In girum imus nocte et consumimur igni

In girum imus nocte et consumimur igni
eiπ + 1 = 0

samedi 7 février 2009

Anonyme - Sans titre

Une image et des mots.
J'ai grandi dans la mer et la pauvreté m'a été fastueuse, puis j'ai perdu la mer, tous les luxes m'ont alors paru gris, la misère intolérable.
Depuis, j'attends. J'attends les navires du retour, la maison des eaux, le jour limpide. Je patiente, je suis poli de toutes mes forces. On me voit passer dans de belles rues savantes, j'admire les paysages, j'applaudis comme tout le monde, je donne la main, ce n'est pas moi qui parle. On me loue, je rêve un peu. On m'offense, je m'étonne à peine. [....] Que faire si je n'ai de mémoire que pour une seule image ?
Albert Camus, L'été (1950).

dimanche 1 février 2009

J. Mankes - Garçon lisant
(1911)
Le vide-grenier du dimanche. Deux œuvres du peintre hollandais Jan Mankes (1889–1920). Lorsque j’ai découvert sa peinture, j’ai d’abord pensé qu’il s’agissait d’aquarelles, avant d’apprendre que c’était son travail sur les blancs qui conférait à ses huiles cette impression de transparence.
Autodidacte, il commence à peindre très jeune et développe un style très personnel, introspectif, avec des atmosphères contemplatives où transparaissent les influences de Rembrandt et de Millet. L’art est la manifestation de la vie spirituelle, écrivait-il en 1913.
J.M. - La Route des merveilles (1912)

Son pinceau est d’une retenue presque ascétique, et les limites qu’il impose à sa palette confèrent à ses toiles une douceur mate, voilée, parfois mélancolique.
Dans une lettre à son père, il écrit : « Je veux exprimer le calme, la paix, la pureté. Rien de plus. Mais ce n’est pas si simple. » On dirait que le silence habite ses compositions.
Son compatriote Willem Sandberg, historien de l’art et directeur du Stedelijk Museum d’Amsterdam de 1945 à 1962, parlait de la beauté à la fois lyrique et sereine de sa peinture.
Jan Mankes est mort à trente ans de la tuberculose.

dimanche 25 janvier 2009

J.D. - Listening to the birds (1885)

Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres de John E. Dumont (1856-1944), photographe pictorialiste américain actif à la fin du XIXᵉ et au début du XXᵉ siècle. À une époque où la photographie cherchait encore sa légitimité artistique, Dumont adopte une approche influencée par la peinture et les estampes : cadrages soignés, atmosphères brumeuses, jeux de lumière étudiés ; il appartenait à cette génération de photographes pour qui l’appareil photo ne devait pas seulement enregistrer la réalité, mais aussi la transfigurer par la sensibilité du regard. 

J.D. - Gossip by the wayside (1893)
Natif, selon certaines sources, de Washington, John Dumont à vécu à New York et à Rochester, où il a travaillé comme courtier en produits alimentaires.
Il s'adonne en amateur à la photographie à partir de 1884, et acquiert une certaine notoriété avec ses scènes de genres prises in situ ou ses portraits réalisés en studio.
Dumont est aujourd'hui peu connu du grand public. Pourtant la qualité de son travail, qui a donné lieu jusqu'en 1903 à de régulières expositions aux États-Unis et jusqu'en Europe, et son approche naturaliste teintée d’idéalisme pictorialiste, lui ont valu d'être comparé au britannique Henry Peach Robinson, qui fera lui aussi l'objet d'une publication.

samedi 24 janvier 2009

Armand Rassenfosse - Femme se lavant (1911)
Une image et des mots. Le tableau est du peintre et graveur belge Armand Rassenfosse (1862-1934), élève et collaborateur de Félicien Rops.
Les mots sont du philosophe André Comte-Sponville.

La pureté n'est pas une chose, ni même une propriété du réel : elle est une certaine modalité de l'amour... Une vertu ? Sans doute, ou ce qui permet à l'amour d'en être une, et de tenir lieu de toutes. Il y a pureté à chaque fois que l'amour cesse d'être "mélangé d'intérêt" (Spinoza, Éthique), ou plutôt (puisque la pureté n'est jamais absolue) dans la mesure seulement où l'amour fait preuve de désintéressement : on peut aimer purement le vrai, la justice ou la beauté, et aussi, pourquoi pas, cet homme ou cette femme qui est là, qui se donne, et dont l'existence suffit à me combler.[....]
Il arrive que l'amour, le plaisir ou la joie nous libèrent quelque peu de nous-même, de notre avidité, de notre égoïsme, il se peut même que l'amour purifie l'amour, jusqu'à ce point peut-être où le sujet se perd et se sauve, quand il n'y a plus que la joie, quand il n'y a plus que l'amour, quand il n'y a plus que tout, et la pureté de tout.

FC1
ICI 

dimanche 18 janvier 2009

J-Ph.C. - Le sac noir, Roubaix (1959)

Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés de Jean-Philippe Charbonnier (1921-2004), qui fut l’un des photographes français les plus marquants du XXe siècle. Issu d’une famille d’artistes, il s’intéresse très tôt à la photographie et, dans les années 1950, il rejoint le magazine Réalités pour lequel il réalise des reportages aux quatre coins du monde. Ses images, empreintes de sensibilité et de curiosité, documentent aussi bien la société occidentale - sa modernisation, ses marges, le monde ouvrier -, que les réalités alors méconnues de pays lointains.
Son travail sur l'architecture et les paysages urbains est également un précieux témoignage sur la France d'après-guerre.
J-Ph.C. - Un café à Saint-Ouen (1966)

La photographie est l'art de saisir un moment, un regard, un geste, une lumière, une ombre. Elle est l'art de saisir la vie...
Et ailleurs (et en cela sa vision diffère de celle par exemple d'un Chris Killip) : la photographie est un langage, et comme n'importe quel langage elle nous permet de communiquer, de nous exprimer, et de raconter des histoires.

BI1

ICI

RP1 ICI