Kevin Schafer - Pink dolphin |
L'image aujourd'hui c'est ce beau cliché par Kevin Schafer, pour le National Geographic, d'un dauphin rose d'Amazonie. Si l'on remonte l'Orénoque en amont de son confluent avec le Ventuari, en franchissant un formidable dédale de rapides parsemés de centaines d'îles et d'îlots, on parvient à une petite communauté d'indiens Curripacos qui porte le nom de Cariche. Ce joli village est situé sur la rive droite du fleuve (lorsqu'on le remonte), à la confluence d'un petit "caño" qui lui a donné son nom.
S'engager dans ce "caño" est chaque fois un émerveillement. Il faut parfois, pendant ou après de fortes pluies par exemple, dégager le petit cours d'eau des troncs et des branches qui l'encombrent pour pouvoir progresser, et parvenir enfin à une forme de petite lagune où, immanquablement, on pourra observer une famille de ces merveilleux animaux.
S'engager dans ce "caño" est chaque fois un émerveillement. Il faut parfois, pendant ou après de fortes pluies par exemple, dégager le petit cours d'eau des troncs et des branches qui l'encombrent pour pouvoir progresser, et parvenir enfin à une forme de petite lagune où, immanquablement, on pourra observer une famille de ces merveilleux animaux.
Ici nommée "boto" ou "tonina", il s'agit de la variété Inia geoffrensis, commune aux bassins de l'Orénoque et de l'Amazone, qui est aujourd'hui sévèrement menacée d'extinction comme tous les dauphins d'eau douce dans le monde, dans le Gange ou le Mékong. Le "baiji" quant à lui, le dauphin bleu du Yang-tsé, s'est officiellement éteint en 2007.
Les mots qui suivent sont de Borgès, extraits de son Manuel de zoologie fantastique.
"Passons, maintenant, du jardin zoologique de la réalité au jardin zoologique des mythologies, dont la faune n'est pas de lions mais de sphinx et de griffons et de centaures. La population de ce deuxième jardin devrait excéder celle du premier, puisqu'un monstre n'est pas autre chose qu'une combinaison d'éléments d'êtres réels et que les possibilités de l'art combinatoire frisent l'infini. [.....] Cela, pourtant, n'arrive pas; nos monstres naîtraient morts, grâce à Dieu. Flaubert a rassemblé, dans les dernières pages de La Tentation, tous les monstres médiévaux et classiques et il a essayé, nous disent ses commentateurs, d'en fabriquer; le chiffre total n'est pas considérable et ils sont très peu ceux qui peuvent agir sur l'imagination des gens. Celui qui parcourra notre manuel constatera que la zoologie des songes est plus pauvre que la zoologie de Dieu."
Les mots qui suivent sont de Borgès, extraits de son Manuel de zoologie fantastique.
"Passons, maintenant, du jardin zoologique de la réalité au jardin zoologique des mythologies, dont la faune n'est pas de lions mais de sphinx et de griffons et de centaures. La population de ce deuxième jardin devrait excéder celle du premier, puisqu'un monstre n'est pas autre chose qu'une combinaison d'éléments d'êtres réels et que les possibilités de l'art combinatoire frisent l'infini. [.....] Cela, pourtant, n'arrive pas; nos monstres naîtraient morts, grâce à Dieu. Flaubert a rassemblé, dans les dernières pages de La Tentation, tous les monstres médiévaux et classiques et il a essayé, nous disent ses commentateurs, d'en fabriquer; le chiffre total n'est pas considérable et ils sont très peu ceux qui peuvent agir sur l'imagination des gens. Celui qui parcourra notre manuel constatera que la zoologie des songes est plus pauvre que la zoologie de Dieu."