In girum imus nocte et consumimur igni

In girum imus nocte et consumimur igni
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dimanche 12 août 2012

H. K. - Spring snow at Kiyomizu
(1929)
Le vide-grenier du dimanche.
Deux estampes du japonais Hasui Kawase (1883-1957), maître de l'ukiyo-e honoré du titre de Trésor National vivant en 1953, et célèbre pour ses paysages nocturnes, sous la pluie ou la neige, souvent sans présence humaine. Il appartient au mouvement Shin-Hanga qui reprend les standards de l'ukiyo-e (que l'on peut traduire par "images du monde flottant") et que j'ai déjà eu l'occasion d'évoquer dans ce blog.

Hasui Kawase - Dogashima Island (1937)

"Vivre uniquement le moment présent, se livrer tout entier à la contemplation de la lune, de la neige, de la fleur de cerisier et de la feuille d'érable...[.....], c'est ce qui s'appelle ukiyo", nous dit, dans les Contes du monde flottant (1665), l'écrivain et prêtre bouddhiste Asai Ryoi.
Pourtant ce n'est pas le zazen qui a éveillé mon goût pour l'estampe, ce sont les Aventures de Tintin et Milou. Peut-être Hergé avait-il hérité sa "ligne claire" des maîtres de cet art au nom si poétique.

HY1
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dimanche 5 août 2012

Vladimir Lagrange - Demain matin (1969)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du russe Vladimir Lagrange (b.1939), témoin du dégel soviétique des années 60 aux années 90. Les figures de travailleurs héroïques sont remplacées par les visages de gens ordinaires qui jouent, qui travaillent, qui s'aiment...

V.L. - série So we lived (1960)





"L'esprit d'une époque s'incarne bien plus dans les gens que dans les images stéréotypées d'événements politiques", disait-il.
NC2
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samedi 4 août 2012

James Guthrie - Schoolmates (1884)
Une image et des mots. Ce tableau, intitulé "Schoolmates" (1884) est de James Guthrie, membre des Glasgow Boys, un groupe plutôt informel de peintres écossais de la fin du 19e (ici). Comme chez George Clausen, déjà publié ici,  on retrouve dans sa manière de peindre le quotidien des paysans parmi lesquels il vivait l'influence de Jules Bastien-Lepage. La représentation de ces écoliers - nous dit le commentaire du Musée de Gent où il est conservé - "dégage une simplicité naturelle et reflète le fier orgueil avec lequel les enfants assument leur pauvreté."
Quel regard ces écoliers avaient-ils sur le savoir et sur le monde? Et quel monde sépare ce regard de celui que lui portent les enfants d'aujourd'hui? À la question rebattue du philosophe Hans Jonas: "Quelle planète allons-nous laisser à nos enfants?", on pourrait répondre par celle de Jaime Semprun: "À quels enfants allons-nous laisser le monde?". On apprend aujourd'hui qu'Internet, avec Google et Wikipedia, est devenu pour beaucoup une source majeure d'enseignement, et les réseaux sociaux la première source d'information. Inquiétant...

Les mots qui suivent sont d'Edgar Morin, extraits de son manifeste Enseigner à vivre, publié chez Actes Sud (2014).

"[.....] De plus l'enseignement public dans son ensemble se trouve pris à contre-pied par les médias et il ne sait souvent comment réagir [.....] à la culture de masse qui imprègne non seulement enfants et adolescents, mais la société dans son ensemble. De plus et surtout, Internet vient désormais apporter un gigantesque pêle-mêle culturel de savoirs, rumeurs, croyances en tous genres, sorte d'école sauvage contournant l'école officielle, où viennent s'informer et se former les nouvelles générations. [.....] Tout ce qu'a d'humaniste notre enseignement subit deux formidables pressions, l'une qui veut le coloniser à l'intérieur, celle de l'économie dite libérale et du technocratisme dominant, l'autre qui le corrode et l'amoindrit de l'extérieur, celle des médias et d'Internet."

Car au contraire du monde de James Guthrie, le monde connecté d'aujourd'hui, le "village global" de McLuhan,  permet à n'importe qui - plus ou moins éclairé et de surcroît pas toujours animé des meilleures intentions - de se faire entendre de dizaines, de centaines de ses congénères aussi peu éclairés que lui et prompts de ce fait à gober avec la foi du charbonnier les énormités les plus consternantes. C'est ainsi qu'un nombre grandissant de crétins en phase terminale colportent et répandent les théories du complot les plus folles (ici).
Tout croire et ne rien croire, disait à peu près Poincaré, sont deux attitudes également commodes et qui toutes deux dispensent de penser. Kant avant lui, résumant tout l'esprit des Lumières, nous exhortait: "Ose penser par toi-même" (le "sapere aude" emprunté à Horace). C'est sans doute, dans un monde où prospèrent la désinformation, la falsification, et le mensonge, avant toute autre chose à ce précepte qu'il faudrait subordonner tout enseignement et toute éducation.
CY1

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dimanche 29 juillet 2012

Ch.Sheeler - Ford, River Rouge (1927)

Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre et photographe américain Charles Sheeler (1883-1965), un des fondateurs du mouvement précisionniste. La photographie fait partie d'une série de clichés commandés par le constructeur automobile Ford sur ses usines de Detroit; elle est une célébration de la puissance du progrès des débuts de l'ère industrielle.                                            J'ai observé - et admiré - un grand nombre d'oeuvres de Sheeler, et l'homme le plus souvent en est absent. Totalement absent même, quand son travail, son intervention, semblent effacés pour ne conserver et ne donner à voir que des formes épurées, quintessentielles. 

Ch.S. - American landscape (1931)

Quel est alors le sens de la présence sur cette toile d'un homoncule presque inaperçu ? Est-ce pour marquer la place infime qu'il occupera désormais dans le paysage américain ? Ou au contraire pour souligner le gigantisme des réalisations de cet être d'apparence insignifiante et la prouesse de ses accomplissements ?

HB3 ICI