In girum imus nocte et consumimur igni

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samedi 21 août 2010

R. Orkin - American girl in Italy (1951)
Une image et des mots. Lors d'un voyage en Italie, la photographe débutante Ruth Orkin rencontre une autre jeune américaine, Jinx Allen, qui comme elle voyage seule à travers l'Europe. Elle la photographie dans une rue de Florence, alors qu'elle brave les sifflets et les regards appuyés de tous les glandeurs qui y traînent leur désoeuvrement et leur muflerie.
Cette photo sera publiée un an après pour illustrer un article de Cosmopolitan intitulé "Quand vous voyagez seule... Des conseils sur l'argent, les hommes, et la morale". 
Le harcèlement de rue a une longue histoire...

Les mots sont de William Thackeray, extraits de La foire aux vanités. Thackeray est aussi l'auteur de la nouvelle Barry Lyndon dont Kubrick fera un chef d'oeuvre au cinéma.
"Le sexe barbu est aussi âpre à la louange, aussi précieux dans sa toilette, aussi fier de sa puissance séductrice, aussi convaincu de ses avantages personnels que la plus grande coquette du monde."

PG1
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dimanche 15 août 2010

John Collier - Fire (nd)

Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre et écrivain préraphaélite anglais John Collier (1850-1934). Fils d’un écrivain, il appartient à cette génération d’artistes victoriens fascinés par le retour aux sources de l’art médiéval et de la Renaissance, et qui prônaient la précision du dessin, l’éclat des couleurs et la noblesse des sujets. Après ses études secondaires au collège d’Eton, fleuron des écoles anglaises, il intègre à Londres la prestigieuse Slade School of Fine Art, avant de poursuivre sa formation à Paris puis à Munich. À Paris, il rejoint l’atelier de Jean-Paul Laurens, célèbre pour ses compositions historiques et son style rigoureux, qui va profondément influencer sa maîtrise du dessin et son approche académique de la peinture.

John Collier - Lady Godiva (1898)

Collier fait partie des vingt-quatre membres fondateurs de la Royal Society of Portrait Painters, et j’ai longtemps hésité à publier ici l’un de ses nombreux portraits, tant plusieurs d’entre eux me plaisent particulièrement : celui de sa première épouse, Marian Huxley par exemple - artiste peintre elle aussi -, ou encore celui de Charles Darwin, tous deux réalisés en 1883. L’un de ces portraits fera peut-être l’objet d’une prochaine publication, associé à sa représentation de La Belle au bois dormant. Pour conclure, il faut rappeler que John Collier fut aussi un penseur engagé : rationaliste convaincu, proche des cercles intellectuels progressistes de son temps, il a notamment écrit sur le mariage et la condition féminine. Ses prises de position, en faveur d’un statut plus égalitaire entre hommes et femmes, s’inscrivent dans un mouvement d’idées déjà en plein essor à l’époque victorienne, mais qui restait encore minoritaire dans les cercles dominants.

ML3

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dimanche 8 août 2010

René Groebli - London (1949)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du suisse René Groebli (b.1927), pionnier de l'emploi du flou dans la représentation du mouvement, mais aussi du dye-transfer cher à William Eggleston.
Il assoit sa réputation en 1939 avec sa série Magie der Schiene (Magie du rail) qui le place d'emblée parmi les photographes majeurs de l'après-guerre. Il achète son premier Leica, et passe trois mois à Paris où il rencontre Brassaï et Robert Frank.
René Groebli - London (1949)

En 1954, deux ans après avoir épousé Rita Dürmüller, il réalise sa très belle série Das Auge der Liebe (l'oeil de l'amour). 
Il y documente leur séjour à Paris, dans un hôtel du quartier Montparnasse, avec des clichés d'une émouvante et délicate sensualité. Certains critiques ont voulu établir un parallèle avec le Sentimental Journey du Japonais Nobuyoshi Araki, consacré lui aussi à sa femme Yoko. Pour ma part je trouve ce rapprochement un peu hâtif : Araki me semble dépourvu de la finesse, de la pudeur et de la justesse émotionnelle que je perçois chez Groebli. Mais ce n’est là que mon sentiment.
À Zurich pourtant, où le Neue Zürcher Zeitung (NZZ) parle de pornographie, les photos font scandale. Le puritanisme calviniste coule en Suisse des jours heureux.
GL5
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