Armand Rassenfosse - Femme se lavant (1911) |
Les mots sont du philosophe André Comte-Sponville.
La pureté n'est pas une chose, ni même une propriété du réel : elle est une certaine modalité de l'amour... Une vertu ? Sans doute, ou ce qui permet à l'amour d'en être une, et de tenir lieu de toutes. Il y a pureté à chaque fois que l'amour cesse d'être "mélangé d'intérêt" (Spinoza, Éthique), ou plutôt (puisque la pureté n'est jamais absolue) dans la mesure seulement où l'amour fait preuve de désintéressement : on peut aimer purement le vrai, la justice ou la beauté, et aussi, pourquoi pas, cet homme ou cette femme qui est là, qui se donne, et dont l'existence suffit à me combler.[....]
Il arrive que l'amour, le plaisir ou la joie nous libèrent quelque peu de nous-même, de notre avidité, de notre égoïsme, il se peut même que l'amour purifie l'amour, jusqu'à ce point peut-être où le sujet se perd et se sauve, quand il n'y a plus que la joie, quand il n'y a plus que l'amour, quand il n'y a plus que tout, et la pureté de tout.