In girum imus nocte et consumimur igni

In girum imus nocte et consumimur igni
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dimanche 31 mars 2024

H. Prestes - The outer edge (2022)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe portugais Henri Prestes (voir déc.2023), né en 1989 à Guarda, une petite ville proche de la frontière espagnole. Prestes utilise la lumière, le brouillard et les couleurs pour construire des scènes pleines de tension narrative, où l'isolement et la solitude prédominent dans une ambiance mystérieuse et introspective.
H.P. - Perfect darkness (2020)

Influencé par le cinéma de David Lynch et par les travaux de Todd Hido (voir déc. 2011) ou de Gregory Crewdson (voir avril 2015), il intègre à ses images des éléments visuels qui leur confèrent une qualité intemporelle et intrigante. Ses compositions mélancoliques, parfois dramatiques, évoquent souvent des histoires implicites en jouant sur le sentiment d'attente ou de mystère. Mon objectif principal est suggérer une histoire possible avec chaque image, et la manière dont j'aime le faire est d'essayer de créer des images qui ressemblent à une fusion entre la peinture et la photographie (Others Magazine, 2022).

MH1
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samedi 30 mars 2024

Egon Schiele - L'orange était la seule lumière (1912)

Une image et des mots. L'image, c'est cette aquarelle et crayon sur papier réalisée par Egon Schiele dans sa cellule de la maison d'arrêt de Sankt Pölten.
Les mots sont un extrait du court roman Le soleil n'est pas pour nous, de Léo Malet.

C'est fini. Sur un dernier et faible : "Mort aux vaches et vive la fuite", parti on ne sait d'où, la prison s'endort, bercée par les lointains miaulements canailles d'un accordéon poussif qu'un vent miséricordieux apporte depuis Ménilmontant ou la place Voltaire ... Du bout du monde, où les enfants sont libres.

CC1
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dimanche 24 mars 2024

T.F. Klein - Dear stranger (2020)

Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés de la photographe mexicaine Tania Franco Klein (b.1990), à qui j’avais déjà consacré une publication en février 2017.
Comme dans ses autres séries, ces images révèlent sa maîtrise du clair-obscur, qu’elle transpose dans un langage contemporain fait de contrastes nets, de lumières artificielles et de couleurs saturées. Ses photographies mettent en scène des personnages féminins figés dans des instants suspendus : chambres d’hôtel impersonnelles, espaces domestiques vides, paysages désolés. La lumière artificielle, les couleurs saturées et les contrastes appuyés renforcent cette impression d’étrangeté et de tension latente.
T.F.K. - Rear-view mirror (2019)

Pour la série Proceed to the route, à laquelle appartiennent ces deux photographies, Tania Franco Klein se met elle-même en scène dans un univers à la fois familier et lointain, traversé de silence et de tension.
Je suis fascinée par ces lieux délaissés par le progrès et la gentrification, qui existent dans une situation intermédiaire de quasi-abandon.[...] Je m'interroge sur la possibilité de quitter le train de la vie, et de se perdre pour la vivre réellement. Mes principaux personnages, ce sont les émotions.

ML15

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dimanche 17 mars 2024

Albert Edelfelt - Parisienne (1885)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre finlandais Albert Edelfelt (1854-1905), l’une des figures majeures de l’art finlandais à la fin du XIXᵉ siècle. Reconnu pour ses portraits, ses scènes historiques et ses représentations de la vie quotidienne, Edelfelt a contribué à inscrire l’art finlandais dans le contexte européen. Il a étudié à Paris à l’École des Beaux-Arts et dans l’atelier de Jean-Léon Gérôme à partir de 1874, fréquentant des artistes comme John Singer Sargent (voir juil. 2010 et oct. 2014) ou Henri Gervex (voir mai 2016).
Son travail reflète l’influence du naturalisme de Jules-Bastien Lepage et, malgré sa réserve face à l’impressionnisme, il s’approprie certains aspects modernes de la peinture européenne.

A.E. - La parisienne, Virginie
(1883)
Edelfelt a laissé de nombreux portraits célèbres, comme celui de Louis Pasteur ou des membres de la famille impériale russe, mais il est aussi connu pour ses tableaux historiques – La Reine Blanche, Le Corps de Stenbock – et pour ses scènes plus intimistes ou ses paysages finlandais. Très patriote, Edelfelt était profondément attaché à la Finlande et à son autonomie face à la Russie. Cet engagement transparaît dans ses choix de sujets et dans sa manière de peindre : ses œuvres contribuent à forger une identité artistique nationale forte, tout en s’inscrivant dans un dialogue avec l’Europe grâce à une carrière internationale florissante.
J'aime beaucoup sa peinture, qui se distingue par la finesse des détails et une sensibilité qui ne sacrifie jamais la vie de ses sujets à la seule composition.
NC14

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dimanche 10 mars 2024

M.C. - Emma Dougherty (1942)

Le vide-grenier du dimanche. Au lendemain de la Journée internationale des femmes, voici deux clichés de l'américaine Marjory Collins (1912-1985).
Elle se décrivait elle-même comme une « rebel looking for a cause » et a commencé sa carrière de photojournaliste dans les années 1930 à New York. Installée à Greenwich Village en 1935, elle suit de manière informelle l’enseignement de Ralph Steiner et assiste aux conférences de la Photo League, avant de rejoindre à la fin de la décennie la liste des photographes de la fameuse Farm Security Administration (FSA).
M.C. - Rock Creek Park (1942)

En 1941, elle intègre l’équipe de Roy Stryker au US Office of War Information, où elle documente la vie des citoyens ordinaires et leur engagement dans l’effort de guerre américain. Plus de 3 000 clichés pris en 1942 et 1943 sont aujourd’hui conservés à la Bibliothèque du Congrès. Après la Seconde Guerre mondiale, Collins travaille comme photographe indépendante et voyage aux États-Unis, en Europe et en Afrique, avant que la majeure partie de ses négatifs ne soit détruite par son mari lors de leur divorce en 1950. Durant les années 1950 et 1960, elle s’engage dans des causes sociales et politiques – contre la guerre du Vietnam, pour les droits civiques et les mouvements féministes. Mise à la retraite par le Journal of Public Health, elle crée et anime de 1971 à 1976 le journal féministe Prime Time. Comme elle le racontait elle-même : « Ageism and sexism hit me hard four years ago when I found myself out of a job and forced to go on welfare to have an operation. I became so angry I started Prime Time, a journal for and by older women. »
Ce qui me plaît particulièrement dans ses clichés, c’est évidemment cette capacité à donner une voix et une présence à des personnes ordinaires, tout en mêlant engagement social et sensibilité esthétique : un équilibre qui rend son regard à la fois humain et affûté.

SO3

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dimanche 3 mars 2024

A-L. - Fin d'après-midi, ruisseau gelé (1877)

Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre paysagiste danois Anders Andersen-Lundby (1841-1923).  Né à Lundby, au Danemark, il déménage à Copenhague en 1861, où il commence à exposer ses œuvres. Plus tard, en 1876, il s’installe à Munich où il devient un artiste reconnu, en particulier pour ses paysages enneigés et ses représentations hivernales. 

A-L. - The long and wintery road
(1883)
Déjà mis à l'honneur en décembre 2018 avec deux de ses œuvres consacrées à sa saison de prédilection, l'hiver, j'ai hésité à lui consacrer une nouvelle publication sur le même thème ; mais comme j'aime particulièrement le tableau ci-dessus...
Les paysages d'Andersen-Lundby, avec leurs ciels bas, leurs arbres enneigés et leurs reflets de lumière froide, restituent toute la poésie, à la fois mélancolique et sereine, des scènes hivernales nordiques. Il y a dans ces tableaux un mélange de mélancolie et de calme, une façon de rendre la neige presque palpable, tout en laissant transparaître le silence et l’espace ouverts de la campagne. Parfois, un arbre humanise mieux un paysage que ne le ferait un homme, écrivait Gilbert Cesbron.

samedi 2 mars 2024

Peter Lik - Phantom (2011)
Une image et des mots. L'image est un cliché du photographe australien Peter Lik (b.1959), pris dans l'Antelope Canyon, Arizona.
Phantom (la version noir et blanc de l'original couleur Ghost), s'est vendue le 9 décembre 2014 à Las Vegas au prix record de 6,5 millions de dollars ; elle serait donc aujourd'hui la photographie la plus chère au monde, détrônant le Rhein II d'Andreas Gursky (voir janvier 2021) réalisé et vendu en 2011 pour "seulement" 4,3 millions de dollars.
Pour aller avec, voici quelques lignes du poème Annunciation, de Denise Levertov (1923-1997).

Aren't there annunciations
of some sort or another
in most lives ?
Some unwillingly
undertake great destinies,
enact them in sullen pride,
uncomprehending.
More often
those moments
when roads of light and storm
open from darkness in a man or woman,
are turned away from
in dread, in a wake of weakness, in despair,
and in relief.
God does not smite them,
but the gates close, the pathway vanishes.
ML13
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Albert Rieger - Clair de lune Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre et photographe autrichien Albert Rieger (1834-1905), form...