In girum imus nocte et consumimur igni

In girum imus nocte et consumimur igni
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dimanche 29 mars 2009

A. Warhol - Flowers serie (1974)

Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres de l'artiste américain Andy Warhol (1928-1987), figure majeure du Pop Art
C'est au cours de sa formation, de 1945 à 1949, au Carnegie Institute of Technology de Pittsburgh, qu'il adopte la technique du dessin tamponné.
Il s'installe ensuite à New York et va travailler comme dessinateur publicitaire pour des magazines comme Glamour, Vogue, ou encore Harper's Bazaar...

A. Warhol - Living-room (1948)
Parmi ses oeuvres les plus emblématiques, il y a bien sûr ses sérigraphies de Marilyn, des soupes Campbell, ou d'autres sujets encore - une technique qu'il adopte dès 1963 -, ou même sa fameuse représentation du dollar américain qu'il aimait ouvertement, lui qui toute sa vie a fait le grand écart entre l'underground new-yorkais et la jet-set du show business international.
J'ai commencé dans l'art commercial et je veux finir avec une entreprise d'art [....], être bon en affaires c'est l'entreprise d'art la plus fascinante, gagner de l'argent est un art, et les affaires bien conduites sont le plus grand des arts (cité dans le Hors-série que Télérama vient de lui consacrer).
Une grande partie de son travail me laisse plutôt indifférent, mais j'aime beaucoup les deux tableaux que voici. Le premier fait partie d'une série pour laquelle Warhol s'est inspiré d'un catalogue de papiers peints et de l'ouvrage Interpretative Floral Design consacré par Mrs Russ Stoz aux arrangements floraux. Le second est un pastel que Warhol a réalisé, alors qu'il était encore étudiant, d'après le souvenir qu'il avait du living-room de son enfance à Pittsburgh.

HB1

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dimanche 22 mars 2009

Alex Webb - Old Havana (2000)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés de l'américain Alex Webb (b.1952), membre de Magnum depuis 1974 et collaborateur de revues comme Geo ou le National Geographic.
Ses images sont complexes, souvent saturées de couleurs et d'une sorte de tension narrative. Formé à la photographie et à la littérature, il commence par employer le noir et blanc, avant d’adopter la couleur au début des années 1980 - un tournant décisif après plusieurs voyages marquants en Haïti et en Amérique latine..

A.W. - Agua Prieta, Mexico (2001)
Il photographie les rues, les frontières, les marges : lieux de passage, de tension ou d’attente, où cohabitent violence, beauté, absurdité ou silence. « La rue est un théâtre, je tente d’y saisir la poésie du désordre. » Alex Webb soulignait un jour que dans le domaine du photo-journalisme la plupart des clichés lui semblaient vouloir "dire" quelque chose, ce qui après tout paraît plutôt normal... 
Pourtant, lui affirmait qu'il ne cherchait pas à montrer les choses, mais plutôt à les explorer, à "poser des questions", comme s'il se situait dans un espace en tension entre le monde du journalisme et le monde de l'art. Son œuvre s'inscrit bien dans une tradition documentaire, mais avec une dimension esthétique et symbolique qui le distingue nettement. I have always felt that a lot of the most interesting work, not just mine but other people's, falls into the nether area, somewhere between the worlds of documentary and photojournalism - two very vague words -, and the world of art. I think a lot of street photography falls into this nether area.
GL2

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samedi 21 mars 2009

A. Vakhrameïev - Tatiana Trofimova (1915)
Une image et des mots.  J'ai d'abord découvert, et aimé, chez Alexandre Vakhrameïev (1874-1926), la peinture sociale saisie sur le motif.
Puis j'ai admiré la sensibilité de ses portraits, l'art avec lequel il peignait sur les visages les sentiments les plus subtils et les plus intimes.
Ainsi, avec ce beau portrait de Tatiana Trofimova absorbée dans une profonde rêverie - une "rêvasserie" dirait Théophile Gautier (Mademoiselle de Maupin) -, l'expression de son regard perdu dans le vague.
Les mots sont extraits du roman de Julien Gracq, Le rivage des Syrtes (1951).

"Il y a dans notre vie des matins privilégiés où l'avertissement nous parvient, où dès l'éveil résonne pour nous, à travers une flânerie désoeuvrée qui se prolonge, une note plus grave, comme on s'attarde, le coeur brouillé, à manier un à un les objets familiers de sa chambre à l'instant d'un grand départ. Quelque chose comme une alerte lointaine se glisse jusqu'à nous dans ce vide clair du matin plus rempli de présages que les songes..."
JS1

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dimanche 15 mars 2009

H.Feinstein - Storefront, NYC (1951)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe américain Harold Feinstein (1931-2015). Venu très tôt à la photographie, il est à l'âge de 17 ans le plus jeune membre de la Photo League, un collectif de photographes réuni à New York autour des mêmes convictions et préoccupations sociales et artistiques, émanation plus ou moins vague du mouvement et de l'association communistes allemands Arbeiterfotografen et WIR (cet acronyme pour Workers International Relief signifie "nous" en français). Le photographe Eugene Smith, profondément attaché à la valeur de témoignage de la photographie, a dit de lui qu'il était un des rares à révéler, avec tant de force et d'honnêteté, ce qui pour lui relevait de l'ordinaire.

H.F. - Girl with horse (1950)

J'aime beaucoup la photo de cette petite fille qui, le sourcil froncé et les bras ramenés sur la poitrine, semble ne pas se fier à l'oeil doux de ce colosse. Peut-être en a-t-elle la même appréhension que Churchill, qui n'aimait pas beaucoup les chevaux ; un animal, disait-il, dangereux aux deux bouts et inconfortable au milieu.

BE1
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samedi 14 mars 2009

AB1
L'éternel mystère de la poésie et des émotions qu'elle suscite : ICI

Bashung en 2003
(ph. Richard Bellia)

dimanche 8 mars 2009


John Topham - Simone Segouin (1944)
Le vide-grenier du dimanche. En cette Journée internationale des femmes, voici les portraits de deux jeunes françaises, deux clichés pris par deux photographes différents sur qui sans doute je reviendrai. 
D'abord celui de Simone Segouin, résistante, pris par John Topham lors de la libération de Paris le 19 août 1944 ; elle a 18 ans.

J.G. - Marina Ginesta (1936)
Ensuite celui de Marina Ginesta, combattante antifasciste, pris en 1936 par Juan Guzmán, pendant la Guerre d'Espagne sur le toit de l'Hôtel Colón, à Barcelone ; elle a 17 ans. Merci à ces deux jeunes filles dont l'exemple traverse le temps pour éclairer notre chemin, car chaque homme devient meilleur quand il est capable d'admirer avec sincérité ce qui est bien, écrivait Stefan Zweig.
Deux visages si jeunes du courage...! Alors, Aristote, elle vient d'où cette excellence de l'âme ?

samedi 7 mars 2009

Aristide Caillaud - Le paysan (1970)
Une image et des mots. L'image, c'est un tableau naïf du berger devenu peintre Aristide Caillaud, un bel exemple de sa "peinture heureuse", selon les mots de Jean Follain.
Pour l'accompagner, j'ai pensé à ce passage du petit livre d'Émile Guillaumin, La vie d'un simple (1943).

Mais j'étais loin de prendre au pied de la lettre toutes les histoires de curés - leurs théories sur le paradis et l'enfer, comme sur la confession et les jours maigres, je prenais ça pour des contes. Le vrai devoir de chacun me semble tenir dans cette ligne de conduite toute simple : bien travailler, se comporter honnêtement, ne chagriner personne, s'efforcer de rendre service quand on le peut, en particulier à ceux qui sont dans la misère et dans la peine...
En s'y conformant à peu près je ne puis croire qu'on ait quelque chose à craindre ni là, ni ailleurs...
TD1
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dimanche 1 mars 2009

A. Shay - Be kind now (1950)

Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe américain Art Shay (b.1922), profondément ancré dans le Chicago du XXᵉ siècle. Né dans le Bronx, ancien navigateur pendant la Seconde Guerre mondiale, il s’installe après le conflit à Chicago où il entame une longue carrière de photojournaliste indépendant, publiant dans Life, Time, Sports Illustrated, entre autres, ce qui lui permettra de rencontrer quelques-uns des plus grands photographes du moment : Alfred Eisenstaedt, Wallace Kirkland ou encore Francis Miller.
A.S. - Sunday morning, Madison St.
(1950)

C’est dans cette ville qu’il noue une amitié décisive avec l’écrivain Nelson Algren, rencontré en 1949. Ensemble, ils arpentent les rues populaires, les bars, les abords d’usines et les terrains vagues - un Chicago âpre, loin des images de carte postale -, et en tirent une œuvre à quatre mains : reportages, photos, récits.
De cette collaboration naîtra Nelson Algren’s Chicago, mais aussi les images qui accompagnent  Chicago: City on the Make, un essai d’abord publié dans Holiday Magazine. Shay et Algren, en témoins attentifs, documentent la même ville, celle des marges, des visages usés, des gestes ordinaires.
À l’époque, Algren vit une liaison célèbre avec Simone de Beauvoir, que Shay photographie également lors de son séjour à Chicago, notamment dans un nu devenu célèbre, à la fois pudique et libre, et qui est aujourd’hui exposé dans plusieurs musées.
Art Shay n’était pas un photographe du spectaculaire. Il se définissait comme un conteur visuel, qui observait la ville et ses habitants avec empathie. Portraits, paysages urbains, scènes de rue, toutes ses images respirent une attention sincère à ce qui se joue dans les marges.
« Mon appareil ne juge pas, il se souvient. »

LB1 ICI