In girum imus nocte et consumimur igni

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dimanche 10 mars 2013

D. Lange - Migrant mother (1936)

Le vide-grenier du dimanche. Au lendemain de la Journée internationale des droits de la femme, deux clichés de la photographe américaine Dorothea Lange (1895-1965), dont le nom est aujourd’hui synonyme de photographie documentaire engagée. Ces images illustrent parfaitement le travail qu’elle a mené au sein de la FSA (Farm Security Administration), déjà évoquée ici à plusieurs reprises, la première fois en décembre 2011 à propos de Russell Lee.

D.L. - Young migratory mother
(1940)
Avec un regard à la fois empathique et rigoureux, elle a abondamment documenté la situation des migrants durant les "bitter years" (les années amères) de la Grande Dépression, conséquence du krach boursier de 1929.
La première, le célèbre cliché de Florence Owens Thompson avec ses trois enfants, est devenue une icône universelle.
Au même titre que White Angel breadline (1933), photographie d’une soupe populaire, le regard chargé d’anxiété de cette mère migrante parle d’un temps difficile et saisit avec force cette page d’histoire. Lange disait : « La photographie aide à voir ». Son œuvre continue de nous inviter à regarder, avec humanité et attention, ce qui parfois nous échappe - et ne le devrait pas.

RS1

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dimanche 3 mars 2013

J. Collier - Marian Collier (1883)

Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre préraphaélite anglais John Collier (1850-1934), déjà présenté en août 2010.
Figure éminente mais parfois oubliée de l’époque victorienne, Il s’inscrit dans la seconde génération des préraphaélites, tout en conservant un certain classicisme hérité de sa formation académique.

J.C. - The Sleeping beauty (1921)
Ce double héritage se lit parfaitement dans le contraste entre ces deux toiles : le portrait de son épouse, Marian Huxley, d’une sobriété presque austère, et La Belle au bois dormant, avec une somptueuse mise en scène qui déploie tout l’imaginaire et l’éclat chromatique du préraphaélisme.

samedi 2 mars 2013

Victoria Ivanova - Megalomania
Une image et des mots. De combien de sentiments, d'émotions, de combien de travers ou de vertus ce cliché de l'artiste russe Victoria "Vika" Ivanova - qui parmi ses modèles cite entre autres Vlad Artazov (voir août 2009) -, pourrait-il être la métaphore ?
"Je voudrais enserrer le monde dans un réseau de charité", disait Frédéric Ozanam (1813-1853), prof de littérature étrangère à la Sorbonne et fondateur de la Société de Saint-Vincent-de-Paul, une organisation internationale de bienfaisance aujourd'hui présente dans 140 pays.

En 1836, il écrit ceci : "La question qui agite aujourd'hui le monde autour de nous n'est ni une question de personnes, ni une question de formes politiques, c'est une question sociale. C'est de savoir qui l'emportera de l'esprit d'égoïsme ou de l'esprit de sacrifice ; si la société ne sera qu'une grande exploitation au profit des plus forts ou une consécration de chacun au service de tous. Il y a beaucoup d'hommes qui ont trop et qui veulent avoir encore ; il y en a beaucoup plus d'autres qui n'ont rien et qui veulent prendre si on ne leur donne rien.
Entre ces deux classes d'hommes une lutte se prépare, et elle menace d'être terrible : d'un côté la puissance de l'or, de l'autre la puissance du désespoir."

Ozanam, préoccupé par les inégalités sociales de son époque, anticipe les tensions entre classes sociales, qu'il perçoit comme une menace pour la cohésion de la société.
Mais sa vision diffère profondément de celle qui sera développée par Karl Marx dans sa théorie de la lutte des classes. Animé par sa foi chrétienne, il appelle à la solidarité, à la charité et à une réconciliation entre les classes, quand Marx, qui s'appuie sur une analyse matérialiste, théorise un conflit irréconciliable entre bourgeoisie et prolétariat.
Cette réflexion d’Ozanam s’inscrit également dans un contexte intellectuel marqué par des débats sur les changements sociaux et politiques de l’après-Révolution française, auxquels des historiens comme François Guizot et Auguste Mignet apportaient leurs propres analyses, institutionnelles et historiques. En effet, là où ces derniers se concentraient sur l’évolution des institutions et des régimes, Ozanam abordait la question sous l’angle moral et spirituel, en insistant sur la responsabilité individuelle et collective des privilégiés face aux plus démunis.
Plutôt que de simplement anticiper la lutte des classes, Ozanam proposait une alternative fondée sur le sacrifice et l’entraide ; dans un monde marqué par des inégalités croissantes, son approche chrétienne des enjeux sociaux n'est-elle plus pertinente aujourd’hui ?

dimanche 24 février 2013

Thomas Eakins - Untitled (1910)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du peintre et photographe Thomas Eakins (1844-1916), figure majeure du réalisme américain à la charnière des XIXᵉ et XXᵉ siècles.
Parallèlement à ses études à l'Académie des Beaux-Arts de Pennsylvanie, il se presse aux cours d'anatomie de l'école de médecine.
Th. Eakins - Maud Cook (1895)

Admis aux Beaux-Arts de Paris, il travaille de 1866 à 1868 dans les ateliers de Jean-Léon Gérôme et de Bonnat, puis séjourne quelque temps à Pont-Aven avant de voyager en Espagne.
De retour aux États-Unis, il va enseigner de 1882 à 1886 à l'Académie de Pennsylvanie qui l'avait formé ; il en fera un lieu d'innovation artistique avant d'être contraint de démissionner pour des pratiques pédagogiques qualifiées de douteuses : il avait notamment admis un public féminin à un cours sur l'anatomie masculine.
RH2

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F. Bacon - Study of a figure in a landscape (1952) Une image et des mots. L'image, c'est une étude de Francis Bacon, déjà présenté ...