In girum imus nocte et consumimur igni

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dimanche 30 octobre 2016

B. Buffet - Bouquet de marguerites (1957)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre et graveur expressionniste Bernard Buffet (1928-1999), que Maurice Druon appelait "le peintre tragique de la condition humaine".
Je ne peux pas dire que je suis amateur de ses clowns tristes et de ses paysages dépressifs ; affaire de goût. Mais j'aime assez certains tableaux, comme la plupart de ses marines, ou encore quelques vues de Paris, et bien sûr ceux que je choisis de présenter ici aujourd'hui.

B. B. - Saule pleureur sur la rivière (1961)
En 1943, à l'âge de 15 ans, il réussit le concours d'entrée à l'École des Beaux-Arts de Paris, où il intègre l'atelier d'Eugène Narbonne.
Il a à peine vingt ans quand il est au faîte de sa célébrité. "Ce garçon fait à vingt ans ce que je voudrais faire à mon âge" déclara un jour André Derain.
Céline, lorsqu'il fut question en 1952 d'une édition de grand luxe du Voyage au bout de la nuit, souhaitait que les illustrations lui fussent confiées. Malheureusement, le projet n'aboutit pas.

dimanche 23 octobre 2016

Jules Aarons - Paris (1950s)

Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe américain Jules Aarons (1921-2008), natif du Bronx, à New York, dont il a abondamment documenté la vie populaire.
Diplômé de l'Université de Boston en 1949, il part en 1954 à Paris pour y compléter ses études et obtenir un Doctorat en Physique.

J. Aarons - Lounging, Brooklyn (1950s)






Spécialiste internationalement reconnu dans le domaine de la propagation des ondes radio, il s'adonne également à la photographie et son travail fait aujourd'hui partie des collections permanentes de grandes institutions comme la Bibliothèque Nationale de Paris, le Musée des Beaux Arts de Boston et le MoMA de New York.

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samedi 22 octobre 2016

Rembrandt - Adam et Eve au Paradis (1638)
Une image et des mots. La représentation du bien et du mal dans cette gravure de Rembrandt peut paraître surprenante : aux côtés d'Adam et Eve, dans les moments qui précèdent leur chute, il y a un dragon - image emphatique du serpent -, mais c'est un éléphant qui vient symboliser l'innocence et la chasteté. Il y a une explication.
Le "modèle" de Rembrandt, qui n'est jamais sorti de son pays, s'appelait Hansken. Cette éléphante d'Asie avait été introduite aux Pays-Bas où elle est devenue une attraction extrêmement populaire. Représentée au moins trois fois dans l'oeuvre de Rembrandt, elle a voyagé à pied en Europe du Danemark à l'Italie, et fut le premier éléphant d'Asie a être étudié par la science occidentale.

Les mots sont extraits du Tour du monde d'un sceptique, d'Aldous Huxley (1926).

Quand il (l'éléphant) émergea de l'enceinte du palais - j'évoque cet incident trivial et par trop banal parce qu'il suscita en moi des réflexions mélancoliques sur le cosmos - notre mastodonte s'arrêta et, avec sa gravité ordinaire, se soulagea monstrueusement. L'opération terminée, il avait à peine repris sa marche, qu'une vieille femme qui était restée plantée, dans l'expectative, à la porte d'une masure au milieu des ruines, et nous nous demandions pourquoi, se précipita d'un bond sur le tas d'excréments fumants. Il y avait là, je suppose, de quoi alimenter son feu pour la cuisine de toute une semaine. [.....]
Notre tremblement de terre reprit ses embardées. Je songeai aux douzaines de millions d'êtres humains pour lesquels le passage d'un éléphant diarrhéique semble un don de Dieu, un prodigieux coup de fortune. Cette idée me déprima. Pourquoi sommes-nous ici dix-huit cents millions d'hommes et de femmes, sur cette planète remarquable et peut-être unique? À quelle fin? Est-ce pour aller à la recherche du fumier - bouse de vache, crottin de cheval, excréments énormes et princiers des éléphants? C'est évidemment cela, pour bon nombre d'entre nous du moins. C'était là, pensai-je, une raison qui semblait mal appropriée à notre présence ici-bas, nous, âmes immortelles, cousins germains des anges, les propres frères de Bouddha, de Mozart, et de Sir Isaac Newton.

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dimanche 16 octobre 2016

A. Castro - Rien n'intéresse l'homme ... (2015)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres de l'italien Alberto Castro (b.1973), photographe conceptuel.
Après des études en architecture à l'Université de Leeds puis à l'Université Polytechnique de Barcelone, il s'initie à la photographie en autodidacte pour aller, dit-il, à la recherche de la poésie qui nous entoure, en se concentrant sur le passage du temps et plus précisément sur le sens de l'éphémère et les transformations continues dont la vie de l'homme est parsemée.

A. C. - Numéro 4 (2014)






C'est cette idée que véhicule la série à laquelle appartient le premier cliché : Rien n'intéresse l'homme plus que l'homme.
L'homme d'aujourd'hui ingurgite des images et des informations en quantité massive, dont la plupart s'estompent et deviennent invisibles immédiatement après leur transmission, entraînant avec elles l'homme et son intérêt pour l'homme.
Je sais bien que dans l'art conceptuel l'idée est censée prévaloir sur la forme, mais c'est le plaisir esthétique - cette notion bourgeoise dont Adorno ne voulait pas entendre parler -, qui a dicté mon choix dans cette publication. Pour les mêmes raisons, j'aime beaucoup sa série intitulée Il suono del silenzio (une référence à la chanson de Simon & Garfunkel), réalisée en 2011 à Lucques, en Toscane.
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dimanche 9 octobre 2016

Tristram Hillier - The fisherman's chapel (1938)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres de l'anglais Tristram Paul Hillier (1905-1983), membre du groupe d'artistes modernistes Unit One actif de 1933 à 1935 et mené par l'artiste protéiforme Paul Nash.
Formé à la Slade School of Fine Arts de Londres, il suit aussi les cours du soir de la Westminster School of Art. Puis il part à Paris, où il vivra jusqu'en 1940, pour y suivre à l'Académie Colarossi l'enseignement d'André Lhote, qui fera l'objet d'une prochaine publication.

T. H. - Flooded meadow (1949)

Dans la capitale il fait la connaissance de plusieurs membres du mouvement surréaliste, dont Giorgio de Chirico et Max Ernst qui vont particulièrement l'influencer.
Le monde surréaliste dans lequel nous invite la peinture de Tristram Hillier n'est étrange que d'une manière imperceptible, liée à une perspective inattendue, ou à la présence légèrement incongrue d'un objet abandonné - souvent à forte charge symbolique...
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dimanche 2 octobre 2016

F. Stein - Hole in the fence (1946)

Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe allemand Alfred Stein (1909-1967). Fils de rabbin né à Dresde, il y rejoint à l'âge de 16 ans les Jeunesses Socialistes. Sa thèse de doctorat en Droit, qu'il soutient à l'Université de Leipzig, est rejetée par les nazis, et en 1933 il se réfugie avec sa jeune épouse à Paris.
Ce sont ses clichés de la capitale française dans les années 30, où il documente les grèves et le Front Populaire, qui lui apporteront la renommée.

Fred Stein - NYC (1946)
Quand la guerre éclate, en 1939, il est interné dans un camp de la région parisienne mais parvient à s'en échapper. Parvenu à Marseille, il embarque sur un paquebot à destination de New York où il poursuit son oeuvre photographique, d'abord comme photographe de rue exalté par le cosmopolitisme de Big Apple, puis comme portraitiste d'intellectuels de qui il s'imposait de connaître l'oeuvre.
"Lorsque je croise quelqu'un, j'ai envie de connaître son histoire."

samedi 1 octobre 2016

Maynard Dixon - Forgotten man (1934)
Une image et des mots. L'image, ce tableau du californien Maynard Dixon. Les mots sont extraits d'un des livres qui, tous genres confondus, m'ont le plus profondément et durablement marqué, - si cette remarque présente quelque intérêt.

"[.....] Est-ce que tout ne tournait pas remarquablement mal ? Et de tous les côtés ! Un article en trois parties allait échouer pour le simple motif que je n'avais pas dans ma poche un bout de crayon de dix öre ! Et si je redescendais rue des Saules pour me faire rendre mon crayon ? Il me resterait encore le temps d'achever un bon morceau avant que le Parc fût rempli de promeneurs. Et puis tant de choses dépendaient de ce Traité de la connaissance philosophique, peut-être le bonheur de plusieurs hommes, on ne sait jamais."  Knut Hamsun, La faim (1890).
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