In girum imus nocte et consumimur igni

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dimanche 24 février 2013

Olli Kekäläinen - Eleventh dimension (2012)
Le vide-grenier du dimanche. Jusqu'au titre qu'il leur donne, les photos du finlandais Olli Kekäläinen sont belles et intelligentes. Alors qu'est-ce qui leur manque ?
À toutes les regarder, l'une après l'autre, ICI, je finis par m'ennuyer un peu..., ce qui m'arrive c'est vrai assez souvent avec la photo artistique, de studio ou d'extérieur. Enfin..., c'est une drôle d'impression, un peu comme de feuilleter le catalogue du label ECM.

O. Kekäläinen - Strange days (2012)







Olli Kekäläinen n'emploie pas de filtres, mais ses clichés sont tellement réfléchis et travaillés qu'ils en paraissent presque désincarnés.
Aussi minimalistes que la bio de deux lignes qu'il veut bien nous concéder sur son site, ICI, ses paysages sont souvent aussi peu engageants que la mine qu'il y arbore. On ne s'y sent pas invité...
Et pourtant.., il est ici, dans mon blog. Parce que ses photos sont décidément très belles; Olli Kekäläinen et son monde sont un mystère.
OG1
ICI

dimanche 17 février 2013

J Czapski - Musée (1974)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre et écrivain polonais Jósef Czapski (1896-1993), figure éminente de Kultura, le magazine des polonais dissidents en France, et membre des Kapistes, dont le chef de file, Jósef Panciewicz - lui-même influencé par Bonnard et les postimpressionnistes - est à l'origine du courant coloriste polonais.
Natif de Prague, Czapski part en 1915 étudier à Saint-Petersbourg, où il sera témoin de la révolution de 1917. Il s'engage dans l'armée polonaise, mais ayant déclaré vouloir servir sans armes, il est chargé de retrouver les officiers disparus de son régiment, qu'il apprend avoir été exécutés par les bolchéviques.

J.C - The boy in front of de Stael
(1981)
Après la guerre, il s'inscrit à l'Académie des Beaux-Arts de Cracovie.
C'est en 1924 qu'il part pour la France, avec 12 de ses camarades Kapistes qui comme lui réfutent la peinture polonaise académique ; il y rencontre François Mauriac et la lecture de Proust, puis retourne en Pologne en 1932.
Lorsqu'en 1939 l'Union Soviétique et l'Allemagne nazie envahissent son pays, Jósef Czapski est successivement interné dans trois camps soviétiques : Starobilsk, Pawliszczew Bor, et enfin Griazowiec. La majorité des 4000 prisonniers de Starobilsk sont regroupés avec ceux d'autres camps, et tous seront massacrés dans la forêt de Katyn.
Seuls soixante-dix neuf survivants de Starobilsc sont transférés à Giazowiec, parmi lesquels Czapski qui luttera contre l'enfermement en donnant à ses camarades prisonniers des conférences sur la littérature française. Ces années de détention, mais aussi après sa libération ses périples au Moyen-Orient et sa participation aux combats de Monte Cassino, il va les relater dans "Terre inhumaine", publié en France en 1949 ; c'est à partir de cette époque, après avoir par la plume porté témoignage, qu'il se remet à peindre.

samedi 16 février 2013

Hal Morey - Grand Central Terminal (1929)
Une image et des mots. Voici pour son centenaire un beau cliché du Grand Central Terminal, un des édifices les plus remarqubles de New York, conçu par les cabinets d'architectes Reed & Stem et Warren & Wetmore, et ouvert en février 1913.
Les mots pour l'accompagner sont d'Antoine Blondin, extraits de L'humeur vagabonde.

Un jour nous abattrons les cloisons de notre prison ; nous parlerons à des gens qui nous répondront ; le malentendu se dissipera entre les vivants ; les morts n'auront plus de secrets pour nous. Un jour nous prendrons des trains qui partent.
DM1

ICI

dimanche 10 février 2013

Valentin Serov -  Portrait d'Olga Serova (1889)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du russe Valentin Serov (1865-1911), peintre de cour dont le formidable talent fut le plus souvent mis au service du Gotha politique et artistique de la Russie impériale.
Deux hommes en particulier ont été déterminants dans sa vie et sa carrière. Le grand Ilya Repin, dont il fut l'élève dès l'âge de neuf ans, quand Serov et sa mère s'installèrent à Paris, et l'entrepreneur et mécène Saava Mamontov, dit "Saava le Magnifique" en référence aux Médicis, sur la vie de qui il faudrait écrire un livre, ou réaliser un film.

V.S. - M.F. Mamontova
(1884)
On y croiserait Chaliapine, Tchaikovsky, Moussorsky, Rimsky-Korsakov et bien d'autres qui sans lui auraient dû renoncer à plusieurs de leurs créations...
Choisir deux oeuvres de Serov n'a pas été facile; il y a sa fameuse "Jeune fille aux pêches" (1887) qui n'était autre que Vera, la fille de Mamontov alors qu'elle avait 12 ans, et aussi un nu d'Ida Rubinstein, de 1910 et très étonnant par sa modernité dans le trait comme dans le choix et l'emploi des couleurs.
Il fallait trancher... Et à côté du beau portrait au regard baissé de sa femme Olga j'ai choisi de faire figurer ce crayon sur papier de Maria Fedorovna Mamontova, nièce de Saava le Magnifique, en amazone.
PH1
ICI

dimanche 3 février 2013

Thomas Eakins - Untitled (1910)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre et photographe Thomas Eakins (1844-1916), figure majeure du réalisme américain.
Parallèlement à ses études à l'Académie des Beaux-Arts de Pennsylvanie, il se presse aux cours d'anatomie de l'école de médecine.
Th. Eakins - Maud Cook (1895)

Admis aux Beaux-Arts de Paris, il travaille de 1866 à 1868 dans les ateliers de Jean-Léon Gérôme et de Bonnat, puis séjourne quelque temps à Pont-Aven avant de voyager en Espagne.
De retour aux États-Unis, il va enseigner de 1882 à 1886 à l'Académie de Pennsylvanie qui l'avait formé, avant d'être contraint de démissionner pour des pratiques pédagogiques qualifiées de douteuses ; il avait notamment admis un public féminin à un cours sur l'anatomie masculine.

samedi 2 février 2013

  
John Tenniel - Alice's Adventures in Wonderland (1865)
Une image et des mots.
L'image, c'est une des 42 illustrations de l'édition originale d'Alice au Pays des Merveilles (1865), chez MacMillan & Co, par le caricaturiste John Tenniel.

- Avec qui causez-vous donc là, dit le Roi, s'approchant d'Alice et regardant avec une extrême curiosité la tête du Chat.
- C'est un de mes amis, Grimaçon, dit Alice, permettez-moi de vous le présenter.
- Sa mine ne me plaît pas du tout, dit le Roi, pourtant il peut me baiser la main, si cela lui fait plaisir.
- Non, grand merci, dit le Chat.
- Ne faites pas l'impertinent, dit le Roi, et ne me regardez pas ainsi! Il s'était mis derrière Alice en disant ces mots.
- Un chat peut bien regarder un roi, dit Alice. J'ai lu quelque chose comme cela dans un livre mais je ne me rappelle pas où.
- Eh bien il faut le faire enlever, dit le Roi d'un ton très décidé; et il cria à la Reine qui passait à ce moment. Mon amie, je désirerais que vous fissiez enlever ce chat!
- La Reine n'avait qu'une seule manière de trancher les difficultés, petites ou grandes: Qu'on lui coupe la tête! dit-elle sans même se retourner.
- Je vais moi-même chercher le bourreau, dit le Roi avec empressement; et il s'en alla précipitamment.


Voici d'autres mots pour accompagner ce billet, extraits d'une des lettres (Lettre XLIV) adressées par Sénèque à Lucilius, alors gouverneur de Sicile.

"Nous avons tous même nombre d'aïeux; notre origine à tous remonte plus loin que la mémoire des hommes. Point de roi, dit Platon, qui n'ait des esclaves pour ancêtres; point d'esclave qui ne sorte du sang des rois.
Une longue suite de révolutions a brouillé tout cela, et le sort a bouleversé les rangs. Quel est le vrai noble? Celui que la nature a bien préparé pour la vertu. Voilà le seul titre à considérer. [.....] Un vestibule rempli de portraits enfumés ne fait pas la noblesse."


Ce que Montaigne, dans ses Essais, résumera quinze siècles plus tard par cette formule définitive :"Sur le plus beau trône du monde, on n'est jamais assis que sur son cul."

JP4 ICI