In girum imus nocte et consumimur igni

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samedi 28 mai 2022

Gennady Blohin - Collection (2012)
Une image et des mots. Le cliché est du russe Gennady Blohin, déjà présenté en février 2015, et le texte est de Nietzsche, extrait de Aurores (1881).

Au fond, ce qu'on sent aujourd'hui, à la vue du travail - on vise toujours sous ce nom le dur labeur du matin au soir -, qu'un tel travail constitue la meilleure des polices, qu'il tient chacun en bride et s'entend à entraver puissamment le développement de la raison, des désirs, du goût de l'indépendance. 
Car il consume une extraordinaire quantité de force nerveuse et la soustrait à la réflexion, à la méditation, à la rêverie, aux soucis, à l'amour et à la haine, il présente constamment à la vue un but mesquin et assure des satisfactions faciles et régulières.
[....] Êtes-vous complices de la folie actuelle des nations qui ne pensent qu'à produire le plus possible et à s'enrichir le plus possible ? Votre tâche serait de leur présenter l'addition négative : quelles énormes sommes de valeur intérieure sont gaspillées pour une fin aussi extérieure ! Mais qu'est devenue votre valeur intérieure si vous ne savez plus ce que c'est que respirer librement ?
JB10

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dimanche 22 mai 2022

Shaun Downey - Down the stairs (2015)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres de l'artiste canadien Shaun Downey (b.1978). Formé à la Angel Art Academy de Toronto puis au Sheridan College, dont il sort diplômé en 2002, il explore dans ses toiles un réalisme nourri à la fois des maîtres néerlandais et d’influences plus contemporaines, comme la bande dessinée. 
Ses portraits, souvent peints dans l’intimité de son foyer, montrent des personnages solitaires, figés dans des attitudes où affleure une tension, un malaise imperceptible. La lumière, la couleur et le cadre deviennent les instruments d’une mise en scène d’où émane le sentiment étrange d’une inquiétante normalité.
S. Downey - Wave 3

Cette ambiguïté narrative - on ne sait pas bien si l’on se trouve dans l’« avant » ou dans l’« après » - confère à ses tableaux une dimension presque cinématographique. Certaines œuvres, comme The Visitor, Window Watcher ou The Investigator II, semblent tirées de photogrammes d’un film de David Lynch.
Ainsi, tout en s’inspirant des idéaux artistiques classiques, Downey trouve un équilibre subtil entre tradition et modernité, ancrant ses œuvres dans un quotidien familier mais chargé de mystère. Comme le note Jenna Opsahl dans Jungle Magazine (Londres, 2016) : "His scenes are mysterious and unknowable - and yet they feel familiar; as if we ourselves, have been here before."
Shaun Downey dit vouloir « ralentir la marche du temps » en peignant ces moments de solitude. Il y parvient avec une maîtrise rare de la lumière et du silence. Ses personnages, seuls, semblent écouter quelque chose - peut-être le monde, ou peut-être simplement quelque chose d’eux-mêmes.

VM3

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dimanche 15 mai 2022

Max Ferguson - Shoe repair shop (2008)

Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre américain Max Ferguson (1959), dont les œuvres mettent principalement en lumière des scènes de la vie urbaine, le plus souvent dans sa ville natale New York : des représentations hyperréalistes de lieux familiers du quotidien - comme ici une laverie ou une échoppe de cordonnier -, où la banalité, peinte avec une touche de nostalgie, devient matière à émotion.

M.F. - Laundromat (2006)
Ferguson commence sa carrière artistique à l’adolescence par la réalisation de films d’animation dessinés à la main, avant d’obtenir un diplôme de cinéma à l’Université de New York en 1980. Mais c’est une année passée à la Gerrit Rietveld Academie d’Amsterdam, nourrie de son admiration pour Vermeer et Rembrandt, qui oriente définitivement son parcours. Il abandonne alors le cinéma pour la peinture - et, ironie heureuse, la Ville d’Amsterdam acquiert l’une de ses premières toiles.
Le style de Max Ferguson garde l’empreinte de cette filiation néerlandaise : un soin extrême apporté à la lumière, à la composition et à la texture des choses ordinaires. À travers ces scènes du quotidien new-yorkais, c’est moins le tumulte de la ville qu’il peint que sa mémoire - la poésie discrète de ce qui, d’ordinaire, passe inaperçu.

LG2

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dimanche 8 mai 2022

T.H.B. - The waterboy (1946)

Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre et muraliste américain Thomas Hart Benton (1889-1975).peintre et muraliste américain emblématique du mouvement régionaliste, aux côtés de Grant Wood et John Steuart Curry. Né à Neosho, dans le Missouri, Benton s’est attaché tout au long de sa carrière à représenter avec force et empathie la vie de l'Amérique rurale, les luttes et les expériences des travailleurs ordinaires, notamment durant la Grande Dépression.
Après avoir étudié à l'Art Institute of Chicago puis à l'Académie Julian à Paris, il s’éloigne des courants modernistes pour élaborer un langage pictural personnel, enraciné dans la culture populaire américaine.

T.H.B. - Departure of the Joads (1939)
Dans les années 1930, ses fresques murales, comme celles réalisées pour le Capitole de l'État du Missouri, sont devenues célèbres pour leur engagement dans la documentation de l'histoire et de la culture américaines. Benton cherchait à transmettre une vision authentique et parfois critique des États-Unis, opposée aux esthétiques européennes alors en vogue.
Professeur à l'Art Students League de New York, , Benton forma entre autres Jackson Pollock, qu’il influença durablement. Son œuvre, intimement liée au Midwest et à son Missouri natal, reste un témoignage essentiel de l’Amérique du XXᵉ siècle, entre idéal et réalité.
Comme il l’écrivait lui-même : « J’ai la conviction qu’en dépit de toutes les limites de mon esprit, des luttes et des échecs traversés, je suis parvenu à exprimer quelque chose qui soit à l’image de l’Amérique et du peuple américain de mon temps. »

W.S. - I do not understand (2017) Le vide-grenier du dimanche. Deux œuvres du peintre belge Walter Swennen (1946-2025). Formé à Bruxelles e...