In girum imus nocte et consumimur igni

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dimanche 6 mars 2022

Ivan Marchuk - Tendresse (1984)

Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre ukrainien Ivan Marchuk (b.1936), figure majeure de l'avant-garde ukrainienne. De 1951 à 1956 il étudie à l’École d’Arts Appliqués de Lviv, où des enseignants progressistes l'encouragent à dépasser les limites imposées par le réalisme socialiste. En 1959, il rejoint un groupe clandestin dirigé par un de ses professeurs, Karl Zvirynskyi, qui l'initie à l’art non-autorisé, à l’histoire, la musique, la littérature et la religion. Après son service dans l’armée soviétique, et pour subvenir à ses besoins, Marchuk réalise des affiches pour des usines, des clubs et des théâtres. Il travaille ensuite à l’Académie des Sciences d’Ukraine et crée des illustrations pour diverses publications soviétiques.

I.M. - Nuit dans la steppe (1984)

Mais le KGB commence à le surveiller pour ses penchants non-conformistes, et le harcèlement atteint un pic dans les années 1970. Les autorités soviétiques critiquaient notamment ses couleurs sombres, jugées contraires aux représentations habituellement lumineuses du réalisme socialiste. Elles suspectaient également Marchuk de sympathies nationalistes ukrainiennes du fait de son origine et de sa langue. En raison de son exclusion de l’Union des Artistes de l’URSS, il ne pouvait pas exposer ni vendre ses œuvres, et ce n’est qu’en 1980, avec le soutien des écrivains Pavlo Zahrebelnyi et Dmytro Pavlychko, qu’il a pu tenir une première exposition à Kyiv.
Après l’arrivée de Gorbatchev au pouvoir en 1985, le KGB a cessé de le persécuter et Marchuk a pu envisager d’émigrer. En 1989, il obtient un visa pour l’Australie, où ses œuvres sont bien accueillies, puis il séjourne à Toronto, et enfin à New York avant de revenir s'installer à Kiev.
Malgré ses voyages, qui l'auront tenu éloigné de l'Ukraine pendant 12 ans, Marchuk n’a jamais perdu son attachement à sa terre natale, représentant fréquemment des paysages ukrainiens dans ses dessins méticuleux : né dans une famille de tisserands, il a développé une technique de peinture originale et très personnelle que la critique a désigné sous le nom de pliontanisme (pleuntanizm), du dialectisme ukrainien occidental пльонтати — tisser, entrelacer, et dont le tableau ci-dessus est une illustration. En 2001, il a donc décidé de revenir en Ukraine, où il est aujourd’hui reconnu comme un artiste majeur.
Donnez-moi mille ans, dit-il un jour, et je peindrai le ciel.

Markus Hartel - Sans titre Une image et des mots.  Aborder le sujet des idées, c'est rapidement traiter de leur échange et de leur parta...