In girum imus nocte et consumimur igni

In girum imus nocte et consumimur igni
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dimanche 27 novembre 2011

Lee Cohen - Haïti (2010)
Le vide-grenier du dimanche.
Il y a des murs impensables, comme au delà des sept mers cette chaîne de montagnes fabuleuses qui pour les hindous sépare les mondes visible et invisible, ou comme le mur infinitésimal de Planck qui ceint l'univers et par delà lequel le temps devient imaginaire.
Il y a des murs invisibles, des murs d'airain qui se dressent entre les hommes; ceux de l'incompréhension, du silence, et de l'oubli.
Il y a aussi des murs visibles, fragiles ou épais, des murs aveugles, des murs "qui ont des oreilles"...; des murs domestiques, où nichent le loir et le moineau, qui nous protègent de l'intempérie et soustraient notre intimité au regard d'autrui...
M. Cook - Stone walls

La première photo, de Lee Cohen, montre des livres emprisonnés sous les décombres d’un immeuble après le séisme qui a ravagé Haïti en 2010. La seconde appartient à une série que Mariana Cook a consacrée pendant huit ans aux murs de pierre sèche, et qui vient de faire en juillet dernier chez Damiani l'objet beau livre intitulé Stone Walls – Personal Boundaries.
Mais dans un autre ouvrage, intitulé "Des murs entre les hommes" et paru en 2008, (ed. Documentation Française), c'est de murs politiques que nous parlent Alexandra Novosseloff et Franck Neisse. De ceux qui séparent, qui divisent, qui repoussent : le mur de Berlin, le béton des Peace Lines à Belfast, la barrière électrifiée entre Indiens et Pakistanais au Cachemire, les barbelés dans la zone démilitarisée entre les deux Corées, la ligne verte à Chypre, le mur en Palestine, le mur entre les États-Unis et le Mexique, le mur d'Hadrien entre l'Angleterre et l'Écosse, le mur de Berlin, ou encore la grande Muraille de Chine...
Et pour faire tomber des murs, c'est ICI.

samedi 26 novembre 2011

Otto Dix - Lever de soleil
Une image et des mots. Une oeuvre d'Otto Dix, peintre impitoyable de la guerre, et qui fera l'objet d'une publication.
Les mots sont un extrait du livre de Tim O'Brien, À propos de courage, qui vint d'être traduit et publié en France par Gallmeister.

C'était des durs.
Ils portaient le bagage émotionnel d'hommes qui sont susceptibles de mourir. Le chagrin, la terreur, l'amour, la nostalgie - tout cela était intangible, mais ces choses intangibles avaient leur propre masse et leur gravité spécifique, elles avaient un poids tangible.
[.....]
Et ils rêvaient alors à des oiseaux de liberté.
GP1

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dimanche 20 novembre 2011

P. Smith - Self portrait (1969)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres de Patti Smith, vue vendredi au Rocher de Palmer, à Bordeaux. Un concert magnifique. 

P.S. - Portrait of Rimbaud
(1973)
I was a wing in heaven blue
soared over the ocean
soared over Spain
and I was free
needed nobody
it was beautiful
it was beautiful


La beauté, écrivait Simone Weil, c'est l'harmonie du hasard et du bien.... (La Pesanteur et la Grâce, 1947).

PS1
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dimanche 13 novembre 2011

Isabel Quintanilla - Vaso (1969)
 Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres d'Isabel Quintanilla, (b.1938), fille d'un officier républicain mort dans le camp de concentration franquiste de Valdenoceda. 

I.Q. - Cuarto de baño (1968)
Elle s'attache à la peinture réaliste de la vie quotidienne et des objets simples qui l'occupent, et je rêve d'une poésie qui y ressemble... 
O ressources infinies de l'épaisseur des choses, rendues par les ressources infinies de l'épaisseur sémantique des mots, nous dit Francis Ponge...
TZ1

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dimanche 6 novembre 2011

Alfred Stieglitz - The Terminal (1892)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du photographe américain Alfred Stieglitz (1864-1946), évoqué au mois de mai dernier à propos du travail de Wynn Bullock. L'un des premiers à faire de la photographie une oeuvre d'art, il a largement contribué à donner au pictorialisme une dimension internationale, et c'est logiquement qu'en 1902 il fonde avec Edward Steichen et Clarence White - sur le modèle du Linked Ring britannique -, l'association Photo-Secession dont le propos est de faire reconnaître la photographie comme moyen d'expression artistique.

A.S.  - The steerage (1907)
Le cliché du Terminal a été pris avec un petit appareil 4x5, au lieu d'un 8x10 qui à cette époque était considéré indispensable à qui prétendait faire de la photographie artistique. Le 8x10, encombrant, exigeait un pied, quand au contraire le petit format permettait à Stieglitz de courir les rues et de saisir au vol les scènes spontanées et imprévisibles de la vie quotidienne...
Le second cliché - en français l'entrepont - figure au rang des oeuvres majeures de la photographie. Elle est en effet une des premières oeuvres du courant moderniste, à quoi s'ajoute une grande valeur documentaire sur l'histoire des migrations humaines. 
Je pense en la voyant à ces deux vers de Desnos ...
Comme l'espace entre eux devient plus opaque,
Le signe des mouchoirs disparut pour jamais.

samedi 5 novembre 2011

Elisabeth W. Roberts - Sailing along the Nile
(1904)
Une image et des mots. "I can paint as well as any man", protestait Elizabeth Wentworth Roberts (1871-1927), native de Philadelphie, alors qu'elle étudiait la peinture à l'Académie Julian, à Paris, où hommes et femmes étaient séparés. Plus tard, elle partit à Florence pour y réaliser des copies d'oeuvres de Botticelli et étudier les techniques des grands maîtres. 
Cette toile, Sailing along the Nile (1904), exposée un temps au Art Institute de Chicago, me rappelle ces lignes de l'égyptien Albert Cossery...
Elles sont extraites de la nouvelle "Le facteur se venge", publiée en France chez Losfeld dans un court recueil intitulé Les hommes oubliés de Dieu (1946).

"Sur le mur de la boutique blanchie à la chaux, une peinture populaire représentait une berge du Nil avec un voilier debout sur le fleuve, immobile comme s'il ne voulait plus se mouvoir, mais rester toujours ainsi, ayant peur du large et du vaste inconnu. Et il semblait que tout, quartier, êtres et choses, s'était figé comme ce voilier peint sur le mur, ne voulant plus comprendre qu'on puisse bouger; espérer d'autres buts que ceux déjà atteints; aller toujours plus loin sur la route... Et que c'était une folie."
DG1

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A.M. - Vieux coeur de frêne Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe français Albert Monier (1915-1998), un de ceux dont l’œ...