In girum imus nocte et consumimur igni

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samedi 28 janvier 2012

F. de Knibbergen - Paysage de dunes (1665)
Une image et des mots. La peinture hollandaise est source de silence, disait Claudel.... 
J'ai pensé à ce beau paysage du hollandais François de Knibbergen (1596-1674) après avoir lu dans le n°165 de Poétique un bel article de Cyril Le Meur, intitulé Le silence du texte et dont voici un extrait.

Le silence dont je parle n'est pas l'antagonique de la parole ni de la "langue naturelle", mais l'envers radical de tout ce qui a fait bruit et spectacle dans la généalogie de l'humanité. Le silence corollaire des "choses utiles" de Bonaventure d'Argonne, le silence coextensif au travail social millénaire, dont on sait qu'il est parfaitement indit et inécrit... le silence des esclaves. 
Georges Bataille a dit fort bien que toute notre culture était issue non des faits d'armes, non des poèmes, des illuminations, des harangues, des transcriptions bénédictines ou des manières de cour, mais du labeur immémorial et quotidien des hommes et des femmes au travail, ce qui est dire, pendant des milliers d'années, des esclaves. La reproduction silencieuse de leur existence, au long de centaines de générations, a mobilisé toutes les ressources de l'esprit humain. 
En silence, ils ont résolu presque tous les problèmes posés à l'humanité. Comparé à leur silence, le bruit des salves, des trônes et des oraisons ne fut que pétarade stérile et babillage d'enfants. La civilisation humaine fut créée par une humanité effacée, disparue dans la pliure de l'Histoire ; nous sommes faits de ce formidable silence.

JP4 ICI