In girum imus nocte et consumimur igni

In girum imus nocte et consumimur igni
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samedi 20 septembre 2014

Sans titre

Une image et des mots.
Les mots sont extraits de Civilisation et frivolité, in Précis de décomposition du philosophe roumain Émile Cioran.

Il faut être reconnaissant aux civilisations qui n'ont pas abusé du sérieux, qui ont joué avec les valeurs et qui se sont délectées à les enfanter et à les détruire. Connaît-on en dehors des civilisations grecque et française une démonstration plus lucidement badine du néant élégant des choses ? 
Le siècle d'Alcibiade et le dix-huitième siècle français sont deux sources de consolation. Tandis que ce n'est qu'à leur stade dernier, à la dissolution de tout un système de croyances et de moeurs que les autres civilisations purent goûter à l'exercice allègre qui prête une saveur d'inutilité à la vie, - c'est en pleine maturité, en pleine possession de leurs forces et de l'avenir, que ces deux siècles connurent l'ennui insoucieux de tout et perméable à tout. [....]
Personne n'atteint d'emblée à la frivolité. C'est un privilège et un art ; c'est la recherche du superficiel chez ceux qui s'étant avisés de l'impossibilité de toute certitude, en ont conçu le dégoût ; c'est la fuite loin des abîmes, qui, étant naturellement sans fond, ne peuvent mener nulle part.

dimanche 14 septembre 2014

Dolorès Marat - Les anges, Deauville (1986)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés de la photographe française Dolorès Marat (b.1944). Issue d’un milieu modeste, elle commence sa carrière professionnelle comme couturière avant de se former à la photographie auprès d’un photographe local. Elle travaille ensuite comme laborantine pour le magazine Votre Beauté du groupe L'Oréal, où elle réalise les tirages de photographes renommés comme Helmut Newton ou Sarah Moon.

Dolorès Marat - Les jambes (1987)
En 1995, elle devient photographe indépendante et collabore avec des marques prestigieuses comme Hermès, J.M. Weston et Leica, ainsi qu'avec des publications comme LibérationLe Monde et Les Inrocks.
Discrète, insensible et étrangère aux modes, elle shoote à la sauvette..
"Quand je prend une photo, je fais très vite, quand j'ai l'émotion, le plus souvent en marchant... Même si c'est interdit ou dangereux, comme dans certains quartiers de New York, je ne peux pas m'empêcher de la prendre.."
Et pour ses tirages, elle emploie le procédé Fresson ; cette technique au charbon, qui donne à l'image une douceur toute veloutée, fut mise au point au XIXème siècle pour les photographes pictorialistes puis adaptée à la couleur au cours du XXème.
Il faut lire ICI le bel entretien qu'elle a accordé le 24 août 2013 à Transatlantica, revue d'études américaines.
WN3

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dimanche 7 septembre 2014

Giuseppe de Nittis - Passa il treno (c.1878)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres de Giuseppe de Nittis (1846-1884), ami de Degas, Manet et Caillebotte, et figure majeure de l'impressionnisme, bien qu'il ait évolué entre l'Italie et la France, ce qui lui a permis d'incorporer des influences variées dans son œuvre. Formé à l'Académie des beaux-arts de Naples, il s'exile à Paris où il devient un des artistes les plus remarqués du mouvement impressionniste, tout en gardant un ancrage proprement italien.

G.de N. - Dall' alto della diligenza
(c.1872)



Son art est un pont entre l’impressionnisme et un style plus romantique, avec cette touche spécifique qui le rend unique.
Ce que j'aime particulièrement dans son travail, c'est la douceur de ses lumières et l'originalité de ses compositions : du sujet du premier tableau on ne voit que le panache ; et le second nous donne à voir une longue route qui s'étire au loin dans un paysage imprécis, depuis un attelage dont ne voit que les encolures...  Le vent du paradis, dit un proverbe arabe, souffle entre les oreilles des chevaux.
AP1
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samedi 6 septembre 2014

Jungjin Lee - Everglades 17 (2014)
Une image et des mots. La photo est de l'artiste coréenne Jungjin Lee; les mots sont du neuro-psychiatre Boris Cyrulnik, extraits de L'ensorcellement du monde (1997).

"L'utopie, c'est le plus joli moment pathologique d'une société normale qui aspire au bonheur. Le malheur, c'est que, n'éprouvant pas les mêmes désirs, nous n'inventons pas les mêmes utopies. Celles des autres nous agressent. Heureusement, la guerre peut nous en préserver et faire triompher notre utopie, la bonne. Ainsi sont justifiés les casse-gueules, au début.
L'homme, par son cerveau qui décontextualise les informations et la parole qui lui permet d'habiter dans le monde de l'imperçu, devint le champion interespèces du leurre qui s'éloigne et se dématérialise pour notre plus grand plaisir et notre plus grande souffrance, car bonheur et malheur s'accouplent pour engendrer l'histoire."

PH1
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HM1 ICI