In girum imus nocte et consumimur igni

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samedi 22 avril 2017

Shelby Lee Adams - Holyness hands (1987)
Une image et des mots. L'image c'est ce cliché de Shelby Lee Adams, dont le titre complet est Holyness hands with Serpent and Bible.
Il s'agit d'un snake handler, un pasteur adepte d'une pratique religieuse apparue au début du 20e siècle dans les Appalaches, et qui prend au pied de la lettre un passage de la Bible (Marc 16:18) : " Voici les miracles qui accompagneront ceux qui auront cru : en mon nom ils chasseront les démons; ils parleront de nouvelles langues; ils saisiront les serpents avec leurs mains; s'ils boivent quelque poison, il ne leur fera point de mal; ils imposeront les mains aux malades, et les malades seront guéris..."

Pour aller avec, voici quelques lignes extraites du Tour du monde d'un sceptique, d'Aldous Huxley.

Étant stupides et sans imagination, les animaux se conduisent souvent plus sagement que les hommes. Ils font instinctivement et efficacement ce qu'il faut au moment où il le faut. Ils mangent lorsqu'ils ont faim, cherchent de l'eau quand ils ont soif, font l'amour en sa saison, se reposent ou jouent quand ils en ont le temps. Les hommes sont intelligents et imaginatifs, ils regardent derrière eux et en avant ; ils inventent d'ingénieuses explications aux phénomènes qu'ils observent ; ils cherchent des moyens compliqués et détournés pour atteindre des buts lointains. Leur intelligence, qui a fait d'eux les maîtres du monde, les fait souvent agir en imbéciles. Aucun animal, par exemple, n'est assez intelligent ni assez imaginatif pour supposer qu'une éclipse est l'oeuvre d'un serpent qui dévore le soleil. C'est là un genre d'explication qui ne peut venir que dans un cerveau humain. Et seul un être humain peut inventer des gestes rituels dans l'espoir d'influencer en sa faveur le monde extérieur. Tandis que l'animal, fidèle à son instinct, vaque tranquillement à ses occupations, l'homme doué de raison et d'imagination perd la moitié de son temps et de son énergie à faire des choses complètement idiotes. Avec le temps, il est vrai, l'expérience lui apprend que les formules magiques et les gestes rituels ne lui donnent pas ce qu'il demande. Mais, jusqu'à ce que l'expérience le lui ait appris - et il met étonnamment beaucoup de temps à apprendre -, l'homme, à bien des égards, se conduit de façon infiniment plus stupide que l'animal.

samedi 22 octobre 2016

Rembrandt - Adam et Eve au Paradis (1638)
Une image et des mots. La représentation du bien et du mal dans cette gravure de Rembrandt peut paraître surprenante : aux côtés d'Adam et Eve, dans les moments qui précèdent leur chute, il y a un dragon - image emphatique du serpent -, mais c'est un éléphant qui vient symboliser l'innocence et la chasteté. Il y a une explication.
Le "modèle" de Rembrandt, qui n'est jamais sorti de son pays, s'appelait Hansken. Cette éléphante d'Asie avait été introduite aux Pays-Bas où elle est devenue une attraction extrêmement populaire. Représentée au moins trois fois dans l'oeuvre de Rembrandt, elle a voyagé à pied en Europe du Danemark à l'Italie, et fut le premier éléphant d'Asie a être étudié par la science occidentale.

Les mots sont extraits du Tour du monde d'un sceptique, d'Aldous Huxley (1926).

Quand il (l'éléphant) émergea de l'enceinte du palais - j'évoque cet incident trivial et par trop banal parce qu'il suscita en moi des réflexions mélancoliques sur le cosmos - notre mastodonte s'arrêta et, avec sa gravité ordinaire, se soulagea monstrueusement. L'opération terminée, il avait à peine repris sa marche, qu'une vieille femme qui était restée plantée, dans l'expectative, à la porte d'une masure au milieu des ruines, et nous nous demandions pourquoi, se précipita d'un bond sur le tas d'excréments fumants. Il y avait là, je suppose, de quoi alimenter son feu pour la cuisine de toute une semaine. [.....]
Notre tremblement de terre reprit ses embardées. Je songeai aux douzaines de millions d'êtres humains pour lesquels le passage d'un éléphant diarrhéique semble un don de Dieu, un prodigieux coup de fortune. Cette idée me déprima. Pourquoi sommes-nous ici dix-huit cents millions d'hommes et de femmes, sur cette planète remarquable et peut-être unique? À quelle fin? Est-ce pour aller à la recherche du fumier - bouse de vache, crottin de cheval, excréments énormes et princiers des éléphants? C'est évidemment cela, pour bon nombre d'entre nous du moins. C'était là, pensai-je, une raison qui semblait mal appropriée à notre présence ici-bas, nous, âmes immortelles, cousins germains des anges, les propres frères de Bouddha, de Mozart, et de Sir Isaac Newton.

JP4 ICI