In girum imus nocte et consumimur igni

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dimanche 27 mars 2022

M. van Dokkum - A man's world

Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre et illustrateur néerlandais Marius van Dokkum (b.1957). Né en 1950 à Zwolle, il a étudié à à l'Académie chrétienne des arts visuels de Kampen et s'est fait un nom avec ses compositions souvent teintées d'humour, qui capturent des moments de la vie quotidienne avec une touche de satire sociale.

M. van Dokkum - Poulailler (2004)



Son travail témoigne d'une attention particulière aux détails, avec une palette de couleurs enjouées et pleines de vie. Parmi ses influences, il cite aussi bien Henk Helmantel (dont j'aime beaucoup les natures mortes) et Maarten 't Hart (le peintre, pas l'écrivain) que des maîtres anciens tels que Rembrandt, Hans Holbein, Jan Steen ou encore Vermeer.
Il s'est dit aussi énormément fasciné par Velázquez, grand humoriste de la cour du roi d'Espagne Philippe IV comme en témoigne son fameux autoportrait de 1643.

samedi 26 mars 2022

Une image et des mots. J'ignore qui est l'auteur de cette belle photo.
Anaxagore, nous dit Aristote dans le Livre IV de Parties des animaux, prétend que c'est parce qu'il a des mains que l'homme est le plus intelligent des animaux.
L'Académicien soutient le contraire, arguant que c'est parce qu'il est intelligent, et donc parce qu'elle le juge capable de s'en servir, que la nature l'a doté de cet outil.
Les mots pour accompagner l'image sont attribués, à tort je crois, à Paul Valéry, sans doute inspirés par son affirmation dans L'idée fixe selon laquelle la peau serait ce qu'il y a de plus profond chez l'homme.

Si vous saviez combien la peau est profonde. Oui cela dépend comme on la caresse. Il y a des personnes qui vous effleurent comme une écorce et d'autres qui vous remuent jusqu'à la sève. Il y a des mains qui vous chosifient, vous bestialisent, et il y a des mains qui vous apaisent, vous guérissent et quelquefois même vous divinisent.
Mais la main peut-elle atteindre ce que le coeur refuse ?

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dimanche 20 mars 2022

Robert Crumb - Mr. Natural
Le vide-grenier du dimanche. Comme chaque année, à l'occasion du Festival de la BD d'Angoulême qui cette année s'est exceptionnellement tenu en mars, un petit hommage quelques-uns de mes "héros", avec ici un clin d'oeil à ceux qui se sont nourris de la "philosophie" de Mr. Natural et des (Fabulous Furry) Freak Brothers.

G.Shelton - The Freak Brothers









À noter que les deux dessinateurs sont aussi musiciens, Gilbert Shelton avec Les Blum Brothers, une formation New Orleans créée à Paris avec Bruno Blum, et Robert Crumb avec ses Cheap Suit Serenaders (musique ci-dessous).
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dimanche 13 mars 2022

E. Boubat - Montmartre, Paris (1948)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe Édouard Boubat (1923-1999), un des grands maîtres de la photographie humaniste déjà présenté ici en avril 2021.
Les enfants qui s'aiment s'embrassent debout contre les portes de la nuit, écrivait Jacques Prévert, pour qui Boubat était un "correspondant de paix".

E. Boubat - Paris (1968)

Édouard Boubat s’intéresse aux gens, à leur vie, à leurs gestes ; il capture avec délicatesse l'intimité et la poésie des instants fugaces.
Remarquable pour sa capacité à révéler la beauté et la lumière dans les choses simples, son œuvre continue d’inspirer par son universalité et son regard bienveillant sur le monde.
Faire de jolies photos n'est pas mon problème, même si j'aime parfois montrer des bouquets de fleurs. Mais qu'est-ce que ça veut dire, montrer un bouquet de fleurs ? Ça veut dire que le photographe sait que, derrière, il a toute la misère du monde. À travers ce bouquet de fleurs, il va peut-être toucher quelque chose.

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dimanche 6 mars 2022

Ivan Marchuk - Tendresse (1984)

Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre ukrainien Ivan Marchuk (b.1936), figure majeure de l'avant-garde ukrainienne. De 1951 à 1956 il étudie à l’École d’Arts Appliqués de Lviv, où des enseignants progressistes l'encouragent à dépasser les limites imposées par le réalisme socialiste. En 1959, il rejoint un groupe clandestin dirigé par un de ses professeurs, Karl Zvirynskyi, qui l'initie à l’art non-autorisé, à l’histoire, la musique, la littérature et la religion. Après son service dans l’armée soviétique, et pour subvenir à ses besoins, Marchuk réalise des affiches pour des usines, des clubs et des théâtres. Il travaille ensuite à l’Académie des Sciences d’Ukraine et crée des illustrations pour diverses publications soviétiques.

I.M. - Nuit dans la steppe (1984)

Mais le KGB commence à le surveiller pour ses penchants non-conformistes, et le harcèlement atteint un pic dans les années 1970. Les autorités soviétiques critiquaient notamment ses couleurs sombres, jugées contraires aux représentations habituellement lumineuses du réalisme socialiste. Elles suspectaient également Marchuk de sympathies nationalistes ukrainiennes du fait de son origine et de sa langue. En raison de son exclusion de l’Union des Artistes de l’URSS, il ne pouvait pas exposer ni vendre ses œuvres, et ce n’est qu’en 1980, avec le soutien des écrivains Pavlo Zahrebelnyi et Dmytro Pavlychko, qu’il a pu tenir une première exposition à Kyiv.
Après l’arrivée de Gorbatchev au pouvoir en 1985, le KGB a cessé de le persécuter et Marchuk a pu envisager d’émigrer. En 1989, il obtient un visa pour l’Australie, où ses œuvres sont bien accueillies, puis il séjourne à Toronto, et enfin à New York avant de revenir s'installer à Kiev.
Malgré ses voyages, qui l'auront tenu éloigné de l'Ukraine pendant 12 ans, Marchuk n’a jamais perdu son attachement à sa terre natale, représentant fréquemment des paysages ukrainiens dans ses dessins méticuleux : né dans une famille de tisserands, il a développé une technique de peinture originale et très personnelle que la critique a désigné sous le nom de pliontanisme (pleuntanizm), du dialectisme ukrainien occidental пльонтати — tisser, entrelacer, et dont le tableau ci-dessus est une illustration. En 2001, il a donc décidé de revenir en Ukraine, où il est aujourd’hui reconnu comme un artiste majeur.
Donnez-moi mille ans, dit-il un jour, et je peindrai le ciel.

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samedi 5 mars 2022

Anonyme - Inna Shevshenko, Paris
Une image et des mots. La femme est un démon pour les religieux.
J'ai choisi, à quelques jours de la Journée internationale de la femme - et deux semaines après le début de l'agression de l'Ukraine par la Russie -, de rappeler ces mots de l'activiste et militante ukrainienne Inna Shevshenko.
La voici en 2013 dans un quartier de Paris, au moment où elle se vit accusée d'islamophophie pour un tweet où elle interrogeait :
Qu'est-ce qui peut être plus stupide que le Ramadan ? 
Qu'est-ce qui peut être plus laid que cette religion ?
Que l'on adhère ou pas à ses positions et à ses méthodes, il faut saluer le courage de cette femme qui face à Loukachenko (qui l'a faite enlever et torturer), et face à Poutine encore, incarne aussi aujourd'hui toute la bravoure des femmes ukrainiennes.
On ne sait rien de l'admirable activité des femmes, et même les féministes ignorent les trois-quarts de ce qu'ont fait, dans tous les ordres de préoccupations humaines, leurs aïeules, leurs mères, ... ou leurs contemporaines. Marguerite Durand (1932), fondatrice en 1897 du journal La Fronde.
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