In girum imus nocte et consumimur igni

In girum imus nocte et consumimur igni
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dimanche 31 mai 2009

A.W.G. - Sans titre
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre et graveur finlandais Axel Waldemar Gallén (1865-1931), plus connu sous le nom de Akseli Gallen-Kallela.
Son œuvre, profondément enracinée dans la culture et le folklore de son pays, a contribué à forger une identité artistique nationale, notamment à travers ses illustrations du Kalevala, l’épopée fondatrice de la Finlande.
Il est né dans le petit port de pêche de Pori, à une époque où la Finlande, alors constituée en grand-duché, fait partie de l'Empire russe. Au lycée d'Helsinki l'enseignement lui est dispensé en suédois ; une langue qui est toujours parlée par la classe possédante et dominante, vestige de l'époque où le pays faisait partie du royaume de Suède. Mais chez lui, à la campagne, Gallén découvre au contact des paysans la langue et les anciens récits finnois.
A. G-K - Nuit de printemps (1915)

C'est encore lycéen, dès 1878,  que très tôt passionné par le dessin il commence à se former à l'Académie des beaux-arts d'Helsinki..
En 1884 il part pour Paris, où il suit les enseignements de l'Académie Julian et de l'Atelier Cormon. Il y peint la bohème des cafés Montmartrois et du Quartier Latin, que fréquente la colonie des artistes nordiques, Strinberg, Munch...
Son passage en France l’initie au naturalisme et à l’impressionnisme, mais il développe rapidement un style personnel où le symbolisme prend une place prépondérante.
Fasciné par les légendes finlandaises et l’identité nordique, il s’éloigne de l’influence occidentale pour puiser dans les traditions et paysages de son pays.

RS1

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dimanche 24 mai 2009

José Alemany - Cigarillos (nd)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe espagnol José Alemany Bori (1895-1951). Originaire de Catalogne et imprégné de l'esprit Noucentiste qui prévalait dans la province à son époque, sa photographie oscille entre pictorialisme et modernité expérimentale : portraits féminins, paysages de dunes, natures mortes, objets isolés, où apparaissent montages, jeux de lumière, solarisations ou photogrammes. Très engagé politiquement, pacifiste et républicain, il quitte l’Espagne pour s’exiler aux États-Unis, où il étudie la psychologie et enseigne la langue et la littérature espagnole à l’université de Syracuse, dans l’État de New York.
J.A. - Ssh... (1939)
Il écrit : "La photographie n'est pas seulement un moyen d'enregistrer ce qui nous entoure, mais aussi d'interpréter notre monde et de révéler quelque chose de nous même dans le processus."
Passionné de littérature, lecteur avide et polyglotte, il fréquente Einstein, Bertrand Russell, Igor Stravinsky...
Contemporain de Doisneau, influencé par Stieglitz et le pictorialisme, ce photographe précoce et disparu trop tôt reste aujourd’hui encore largement méconnu.
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samedi 23 mai 2009

Lecomte de Nouy - Mademoiselle de Maupin (1902)

Une image et des mots. J'évoquais dans une publication de mars le roman épistolaire inspiré à Théophile Gautier par Madeleine de Maupin, une actrice dont voici le portrait réalisé en 1902 par Lecomte du Nouy, élève de Gérôme et de Signol.Pour aller avec, voici quelques lignes de la préface de cet ouvrage, dans lesquelles Gautier, chantre de l'art pour l'art, ironise sur l'utilité du beau.

Rien de ce qui est beau n'est indispensable à la vie. On supprimerait les fleurs, le monde n'en souffrirait pas matériellement ; qui voudrait cependant qu'il n'y eût plus de fleurs ?
Je renoncerais plutôt aux pommes de terre qu'aux roses, et je crois qu'il n'y a qu'un utilitaire au monde capable d'arracher une plate-bande de tulipes pour y planter des choux.
À quoi sert la beauté des femmes ? Pourvu qu'une femme soit médicalement bien conformée, en état de faire des enfants, elle sera toujours assez bonne pour des économistes. À quoi bon la musique ? À quoi bon la peinture ?
Qui aurait la folie de préférer Mozart à M. Carrel ? Et Michel-Ange à l'inventeur de la moutarde blanche ? Il n'y a vraiment de beau que ce qui ne peut servir à rien ; tout ce qui est utile est laid, car c'est l'expression de quelque besoin, et ceux de l'homme sont ignobles et dégoûtants, comme sa pauvre et infirme nature.

MA1
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dimanche 17 mai 2009

Edward C. Hardman - Loch Alsh (1935)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe irlandais Edward Chambré Hardman (1898-1988). Installé à Liverpool, où il ouvrit un studio avec sa femme Margaret Mills - elle-même photographe -, il a mené une double carrière : s'il a gagné sa vie grâce au portrait de commande, c'est la photographie de paysages, apprise en autodidacte, qui l'intéressait le plus.

E.C.H. - The first lamb




Ses compositions, souvent réalisées aux premières heures du jour ou par temps couvert, révèlent un goût marqué pour les jeux de lumière douce, les ambiances calmes ; on y perçoit l’héritage pictorialiste, mais aussi une attention toute britannique à l’atmosphère.
Longtemps exploré par la peinture avant l'invention de la photographie, le paysage est un genre majeur dans l'histoire de l'art, et Hardman en est à sa manière un héritier discret, dans la continuité d’une tradition qui a connu son apogée aux 18 et 19ème siècles.
"Most of my childish dreams were of landscapes; usually of some remote and spectacularly sired lake, which I could never find again".

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dimanche 10 mai 2009

A. Hacker - Imprisoned spring (1911)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre et graveur anglais Arthur Hacker (1858-1919), figure de l'académisme victorien.
Formé à la Royal Academy of Arts de Londres, où il a pu exposer dès l'âge de vingt ans et dont il sera membre, puis à Paris dans l’atelier de Léon Bonnat, il oscille tout au long de sa carrière entre sujets religieux, scènes orientalistes, portraits mondains et compositions allégoriques.

A.H. - The couch burners (1910)
Très influencé par l'école de Barbizon, il s'est aussi inspiré des courants impressionniste et préraphaélite.
En 1885-86, il participe à Londres à la création du New English Art Club, une société artistique fondée en réaction à la Royal Academy.
"Beauty is not a luxury, it's a necessity of the soul."
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dimanche 3 mai 2009

Fan Ho - The Omen (1964)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe et cinéaste chinois Fan Ho (b.1931), figure majeure de la photographie de rue et du modernisme asiatique. Né à Shanghai, il s’installe à Hong Kong dans les années 1940, où il développe très jeune une œuvre profondément marquée par la lumière, l’ombre et la géométrie urbaine.
“Light is the soul of photography. It's what gives a photograph life and emotion.”
Autodidacte, influencé par le cinéma expressionniste et la photographie humaniste européenne, Fan Ho capte, dans les ruelles, les marchés ou les arrière-cours, des scènes à la fois ordinaires et stylisées.
F.H. - Kids and cat (1950s)

D’une grande rigueur formelle, ses images jouent sur les contrastes : silhouettes découpées dans des faisceaux lumineux, brumes suspendues, ombres nettes et dramatiques. The approaching Shadow (1954), l’un de ses clichés les plus célèbres, en est une parfaite illustration.
S’il est surtout connu pour son travail en noir et blanc, Fan Ho aborde aussi la couleur dès le milieu des années 1950 - ce qui fait de lui, aux côtés d’Eggleston ou de Meyerowitz, l’un des pionniers de la photographie couleur contemporaine.
En 1961, il rejoint la société de production Shaw Brothers, dont il se détachera par la suite, pour entamer une carrière dans le cinéma, comme acteur puis réalisateur.
“People tell me it seems my photographic works have stories, have some drama. That’s why, later on, I became a film director. Both use images to tell their story, to express the emotions of the author. Photography and filmmaking are like sisters. One is still and one is moving—that is the only difference.”

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samedi 2 mai 2009

B. E. Murillo - Enfants jouant aux dés (c.1650)
Une image et des mots. C'est au peintre espagnol Bartolomé Estebán Murillo que l'on doit cette huile sur toile, "Niños jugando a los dados" (c.1650), conservée à la Pinacothèque de Munich. Ici, à la différence du Caravage par exemple, le jeu n'est pas prétexte à entourloupe ; la scène au contraire est empreinte d'une grande innocence.
Les mots auxquels j'ai pensé pour accompagner ce tableau sont du regretté André Dhôtel (1900-1991), extraits de La nouvelle chronique fabuleuse (1984) :

« … il n’y a aucun mystère dans le monde. L’affaire est beaucoup plus embarrassante que cela. Nous devrions savoir d’abord que tout est loin à jamais, sinon ce ne serait pas la vie.
Nous ne pouvons rien faire d’autre que regarder les lointains où sont parfois des êtres chers ; ainsi que nous-mêmes d’ailleurs, parfaitement perdus dès l’origine dans la voie lactée. Mais nous ne voulons pas l’avouer.
Seule l’enfance reconnaît ces lointains, je veux dire la pure vérité des perspectives infinies et non pas nos fichus mystères
» .

Bah c’est ça. ...  Solitaires pour toujours aux lisières imprécises du vide, et ce n'est que ça. On se dit que les dés sont jetés depuis longtemps et on se fige dans une immobilité toujours plus immobile.
Ou bien on bavasse, on scribouille, on écrivaille que vaille… ; on s’agite un peu et parfois le soir venu on se retourne sur les mondes morts d’une enfance magique. Sed ite missa est ...

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