In girum imus nocte et consumimur igni

In girum imus nocte et consumimur igni
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samedi 4 juin 2011

Man Ray
Une image et des mots. L'image est une oeuvre de Man Ray, les mots sont quelques lignes de la Psychologie des foules (1895) de Gustave Le Bon.

Aussi est-ce une bien inutile banalité de répéter qu'il faut une religion aux foules. Les croyances politiques, divines et sociales ne s'établissent chez elles qu'à la condition de revêtir toujours la forme religieuse, qui les met à l'abri de la discussion. L'athéisme, s'il était possible de le faire accepter aux foules, aurait toute l'ardeur intolérante d'un sentiment religieux, et, dans ses formes extérieures, deviendrait rapidement un culte. L'évolution de la petite secte positiviste nous en fournit une preuve curieuse. Elle ressemble à ce nihiliste, dont le profond Dostoïevski nous rapporte l'histoire.
Éclairé un jour par les lumières de la raison, il brisa les images des divinités et des saints qui ornaient l'autel de sa petite chapelle, éteignit les cierges, et, sans perdre un instant, remplaça les images détruites par les ouvrages de quelques philosophes athées, puis ralluma pieusement les cierges.

PT2
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dimanche 29 mai 2011

Harold Steggles - Old Ford Road (1931)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres du britannique Harold Steggles (1911-1971), membre avec son frère Walter, de trois ans son aîné, de l'East London Group..
Ce groupe d'une trentaine de peintres issus des classes laborieuses - dont beaucoup avaient fait très peu d'études (Harold Steggles par exemple quitte l'école à 14 ans, tout comme son frère Walter) -, est né au début des années 20 dans le quartier londonien de Bethnal Green, au Bow and Bromley Evening Institute, autour de John Cooper et Walter Sickert. 
Ce dernier était un peintre postimpressioniste très influencé par Degas et dont le nom sera plus tard associé à celui de Jack l'Éventreur, mais c'est une autre histoire...

H. Steggles - Warner Street (1935)
Le propos très novateur de ce groupe d'artistes autodidactes - des ouvriers et des dockers, un fumeur de haddocks, un champion de boxe laveur de carreaux, un garçon de courses -, est de révéler la beauté et l'humble dignité de lieux et de rues populaires, souvent ternes, maussades, loin des séduisantes scènes champêtres que privilégient d'ordinaire les peintres paysagistes. 
Aujourd'hui, et malgré une production très importante, ce mouvement qui très vite a joui d'un grand retentissement national et international est pourtant pratiquement oublié du public, et même de nombreux critiques d'art.
GI1
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dimanche 22 mai 2011

W. Bullock - Log and horsetails (1957)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photographe Wynn Bullock (1902-1975). Natif de Pasadena, en Californie, Wynn Bullock s'installe à New York pour y travailler dans la musique et est engagé comme chanteur dans la Music Box Revue d'Irving Berlin. Il part ensuite en Europe pour y poursuivre sa formation, et c'est alors qu'il vit à Paris qu'il découvre l'Impressionnisme et le Post-impressionnisme (voir l'atmosphère qui émane de certains de ses paysages), puis l'esthétique surréaliste de Man Ray.

W.B. - Chess game (1955)
De retour aux États-Unis il fait en 1948 une autre rencontre déterminante. Frappé par la beauté et la puissance des clichés d'Edward Weston, il s'intéresse à la doctrine de la straight photography, initiée par Alfred Stieglitz et Paul Strand : une photographie "pure", qui tend à représenter la réalité avec netteté, sans effets, en opposition donc au parti pris artistique du pictorialisme (ces trois photographes majeurs feront l'objet d'une publication).
Passionné de physique quantique et de philosophie, empreint d'une profonde spiritualité, il veut avec la photographie interroger le monde, y traquer l'invisible pour tenter de le révéler. "Mysteries lie all around us, even in the most familiar things, waiting only to be perceived ", et ailleurs "When I feel a rock is as much of a miracle as a man, then I feel in touch with the universe ".
SE1

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samedi 21 mai 2011

C. Hassam - Geraniums (c.1888)
Une image est des mots. Un tableau du peintre impressionniste américain Childe Hassam (1859-1935), à qui je consacrerai bientôt une publication.
Pour aller avec, voici quelques lignes extraites d'Hypérion, du poète romantique allemand Friedrich Hölderlin (1770-1843).

Son coeur était chez lui parmi les fleurs, comme s'il eût été l'une d'elles. [.....] Cette vérité est éternelle et universelle : plus une âme a d'innocence et de beauté, plus elle est familière de ces autres existences que l'on prétend sans âme.