In girum imus nocte et consumimur igni

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samedi 25 mai 2024

Giovanni Strazza - La Vierge voilée (1860)
Une image et des mots. Cette sculpture fascinante de Giovanni Strazza représente une figure féminine au visage délicatement voilé, donnant l'illusion que le voile est translucide. Ce voile, qui révèle subtilement les traits sous-jacents, est souvent symbole de pureté et de chasteté ; ici, sur le visage de la Vierge Marie, il est aussi sans doute une allégorie de la sainteté et du mystère divin, un symbole de l'inaccessibilité de la divinité à la compréhension humaine.

De toutes les vertus, si c'en est une, la pureté est peut-être la plus difficile à appréhender, à saisir. Il faut bien que nous en ayons pourtant l'expérience : que saurions-nous autrement de l'impur ?
Mais c'est une expérience d'abord étrangère, et douteuse. 
La pureté des jeunes filles, ou de certaines d'entre elles, m'a toujours fortement touché. [...]
Moi qui n'ai rien tant aimé que la pureté, rien tant désiré que l'impur, se pourrait-il que j'ignore ce qu'elles ou ce qu'ils sont ? Pourquoi non ? Il en va peut-être de la pureté comme du temps selon saint Augustin : si personne ne me demande ce qu'elle est, je le sais ; mais si on me le demande et que je veuille l'expliquer, je ne le sais plus. La pureté est une évidence et un mystère.
André Comte-Sponville, Petit Traité des grandes vertus (1995).

samedi 30 juillet 2022

anonyme

Une image et des mots. Ce cliché, dont je ne connais pas l'auteur, m'a fait penser à cette phrase d'André Comte-Sponville : "L'éternité, c'est quand tout s'arrête et que le présent continue".
Par association d'idées, ce sont ces quelques lignes de son Traité de la béatitude et du désespoir que j'ai choisies pour l'accompagner.

Désespoir. L'histoire ne va nulle part. Elle avance peut-être, en tous cas elle bouge, mais n'a d'autre but, à chaque instant, que le pas (à supposer que ses mouvements innombrables, infimes ou grandioses, puissent, dans leur contemporanéité dispersée, se réduire à l'unité d'un pas) qu'elle effectue.
En avant ? En arrière ? C'est selon votre point de vue, et l'orientation de vos désirs. Car l'axe temporel ne suffit pas : on peut faire un pas en avant vers le passé, ou un pas en arrière vers l'avenir : c'est le propre des décadences. [.....] Labyrinthe ; l'histoire n'avance que vers elle-même.

samedi 24 janvier 2009

Armand Rassenfosse - Femme se lavant (1911)
Une image et des mots. Le tableau est du peintre et graveur belge Armand Rassenfosse (1862-1934),élève et collaborateur de Félicien Rops.
Les mots sont du philosophe André Comte-Sponville.

La pureté n'est pas une chose, ni même une propriété du réel : elle est une certaine modalité de l'amour... Une vertu ? Sans doute, ou ce qui permet à l'amour d'en être une, et de tenir lieu de toutes. Il y a pureté à chaque fois que l'amour cesse d'être "mélangé d'intérêt" (Spinoza, Éthique), ou plutôt (puisque la pureté n'est jamais absolue) dans la mesure seulement où l'amour fait preuve de désintéressement : on peut aimer purement le vrai, la justice ou la beauté, et aussi, pourquoi pas, cet homme ou cette femme qui est là, qui se donne, et dont l'existence suffit à me combler.[....]
Il arrive que l'amour, le plaisir ou la joie nous libèrent quelque peu de nous-même, de notre avidité, de notre égoïsme, il se peut même que l'amour purifie l'amour, jusqu'à ce point peut-être où le sujet se perd et se sauve, quand il n'y a plus que la joie, quand il n'y a plus que l'amour, quand il n'y a plus que tout, et la pureté de tout.