In girum imus nocte et consumimur igni

In girum imus nocte et consumimur igni
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dimanche 10 mai 2020

M. Parr - Abandoned Morris Minor (1980)

Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe anglais Martin Parr (b.1952), membre de l'agence Magnum depuis 1994, et promoteur avec Walker Evans de ce genre particulier qu'est la photographie vernaculaire. Réputé pour son regard satirique et anthropologique sur la société contemporaine, ses photographies explorent les thèmes de la vie quotidienne, la classe sociale en Angleterre, et la culture de consommation dans les sociétés occidentales.

M. P. - Shetland, Isle of Yell (2004)
Parr a étudié la photographie au Manchester Polytechnic et a commencé sa carrière en documentant des communautés rurales. Parmi ses projets emblématiques figurent The Last Resort (1983–1985), qui examine les stations balnéaires anglaises, et Small World (1987–1994), une critique visuelle du tourisme de masse. Son style distinctif, souvent marqué par des couleurs vives et un humour ironique, défie les conventions traditionnelles du photojournalisme.
La première photo figure dans le beau fascicule Abandoned Morris Minor of the West of Ireland, édité chez CRB en 2017.
La seconde, après son passage définitif à la couleur en 1982, fait partie d'une série documentaire sur les boîtes aux lettres perdues dans la campagne écossaise, Remote Scottish Potboxes, réalisée entre 2004 et 2010 à l'occasion de vacances avec sa femme Susie dans les archipels de la belle nation celtique.
"When you are in the middle of nowhere, in a bleak landscape and in wild weather, these little pot boxes are strangely comforting, a sign that other people are around, and that you are connnected to the world." Susie Parr.

dimanche 3 mai 2020

LS Lowry - Returning from work (1929)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres de Laurence Stephen Lowry (1887-1976), figure majeure de la Northern School of painting, peintre compulsif des usines et des cheminées de l'Angleterre industrielle. Son style naïf, avec ses foules de prolos courbés sous le fardeau de la peine et du temps, "pareils à des insectes" selon les mots d'un journaliste du Times en 1936, est immédiatement reconnaissable.
Dans un entretien accordé en novembre 1966 au magazine The Arts Review, il rapporte qu'à une jeune femme qui lui avait demandé "Why do you do your figures like you do, Mr. Lowry?", il avait simplement répondu "Well, because I can't do them in any another way".
L.S. Lowry - The mill, Pendlebury
(1943)

Lowry a grandi dans le nord de l'Angleterre. Dans cet environnement maussade et insalubre de Pendlebury. une banlieue ouvrière de Manchester soumise à l'industrie du charbon et qu'il va s'attacher à peindre inlassablement, avec ses fumées grises et son flot de matchstick men au dos courbé. "I have a one-track mind, disait-il, I only deal with poverty."
Il quitte l'école à 16 ans, et va travailler la plus grande partie de sa vie comme collecteur de loyers, en restant vieux garçon au domicile de ses parents, et exprimant dans des tableaux grouillant de personnages sa propre solitude.
"I am a simple man, and I use simple materials, [.....].. a Sunday painter who paints every day of the week." 
En 1968, il décline l'anoblissement et le titre de chevalier qui lui est offert, déclarant au premier ministre Harold Wilson : 
"All my life I have felt most strongly against social distinction of any kind ".
Le tableau ci-contre, The mill, a refait surface récemment après avoir été longtemps "oublié" dans le secret d'une collection particulière.

MK5
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samedi 2 mai 2020

Mike Richard - The glowing tree
Une image et des mots. 
Do not go gentle into that good night. Rage, rage against the dying of the light, nous dit le grand poète gallois Dylan Thomas.
La photographie est de l'américain Mike Richard, et les mots pour aller avec sont d'un autre poète, Pierre Jean Jouve.

Un soir avec l'arbre

Seul au milieu des seuls et sur un golfe d'or,
imprévu géant noir c'est à toi que j'adresse,
Voyageur de mélancolie et charme que je dis
les paroles imprévues et noires du soir
dans le tumulte des nuées
les découpages de brumes et les trous bleus,

Ô voyageur de méditation et de fatigue:
écoute mon coeur de mélèze orné de branchages déchus,
de légères touffes d'étoiles, de vent contenu, solitude,
entends mon souffle droit d'éternelles paroles
puisque justement pour moi s'est ouverte la trouée d'or
sur les hauts pays de ce soir.
NG1

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dimanche 26 avril 2020

E.Erwitt - Waves, Brighton (1956)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés de l'américain d'origine russe Elliott Erwitt, né à Paris en 1928, grand photographe du chien de rue ou de compagnie, ce miroir de la condition humaine. Pas seulement, bien sûr, comme en témoignent les deux photos ci-jointes, dont la très célèbre Segregated fountain, évoquée dans la publication d'octobre 2011 : deux lavabos reliés entre eux et qui distribuent la même eau, mais l'un est propre et neuf, l'autre sale et vieillot...

E.E. - North Caroline segregated fountain
(1950)

Elliott Erwitt dit concéder à la technique une place très secondaire; ses photos peuvent parfois être un peu floues, et leur cadrage - qu'il ne corrige pas au tirage - imparfait.
To me, photography is an art of observation. It's about finding something interesting in an ordinary place... I've found it has little to do with the things you see and everything to do with the way you see them.
Ce qui l'intéresse c'est l'émotion qu'elles portent, les situations légèrement insolites et souvent teintées d'une pointe d'humour très "tongue-in-cheek".
Pour "se moquer des excès absurdes de la photographie contemporaine", Erwitt a créé un alter ego, un artiste originaire de Grand Citron, en Guyane Française, le prétentieux André S. Solidor, coiffé d'un béret et dont les initiales forment le mot "ASS" ("âne" en anglais). Ses œuvres ont été publiées dans un livre, The Art of André S. Solidor (2009), et exposées en 2011 à la Paul Smith Gallery de Londres.

PG7
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HB3 ICI