In girum imus nocte et consumimur igni

In girum imus nocte et consumimur igni
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dimanche 5 février 2012

O. Redon - Cinq papillons (1912)

Le vide-grenier du dimanche. Deux œuvres du peintre et graveur français Odilon Redon (1840–1916), figure singulière du symbolisme.
Né à Bordeaux, il entame de brèves études aux Beaux-Arts de la ville, mais se détourne vite d’un enseignement académique qu’il juge trop rigide.
Il se forme alors en grande partie seul, nourri par la découverte de l’estampe japonaise, les œuvres de Gustave Doré ou de Gustave Moreau, mais aussi par la littérature, la philosophie, les sciences...

O.R. - La barque mystique (1890)
La rencontre du botaniste Armand Clavaud, dont il admire la pensée, l’amène à voir dans la nature un monde mystérieux, presque spirituel. Plus tard, la lecture de Darwin et son éducation religieuse viendront aussi marquer sa sensibilité. Dans son recueil autobiographique À soi-même, Redon écrit que Clavaud explorait « les confins du monde imperceptible ». Ce sont sans doute ces mêmes territoires - faits de rêve, de silence et d’étrangeté - que Redon tente d’atteindre dans ses dessins, ses noirs, puis dans ses pastels colorés, toujours à la recherche d’un invisible qu’aucun mot ne saurait désigner.

JR2

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samedi 4 février 2012

(A/U)
Une image et des mots. "Il est tard, levez-vous. Dans la rue un refrain vous appelle et vous dit "Voici la vie réelle", écrit Robert Desnos dans un de ses poèmes (Le réveil, 1944).

Il y a suffisamment d'indices sur cette photographie dont j'ignore l'auteur pour nous permettre de déterminer si ce monsieur aux souliers bien cirés est un tapeur de vitre parisien ou un "knocker-upper" londonien.
Peu importe, car cet office depuis longtemps disparu était - ici et là-bas - le même : de la main ou du bout d'une perche, il s'agissait de taper de bon matin au carreau de qui avait la veille demandé à être réveillé.... ou de qui devait l'être pour prendre son tour à l'usine.
Le poème qui suit est de Roberto Juarroz, extrait de Poésie verticale.

Llamamos desde un lado de la puerta,
desde afuera hacia adentro.
Después llamamos desde el otro lado,
desde adentro hacia afuera.
Aguardamos entonces las respuestas
y no llega ninguna.
Tal vez cada respuesta esté esperando a la otra.

***
On frappe d'un côté de la porte,
du dehors vers dedans.
Puis on frappe de l'autre côté,
du dedans vers dehors.
On attend alors les réponses
et aucune n'arrive.
Il se peut que chaque réponse
attende l'autre.

ML4
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dimanche 29 janvier 2012

Reg Smythe - Andy Capp
Le vide-grenier du dimanche. Comme chaque année depuis l'ouverture de ce blog, je profite du Festival international de la bande dessinée d'Angoulême pour évoquer deux héros de mon enfance et de mon adolescence. Aujourd'hui, tous les deux sont britanniques.

G. Campion - Battler Britton
Le premier, créé par Reg Smythe (1917-1998), je l'ai découvert je crois dans l'irremplaçable et irremplacé Charlie Mensuel, en même temps que Lil'Abner et bien d'autres... C'est Andy Capp, que Flo attend invariablement avec le rouleau à pâtisserie quand il rentre du pub..
Le second, bien plus glorieux, est un héros plus avouable :
Battler Britton était une création du dessinateur Geoff Campion et du scénariste Mike Butterworth, mais de nombreux dessinateurs européens ont collaboré à ses aventures. Parmi eux, un certain....... Hugo Pratt !

samedi 28 janvier 2012

F. de Knibbergen - Paysage de dunes (1665)
Une image et des mots. La peinture hollandaise est source de silence, disait Claudel.... 
J'ai pensé à ce beau paysage du hollandais François de Knibbergen (1596-1674) après avoir lu dans le n°165 de Poétique un bel article de Cyril Le Meur, intitulé "Le silence du texte" et dont voici un extrait.

Le silence dont je parle n'est pas l'antagonique de la parole ni de la "langue naturelle", mais l'envers radical de tout ce qui a fait bruit et spectacle dans la généalogie de l'humanité. Le silence corollaire des "choses utiles" de Bonaventure d'Argonne, le silence coextensif au travail social millénaire, dont on sait qu'il est parfaitement indit et inécrit... le silence des esclaves. 
Georges Bataille a dit fort bien que toute notre culture était issue non des faits d'armes, non des poèmes, des illuminations, des harangues, des transcriptions bénédictines ou des manières de cour, mais du labeur immémorial et quotidien des hommes et des femmes au travail, ce qui est dire, pendant des milliers d'années, des esclaves. La reproduction silencieuse de leur existence, au long de centaines de générations, a mobilisé toutes les ressources de l'esprit humain. 
En silence, ils ont résolu presque tous les problèmes posés à l'humanité. Comparé à leur silence, le bruit des salves, des trônes et des oraisons ne fut que pétarade stérile et babillage d'enfants. La civilisation humaine fut créée par une humanité effacée, disparue dans la pliure de l'Histoire ; nous sommes faits de ce formidable silence.

CG1
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F. Bacon - Study of a figure in a landscape (1952) Une image et des mots. L'image, c'est une étude de Francis Bacon, déjà présenté ...