![]() |
S. Shore - Beverly Boulevard, Los Angeles (1975) |
C'est dans les années 1970 que Shore marque l’histoire : influencé par Walker Evans, il entreprend plusieurs voyages à travers les États-Unis, photographiant motels, stations-service, parkings, vitrines, banlieues, dans une esthétique rigoureusement frontale. Son regard est neutre, sans hiérarchie des sujets : une radicalité alors peu admise dans le monde de l’art.
Car tout, pour Stephen Shore, mérite d’être photographié : les architectures banales, les lieux ordinaires, le visage prosaïque de l’Amérique.
Un jour qu'il montrait à son amie photographe Hilla Becher toute une série de photos d'avenues ..
"Alors Stephen, comme ça tu as l'intention de photographier toutes les avenues ?".
"Non, Hilla, c'est ce que toi tu veux faire.. Moi je veux photographier la quintessence de l'avenue".
Ce travail - notamment American Surfaces (1972) et Uncommon Places (1973–81) -, s’inscrit dans la lignée des artistes de la New Topographics, mais avec une approche plus immersive et picturale : usage du grand format, de la lumière naturelle, de cadres soigneusement construits.
Il cite souvent le Bauhaus ou Eugène Atget parmi ses influences.
Avec les deux séries précédemment citées, Stephen Shore impose la couleur comme un outil documentaire crédible et à part entière (elle était jusqu’alors réservée à la publicité ou aux loisirs) et ouvre la voie à des photographes comme William Eggleston, Joel Sternfeld ou Alec Soth.
Son œuvre a redéfini notre manière de regarder le banal.