In girum imus nocte et consumimur igni

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dimanche 30 mai 2010

F. Vallotton - Lever de soleil (1910)
Le vide-grenier du dimanche. Deux oeuvres de Félix Valloton (1865-1925). Issu d’une famille protestante de Lausanne, il s’installe à Paris en 1882, où il intègre l’Académie Julian : un atelier privé fréquenté par de nombreux artistes postimpressionnistes, dont les futurs Nabis. À cette époque, Vallotton est influencé par Ingres, Manet et le japonisme, influences qu’il synthétise dans un style graphique rigoureux, parfois austère.
Il se fait d’abord connaître par ses gravures sur bois, qu’il commence à produire vers 1891, et qui rencontrent un succès important, notamment dans les revues La Revue blanche ou L’Assiette au beurre.
Son style épuré et contrasté, nourri par l’estampe japonaise, fait de lui l’un des grands rénovateurs de la xylographie moderne.
F. V. - Soleil couchant (1913)

En 1892, il rejoint le groupe des Nabis, dont il partage certains principes (aplats de couleur, contours marqués, rejet du naturalisme académique), tout en gardant une position à part. Il s’en éloigne ensuite, et développe un style plus personnel, influencé notamment par Ingres et Holbein, qui conjugue une grande précision de dessin à une atmosphère parfois étrange.
Pendant la Première Guerre mondiale, bien qu’il ne soit pas mobilisé, il se rend sur le front à plusieurs reprises comme correspondant ; il en rapporte une série de toiles à caractère patriotique, ainsi qu’un ensemble d’estampes regroupées sous le titre C’est la guerre (1915).
Même chez les artistes que l'on aime beaucoup il n'est le plus souvent pas trop difficile de choisir deux ou trois œuvres que l’on préfère. Mais avec Vallotton, comme avec le Mondrian figuratif, les choses pour moi se compliquent. J’ai bien du mal à trancher, même en me limitant à la seule peinture. Et c'est donc à la course des planètes que je m'en remets pour faire aujourd'hui ce choix ; c'est ce à quoi nous porte l'étude d'Aratus et de Madame Soleil.
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dimanche 23 mai 2010

H.Callahan - Eleanor, Chicago (1948)

Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés de l'américain Harry Callahan (1912-1999), figure centrale de la photographie américaine d’après-guerre. Il achète son premier appareil en 1938, lorsqu'il rejoint le club photo de Chrysler Motors, l'entreprise qui l'emploie ainsi que sa femme Eleanor qui sera un de ses principaux modèles.
Trois ans plus tard il participe à un atelier d'Ansel Adams (voir publication du 11/04), qui va considérablement l'influencer et lui faire découvrir les principes du zone system. Il devient par la suite enseignant à l' Institute of Design de Chicago.

H.C. - Aix-en-Provence (1957)
I do believe strongly in photography and hope by following it intuitively that when the photographs are looked at they will touch the spirit in people.
[...] I can't say what makes a picture. I can't say. It's mysterious. A picture is like a prayer.

Une bourse obtenue en 1956 auprès de la Graham Foundation lui permet, sur les conseils d'Edward Steichen (voir publication du 28/03), de séjourner pendant un an en France avec sa famille de 1957 à 1958.
De Callahan, Steichen dira ceci : The precision of his skill places his work beyond the tentative and the experimental stage. He is continually searching and exploring both himself and his surroundings, and in this exploration of the realm of places, people and things, contrasts and relationships, Callahan is no respecter of conventional technical formula or code. His delicate sense of pattern is an integral part of his photography and not a thing by itself.
De retour aux États-Unis en 1962 il expose au MoMA de New York et part enseigner à la Rhode Island School of Design où il restera jusqu'à son départ en retraite en 1977.

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samedi 22 mai 2010

G. Gómez Gil - Lever de lune (1906)

Une image et des mots. L'image, c'est cette toile du peintre espagnol Guillermo Gómez Gil (1862-1942).
Les mots sont un extrait du court traité du juriste néerlandais Grotius, De la liberté des mers (1609).

La mer est donc au nombre des choses qui ne sont point dans le commerce, c'est-à-dire qui ne peuvent devenir propriétés privées ; d'où il suit qu'à bien dire, aucune partie de la mer ne peut être comprise dans le territoire d'un peuple. C'est ce que me semble avoir pensé Placentinus, lorsqu'il a dit, "La mer est à tel point commune, qu'elle n'est sous la domination de personne que de Dieu seul", et Jean Fabre, lorsqu'il affirme "que la mer est restée libre, et doit demeurer régie par le droit primitif, en vertu duquel toutes choses étaient communes." [.....] La mer, étant insaisissable comme l'air, ne peut être ajoutée aux domaines d'aucun peuple.... Personne n'ignore qu'un navire qui traverse la mer n'y prend pas plus de droit qu'il n'y laisse de trace.

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dimanche 16 mai 2010

S. Shore - Beverly Boulevard, Los Angeles (1975)
Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés de l'américain Stephen Shore (b.1947), pionnier de la photographie couleur dite « vernaculaire » aux États-Unis. Dès 1972, il joue un rôle décisif dans la reconnaissance de cette approche comme art à part entière.. Photographe précoce, il entre dans la collection permanente du MoMA à seulement 14 ans grâce à Edward Steichen, alors directeur du département photo. À 17 ans, il fréquente l'atelier de la Factory d’Andy Warhol, documentant son effervescence artistique. 

S. Shore - Room 125, West Bank Motel
Idaho Falls
(1973)
C'est dans les années 1970 que Shore marque l’histoire : influencé par Walker Evans, il entreprend plusieurs voyages à travers les États-Unis, photographiant motels, stations-service, parkings, vitrines, banlieues, dans une esthétique rigoureusement frontale. Son regard est neutre, sans hiérarchie des sujets : une radicalité alors peu admise dans le monde de l’art.
Car tout, pour Stephen Shore, mérite d’être photographié : les architectures banales, les lieux ordinaires, le visage prosaïque de l’Amérique.
Un jour qu'il montrait à son amie photographe Hilla Becher toute une série de photos d'avenues ..
"Alors Stephen, comme ça tu as l'intention de photographier toutes les avenues ?".
"Non, Hilla, c'est ce que toi tu veux faire.. Moi je veux photographier la quintessence de l'avenue".
Ce travail - notamment American Surfaces (1972) et Uncommon Places (1973–81) -, s’inscrit dans la lignée des artistes de la New Topographics, mais avec une approche plus immersive et picturale : usage du grand format, de la lumière naturelle, de cadres soigneusement construits.
Il cite souvent le Bauhaus ou Eugène Atget parmi ses influences.
Avec les deux séries précédemment citées, Stephen Shore impose la couleur comme un outil documentaire crédible et à part entière (elle était jusqu’alors réservée à la publicité ou aux loisirs) et ouvre la voie à des photographes comme William Eggleston, Joel Sternfeld ou Alec Soth.
Son œuvre a redéfini notre manière de regarder le banal.

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