In girum imus nocte et consumimur igni

In girum imus nocte et consumimur igni
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dimanche 26 août 2012

B. Barbey - Tanneurs de Sidi Moussa, Fez (1984) 
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photo-journaliste français Bruno Barbey (b.1941), membre de l'agence Magnum.
Passionné par le cinéma néo-réaliste italien il séjourne à plusieurs reprises en Italie à partir de 1962 pour y réaliser un documentaire photographique sur les Italiens, avec le projet d'en faire un livre. Le projet éditorial n'aboutit pas immédiatement mais lui donne l'occasion de rencontrer Henri Cartier-Bresson et Marc Riboud.
Bruno Barbey - China (1973)

La photographie est le seul langage qui peut être compris dans le monde entier.
Depuis 50 ans Bruno Barbey voyage sur les cinq continents. Il est en Chine pendant la révolution culturelle et au Cambodge pendant le siège de Phnom Penh par les Khmers rouges, il a couvert la guerre du Kippour en Syrie et en Israël, et d'autres conflits encore au Nigeria, au Moyen-Orient, au Vietnam, au Bangladesh, en Irak, au Koweit, en Irlande du Nord... Son travail est publié dans les plus grands magazines internationaux et il est l'auteur de plus de 30 livres..
La première photo est issue d'un long travail documentaire entrepris dès 1972 dans son pays natal, le Maroc où il a grandi et dont il veut conserver la mémoire. Le second cliché, qui fait un peu lien avec les publications précédentes, s'inscrit dans son projet documentaire "Colors of China" qu'il va réaliser de 1973 à 1980.

samedi 25 août 2012

B.Abbott - Wiring an early IBM computer (1960)
Une image et des mots. L'image est un cliché de l'américaine  Berenice Abbott (1898-1991). 

Deux physiciens prennent un avion. Pendant le vol, les deux moteurs tombent en panne et l'avion pique vers le sol.
- Crois-tu que l'on va s'en sortir ? demande le premier.
- Ça ne fait aucun doute, répond le second, il y a une quantité d'univers dans lesquels nous ne sommes jamais montés dans cet avion.

Lâcher la bride de l'imagination devant cet enchevêtrement de câbles, devant cette apparente infinité de connexions possibles, ça pourrait être s'embarquer pour une odyssée quantique vers les univers multiples de Hugh Everett, comme rêver avec Leibniz d'une infinité de mondes compossibles.
Dans son ouvrage De la pluralité des mondes, paru en 2007,  le philosophe David Lewis résume ainsi sa théorie du réalisme modal :
Le monde dont nous faisons partie n'est qu'un monde parmi une pluralité de mondes, et nous qui habitons ce monde ne sommes qu'un petit nombre des habitants de tous les mondes.

Ou bien au contraire, finalement étourdi par cette complexité et n'en pouvant plus de vertige, on en appelle au rasoir de Guillaume d'Ockham, et à ces mots d'Einstein :
"Tout doit être le plus simple possible, mais pas plus simple que ça."

dimanche 19 août 2012

J.F. - Three wine glasses (1977)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres de l'américaine Janet Fish.(b.1938). Née à Boston dans une famille largement composée d'artistes - elle est notamment la petite fille de l'impressionniste Clark Voorhess -, elle étudie au Smith College et à l'université de Yale avant de s'engager pleinement dans sa vie d'artiste.

J.F. - Yellow glass bowl (2007)
Renommée pour ses natures mortes, le plus souvent de la cristallerie, des fruits et des fleurs, elle confère à ses compositions une sensation d'énergie et de mouvement, grâce peut-être à l'emploi d'acrylique qui lui permet de superposer les couleurs vives et de créer des textures dynamiques.
I'm interested in the relationship between color and light. Color is the language of painting. I love to paint the beauty and the sensuousness of things. Painting is a way of celebrating life.


TD2
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dimanche 12 août 2012

H. K. - Spring snow at Kiyomizu
(1929)
Le vide-grenier du dimanche.
Deux estampes du japonais Hasui Kawase (1883-1957), maître de l'ukiyo-e honoré du titre de Trésor National vivant en 1953, et célèbre pour ses paysages nocturnes, sous la pluie ou la neige, souvent sans présence humaine. Il appartient au mouvement Shin-Hanga qui reprend les standards de l'ukiyo-e (que l'on peut traduire par "images du monde flottant") et que j'ai déjà eu l'occasion d'évoquer dans ce blog.

Hasui Kawase - Dogashima Island (1937)

"Vivre uniquement le moment présent, se livrer tout entier à la contemplation de la lune, de la neige, de la fleur de cerisier et de la feuille d'érable...[.....], c'est ce qui s'appelle ukiyo", nous dit, dans les Contes du monde flottant (1665), l'écrivain et prêtre bouddhiste Asai Ryoi.
Pourtant ce n'est pas le zazen qui a éveillé mon goût pour l'estampe, ce sont les Aventures de Tintin et Milou. Peut-être Hergé avait-il hérité sa "ligne claire" des maîtres de cet art au nom si poétique.

HY1
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dimanche 5 août 2012

Vladimir Lagrange - Demain matin (1969)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du russe Vladimir Lagrange (b.1939), témoin du dégel soviétique des années 60 aux années 90. Les figures de travailleurs héroïques sont remplacées par les visages de gens ordinaires qui jouent, qui travaillent, qui s'aiment...

V.L. - série So we lived (1960)





"L'esprit d'une époque s'incarne bien plus dans les gens que dans les images stéréotypées d'événements politiques", disait-il.
NC2
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samedi 4 août 2012

James Guthrie - Schoolmates (1884)
Une image et des mots. Ce tableau, intitulé "Schoolmates" (1884) est de James Guthrie, membre des Glasgow Boys, un groupe plutôt informel de peintres écossais de la fin du 19e (ici). Comme chez George Clausen, déjà publié ici,  on retrouve dans sa manière de peindre le quotidien des paysans parmi lesquels il vivait l'influence de Jules Bastien-Lepage. La représentation de ces écoliers - nous dit le commentaire du Musée de Gent où il est conservé - "dégage une simplicité naturelle et reflète le fier orgueil avec lequel les enfants assument leur pauvreté."
Quel regard ces écoliers avaient-ils sur le savoir et sur le monde? Et quel monde sépare ce regard de celui que lui portent les enfants d'aujourd'hui? À la question rebattue du philosophe Hans Jonas: "Quelle planète allons-nous laisser à nos enfants?", on pourrait répondre par celle de Jaime Semprun: "À quels enfants allons-nous laisser le monde?". On apprend aujourd'hui qu'Internet, avec Google et Wikipedia, est devenu pour beaucoup une source majeure d'enseignement, et les réseaux sociaux la première source d'information. Inquiétant...

Les mots qui suivent sont d'Edgar Morin, extraits de son manifeste Enseigner à vivre, publié chez Actes Sud (2014).

"[.....] De plus l'enseignement public dans son ensemble se trouve pris à contre-pied par les médias et il ne sait souvent comment réagir [.....] à la culture de masse qui imprègne non seulement enfants et adolescents, mais la société dans son ensemble. De plus et surtout, Internet vient désormais apporter un gigantesque pêle-mêle culturel de savoirs, rumeurs, croyances en tous genres, sorte d'école sauvage contournant l'école officielle, où viennent s'informer et se former les nouvelles générations. [.....] Tout ce qu'a d'humaniste notre enseignement subit deux formidables pressions, l'une qui veut le coloniser à l'intérieur, celle de l'économie dite libérale et du technocratisme dominant, l'autre qui le corrode et l'amoindrit de l'extérieur, celle des médias et d'Internet."

Car au contraire du monde de James Guthrie, le monde connecté d'aujourd'hui, le "village global" de McLuhan,  permet à n'importe qui - plus ou moins éclairé et de surcroît pas toujours animé des meilleures intentions - de se faire entendre de dizaines, de centaines de ses congénères aussi peu éclairés que lui et prompts de ce fait à gober avec la foi du charbonnier les énormités les plus consternantes. C'est ainsi qu'un nombre grandissant de crétins en phase terminale colportent et répandent les théories du complot les plus folles (ici).
Tout croire et ne rien croire, disait à peu près Poincaré, sont deux attitudes également commodes et qui toutes deux dispensent de penser. Kant avant lui, résumant tout l'esprit des Lumières, nous exhortait: "Ose penser par toi-même" (le "sapere aude" emprunté à Horace). C'est sans doute, dans un monde où prospèrent la désinformation, la falsification, et le mensonge, avant toute autre chose à ce précepte qu'il faudrait subordonner tout enseignement et toute éducation.
CY1

ICI