In girum imus nocte et consumimur igni

In girum imus nocte et consumimur igni
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dimanche 29 juillet 2012

Ch.Sheeler - Ford, River Rouge (1927)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres de l'américain Charles Sheeler (1883-1965), peintre et photographe majeur du mouvement moderniste, et reconnu pour son rôle central dans le développement du réalisme industriel et du précisionnisme. Formé à l’Art Students League de New York, il s’est d’abord illustré en photographie avant de se tourner vers la peinture, où il applique un style très épuré, géométrique, presque architectural, influencé par la montée des usines et des machines dans l’Amérique industrielle du début du XXe siècle. 
La photographie ci-contre fait partie d'une série de clichés commandés par le constructeur automobile Ford sur ses usines de Detroit ; elle est une célébration de la puissance du progrès des débuts de l'ère industrielle.
Ch.S. - American landscape (1931)

J'ai observé - et admiré - un bon nombre d'oeuvres de Sheeler, et l'homme le plus souvent en est absent. Totalement absent même, quand son travail, son intervention, semblent effacés pour ne conserver et ne donner à voir que des formes épurées, quintessentielles. Quel est alors le sens de la présence sur la toile ci-contre d'un homoncule presque inaperçu ? Est-ce pour marquer la place infime qu'il occupera désormais dans le paysage américain ?
Ou au contraire pour souligner le gigantisme des réalisations de cet être d'apparence insignifiante et la prouesse de ses accomplissements ?

GW1

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samedi 28 juillet 2012

R. Adams - Santa Ana Wash, Redlands, California (1983)
Une image et des mots. L'image, c'est ce cliché du photographe américain Robert Adams, né en 1937 dans le New Jersey, et membre dans les années 70 du mouvement des "Nouveaux topographes".
Les mots sont du poète péruvien César Vallejo (1892-1938), extraits du recueil Poèmes humains.

Hasta el día en que vuelva...

Hasta el día en que vuelva, de esta piedra
nacerá mi talón definitivo,
con su juego de crímenes, su yedra,
su obstinación dramática, su olivo.

Hasta el día en que vuelva, prosiguiendo,
con franca rectitud de cojo amargo,
de pozo en pozo, mi periplo, entiendo
que el hombre ha de ser bueno, sin embargo.

Hasta el día en que vuelva y hasta que ande
el animal que soy, entre sus jueces,
nuestro bravo meñique será grande,
digno, infinito dedo entre los dedos.

***

Jusqu'au jour de mon retour, naîtra de cette pierre
l'empreinte définitive de mon talon,
avec son jeu de crimes, son lierre,
sa dramatique obstination, son olivier.

Jusqu'au jour de mon retour, je poursuivrai,
avec la franche rectitude d'un triste boiteux,
chute après chute mon périple pour comprendre
que l'homme doit être bon, envers et contre tout.

Jusqu'au jour de mon retour, jusqu'au jour où
l'animal que je suis ira trouver ses juges,
notre brave petit doigt sera grand,
digne, doigt infini entre tous les doigts.
TZ2

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dimanche 22 juillet 2012

C. Hassam - The South Ledges, Appledore (1913)

Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre impressionniste américain Childe Hassam (1859-1935), déjà présenté ici en mai 2011.
Formé à l’Académie Julian à Paris, où il réside de 1886 à 1889, il y suit l’enseignement de Jules Joseph Lefebvre et découvre l’impressionnisme français, qui marquera profondément son travail.
C.H. - The evening star (1891)

De retour aux États-Unis, il adapte cette esthétique aux sujets de son propre environnement : rues animées de New York, jardins fleuris, rivages de la Nouvelle-Angleterre… Il devient l’un des principaux représentants du mouvement impressionniste américain, et va largement contribuer à sa reconnaissance.
Avec Thomas Dewing (voir sept. 2011) Childe Hassam fait partie des membres fondateurs du groupe des Ten American Painters, créé en 1897 par des artistes ayant quitté la Société des artistes américains pour dénoncer son orientation jugée trop commerciale.

GM1

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dimanche 15 juillet 2012

W.E. - Laura Minnie Lee Tengle
(1936)

Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés de Walker Evans (1903-1975), grand nom de la photographie documentaire américaine.
Formé à la littérature française à la Sorbonne, Evans se tourne vers la photographie à la fin des années 1920, influencé notamment par l’esthétique du réalisme littéraire et par les photographes européens comme Eugène Atget, qu'il découvre grâce à Bérénice Abbott. Installé à Brooklyn, où il fréquente le milieu artistique, il photographie les maisons des banlieues américaines et, dès 1933, une série de plusieurs dizaines de photos consacrées à l'architecture victorienne de Boston sera exposée au MoMA.

Walker Evans
À partir de 1935, il travaille comme d'autres grands photographes américains pour la Farm Security Administration (FSA) et documente la vie rurale et les effets de la Grande Dépression (voir publication du 18/12 2011) ; il s'est illustré, à ce titre, comme l'une des grandes figures humanistes de la photographie américaine.
Laura Minnie Tengle (parfois orthographié Tingle) était la fille d'un métayer du comté de Hale, dans l'Alabama. That's my idea of what a portrait ought to be, anonymous and documentary and a straightforward picture of mankind. Good photography is unpretentious.

dimanche 8 juillet 2012

Martin Martincek - Haystacks in Liptov (1960s)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe slovaque Martin Martincek (1913-2004). Évidemment je ne publie ici que ce que j'aime, mais lui je l'aime vraiment beaucoup.
Il ne fait pas partie des très grands noms de la photographie documentaire, à laquelle il n'a pu se consacrer sérieusement qu'assez tard, et son oeuvre concerne surtout la vie des gens de Liptov, sa région natale, que l'on voit ici aux champs.

Martin Martincek - Untitled (1960s)

Le choix du plan large sur ce beau paysage où l'on ne distingue que cinq, peut-être six figures humaines, ne nous permet pas de voir leurs visages, au repos ou à la peine.
Ce que l'on voit c'est leur travail, la multiplication des andains et des granges à foin, toutes sauf une orientées est-ouest pour un meilleur séchage...
Ce que l'on voit, c'est mieux que la fatigue sur les visages...;  c'est juste une ligne ou deux dans la courte histoire de ces créatures minuscules, mais elles sont l'histoire de l'humanité entière. Et c'est ce qui les grandit.
La puissance du second cliché est d'un autre ordre. Deux hommes croisent un prêtre, se découvrent et s'agenouillent dans la boue.. Une femme, plus loin, est peut-être sortie de sa maison pour faire de même. On comprend alors, bien qu'il s'éloigne en nous tournant le dos, que l'homme en blanc apporte la communion à un mourant.

samedi 7 juillet 2012

A.Simonetti - Et elle ne revint jamais
Une image et des mots. La voix de la mer, écrivait Kate Chopin dans "L'Éveil" (1899), est séductrice ; sans jamais se lasser elle chuchote, gronde, murmure, invite l'âme à errer pour un temps dans des abîmes de solitude ; à se perdre dans des dédales de contemplation intérieure.
Une toile du napolitain Alfonso Simonetti (1840-1892), avec pour l'accompagner un beau rondeau de Clément Marot (1496-1544)

"A la jeune Dame, mélancolique et solitaire"

Par seule Amour qui a tout surmonté,
On trouve grâce en divine bonté,
Et ne la fault par aultre chemin querre:
Mais tu la veulx par cruaulté conquerre,
Qui est contraire à bonne volunté.

Certes c'est bien à toy grand' cruaulté,
D'user en deuil la jeunesse et beaulté,
Que t'a donné Nature sur la terre
Par seule Amour.


En sa verdeur se resjouist l'Esté,
Et sur l'Yver laisse joyeuseté:
En ta verdeur plaisir doncques asserre,

Puis tu diras si vieillesse te serre
Adieu le temps, qui si bon a esté
Par seule Amour.

LV1
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dimanche 1 juillet 2012

E. D. - Road, East of England (1997)

Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photograveur anglais Edward Dimsdale (b.1965). Natif de Londres, c'est au cours de ses études en sciences sociales à l'Université de Bristol qu'il commence à s'intéresser à la photographie.
Dès le début, il expérimente divers procédés de développement, notamment en réalisant des tirages avec des négatifs papier.
C'est une technique qui remonte aux débuts de la photographie ; le britannique William Henry Fox Talbot utilisait du papier pour créer les premiers négatifs (les procédés photographiques antérieurs n'avaient pas de négatifs et ne pouvaient produire qu'une seule image).

E. Dimsdale (n/d)
Tout en perfectionnant sa maîtrise de la chambre noire auprès de photographes de mode à Londres et à Paris, Dimsdale poursuit ses expériences avec des négatifs papier et affine son style original. Aujourd'hui, il commence ses tirages avec des négatifs standards, et il utilise ensuite une série de positifs et de négatifs intermédiaires jusqu'aux tirages finaux qu'il complète en les rehaussant d'un mélange de sélénium et d'or..
L'oeuvre de Dimsdale est marquée par une esthétique minimaliste, presque contemplative : les images ainsi créées, réduites par le photographe à leurs éléments les plus élémentaires à partir d'un détail ou d'une atmosphère qui résonnent en lui, sont à la fois subtiles et complexes, et toujours très évocatrices. Mais pour lui la boucle n'est bouclée qu'avec l'intervention du spectateur : "the original resonance is only fully revived when it is inspired back to life by the viewer - by contact with a receptive eye, heart, and mind."

GH1
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NY4 ICI