In girum imus nocte et consumimur igni

In girum imus nocte et consumimur igni
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dimanche 14 mars 2010

W.M. - Boy with butterfly (1966)

Le vide-grenier du dimanche. Deux clichés du photojournaliste américain Wayne Miller (1918-2013), déjà publié en novembre 2008. Formé à l'Art Center School de Los Angeles, il rejoint la Navy en 1942 et, incorporé dans l'unité d'Edward Steichen (voir mars 2010), il va documenter la guerre du Pacifique jusqu'à Hiroshima.
Après la fin de la guerre, et jusqu'au milieu des années 50, Miller  travaille au côté de Steichen comme co-conservateur de la monumentale exposition itinérante The Family of Man (voir publication du 28 mars dernier).

W.M. - Hand wound (c.1942)
Tous deux considèrent la photographie comme un moyen d'aider les hommes à se comprendre, à collaborer entre eux, un outil capable "d'expliquer l'homme à l'homme".
Wayne Miller rejoint l'agence Magnum en 1958, puis, à partir des années 70, il va s'intéresser aux problèmes liés à l'exploitation forestière. Dès lors, et jusqu'à la fin de sa vie, l'essentiel de son travail sera consacré à la sensibilisation du public, en particulier le jeune public, aux questions environnementales.

samedi 13 mars 2010

Kevin Schafer - Pink dolphin
Une image et des mots.
L'image aujourd'hui c'est ce beau cliché par Kevin Schafer, pour le National Geographic, d'un dauphin rose d'Amazonie. Si l'on remonte l'Orénoque en amont de son confluent avec le Ventuari, en franchissant un formidable dédale de rapides parsemés de centaines d'îles et d'îlots, on parvient à une petite communauté d'indiens Curripacos qui porte le nom de Cariche. Ce joli village est situé sur la rive droite du fleuve (lorsqu'on le remonte), à la confluence d'un petit "caño" qui lui a donné son nom.
S'engager dans ce "caño" est chaque fois un émerveillement. Il faut parfois, pendant ou après de fortes pluies par exemple, dégager le petit cours d'eau des troncs et des branches qui l'encombrent pour pouvoir progresser, et parvenir enfin à une forme de petite lagune où, immanquablement, on pourra observer une famille de ces merveilleux animaux.
Ici nommée "boto" ou "tonina", il s'agit de la variété Inia geoffrensis, commune aux bassins de l'Orénoque et de l'Amazone, qui est aujourd'hui sévèrement menacée d'extinction comme tous les dauphins d'eau douce dans le monde, dans le Gange ou le Mékong. Le "baiji" quant à lui, le dauphin bleu du Yang-tsé, s'est officiellement éteint en 2007.
Les mots qui suivent sont de Borgès, extraits de son Manuel de zoologie fantastique.

"Passons, maintenant, du jardin zoologique de la réalité au jardin zoologique des mythologies, dont la faune n'est pas de lions mais de sphinx et de griffons et de centaures. La population de ce deuxième jardin devrait excéder celle du premier, puisqu'un monstre n'est pas autre chose qu'une combinaison d'éléments d'êtres réels et que les possibilités de l'art combinatoire frisent l'infini. [.....] Cela, pourtant, n'arrive pas; nos monstres naîtraient morts, grâce à Dieu. Flaubert a rassemblé, dans les dernières pages de La Tentation, tous les monstres médiévaux et classiques et il a essayé, nous disent ses commentateurs, d'en fabriquer; le chiffre total n'est pas considérable et ils sont très peu ceux qui peuvent agir sur l'imagination des gens. Celui qui parcourra notre manuel constatera que la zoologie des songes est plus pauvre que la zoologie de Dieu."

PG2
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dimanche 7 mars 2010

S. Ghadirian - Be colourful
(2002)
Le vide-grenier du dimanche. À la veille de la Journée internationale des femmes, deux clichés de l'artiste iranienne Shadi Ghadirian, diplômée en photographie de l’Université Azad de Téhéran. Par ses photographies - et particulièrement celles de la série Like everyday ("Domestic life") réalisée en 2000-2002 -, elle questionne la condition féminine et ouvre un double débat : celui d'une expression féministe dans un pays où la femme ne peut être photographiée sans son voile, et celui de l'irruption du voile dans l'espace public occidental.
S.G. - Like everyday (2001)

" Il n'est pas facile d'être une femme; il est encore moins facile, en Iran, d'être une femme photographe qui travaille sur la condition féminine. Pour donner vie à ses idées, il faut avancer masquée. Le rêve de travailler pour l'amélioration de notre condition se heurte au fait même d'être femme."
PF5
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samedi 6 mars 2010

Walt Disney - Mary Poppins (1964)
Une image et des mots.
À deux jours de la Journée internationale de la femme, une image de ce chef d'oeuvre de poésie et d'humour que nous a offert Walt Disney en 1964 avec son adaptation du roman de Pamela Travers.
Et pour aller avec, un extrait de l'ouvrage du sociologue Pierre Bourdieu, La domination masculine (1998).

En fait, il n'est pas exagéré de comparer la masculinité à une noblesse. Pour s'en convaincre, il suffit d'observer la logique, bien connue des kabyles, du double standard, comme disent les anglo-saxons, qui instaure une dissymétrie radicale dans l'évaluation des activités masculines et féminines. Outre que l'homme ne peut sans déroger s'abaisser à certaines tâches socialement désignées comme inférieures (entre autres raisons parce qu'il est exclu qu'il puisse les accomplir), les mêmes tâches peuvent être nobles et difficiles, quand elles sont réalisées par des hommes, ou insignifiantes et imperceptibles, faciles et futiles, quand elles sont accomplies par des femmes ; comme le rappelle la différence qui sépare le cuisinier de la cuisinière, le couturier de la couturière, il suffit que les hommes s'emparent de tâches réputées féminines et les accomplissent hors de la sphère privée pour qu'elles se trouvent par là même ennoblies et transfigurées.
AB2
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LB1 ICI