In girum imus nocte et consumimur igni

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dimanche 25 mars 2012

Beata Bieniak - Untitled (2009)
Le vide-grenier du dimanche. Deux œuvres de l’artiste autodidacte Beata Bieniak, née en 1966 dans la petite ville polonaise de Poddębice, où elle vit encore aujourd’hui. Elle a construit une pratique photographique personnelle, souvent en noir et blanc, qui associe portraits, autoportraits, éléments naturels et objets du quotidien.
B.B. - Stationary traveler
(2011)

Son travail explore le corps, le passage du temps et la mémoire, avec une approche introspective et métaphorique qui évoque la fragilité de l’existence, l’effacement, la trace...
Parmi ses influences, Beata Bienak cite son compatriote Dariusz Klimczak, ainsi que Dali, de Chirico et Magritte, dont on retrouve l’empreinte dans Stationary Traveler. Son attachement à la musique, à la poésie et à la peinture se reflète dans l’atmosphère paisible, parfois doucement surréaliste, de ses photomontages.
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dimanche 18 mars 2012

H.O.Tanner - Christ walking on the water
(c.1907)
Le vide-grenier du dimanche. Deux œuvres du peintre américain Henry Ossawa Tanner (1859–1937), figure majeure de l’art afro-américain et premier artiste noir à connaître une reconnaissance internationale à la fin du XIXe siècle.
Fils d’un évêque méthodiste et d’une ancienne esclave, il grandit à Philadelphie et étudie à la Pennsylvania Academy of the Fine Arts sous la direction de Thomas Eakins et de William Merritt Chase - deux artistes qui feront tôt ou tard l'objet d'une publication.
H.T. - The Annunciation (1898)

Confronté au racisme tenace qui règne aux États-Unis, Tanner s’installe à Paris en 1891. Il rejoint les cercles artistiques de Montparnasse et poursuit sa formation à l’académie Julian, auprès du portraitiste et orientaliste Benjamin Constant. Il s’y lie aussi d’amitié avec le peintre américain Eanger Irving Couse.
Installé durablement en France, Tanner expose régulièrement au Salon et reçoit plusieurs distinctions. Qu’il peigne des récits bibliques ou des scènes de genre intimistes, son œuvre laisse toujours transparaître une quête intérieure, nourrie par la foi, la lumière et le silence.
Art is to me an expression of the soul, not a profession. I believe in the power of art, in its mystery and its magic, in its eloquence and its message, and in its ability to transform human spirit and human life.
Cette oeuvre a ouvert la voie à des générations d’artistes afro-américains.

samedi 17 mars 2012

Terence Davies - Of time and the city (2008)
Une image et des mots. L'image est tirée du film Of time and the city, le documentaire qu'a consacré le réalisateur Terence Davies à sa ville, Liverpool.
Les mots sont extraits du petit essai publié par Pierre Bergounioux chez Fata Morgana, avec des illustrations de Joël Leick : Les restes du monde (2010).

La face du monde a été bouleversée, voilà deux siècles, par les initiatives conjointes d'entrepreneurs anglo-saxons protestants et d'intellectuels français radicaux. Les uns ont inventé l'économie en vue du profit, introduit le calcul des chances pacifiques de gain pécuniaire dans l'activité productive, les autres institué l'égalité formelle assortie à l'exploitation rationnelle du travail salarié. La révolution industrielle pouvait commencer.
[.....]
L'activité sacrilège qui a éventré la terre pour en extraire le combustible et les minerais, lancé vers les cieux les hauts fourneaux et les cheminées, oppose à la destruction, à l'oubli, la même ténacité qu'elle a mise à asservir l'étendue, la matière. Trente ans après le démantèlement de la sidérurgie, le paysage se souvient. Le souvenir occupe le terrain, se confond avec lui parce que, à la différence des champs, du frêle habitat paysans, des temps agraires, la révolution industrielle a mordu profondément dans la chair du monde, opposé à la nature une culture matérielle qui lui empruntait sa roideur, sa puissance, ses permanences, [.....] De là ces aires fantomatiques, ces édifices blêmes, lavés de leur suie et de leur crasse par les pluies, rendus au vide et au silence mais non au néant.
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dimanche 11 mars 2012

R.B. - Col. William F. Cody (1889)

Le vide-grenier du dimanche. Au lendemain de la célébration de la Journée internationale des droits des femmes, deux oeuvres de la peintre et sculptrice française Rosa Bonheur (1822-1899) dont le père, saint-simonien convaincu, était ami de Goya. À 14 ans, elle fait la connaissance de Nathalie Micas, de deux ans sa cadette, qui deviendra sa compagne et le restera jusqu'à sa disparition cinquante-trois ans plus tard. 
En vertu d'une ordonnance de 1800, elles auront par dérogation une permission de travestissement les autorisant à porter le pantalon.
C'est son père, qui sera son seul professeur, qui lui fait découvrir le philosophe et théologien Félicité de La Mennais (qui soutient que les animaux ont une âme), et les romans champêtres de George Sand ; les animaux deviennent alors son sujet de prédilection.

R.B. - Labourage nivernais (1849)
À côté du portrait de Buffalo Bill, un des héros de mon enfance, j'ai choisi son magnifique Labourage nivernais, issu d'une commande d'État et qui, d'abord destiné au musée des Beaux-Arts de Lyon, est entré en raison de son immense succès au musée du Louvre ; il est aujourd'hui à Orsay.
En 1865, elle se voit remettre les insignes de chevalier dans l'ordre de la Légion d'honneur des mains de l'impératrice Eugénie qui déclare :" Je suis tout heureuse d'être la marraine de la première femme artiste qui reçoive cette haute distinction. J'ai voulu que le dernier acte de ma régence fût consacré à montrer qu'à mes yeux le génie n'a pas de sexe."

dimanche 4 mars 2012

Wallace Berman - 7 (1965)

Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres de l'artiste plasticien américain Wallace Berman (1926-1976), figure emblématique de la scène alternative californienne et icone du mouvement Beat.
Né à Staten Island, New York, il effectue la majeure partie de sa carrière en Californie, où il élabore un style unique combinant objets trouvés, collage, et procédés photographiques et éléments typographiques.
Son œuvre revient de façon récurrente sur les thèmes de la spiritualité, de la contre-culture, de la dissidence politique, mais aussi du mysticisme et des traditions ésotériques. Très engagé dans les milieux littéraires et musicaux de la Beat Generation, il fonde Semina, une revue expérimentale à mi-chemin entre livre d’artiste et manifeste poétique, qui publie des auteurs comme William Burroughs, Allen Ginsberg ou Michael McClure.

W.B. - See you soon (1965)

The creative act is a way of reclaiming our humanity, of asserting our freedom, of expressing our deeper truths.
Sa série la plus célèbre, les collages Verifax, consiste en des montages photographiques reproduits à l’aide d’un appareil précurseur du photocopieur. Dans ces compositions répétitives - où une main tend un transistor affichant des images énigmatiques -, se croisent symboles spirituels, fragments de culture pop, références ésotériques et langages codés... ; en voici un exemple.
Restée en marge des circuits officiels, l'oeuvre de Wallace Berman reste une référence incontournable de l’avant-garde américaine des années 1950-70.
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samedi 3 mars 2012

Hans Holbein le Jeune - Les Ambassadeurs (1533)

Une image et des mots. Vanitas vanitatum... Où l'on apprend que Patrick Poivre d'Arvor brigue un fauteuil à l'Académie Française.

Cet homme de télévision, qui pendant près de 30 ans nous a présenté l'actualité du monde avec des minauderies de mirliflore érotomane, accusé de truquages dans son métier de journaliste (la fausse interview de Castro, le faux garde-du-corps de Saddam Hussein, ICI), accusé de plagiat dans son métier d'écrivain (sa biographie d'Hemingway, ICI), condamné en appel à une peine de prison avec sursis pour recel d'abus de bien sociaux (affaire Botton, ICI) a tout de même été fait chevalier de la Légion d'Honneur, élevé au grade de commandeur dans l'ordre des Arts et des Lettres, et est également officier de l'ordre national du Mérite.
Cet homme donc, qui mieux que quiconque sait ses faiblesses et sa vanité - cet hommage d'un imbécile aux qualités d'un âne très intime, disait Ambrose Bierce -, n'estime visiblement pas être indigne de tous ces honneurs puisqu'il en brigue un surcroît, en venant aujourd'hui, sans aucune honte, prétendre mériter l'immortalité.... Formidable !

Lire, au sujet de ce tableau de Hans Holbein que j'ai choisi pour illustrer ce billet - et à propos de sa fameuse anamorphose -, ce qu'en dit Roger Caillois dans son ouvrage Au coeur du fantastique (1965). Lacan aussi l'avait commenté, mais bon..., Lacan.

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