In girum imus nocte et consumimur igni

In girum imus nocte et consumimur igni
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dimanche 22 mai 2011

W. Bullock - Log and horsetails (1957)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe Wynn Bullock (1902-1975).
Originaire de Pasadena, en Californie, il commence sa carrière artistique à New York comme chanteur, engagé dans la Music Box Revue d’Irving Berlin. Il part ensuite en Europe pour y poursuivre sa formation, et c'est à Paris qu'il découvre l'impressionnisme et le post-impressionnisme - dont on retrouve parfois l’atmosphère dans ses paysages -, puis l'esthétique surréaliste de Man Ray.

W.B. - Chess game (1955)
De retour aux États-Unis il fait en 1948 une autre rencontre déterminante : frappé par la beauté et la puissance des clichés d'Edward Weston, il s'intéresse à la doctrine de la straight photography, prônée par Alfred Stieglitz et Paul Strand : une photographie "pure", nette, sans effets, à rebours du pictorialisme (ces trois photographes majeurs feront l'objet d'une publication).
Passionné par la physique quantique, la philosophie, et empreint d'une profonde spiritualité, Bullock conçoit la photographie comme un moyen de questionner le réel, d’en révéler les dimensions invisibles. "Mysteries lie all around us, even in the most familiar things, waiting only to be perceived ", ou encore : "When I feel a rock is as much of a miracle as a man, then I feel in touch with the universe ".
SE1

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samedi 21 mai 2011

C. Hassam - Geraniums (c.1888)
Une image est des mots. Un tableau du peintre impressionniste américain Childe Hassam (1859-1935), à qui je consacrerai bientôt une publication.
Pour aller avec, voici quelques lignes extraites d'Hypérion, du poète romantique allemand Friedrich Hölderlin (1770-1843).

Son coeur était chez lui parmi les fleurs, comme s'il eût été l'une d'elles. [.....] Cette vérité est éternelle et universelle : plus une âme a d'innocence et de beauté, plus elle est familière de ces autres existences que l'on prétend sans âme.
CP2

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dimanche 15 mai 2011

Tamiko Nishimura - du triptyque Ultimate (1971)
Le vide grenier du dimanche. Deux clichés de la japonaise Tamiko Nishimura (b.1948), figure discrète mais importante de la scène photographique japonaise des années 1970, connue pour son approche expérimentale et avant-gardiste de la photographie.
Formée à l’université des beaux-arts de Tokyo, elle étudie la photographie dans le sillage de Shōmei Tōmatsu et collabore brièvement avec Daidō Moriyama, dont elle partage la sensibilité à l’égard des fragments du quotidien.

T. N. - Shibetsu, Hokkaido (c.1970)

Nishimura, qui était l'une des rares femmes photographes dans le Japon de l'après-guerre, faisait partie du groupe de photographes VIVO, fondé en 1957 et qui cherchait à redéfinir la photographie comme forme d'art, et plus seulement comme un simple moyen de documentation.
La photographie est une forme d'art qui peut transcender les limites de la réalité. Je veux utiliser cette puissance pour capturer l'essence de la vie et la beauté du monde qui nous entoure. Je photographie pour faire connaître le monde que je ne vois pas. Et j'essaie de le rendre visible.
La première photographie, très belle, est aussi très étrange. Cette main, qui ne semble pas à la même distance de l'objectif que le visage, est-ce bien la main droite de cette jeune femme qui, dos au vent, veut ramener ses cheveux derrière son oreille ?
HN1
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dimanche 8 mai 2011

A. Stevens - Mappemonde
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du belge Alfred Stevens (1823-1906), figure majeure de la peinture de genre au XIXe siècle, à la croisée du romantisme tardif et du réalisme bourgeois. Élève d'Ingres et ami de Manet, il est aussi brillant dans la peinture de la belle société du Second-Empire que dans la représentation de la pauvreté (voir "C'est ce qu'on appelle le vagabondage", que l'on peut admirer au Musée d'Orsay). Il se spécialise dans les portraits de femmes, souvent issues de la haute société parisienne, qu’il représente dans des poses rêveuses ou mélancoliques, dans des décors feutrés qui disent à la fois le luxe d’un monde et son enfermement.
Au faîte de la célébrité, à l'abri de toutes les contingences et alors que rien ne l'y obligeait, il demande au maire de Paris l'autorisation de s'engager dans la Garde Nationale pour combattre au côté de ses amis français lors du siège de Paris, en 1870.
" Je suis à Paris depuis vingt ans, j'ai épousé une parisienne, mes enfants sont nés à Paris, mon talent, si j'en ai, je le dois en grande partie à la France."
A.S. - Symphonie en vert
(1892)

Ces deux femmes ont reçu une lettre. Le premier tableau, "Mappemonde", porte aussi le titre de "Nouvelles de l'absent". 
Le pli qui contenait la lettre a été décacheté à la hâte par des mains sans doute fébriles. La destinataire l'a laissé choir, et son regard se perd maintenant dans de lointaines géographies.
Elle est pensive, comme l'est aussi la dame en vert, qui regarde sans le voir l'oiseau posé à sa fenêtre.
La rêverie - nous dit Flaubert dans Madame Bovary -, c'est une chambre d'écho où l'âme fait vibrer les sons lointains qu'elle y a entendus, mais c'est aussi une impasse où elle se perd, et où, si elle s'attarde, elle finit par se dissoudre.
Il y a ainsi dans la peinture mondaine d'Alfred Stevens autre chose qu’une simple image d’apparat : comme une mélancolie diffuse qui préfigure parfois les atmosphères d’un Vilhelm Hammershøi (voir janvier 2010).
Au tournant du siècle, Stevens est admiré et célébré, puis quelque peu oublié, avant d’être redécouvert comme un fin observateur de la société du Second Empire et un peintre subtil du féminin.

F. Bacon - Study of a figure in a landscape (1952) Une image et des mots. L'image, c'est une étude de Francis Bacon, déjà présenté ...