In girum imus nocte et consumimur igni

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dimanche 2 octobre 2016

F. Stein - Hole in the fence (1946)

Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe allemand Alfred Stein (1909-1967). Fils de rabbin né à Dresde, il y rejoint à l'âge de 16 ans les Jeunesses Socialistes. Sa thèse de doctorat en Droit, qu'il soutient à l'Université de Leipzig, est rejetée par les nazis, et en 1933 il se réfugie avec sa jeune épouse à Paris.
Ce sont ses clichés de la capitale française dans les années 30, où documente les grèves et le Front Populaire, qui lui apporteront la renommée.

Fred Stein - NYC (1946)
Quand la guerre éclate, en 1939, il est interné dans un camp de la région parisienne mais parvient à s'en échapper. Parvenu à Marseille, il embarque sur un paquebot à destination de New York où il poursuit son oeuvre photographique, d'abord comme photographe de rue exalté par le cosmopolitisme de Big Apple, puis comme portraitiste d'intellectuels de qui il s'imposait de connaître l'oeuvre.
"Lorsque je croise quelqu'un, j'ai envie de connaître son histoire."

samedi 1 octobre 2016

Maynard Dixon - Forgotten man (1934)
Une image et des mots. L'image, ce tableau du californien Maynard Dixon. Les mots sont extraits d'un des livres qui, tous genres confondus, m'ont le plus profondément et durablement marqué, - si cette remarque présente quelque intérêt.

"[.....] Est-ce que tout ne tournait pas remarquablement mal ? Et de tous les côtés ! Un article en trois parties allait échouer pour le simple motif que je n'avais pas dans ma poche un bout de crayon de dix öre ! Et si je redescendais rue des Saules pour me faire rendre mon crayon ? Il me resterait encore le temps d'achever un bon morceau avant que le Parc fût rempli de promeneurs. Et puis tant de choses dépendaient de ce Traité de la connaissance philosophique, peut-être le bonheur de plusieurs hommes, on ne sait jamais."  Knut Hamsun, La faim (1890).
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dimanche 25 septembre 2016

A.S. - Above us (1890)

Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre australien Arthur Streeton (1867-1943). À la suite de Frederick McCubbin et de Tom Roberts (voir publication du 26 juin) - qui dit de sa peinture qu'elle est "emplie d'air et de lumière" -, il est une figure majeure de l' École impressionniste d'Heidelberg, un courant apparu à la fin du 19e siècle en réaction à la tradition picturale de l'époque victorienne.
Influencé par Turner, Streeton n'a fait que peu d'études artistiques, à l'exception des cours du soir qu'il a suivis de 1882 à 1887 à la National Gallery School, une institution privée fondée 15 ans auparavant et qui était alors la plus importante école d'art en Australie. Il y suit l'enseignement du peintre paysagiste suisse Louis Buvelot, dont l'apport à la peinture tient surtout à sa contribution à l'art australien en tant que mentor de certains membres de l'école de Heidelberg.

A.S. - Golden summer, Eaglemont
(1889)
Sa carrière prit son essor, cependant, après sa rencontre avec Tom Roberts ; avec lui, et avec Frederick McCubbin, il va peindre sur le motif les grands espaces australiens, leur chaleur et leur lumière... I sit here in the upper circle surrounded by copper and gold, and smile with joy under my fly net as all the light, glory, and quivering brightness passes slowly and freely before my eyes. Nothing happier than this. I shout and laugh at my immense wealth, all free and without responsibility. Who could steal this from me? No one.

SM3

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samedi 24 septembre 2016

Clarence Benjamin (1945)
Une image et des mots. Une photo prise par le Major Clarence Benjamin, au mois d'avril 1945, alors que les Alliés viennent d'intercepter un train de déportés en route vers les camps, et d'en libérer les occupants.

Pour aller avec, voici un extrait de Ouvrier et soldat, le récit autobiographique de Léon Bronchart (1896-1986) dont ce sera demain le 30ème anniversaire de la disparition.

Léon Bronchart
Le 31 octobre 1942, il est cheminot à Montauban.

"Quand, en attendant ma mise en tête, j'assiste à l'évolution d'une rame que l'on ajoute au train que je dois emmener.
Sur les marchepieds, des éléments de la Police d'État gardent les portières. J'effectue ma mise en tête et je m'enquiers auprès du sous-chef de gare de la raison d'un tel service d'ordre et de sécurité.
Il m'apprend que ce sont des internés politiques que l'on transfère d'Eysse à Saint-Pol-des-Jeaux. Aussitôt, ma détermination est prise, je refuse d'emmener le train.
Chef de gare, chef de dépôt, sous-chef de dépôt, inspecteur viennent au pied de la machine discuter avec moi : malgré les conseils, les objurgations, les sommations, les menaces, j'ai continué à refuser; quand j'en ai eu assez, j'ai coupé moi-même la machine, et avancé auprès du mat. Rentré au dépôt, je me suis rendu au bureau du chef de dépôt, au sous-chef j'ai dit: "Si vous voulez, faites venir un médecin pour qu'il puisse constater que je ne suis ni fou ni ivre".


Léon Bronchart a reçu en 1994 le titre de Juste parmi les nations. Il est le seul cheminot a avoir refusé de conduire un train de prisonniers.

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