Reiser

Le vide-grenier du dimanche. C'est aujourd'hui la clôture de la 51ème édition du Festival international de la bande dessinée d'Angoulême ; et comme chaque année à la même époque je rends hommage à un dessinateur qui a beaucoup compté pour moi.

Binet - Les Bidochon

Jean-Marc Reiser (1941-1983) est un des fondateurs, avec Georges Bernier (Professeur Choron), François Cavanna, et Fred, de l'irremplaçable journal satirique Hara-Kiri.

De quoi est capable une société d'abondance, pour ne pas perdre son abondance ?

Tore Johnson

Une image et des mots. Un cliché du photographe suédois, d'origine française, Tore Johnson (1928-1980), présenté ici en novembre 2008.

On rencontre sa destinée souvent par des chemins qu'on prend pour l'éviter, nous dit La Fontaine dans la fable L'Horoscope (1678).

Pour accompagner cette image qui illustre si bien ce que l'on nomme "l'ironie du sort", je me suis souvenu de ce passage d'un curieux roman de Cocteau, Le grand écart (1923).

Un jeune jardinier persan dit à son prince:

- J'ai rencontré la Mort ce matin, elle m'a fait un geste de menace. Sauve-moi! Je voudrais être par miracle à Ispahan ce soir.

Le bon prince prête ses chevaux. L'après-midi, ce prince rencontre la Mort.

- Pourquoi, lui demande-t-il, avez vous fait ce matin à notre jardinier un geste de menace?

- Je n'ai pas fait un geste de menace, répond-elle, mais un geste de surprise. Car je le voyais loin d'Ispahan ce matin et je dois le prendre à Ispahan ce soir.

Belá Czene

Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre hongrois Belá Czene (1911-1999). Formé de 1930 à 1933 à l'Académie hongroise des Beaux-Arts, il y suit l'enseignement du très révéré Gyula Rudnay, fondateur de la colonie d'artistes de Baja et figure majeure de l'école d'Alföld.

B.C. - Paysage d'hiver (1940)

Au fil de sa carrière, Czene explore plusieurs voies : d’abord marqué par la tradition académique et classique, il s’oriente peu à peu vers un style plus libre, parfois impressionniste ou expressionniste. Il occupe ainsi une place singulière dans la peinture hongroise du XXᵉ siècle.

J'aime ses paysages ruraux, ses portraits de jeunes femmes sages qui feuillettent distraitement un album ou un magazine, et tout particulièrement ses représentations de scènes simples et paisibles de la vie quotidienne. Mon désir est de vivre une vie où les émotions arrivent lentement, comme les nuages par une journée calme, écrivait Joyce Carol Oates.

WM6

ICI

Yasuhiro Ogawa - Into the silence (2023)

Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe japonais Yasuhiro Ogawa (b.1968). Aussitôt terminées des études en littérature anglaise à l'Université Kanagawa, et influencé par le travail du photographe franco-brésilien Sebastiao Salgado, il se consacre à la photographie et débute sa carrière professionnelle en 2000.

Y.O. - Into the Silence (2023)

Ce chemin, seule la pénombre d'automne l'emprunte encore...

Avec sa série Into the Silence, dont ces deux clichés sont extraits, Yasuhiro Ogawa a voulu suivre les traces du poète du XVIIᵉ siècle Matsuo Bashō, pour saisir la beauté rude et mélancolique du Japon septentrional.

CF1

ICI

Cuno Amiet - Arbre en hiver (1905)

Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du suisse Cuno Amiet (1868-1961). Il montre dès ses années de collège un don précoce pour la peinture et reçoit ses premiers enseignements artistiques de Frank Buchser, à Feldbrunnen, dans le canton de Soleure. En 1886, Amiet part pour l’Académie de Munich, où il se lie d’amitié avec Giovanni Giacometti ; deux ans plus tard, ils se rendent ensemble à Paris et s’inscrivent à l'Académie Julian. En 1892, inspiré par le parcours de Paul Gauguin, Amiet passe une année à Pont-Aven, où il découvre les œuvres de Van Gogh et rencontre Armand Seguin, qui l’initie à la gravure. Ce séjour marque le début de sa carrière de coloriste.

C.A. - Grand hiver (1904)

De retour en Suisse en 1893, il rencontre Ferdinand Hodler en 1897 et devient, à ses côtés, l'une des figures majeures du symbolisme helvétique. L'année suivante, il épouse Anna Luder, fille d'un aubergiste aisé, et s’installe avec elle à Oschwand, dans le canton de Berne – village qui à partir de 1908 devient un lieu de création artistique important. Amiet reste en contact étroit avec la scène artistique internationale. En 1904, il participe avec Hodler à la Sécession de Vienne et expose à Dresde en 1905, où il rencontre les jeunes peintres expressionnistes du futur groupe Die Brücke. Invité à les rejoindre en 1906, il prend part à plusieurs expositions internationales. En 1931, un incendie au Palais de verre de Munich détruit une grande partie de son œuvre. De la fin des années 1920 jusqu’à sa mort en 1961 à Oschwand, il se consacre surtout à des paysages lumineux et sereins. Outre ses toiles de chevalet, il réalise également des fresques et des gravures. Par sa maîtrise des couleurs, Cuno Amiet a, après Ferdinand Hodler, donné un nouvel élan à la peinture suisse.