qui transforme les êtres... Ce cliché est de Brassaï.
Et pour l'accompagner, voici quelques lignes d'Alexandre Vialatte extraites de son roman "Salomé" écrit en 1932 et publié pour la première fois en 1991.

Regarde au fond de la nuit noire et tu n'y verras que tes rêves. Solitude des maisons fermées. Que font ces âmes dans la nuit ? Désordre immense au fond des eaux calmes, suprême désordre des sommeils ...
[...] Une petite fille, les yeux ouverts, regardant au plafond de sa chambre, écoute un air venu de loin qui perce la nuit... [...] Deux flûtes, presque imperceptibles, au coeur des montagnes lointaines, tissent le destin dans leur navette. Les rêves passent au fond des ténèbres, les rêves défilent au fond des eaux comme des poissons maléfiques, brillants, que nos mains effarouchent, que nos torpeurs rendent hardis. La nuit descend, avec ses fards et ses opiums, et révèle l'envers du monde. Le jour brise comme la foudre ceux qui ont pris la nuit pour patrie. La nuit, patrie internationale, qui ne souffre pas de trahison ; océan pur d'où le poisson ne peut pas sortir sans en mourir ; le soleil foudroie les nocturnes, les mythiques. On dit qu'il existe, au fond des profondeurs abyssales, des poissons merveilleux ; s'ils remontent vers le soleil, trompés et séduits par l'ombre d'un navire, ils éclatent comme des bombes et rien ne reste de leurs entrailles dispersées.

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