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James Guthrie - Schoolmates (1884) |
Quel regard ces écoliers avaient-ils sur le savoir et sur le monde ? Et quel monde sépare ce regard de celui que lui portent les enfants d'aujourd'hui ?
À la question rebattue du philosophe Hans Jonas : "Quelle planète allons-nous laisser à nos enfants ?", on pourrait répondre par celle de Jaime Semprun : "À quels enfants allons-nous laisser le monde ?".
On apprend aujourd'hui qu'Internet, avec Google et Wikipedia, est devenu pour la plupart d'entre nous une source majeure d'enseignement, et les réseaux sociaux la première source d'information. Inquiétant...
Les mots qui suivent sont d'Edgar Morin, extraits de son manifeste Enseigner à vivre, publié chez Actes Sud en 2014.
"[.....] De plus l'enseignement public dans son ensemble se trouve pris à contre-pied par les médias et il ne sait souvent comment réagir [.....] à la culture de masse qui imprègne non seulement enfants et adolescents, mais la société dans son ensemble. De plus et surtout, Internet vient désormais apporter un gigantesque pêle-mêle culturel de savoirs, rumeurs, croyances en tous genres, sorte d'école sauvage contournant l'école officielle, où viennent s'informer et se former les nouvelles générations. [.....] Tout ce qu'a d'humaniste notre enseignement subit deux formidables pressions, l'une qui veut le coloniser à l'intérieur, celle de l'économie dite libérale et du technocratisme dominant, l'autre qui le corrode et l'amoindrit de l'extérieur, celle des médias et d'Internet."
Car au contraire du monde de James Guthrie, le monde connecté d'aujourd'hui, le "village global" de McLuhan, permet à n'importe qui - plus ou moins éclairé et de surcroît pas toujours animé des meilleures intentions - de se faire entendre d'une foule de ses congénères aussi peu éclairés que lui. Et c'est ainsi que se colportent et répandent les théories du complot les plus délirantes.
Tout croire et ne rien croire, disait à peu près Poincaré, sont deux attitudes également commodes et qui toutes deux dispensent de penser. Kant avant lui, résumant tout l'esprit des Lumières, nous exhortait : "Ose penser par toi-même" (le "sapere aude" emprunté à Horace). C'est sans doute, dans un monde où prospèrent la désinformation, la falsification, et le mensonge, avant toute autre chose à ce précepte qu'il faudrait subordonner tout enseignement et toute éducation.
Les mots qui suivent sont d'Edgar Morin, extraits de son manifeste Enseigner à vivre, publié chez Actes Sud en 2014.
"[.....] De plus l'enseignement public dans son ensemble se trouve pris à contre-pied par les médias et il ne sait souvent comment réagir [.....] à la culture de masse qui imprègne non seulement enfants et adolescents, mais la société dans son ensemble. De plus et surtout, Internet vient désormais apporter un gigantesque pêle-mêle culturel de savoirs, rumeurs, croyances en tous genres, sorte d'école sauvage contournant l'école officielle, où viennent s'informer et se former les nouvelles générations. [.....] Tout ce qu'a d'humaniste notre enseignement subit deux formidables pressions, l'une qui veut le coloniser à l'intérieur, celle de l'économie dite libérale et du technocratisme dominant, l'autre qui le corrode et l'amoindrit de l'extérieur, celle des médias et d'Internet."
Car au contraire du monde de James Guthrie, le monde connecté d'aujourd'hui, le "village global" de McLuhan, permet à n'importe qui - plus ou moins éclairé et de surcroît pas toujours animé des meilleures intentions - de se faire entendre d'une foule de ses congénères aussi peu éclairés que lui. Et c'est ainsi que se colportent et répandent les théories du complot les plus délirantes.
Tout croire et ne rien croire, disait à peu près Poincaré, sont deux attitudes également commodes et qui toutes deux dispensent de penser. Kant avant lui, résumant tout l'esprit des Lumières, nous exhortait : "Ose penser par toi-même" (le "sapere aude" emprunté à Horace). C'est sans doute, dans un monde où prospèrent la désinformation, la falsification, et le mensonge, avant toute autre chose à ce précepte qu'il faudrait subordonner tout enseignement et toute éducation.
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